Chapitre 65

Write by Jennie390

Chapitre 65


Vincent Mebiame


Si la honte tuait, je serais tombé raide mort à l'instant où cette vidéo a commencé à passer sur l'écran de la salle de réunion devant une cinquantaine de personnes. Mon cœur a presque raté un battement quand mes yeux sont tombés dessus. La salle est restée silencieuse pendant que l'informaticien s'agitait dans tous les sens pour arriver à éteindre l'écran. J'avais envie d'être partout sur terre, sauf dans cette salle. Tout le monde me regardait comme une bête de foire, vu qu'ils connaissent tous Diane.


—On peut savoir d'où sort cette vidéo ? demande le directeur général, visiblement gêné.


—Euh monsieur, je ne sais pas trop.


—Vous ne savez pas ? Vous êtes sûr que vous êtes informaticien ? Vous avez eu votre diplôme où ? Au marché noir ?


Il se racle la gorge.


—Bon, on va commencer la réunion ici avant que notre In-for-ma-ti-cien ne trouve le moyen de nous connecter à Paris sans les images obscènes.


Il me lance un regard en biais et entame la réunion. Pendant toute la durée de celle-ci, j'ai même du mal à me concentrer tellement les regards sont lourds et chargés de questions. Deux heures trente plus tard, cette satanée réunion prend fin. Je quitte la salle et avant que je ne prenne l'ascenseur, je suis appelé par le DG. Nous nous rendons dans son bureau.


—Euh Vincent, tu m'expliques ?


—Je n'ai évidemment aucune explication à ça. Comment pourrais-je en avoir ?


—Bon, ce sont tes affaires privées et je ne vais pas discuter de ça ici. Toutefois, j'espère que cette vidéo n'est pas virale actuellement. J'espère qu'elle s'est limitée à notre salle de réunion. Si elle est virale, ça ne va pas faire bonne presse à Shell Gabon et par extension à Shell France. Les grands patrons là-bas ne vont pas accepter que le nom de la boîte soit associé à un scandale du genre. Tu es quand même l'avocat en chef de la branche gabonaise. Tu comprends, n'est-ce pas ?


—Oui, bien sûr. Ça va de soi. 


Bon, j'ai du boulot, dit-il en se levant. On se parle après.


—D'accord.


Je quitte rapidement l'entreprise en entendant malgré moi les chuchotements dans les couloirs. Je monte dans mon véhicule et je reçois des liens sur mon téléphone. En un rien de temps, je comprends que la fameuse vidéo est sur la toile avec des titres plus terribles les uns que les autres. Mon nom et celui de mon cabinet sont beaucoup trop cités à mon goût. Je vois que ce connard a lancé sa contre-attaque à peine sorti de prison. 

Il ne paie rien pour attendre. Mon ego d'homme est clairement touché, ça me dérange qu'une vidéo dans laquelle ma femme se fait prendre dans toutes les positions circule sur internet. Mais ce qui me dérange encore plus, c'est que je peux perdre plusieurs contrats à cause de ça. Le scandale se*xuel est très mauvais dans le monde des affaires.

Il ne vaut mieux pas que je tombe sur Diane, sinon je vais lui tordre le cou.

Je reçois des messages, des appels d'amis, de confrères, de ma famille, mais je ne prends aucun.

J'appelle tout de même mon avocat.


—Tu as regardé la vidéo ?


...


—Oui, le dossier est prêt ?


...


—Parfait. Donc, tu peux déposer le dossier de demande de divorce au tribunal. Dépose également un échantillon de la vidéo qui circule, ça va m'aider à accélérer la procédure. Bosse bien dessus, s'il te plaît. Elle ne doit avoir aucun franc de moi après ça. Je veux la voir à la rue.


Je raccroche et j'éteins mon téléphone. Je n'ai même pas envie d'aller au cabinet, vu les regards que mes employés vont me lancer. Je rentre donc chez moi.


Diane Bibalou


Depuis hier, je suis littéralement sur un petit nuage tout douillet. J'ai finalement eu ce que je voulais depuis tant d'années. Dix ans exactement. Je peux dire que ça a été au-delà de mes espérances. Émile a été génial, fougueux et passionné. Ça a valu la peine d'attendre et d'ailleurs, vu la façon dont il m'a retourné dans tous les sens, je sais qu'il ne pourra plus se passer de moi. C'est lui qui va désormais me courir après comme un petit chien. Mais il n'est pas prêt pour ce que je lui réserve. Pour m'avoir, il va devoir le mériter et mettre plein de liasses de billets sur la table. Ce n'est pas de la prostitution. Mais, c'est ce que j'appelle joindre l'utile à l'agréable, prendre mon pied avec le mec de mes rêves et gagner beaucoup d'argent par la même occasion.


