Chapitre 6: Tu n'es qu'un goujat...

Write by Tunde William


La nuit fut longue. Très très longue en effet.Je me suis réveillée dans une immense chambre. Elle était étrange. Pas familière. Je ne me souviens pas de comment je me suis retrouvée ici ni de là où j'étais. Je ne sais pas où je suis ni comment je ferai pour rentrer chez moi.... Je ferme les yeux, les rouvres afin de me convaincre que ce n'était que peut être un rêve. Mais non! Ça ne l'était pas en réalité. Le lit sur lequel j'avais passé ma nuit était douce. Les couvertures en laines d'un marron clair mariaient parfaitement avec les taies d'oreillers. La chambre était vraiment magnifique. J'en avais le souffle coupé. À vue d'œil on sentait que c'était la chambre d'un garçon. Les tableaux qui l'agrémentait le prouvait largement. Je pris peur. Je ne pars jamais chez les clients.  C'est contre mes principes. Alors je fais quoi dans la chambre d'un mec. Car le style de cette chambre est un peu différent de celui des hôtels de Cotonou, bien qu'elle soit splendide et trop propre pour un homme. 

Je me lève, et me dirige vers la fenêtre où j'aperçois d'en haut une vieille dame entrain de peindre. Je tourne immédiatement mon regard vers les tableaux de la chambre, les observant longuement. Quand je me suis décidée à regarder la dame, cette dernière me fit la main en me souriant. 

- Toc Toc Toc fit quelqu'un à la porte. 

-(Moi)[Répondant] Entrez! 

Une jeune servante fit son entrée, me salua poliment en souriant. 

-(Elle) Bonjour Mademoiselle. Maman Sarah demande à ce que vous l'a rejoignez pour le déjeuner si vous avez terminé. 

-(Moi) Euh bonjour. Où est ce que je peux trouver une salle de bain ici. Et qui est Maman Sarah? J'ai tellement de question. Bref par où se trouve la salle de bain?

-(Elle) Veuillez me suivre svp répondit-elle. 

-(Moi) Tu peux me tutoyer hein, tu sais. 

Elle appuya sur un bouton sur un mur, et une porte de coulisser découvrant la salle de bain. Je pris une brosse neuve et fit ma toilette.

Quelques minutes plus tard quand je sortis de la salle de bain que je le vis. Non pas lui, enfin son portrait en haut du lit. Je me figée donc. Et ma soirée d'hier de me revenir en mémoire. 

Je portai donc mes chaussures et ouvra la porte. En descendant des escaliers, je vis la vieille dame qui me fit signe.

-(Moi) [ Timidement] Bonjour Madame. Merci pour l'hospitalité, pour tout ce que vous avez fait pour moi hier. Que Dieu vous le rende au centuple. 

-Au revoir ajoutai-je précipitamment voulant me retirer

-(Elle) [D'une voix malicieuse] Voyons donc Kira, tu n'as pas envie de prendre ces succulentes beignets avec moi. Malika vient juste de les faire et elles sont encore chaudes. 

-(Moi) [Ne sachant quoi dire] Euh c'est que ...

-(Elle) Allez viens on y va ma chérie. 

Après le p'tit déjeuner. On s'est mis à papoter comme de vielles amies. 

-(Moi) Alors c'est vous qui avez faire les tableaux qui sont dans la chambre  où j'ai séjourné hier? 

-(Elle) Oh Tu parles du Prince de la Paix? Non ce n'est pas moi.

-(Moi) Prince de la Paix? 

-(Elle) Oui c'est comme ça que mon fils l'a surnommé. C'est le papa de Prince qui l'a fait pour lui.

-(Moi) Anh okay. Moi aussi, je peignais. Mais je ne le fais plus trop. Manque de temps.

-( Elle) Mais c'est formidable. Viens que je te montre mes tableaux. 

Et c'est parti pour des heures. Nous avons passé des heures à parler  de peinture, de couleur, des œuvres et de nos artistes préférés[...] .

