Chapitre 6
Write by Annabelle Sara
Véronique
-
Tu peux m’expliquer ce que tu viens de
faire là ?, se mit à hurler Armelle qui m’avait suivit dans mon bureau
laissant sa petite protégée toute seule.
-
Baisses d’un ton Armelle !
-
Non je veux savoir pour qui tu te
prends ? Tu me fais venir jusqu’ici pour venir me faire ça ?
-
Te faire quoi ? ai-je demandé
calmement. C’est moi la méchante ?
-
Oui… Véro tu es méchante et
mesquine !, me cria-t-elle. Cette fille a besoin d’aide et toi tu lui
balance tes conneries…
-
Ne sois pas bête Armelle ! Cette
fille ne ressemble pas à une fille qu’on va refuser d’épouser parce qu’elle ne
peut pas accoucher…
-
Tu me traite de bête ?
-
Oui !, lui ai-je balancé. Tu as
déjà vu son chéri là ? Tu connais son nom ? Tu veux me faire faire
quelque chose d’aussi risqué sans aucune garantie ?
Ma sœur m’observait ahurie mais elle ne pouvait pas
me répondre. Je venais de traiter ma sœur ainée d’idiote.
-
Quand tu ne gagnes rien tu n’agis jamais
pour les autres.
J’ai secoué la tête.
-
Tu sais ce que je risque ? Est-ce
que tu sais ce que tu risque ? Ton problème c’est de faire l’intéressante
devant ta copine ! Mais tu oublies que ces choses sont dangereuses… Je ne
vais pas aider cette fille ! Et je me fiche de ce que tu penses… Si tu es
trop fâchée tu vas te plaindre chez ta mère comme d’habitude !
J’étais énervé, nous l’étions toutes les deux !
Elle me fusilla du regard avant de se
retourner. Je ne voulais pas être fâchée contre ma sœur à cause d’une inconnue.
-
Je ne lui fais pas confiance… Elle ne te
dit pas tout…
-
Parce que toi tu me dis ?, le
lança-t-elle avant d’ouvrir la porte et sortir de mon bureau.
-
Armelle…
-
Laisses l’idiote que je suis, rentrer
chez elle !
Ce qui venait de se passer était une des
caractéristiques même de ma sœur, elle fonce tête baissée dans des histoires à
dormir debout, sans jamais chercher à vérifier toutes les informations.
Je les observais de loin lorsqu’elles sont sorties
du restaurant, en se dirigeant vers la porte, Michelle leva les yeux sur moi et
nos regards se croisèrent. Le chant lugubre des oiseaux retentit une fois de
plus dans ma tête.
Elle avait un truc que je ne sentais pas.
J’ai fais un tour dans les cuisines pour m’assurer
que cette journée se passait exactement comme je l’espérais, lorsque le numéro
que j’attendais s’afficha sur mon téléphone.
Oluwa venait de m’envoyer l’adresse de notre
rendez-vous.
Je ne pouvais pas retourner chez moi pour me
changer, mais je savais où je pouvais faire un crochet avant de le rejoindre.
Miriam me regardait pendant que je mettais ma tenue.
-
Ma belle… Tu es superbe là !,
dit-elle admiratrice.
-
J’ai pris un peu de poids non ?,
lui ai-je demandé.
-
Oui… Un peu ! Mais c’est pas bien
grave…
Je me suis mirée, elle a raison ça ne change pas
grand-chose. Je ne voulais pas donner l’impression de trop m’apprêter pour ce
rendez-vous, mais cet homme m’avait intrigué dès le départ et j’avais hâte de
le rencontrer en face.
-
Tu as l’air nerveuse, me fit remarquer
Miriam.
-
C’est l’adrénaline… Elle court dans mes
veines là ! Je dois redescendre un peu !
Miriam se moqua de moi pendant que nous sortions de
sa chambre et que je me dirigeais vers la sortie.
-
Amuses-toi bien ma fille, me
lança-t-elle toujours avec son rire moqueur.
J’ai hoché la tête et j’ai pris le volant, direction
le centre-ville où il logeait dans un appartement meublé. Il m’avait donné le
numéro de l’appart et m’avait annoncé auprès des vigiles.
En frappant à la porte de son appart je ne savais
pas trop à quoi m’attendre, mais je ne voulais pas faire marche arrière.
Il ouvrit et je suis tombée sur cet homme au regard
profond, mystérieux. Il me sourit et me tendit la main.
