CHAPITRE 6

Write by Emyam

CYNTHIA

 

J’entre dans notre chambre, frustrée et tellement en colère que j’en balance mon téléphone portable sur le lit.

Je n’arrive pas à croire ce qui se passe !

Cette fille est à peine apparue dans nos vies qu’elle sème déjà la pagaille.

Tenez-vous bien, je viens de me faire sermonner par mon époux à cause de mon « comportement snob, limite ingrat » ! Ingrat !

Vous y croyez vous ? Tout cela parce que j’ai rappelé que cette fille n’était pas notre employé !

Après m’avoir fait un grand discours sur la reconnaissance, mon cher époux m’a quasiment obligé à prendre cette fille comme nounou ! Malgré tous les arguments que j’ai avancés il a refusé de céder. Lui d’habitude si rationnel est prêt à confier notre fils à cette jeunette qui j’en suis sûr ne connait même pas la responsabilité de parent !

Selon lui on ne peut que faire plus confiance à une personne qui n’a pas hésité à « sacrifier sa vie » pour notre fils !

Il a même poussé le vice jusqu’à demander qu’elle reste dormir chez nous ce soir et rentre demain, vu son statut de convalescente.

Je suis dégoutée et en colère...

Mais je suis surtout inquiète. Je sais que comme à moi, cette fille a rappelé à Marc-Ariel Marianne, mais il n’acceptera jamais de l’avouer. Il est bien trop fier pour cela...

J’ai bien vu qu’il ne pouvait pas s’empêcher de la fixer. J’ai remarqué aussi les regards mauvais qu’il lançait au docteur Bléou chaque fois qu’il s’approchait d’elle.

J’ai déjà vécu ces scènes cinq années plus tôt et il est hors de question que la situation se répète.

Soufflant d’exaspération, je m’assieds sur le lit et me met à réfléchir à ce que je ferai.

Après avoir tourné et retourné dans mon esprit toutes les éventualités, je prends enfin ma décision.

Marc-Ariel veut qu’elle soit engagée...Pas de soucis. Elle le sera. Le plus difficile pour elle sera plutôt de rester. Car cette petite allumeuse peut être certaine que je lui mènerai la tâche ardue !

Après tout, j’ai supprimé des obstacles plus grands de la vie de Marc-Ariel...Alors pousser une nounou à démissionner sans que je ne sois désignée comme coupable est pour moi un jeu d’enfant auquel je me ferai un plaisir de participer.

 

***

LYDIA

 

Je suis en train de discuter avec le docteur Bléou lorsque la porte s’ouvre en grand, laissant apparaître l’autre homme qui était dans la pièce avec nous lorsque j’ai repris connaissance. L’époux de madame Ehui si j’ai bien compris. Contrairement à la première fois où il était venu avec son épouse, il a enlevé sa veste et sa cravate et ne porte plus qu’un pantalon de costume bleu nuit et une chemise noire dont il a relevé les manches et entrouvert le premier bouton. Cette apparence lui donne un air farouche et dominant.

-Vous avez fini votre travail docteur ? Demande celui que je présume être monsieur Ehui d’une voix que j’aurais qualifiée de sèche si je le connaissais mieux.

-Oui...Euh je laisse ici l’ordonnance. Balbutie le docteur en posant celle-ci au chevet du lit avant de s’en        aller, me laissant seule avec monsieur Ehui.

J’ai à peine fait un mouvement pour récupérer l’ordonnance que ce dernier la saisit en qu’il se chargera de l’achat et que je n’ai pas à m’en inquiéter.

Mais pour qui se prend-il ? Pensai-je agacée par son initiative.

-Je vous demande pardon ?

Oups...Je crois que j’étais tellement énervé par son aplomb que j’ai laissé échapper la question à voix haute.

Sans me démonter je lui réponds clairement ce que je pense de lui. Après tout, je ne suis pas son employé ! Alors pourquoi devrais-je taire mes pensées à son sujet ?

-J’ai demandé pour qui vous vous preniez ? Je répète alors toute énervée.

Je peux voir à son expression faciale qu’il est surpris, ne s’attendant sûrement pas à une telle réaction de ma part. Il s’attendait certainement à être remercié mais je doute fort qu’il s’attendait à se voir réprimandé et cela ne fait qu’accroitre ma colère, me poussant à continuer dans mon élan.