-(Elle) Rassure toi que la version de la Joconde à l'africaine est devenue virale sur la toile électronique. Il y a certains internautes même qui l'ont surnommé *Fatima*

-(Moi) [ Donnant un dernier coup de peinture] En effet. J'ai été autant surprise que vous l'aviez été en le voyant. C'est vrai que çà ressemble vraiment à une Fatima mais .... [ Haussant les épaules d'un geste las] Les africains et leur sens de l'art contemporain est un sujet à ne pas aborder à moins de n'avoir rien à faire. C'est hallucinant de voir tout ces talents gâchés parce que l'Afrique n'a pas le temps de se préoccuper d'une art, qui pour certains faire partir d'une période révolue. 

- C'est vrai que si c'était dans des pays occidentaux par exemple, il y aurait des écoles, des universités uniquement consacrés à l'art et aux épanouissement des artistes. Au développement des talents, des dons jusque là inexploités... Les étudiants auraient eu la chance de....

Il m'a fallu au moins deux minutes pour me rendre compte que je monopolisais la parole, tellement j'étais dégoûtée par l'inattention de mes compatriotes concernant la flamboyante disparition de l'art. Inquiète à l'idée que j'ai dû dit un mot de travers, je me retournais donc vers Maman Sarah qui, me fixait les yeux émus.

-( Moi) Heu... Désolée si je me suis laissée emporter par mes émotions. Je ...

-(Elle)[ D'une voix douce] Pourquoi donc t'excuses-tu ? D'être rester toi même. Tu dis la vérité, et tu étais tellement plongée dans tes émotions que tu n'as pas eu le réflexe de voir ce que tu peignais. C'est çà être un vrai artiste. Tu laisses parler tes émotions. C'est triste de voir que l'art n'est plus considéré de nos jours. 

Similaire à l’écriture, l'art possède une arme des plus redoutable qui soit sur la psychologie humaine. Tout comme une phrase anodine peut rendre l'humain perplexe, coléreux, joyeux ou triste…. L'art a aussi le don de nous émouvoir de la manière la plus inattendue que soit… 

L'on reste béat d'admiration devant un chef-d’œuvre….

La beauté et la réussite d'une toile réside dans la stupéfaction que ressentira le public… Si tu n'es pas capable d’éblouir un public tu ne peux être un peintre célèbre…

- Vous avez tellement raison commençai-je. Celà montre combien vous devez être….

Paff fit une porte au loin, me faisant sursauter.

- Mais Prince! Quels sont ces manières dis donc fit Maman Sara les sourcils froncés ? 

- Ne m’embête pas s’il te plaît lui répondit une voix dure

À ces mots, je me retournai donc pour voir de qui provenait cette voix qui semblait ne pas vouloir admettre des reproches. Et celui que je vis me tétanisa. 

Toute la bonne humeur ressentit depuis mon réveil s’envola. 

- Comme il m’énerve cet mec… pensai-je…

- Tu… avança Maman Sarah

Avant de se taire lorsque le portail s’ouvrit une seconde fois laissant apparaître une servante traînant devant elle une poussette dans laquelle gazouillais doucement un nourrisson.

La grand-mère fut un tantinet surprise avant d’afficher un large sourire. C’était le sourire d’une mère heureuse de revoir son petit enfant.

Il s’avança calmement vers nous de sa démarche imposante.

- Nana, je ne savais pas que tu t’étais remise à la peinture.

- Oh j’ai recommencé à peindre il y a peu. 

- Nana, tu es irrécupérable. Combien de fois devrait on te dire que l’odeur polymeristique que dégage la peinture pourrait t’être nocive.

- Que dois je donc faire répondit la grand mère mi figue - mi raisin. Toutes mes journées sont longues vu que vous m’aviez enfermée dans cette grande maison à moi toute seule. Je m’ennuie….

- Tu n’aurais plus à t’ennuyer plus longtemps répondit-il d’une voix lointaine. Grâce est là pour te tenir compagnie..

Il s’empressa de répondre au téléphone qui sonnait et s’éloigna de nous.

La grand-mère prit aussitôt le bébé, la cajolant en lui chantant une berceuse. 

- Oh c’est qui la plus belle fit elle en lui tirant les joues.