-
Bonsoir Miss Véronique…
Cette simple salutation fut pleine d’une douce
promesse, alors j’ai mis ma main dans la sienne.
-
Bonsoir !
Michelle
J’écoutais Armelle ruminer, elle aurait surement
maudit sa sœur. Véronique Nana m’avait refoulée. Moi qui pensais qu’en passant
par sa sœur elle aurait accepté de m’aider sans trop poser de question. Mais
j’avais oublié l’esprit même de cette femme, une femme d’affaire qui avait
réussi à se dresser dans un monde féroce toute seule.
Elle qui avait vanté son mari et fait de lui ce
qu’il est aujourd’hui. Elle n’allait pas simplement me faire entrer dans sa
cour secrète parce que je lui avais gentiment demandé.
-
Ma sœur est un hypocrite… Elle pouvait
t’aider ! Elle pouvait !, s’écria brusquement la sœur ainée de Mme
Nana.
-
Ça ne fait rien ! Elle a raison
aussi, si Doudou et moi on doit avoir un enfant, nous devrions surement
consulter…
-
Parce qu’elle a consulté qui ?,
s’écria Armelle.
Je ne comprenais pas comment il n’existait aucune
once de loyauté entre ces deux sœurs. Armelle racontait la vie de sa sœur à
n’importe qui sans même se rendre compte des dangers que cela comportait pour
sa petite sœur, en même temps lorsque ta cadette réussit et refuse carrément de
te tirer aussi vers le haut tu vas devenir un boulet à son pied. Exactement
comme Armelle.
De toutes les façons je n’étais pas là pour trouver
des excuses et faire amie-amie avec les Sœurs, j’avais une mission, et la
première phase de celle-ci venait juste d’être franchie.
Même si elle avait refusé de m’aider, cela ne
changeait pas grand-chose à mes plans.
Au contraire c’était à mon avantage !
Armelle me déposa devant la maison qu’elle pensait
être la mienne. Mais cette mère de quatre enfants n’avait aucune idée de qui je
suis ni de ce que je recherche en réalité en la collant.
En entrant dans la maison, je fus accueillie par une
voix familière qui m’appela depuis le salon.
-
Noura !
-
Oui, ai-je répondu.
Je suis allée dans la pièce et ai posé mon sac à
main sur la table basse qui trônait au milieu de la pièce.
-
Comment ça c’est passé ?
-
Comme on le pensait ! Elle n’est
pas folle !
-
Elle a refusé ? Bien… C’est très
bien !
-
Sa sœur est aussi très énervée contre elle !,
ai-je ajouté.
Un sourire illumina le visage de mon interlocuteur
qui était assit dans un des fauteuils du salon, ce dernier croisa d’ailleurs
les jambes, satisfait.
-
Continue à travailler la sœur au corps,
mais ne créer pas encore le rift entre les deux… Il faut qu’elle reste proche
de sa sœur pour continuer à te donner des informations sur elle !
-
D’accord ! Et pour l’autre ?
Miriam ?
D’un geste de la main on me fit comprendre que je
devais être patiente.
-
Ne t’inquiète pas pour celle-là son cas
est en cours de téléchargement… Allons-y pas à pas rien ne presse !
-
Okay ! J’ai dû vraiment prendre sur
moi pour me contrôler face à cette femme ! Elle est d’une suffisance…
-
Si ce sera dur pour toi il vaut mieux
arrêter, s’écria brusquement l’autre en face de moi, le visage froissé par la
colère.
-
Non… Non ! Je peux me contrôler !
-
Alors ne fais jamais ce genre de
remarque sur Mme Nana en publique ! Tu t’imagines qu’elle est devenue ce
qu’elle est aujourd’hui juste parce qu’elle a un gros cerveau ? Elle a des
yeux et des oreilles partout… Donc si tu veux poursuivre cette mission tu dois
rester en permanence détachée !
En regardant mon interlocuteur perdre de cette façon
son sang froid et me crier dessus, je me suis dit que je devrais faire
attention. Parce que si mon partenaire à peur de Véronique, alors qu’il est
déjà autant redoutable, alors Véronique n’est pas juste une main de fer dans un
gant de velours.
-
C’est clair ?
-
Limpide, ai-je répondu.
Véronique
Nous étions allongés dans le lit de l’appartement
d’Oluwa. Repus, en temps normal après l’acte le rendez-vous s’achevait, donc on
devait se séparer mais là, lui comme moi, avions besoin d’un moment pour récupérer.