J'ai passé une nuit merveilleuse. Grâce au chèque qu'Émile m'a remis, j'ai laissé la chambre simple que j'occupais pour une suite luxueuse digne de mon statut. Ce matin, c'est toute guillerette que je quitte l'hôtel et m'engouffre dans le véhicule que j'ai pris hier en location, vu que le mien est toujours chez Vincent. Bientôt, je dirai à Émile que je veux qu'il m'achète une maison, je ne vais pas vivre indéfiniment à l'hôtel. Je conduis pendant quinze minutes, puis je me gare devant une boulangerie-pâtisserie. Je commande une omelette au jambon, des croissants chauds au beurre, un café liégeois et un jus d'orange pressé. Je prends mon temps pour déguster mon petit déjeuner en imaginant déjà ce que je dois demander à Émile lors de notre prochaine rencontre. 


Un voyage à Hawaï ? Une nouvelle voiture ? Une montre de créateur ? Une semaine au très luxueux hôtel Burj-al-Arab à Dubaï ? J'ai vraiment l'embarras du choix. Mais d'ici la fin de la journée, je saurai ce qui me fera plaisir. Ma panse pleine, je paie l'addition et reprends mon véhicule. À 11 h, je gare dans la cour de l'entreprise et je m'introduis dans le bâtiment. Je sais que ça va encore jazzer parce que je suis venue en retard, mais je m'en moque. Depuis le hall, j'entends des chuchotements, mais je ne m'y attarde pas. Quand j'arrive dans l'Open Space où la grande majorité des employés travaille, un silence bizarre s'abat dans la pièce.


C'est quoi leur problème ?


Je m'assois devant mon poste. Je me rends compte que quelque chose ne va pas lorsque ma voisine de gauche me lance un regard en biais avant de poser à nouveau ses yeux sur son ordinateur, visiblement mal à l'aise. Je ne m'en conforme pas et j'allume mon ordi. Je commence à le manipuler, mais je sens toujours plusieurs paires d'yeux posés sur moi.


Ils veulent ma photo ou quoi ?


—Ça joue les grandes dames, épouse d'avocat et tout le tralala, pourtant ce ne sont que de grosses pu*tes déguisées.


Je lève la tête en apercevant une de mes collègues avec qui le courant ne passe pas du tout. La phrase qu'elle vient de dire suffisamment fort pour que toute la salle l'entende a l'air dirigée contre. Je la regarde, elle me renvoie un regard dédaigneux et quitte la pièce. Je me rends compte que beaucoup dans la pièce cachent à peine leur sourire.


C'est quoi ce délire ?


Je me tourne vers ma collègue et lui chuchote :


—J'ai raté un épisode ? Qu'est-ce que les gens ont à me regarder de cette façon ? 


—Euh, tu es sérieuse ?


—Bah oui ! Sinon, je ne te le demanderai pas. Qu'est-ce qu'il y a ?


Vu qu'elle ne dit toujours rien, je m'apprête à lui reposer la question lorsque j'entends un raclement de gorge près de moi. En tournant la tête, je tombe sur le regard de la secrétaire du DG qui me lance un regard hautain à travers ses lunettes de vue bon marché.


Eh bah, dis donc, aujourd'hui, même les affamés qui ont du mal à joindre les deux bouts à la fin du mois se tapent le luxe de me prendre de haut. Tchuip !


—Oui, tu as besoin de quelque chose ? je lui demande en la regardant de haut en bas. Pourquoi tu es debout devant moi comme un poteau ?


—Le DG veut te voir immédiatement.


—Tu aurais pu m'appeler pour me le dire, pas besoin de déplacer ta face jusqu'ici.


Elle tourne les talons, mais j'ai tout de même le temps de l'entendre murmurer :


—Quand ton cu*l est désormais de notoriété nationale et même mondiale, tu ferais mieux de te taire.


C'est à moi qu'elle parle ? Mais ils ont quoi aujourd'hui dans cette boîte ?


Je me lève et la suis jusqu'au bureau du patron. Dès que j'entre dans la pièce, l'atmosphère qui y règne ne me plaît guère. Je referme la porte et me tiens debout en me triturant presque les doigts. Le directeur général n'est pas le seul dans la pièce. Le RH, le comptable en chef, le DAF et le chargé des relations publiques. Toutes les personnes les plus importantes de la boîte sont là et je n'aime pas ça, surtout vu le regard qu'elles me lancent.


—Euh... dis-je en me raclant la gorge. Vous m'avez fait appeler monsieur ?


—Je suppose que vous savez pourquoi, réplique-t-il sèchement.


—Non, monsieur.


—Ah non?


—Non.