Je me sentis tout d’un je incrustée et d’une voix que je voulais claire et nette je dis: 

- Il est temps pour moi de rentrer. Merci pour cette journée. 

- Oh non s’écria Maman Sarah. Tu ne vas pas t’en aller à quelque minutes du déjeuner.

- Massah les choses des riches! Petit déjeuner ! Déjeuner ! Moi quoi? Me suis je dis.

Cette remarque me fit rire intérieurement et ne pouvant pas l’exteriorisé je dus me pincer les lèvres.

- Non sans façon fis je… 

Pour faire passer  rapidement la discussion à autre chose, j’ai dû prendre le bébé qui me tendait les bras.

Et vu que la chance n’était jamais de mon côté, c’était à ce moment propice que le père fit son apparition. 

Cet dernier fronça les sourcils en me fixant.

- Je peux savoir à quoi jouez-vous? 

- Je ne savais pas que prendre un enfant dans les bras et la cajoler était un jeu répondis je sèchement.

- Bien envoyé fit il aussitôt le regard dur. Alors je reformule. Que faire ma fille dans vos bras ?

- Je ne savais pas que prendre votre enfant était un crime répondis je énervée en déposant le bébé dans la poucette

- Vous avez raison. Vous ne pouviez pas le savoir. Parce que votre rôle n’est pas de…

- Je ne vous permet pas de m’injurier criais je 

- Sinon quoi? 

On en était là à se fixer dans les yeux. À voir qui de nous deux flancherait le premier.

La tension était  tellement palpable qu’une mouche pourrait en crever.

Un sourire narquois trouva le jour au commissures de ses lèvres. Celà décupla ma colère. J’avais envie de lui en coller une. Tellement il m’énervait.

- Tout va bien par ici fit Maman Sarah qui surgit brusquement je ne sais d’où

- Oui répondit-on simultanément.

- Elle allait partir ajouta t’il en me fixant.

- Petit Prince tu restes déjeuner continua maman Sarah en allant prendre le bébé.

- Non! On m’attend au bureau.

- Tu es tellement prévisible fit elle. Comme tu t’en vas tu pourras déposer Kira chez elle, n’est ce pas ?

- Non ne vous dérangez pas pour moi.

- La route avant d’atteindre la principale est longue et c’est pas évident que tu trouves un zem pouvant te remoquer fit Maman Sarah



** PDV Prince Midokpe**

Je reste muet à les regarder faire leur cinéma. Donc Grand-mère pense que je vais déposer cette fille qui me dégoûte au plus haut point de mon être dans mon véhicule ?

Elles se mettent toutes les deux, le doigt dans l’œil. La question ne se pose même pas. 

Je regarde cette vilaine fille qui porte un vilain prénom faire son intéressante auprès de ma grand mère. Comment certaines personnes arrivent elles à camoufler leur personnalité. Elle est là à jouer à la sainte ni touche. Je ne sais même pas pourquoi elle est toujours là d’ailleurs. Elle devrait décamper depuis fort longtemps mais c’est sans compter sur grand mère qui aime se lier d’amitié à tout vent. A là voir assise confortablement tu pourrais lui donner le bon Dieu sans confection. Les femmes, elles sont toutes les mêmes. Manipulatrice, fourbe, sournoise, mesquine et qu’en sais je. Je dis bien toutes les femmes. À l’exception de ma grand mère, de ma mère et de ma fille, les autres ne méritent ni mon attention ni ma sympathie. Elles ne sont bonnes qu’à baiser[…] 

J’en était loin dans mes pensées à observer la nouvelle toile peinte par Nana quand j’entendis: 

- Vous n’auriez pas dû. 

- Ne t’en fait pas. Tu pourras remettre les couverts à ton ami après où dès que tu as un peu de temps, tu passes me voir.

Quoi je n’ai pas bien compris le sens de la dernière phrase. Depuis quand je suis ami avec cette p*te me dis je intérieurement.

- Petit Prince, Annick a déjà remis vos nourritures dans ton coffre. Une bouteille de vin y est également. Vous pouvez la partager entre vous fit grand mère.