Je ne savais pas trop ce qui se passait dans ma tête
ou même dans mon corps, mais je ne faisais rien comme j’avais l’habitude de le
faire avec mes précédents partenaires.
Primo, je l’avais laissé mener la danse, ce qu’il
avait fait avec maestria, ensuite je l’avais laissé me parler, me guider et
j’avais fais pareil.
Notre échange avait été sauvage, effréné comme
j’aime, mais il y avait un truc de plus dans cette rencontre et nous savions
tous les deux que cela allait complètement à l’encontre des règles du club.
-
Je vais y aller, ai-je annoncé avec
brusquerie.
Il me regardait et me sourit.
-
Off course ! Je comprends…
-
On se revoit quand ?
Je sais que j’avais posé la question qu’il avait sur
le bout des lèvres.
-
Nous avons droit à combien de
rendez-vous ?, m’a-t-il demandé.
-
5…
Au bout de 5 rencontres les partenaires ne devaient
plus jamais se revoir, plus de contact, plus rien. En réalité moi je n’étais
jamais allée au-delà de 3 rendez-vous, mais avec cet homme je me demandais si
les 5 règlementaires me suffiront.
-
Okay… So… je vais t’envoyer un message
pour te dire où et quand !
Son accent quand il parle français est d’un charme,
j’aurais écouté sa voix toute la nuit.
Je me suis levée pour remettre ma robe qui trainait
contre le sol, il se leva prestement et m’aida à me rhabiller. Touchant de
temps en temps ma peau, provocant des sensations électrique dans ma chair.
-
You’re
body is like soul music!
J’ai sourit et je me suis retournée vers lui.
-
Pas de compliment entre les partenaires,
Mister Oluwa !
-
Je ne peux m’en empêcher…
-
Il va falloir essayer, lui ai-je conseillé
en finissant de m’habiller.
Je suis sorti de cet appartement avec un sentiment
de plénitude. En rentrant chez moi j’ai appelé mon mari, il fallait que
j’arrive à le localiser. Il ne répondait pas au téléphone alors j’ai pensé
qu’il n’était pas encore rentré à la maison.
EN arrivant chez moi je savais que les enfants
dormaient, mais en fait ils étaient à la cuisine en train d’aider Ma’a Josiane
à faire la vaisselle du soir.
-
Waouh Mama, tu sors d’une fête ? me
demanda ma fille en admirant ma robe.
-
J’ai reçu des gens au restaurant !
C’est la seule explication plausible que je pouvais
faire à ma fille qui restait naturelle et simple.
-
Vous avez fait vos devoirs ?, ai-je
demandé pour faire dériver la conversation.
-
Oui, Mama !
-
Je peux voir ? Je vais en profiter
que vous n’êtes pas encore au lit pour voir ce que je peux faire.
-
Oui… Mama Elodie m’a aidé avec mes
maths !, fit mon fils visiblement content que sa grande-sœur lui ai filé
un coup de main.
-
Ah bon ?
-
Oui… Elle m’a bien expliqué et j’ai
compris !
-
Fait moi voir ça !
En inspectant les exercices de mon fils et en
l’écoutant me dire comment il est arrivé à avoir ces résultats j’ai compris que
ma fille lui avait effectivement fait la classe.
J’ai levé les yeux sur Elodie qui attendait le
verdict.
-
C’est bien chéri, ai-je félicité mon
fils. Tu vois si tu as un problème tu peux demander à ta sœur.
-
Oui !
Boris allait ranger ses cahiers quand j’ai pris ma
fille dans mes bras pour lui faire une bise sur le front.
-
Merci ma puce !
-
Il n’est pas si bête finalement… Il joue
trop c’est tout !, me répondit-elle.
-
Tu mérites les 1000 francs
finalement !, ai-je annoncé.
-
Cool !
Ma fille me fit une bise, avant d’aller elle aussi
se coucher.
Paul était dans le couloir. Il m’observait en
souriant, il venait tout juste de rentrer à la maison. Il avait une lueur
particulière dans le regard.
-
Je rentre pour une fois après toi ?
-
Apparemment… Tu avais beaucoup de
travail ?
Il piaffa et me prit dans ses bras.
-
Je suis épuisé… et je n’ai qu’une envie
enlever cette robe sur toi… Mais je me demande si c’est nécessaire !
EN l’embrassant je retrouvais mes vielles habitudes,
les goûts et les sensations que je connais déjà et qui font que je me sens
complète.
-
Ce n’est vraiment pas nécessaire de
l’enlever, ai-je répliqué.