-D’accord je suis venue chez vous pour un poste de nounou mais cela ne signifie en rien que je recherche de la compassion ou de la charité. Je peux encore me payer une ordonnance figurez-vous ! M’écriai-je en me levant précipitamment du lit pour essayer de récupérer mon ordonnance mais sans se démonter, mon tortionnaire se contente de lever la main avec laquelle il tient l’ordonnance le plus haut possible, m’obligeant à sautiller comme une imbécile. Il est très grand...Il doit faire 1,90 mètres environ alors que moi, je ne mesure que 1,67 mètres. Autant dire que je lui arrive à peine à l’épaule.

Agacée et humiliée, je fini par arrêter et le foudroie avec le regard le plus méchant que j’ai dans ma réserve.

-Ça va ? Vous êtes calmée maintenant ? Me demande-t-il avec un sourire moqueur plaqué sur le visage. Un sourire que j’ai franchement envie de lui faire bouffer !  

Non mais qu’elle arrogance !

-Ecoutez monsieur Ehui, je vous prie de me rendre cette ordonnance. Je vous remercie votre femme et vous d’avoir fait appel à votre médecin pour m’examiner. Mais il se trouve que je vais bien. Je vais donc me changer et rentrer chez moi ! Et vous n’avez aucun mot à dire la dessus car premièrement je ne suis pas votre employé alors je fais ce que je veux ! Et deuxièmement, je suis majeure vaccinée et capable de prendre soin de moi ! Alors je vous prierai de ne pas insulter mon statut social avec cette intention de payer mon ordonnance.

-Non, vous ne rentrerez pas chez vous car vous dormirai ici. Se contente-t-il d’affirmer comme s’il avait le droit de prendre cette décision à ma place. Pour ce qui est de l’ordonnance, je ne la paie pas car j’ai pitié de vous mais parce que c’est ce qu’il me semble juste de faire. Si vous n’aviez pas sauvé la vie à Yoann, chose dont je vous serai éternellement reconnaissant soit dit en passant, vous ne vous seriez pas retrouvé dans une telle situation. Alors si je le fais ce n’est pas pour vous. Mais pour moi-même car j’ai la conviction que c’est ce qu’il est juste de faire.

 

J’avoue que je ne m’attendais pas à une telle réponse et cela me déstabilise assez...

Mais je me dois de refuser sa proposition. Je ne peux pas dormir ici encore moins accepter qu’il me paie mon ordonnance. Je suis seule depuis longtemps et je prends soin de moi toute seule. Je n’ai pas envie d’être reconnaissante envers quelqu’un ou que quelqu’un soit reconnaissant envers moi pour avoir fait quelque chose que j’estime être légitime.

Je me prépare à réfuter à nouveau son propos lorsque je suis prise d’un subit étourdissement qui me fait vaciller légèrement. Je m’apprête à encaisser le choc d’une autre chute mais je sens deux bras solides me retenir par la taille et me conduire vers le lit.

Je vous assure que je me sentais en pleine forme mais tout d’un coup je ressens chaleur et fraicheur de manière simultanée pendant que ma tête me lance fortement.

-Voilà l’autre raison pour laquelle je veux que vous restiez dormir...Murmure la voix grave de monsieur Ehui.

Je me sens tellement molle que je ne me rends même pas compte qu’il me déplace avant d’entrer en contact avec le lit.

M’aidant à m’allonger, il me place sous les draps et vient s’assoir au bord du lit. Je ne le vois pas réellement car j’ai l’impression que les images que me projettent mes yeux sont légèrement floutées mais je distingue parfaitement chacun de ses gestes. Je sens chacun de ses mouvements

Mais qu’est ce qui m’arrive ? M’inquiétais-je

-Ce n’est rien. Le docteur Bléou nous a parlé de potentiels malaises que vous pourriez avoir. Il dit que c’est normal. Vous devez juste manger un peu, prendre des médicaments et vous reposer...Vous irez mieux demain. Nous pourrons alors avoir une vraie discussion.

J’ai l’impression qu’il continue de parler mais c’est comme si j’avais tout d’un coup sommeil. Mon esprit essaie de lutter mais mon corps se plie et me crie qu’après quelques minutes de sommeil j’irai mieux. Alors je me plie à sa volonté car ne pouvant plus lutter.

Je sens alors une main chaude se poser sur mon front comme pour prendre ma température puis j’entends un claquement de porte et des voix étouffées.