- Euh je …. Commença l’autre.

- C’est quoi je… que tu veux dire l’a coupa grand mère d’un ton qui n’admettait aucune réplique.

- Et moi ? Tu ne me demandes même pas mon avis? Dis je irrité. Grand mère tu ne vois pas que tu abuses ?

- Quel abuses? Pardon va là bas. Comme c’est boulot qui va vous tuer ta mère et toi, il faut faire ça entre vous là bas.

- Mais..

- Tu es toujours là ou tu veux que j’ajoute une autre glacière pour ta mère.

- Non c’est bon j’y vais.

Narrateur externe*

Il fit un bisou sur la joue de sa fille et baisa la tempe de la grand mère puis tourna les talons. En tant que gentleman, il aurait dû tenir la main de Kira l’aider à se relever, ranger la chaise derrière elle. Il aurait dû  la tenir, par le creux des hanches. Il aurait dû lui ouvrir la portière, attendre qu’elle boucle sa ceinture de sécurité et refermer la portière..

 Mais il ne fit aucun des gestes pré citées. Gestes ou règles de bienséance que lui avait appris sa grand mère. Toujours se comporter comme un parfait gentleman envers la gente féminine.

La grand-mère avait remarqué le changement d’attitude, et elle soupira tristement. Quelques chose s’était brisé en lui se dit elle. Son petit-fils souffrait atrocement et elle s’en voulu de ne pas avoir été plus dure. De ne pas avoir été plus ferme.

Néanmoins, elle raccompagna sa nouvelle amie jusqu’à la voiture. Elle attendit que cette dernière grimpe. Puis referma la portière.

- N’oublie pas de prendre les légumes que je t’ai commandé s’il te plaît. Surtout la patate douce c’est important pour l’alimentation de ta fille fit il à l’encontre de son petit fils

- Mais Maman m’a dit que le lait artificiel irait parfaitement.

- Oublie les propos de ta mère. Elle est  une gynécologue pas une pédiatre. Et cet bébé manque cruellement de vitamine.

- Ok envoie moi donc ta liste. Je vais me charger de ça.

- Non! Je ne préfère pas. Je vais remettre la liste à Kira et elle ira me les chercher au marché tokpa si elle veut bien. 

- Mais…

- Petit Prince chéri, les produits des supermarchés sont faits à base  d’intrants agricoles. Je préfère le naturel.

Résigné, Prince se tourna vers Kira qui regardait de l’autre côté de la vitre.

- Euh Ma grand mère  demande si tu étais libre pour lui payer quelque légumes au marché. Je te paierai grassement si celà t’intéressait….

Cette dernière sourit narquoisement en disant : 

- De 1 je m’appelle Kira, et ça je crois que tu le sais déjà.

De 2 tu n’as pas besoin de me payer pour rendre service à te grand-mère.

Et de 3 je ne suis pas intéressée par ton argent.

- Si tu le dis marmonna t’il.

- À toute à l’heure grand mère ajouta t’il.

La voiture vrombissa et s’éloigna dans un nuage de poussière laissant derrière elle la grand mère et la petite grâce restées devant le portail et qui agitaient leurs mains en signe d’aurevoir[…]

La chanson tendance du moment, le célèbre hit Aye de Davido passait à la radio de l’habitacle.

Kira envoûtée par le rythme de la chanson dansait sur son siège.

Prince voyant celà coupa la radio.

- Si tu veux danser, tu pars dans tes lieux habituels grogna t’il.

Il arrêta le véhicule  au bord de la principale. Descendit en récupérant une glacière et la bouteille de vin.

- Maintenant tu descends de ma caisse fit il en lui lançant et la liste et quelques billets.

- Mais je ne suis pas encore

- Tu veux que je vienne te faire descendre par force ?

- Tu n’es qu’un parfait goujat. Répondit elle avec véhémence

- Goujat c’est mon deuxième prénom. Maintenant tu dégages. 

- N’oublie pas de garder la monnaie.

- Quel idiot se dit Kira.

Le véhicule s’engagea aussitôt sur la chaussée quand elle descendit.









 













Brûlantes Contusions