J’essaie de décrypter les mots utilisés mais tout ce que j’entends est une succession de son incompréhensibles entrecoupés par des mots tels que : repos, manger, ordonnance.

Je finis par sombrer dans un sommeil qui je l’espère sera réparateur.

 

***

MARC-ARIEL

Cela fait cinq minutes environs que miss Koffi s’est endormie et a arrêté de s’agiter.

Maintenant que je suis près d’elle, je réalise qu’elle n’est pas si petite que son visage le laisse penser. Et sa petite scène de tout à l’heure a démenti l’idée de jeune fille timide. C’est plutôt une petite farouche qui ne se laisse pas marcher dessus.

Je me lève alors prêt à sortir de la chambre lorsque la porte s’ouvre sur Edwige, la cuisinière. Je lui demande alors d’apporter quelque chose à manger à la jeune fille puis lui remet de l’argent et l’ordonnance prescrite par le docteur Bléou afin que Marcellin, le chauffeur, puisse se charger de l’achat des médicaments. Je regarde l’heure et constate qu’il est vingt heures passées. C’est peut-être un peu tard mais avec la voiture, il pourra facilement se rendre dans une pharmacie de garde.

Edwige qui était venue vérifier que miss Koffi se portait bien se retourne donc rassurée et enchantée que nous souhaitions donner à cette dernière une chance d’être la nounou de Yoann.

Elle me confie alors que bien qu’elle n’ait croisé cette jeune fille qu’aujourd’hui, elle est persuadée qu’elle pourra bien s’occuper de mon fils.

Je ne veux pas l’avouer mais savoir qu’une autre personne est d’avis avec moi me conforte dans ma décision.

Après être passé par la chambre de Yoann, rien que pour le regarder dormir, je descends donc au salon retrouver Richmond qui m’a attendu tout ce temps...Il est ce qu’on peut appeler un vrai ami.

Il m’a toujours soutenu dans toutes les situations et dans celle-ci, il ne déroge pas à la règle.

-Alors ? M’accueille-t-il tout curieux. L’une de tes employés ma raconté ce qui s’était passé ! Si je devais t’attendre je serais mort d’inquiétude ici ! Me taquine-t-il comme lui seul sait le faire.

-Comme ça Yoann a été sauvé par une super nounou...continue-t-il sans tenir compte de mon silence. Cynthia m’a dit que Yoann allait bien mais elle s’est par contre montrée inhabituellement silencieuse sur la nounou. Ce qui me laisse penser qu’il y a énormément à dire...Alors raconte-moi ! Comment est-elle ? Je veux TOUT savoir mec...

Je lui raconte donc les faits qui ont eu lieu depuis notre arrivée à la maison mais j’omets de lui raconter la petite scène que miss Koffi m’a faite dans sa chambre. Ce n’est pas que je ne peux pas lui en parler (je me confie toujours à Richmond) mais je n’ai pas envie de partager cet aspect de la personnalité de miss Koffi avec d’autres personnes. C’est dingue et carrément débile mais j’ai envie de rester le seul (même si c’est pour peu de temps) de cette maison à connaître cette facette de sa personnalité.

Je ne sais pas ce qui m’arrive mais c’est juste comme ça...

Cette fille est l’illustration même de l’assertion : Méfie-toi de l’eau qui dort.

Non mais sérieusement, qui aurait cru que sous une apparence si délicate se cachait une personnalité aussi farouche ?

Certainement pas moi je vous le dis...

 

***

Quelque part à Abidjan

Mon téléphone vibre et lorsque je le consulte, le message qui s’affiche m’arrache un sourire de pure satisfaction.

« La phase 1 du plan de vengeance est lancée »

Buvant la coupe que je tiens en main, je continue de sourire, les yeux toujours fixés sur mon portable.

L’attente fut longue, mais je sais que la récompense sera à la hauteur. Car un par un, ils finiront par payer leurs actes tous autant qu’ils sont. A commencer par Alexis Bléou puis Cynthia et Marc-Ariel Koffi ainsi que tous leurs complices. Cette promesse je l’ai faite et je compte bien la tenir.




J’ESPÈRE QUE VOUS APPRÉCIEREZ CE CHAPITRE ! N'OUBLIEZ PAS DE KIFFER ET COMMENTER !

LA SUITE TRÈS BIENTÔT.

L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

COEUR SAUVAGE