Je suis de plus en plus mal à l'aise. Il fait glisser un téléphone portable jusqu'au bout du bureau. Je me rapproche doucement et je prends l'appareil dans mes mains. Je constate que c'est une vidéo mise en pause. Il m'ordonne de la mettre en marche. J'appuie sur l'écran et la vidéo se met en marche. Mon cœur rate pratiquement un battement quand je me rends compte du contenu de la vidéo. Je n'arrive même pas à regarder plus de cinq secondes et je l'arrête, les mains tremblantes et le cœur battant la chamade. Je dépose le téléphone sur le bureau, la tête baissée.


Dîtes-moi que c'est une blague !


— Ce que nos employés font de leurs vies sexuelles ne nous intéresse en rien, commence sèchement le directeur général. Ils peuvent coucher avec la terre entière, ça ne nous concerne pas du moment où leur boulot est fait correctement. Jusque-là on est d'accord ?


Je hoche la tête.


—Ce qui nous dérange ici, c'est que cette fou*tue vidéo circule sur internet depuis ce matin aux aurores. Ça circule sur la toile et sur tous les réseaux sociaux. Les partages se multiplient sur WhatsApp et elle est même déjà postée sur les sites po*rno. Les titres varient : " Diane Bibalou, épouse de l'avocat Vincent Mebiame en pleine sex tape", Diane Bibalou, épouse Mebiame, employée de la Mediapart en plein dans un scandale se*xuel", " Diane Bibalou se fait prendre dans tous les sens par l'architecte Émile Biyoghe"... Les titres sont tous aussi scandaleux les uns que les autres. Il est complètement inadmissible que le nom de cette entreprise soit entaché d'un scandale se*xuel.


—Je...je suis...je


—Ecoutez Madame Mebiame, il est vrai que nous ne pouvons pas vous renvoyer pour un acte qui n'a rien à voir avec le boulot que vous faites en entreprise. Mais notre image est salie et ça, je ne l'accepte pas. Donc, nous avons décidé d'une mise à pied d'un mois, le temps pour le comité de décider de votre sort.


Une mise à pied ? Je connais trop bien leur tactique ici : quand tu es mise à pied, ils trouvent un moyen de te virer dans la foulée. S'ils me mettent à pied, je peux déjà être sûre d'être virée.


—Écoutez, monsieur, je...


—Madame Mebiame, cette entrevue est terminée. Nous ne vous avons pas appelé ici pour vous justifier, mais pour vous informer de la décision qui a été prise. Elle commence à l'instant, donc vous pouvez ranger vos affaires. On vous revoit dans un mois pour la suite des évènements.


Je n'ai même pas le temps d'en rajouter que la secrétaire ouvre la porte et m'intime de quitter la pièce. Je comprends donc les regards pesants et railleurs des collègues depuis que je suis arrivée ce matin. Comme un automate, je récupère mon sac et je sors de l'entreprise. Je m'assois dans mon véhicule. Le cœur dans les chaussettes.


Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Émile a délibérément filmé nos ébats et il n'a pas eu la délicatesse de me demander la permission ? Et aujourd'hui, ça se retrouve sur la toile ? Il l'a fait pour atteindre Vincent ? Je cogite un moment, puis la peur au ventre, je tente de me rassurer.


—C'est impossible qu'il ait fait une chose aussi horrible juste pour se venger, me dis-je à moi-même en démarrant mon véhicule. Il y a forcément une explication, peut-être qu'on a piraté ou volé son téléphone. Oui, c'est forcément ça.


Une heure plus tard, je me gare devant son cabinet et dès que j'arrive devant la secrétaire, je comprends qu'elle a aussi vu cette sa*tanée vidéo vu le regard moqueur à peine voilé qu'elle me lance. Je m'apprête à entrer dans le bureau d'Émile.


—Il n'est pas là ! Il a voyagé ce matin.


Je m'arrête et la regarde.


—Tu t'adresses à moi?


—Oui, je m'adresse à vous, réplique-t-elle d'un ton hautain. 


—Et je vais te croire ?


—Que vous le croyez ou non, monsieur n'est pas là !!


Je la toise et me retourne. J'essaye d'ouvrir la porte, mais elle est verrouillée. Agacée, je me retourne à nouveau et sort du cabinet. J'ai tout de même le temps d'entendre la secrétaire éclater de rire dans mon dos. Dans mon véhicule, je l'appelle plus de 10 fois, mais il est injoignable. Peut-être qu'il est dépassé par le scandale actuel. Il ne sait sûrement pas comment me faire face. C'est impossible qu'il ait voyagé. Je suis obligée de me nourrir de "peut-être" pour ne pas éclater en sanglots. C'est la pire des choses qui puisse arriver à une femme. Comment vais-je marcher dans la rue ?


Je gare devant son domicile et je sonne pendant des heures interminables, mais toujours aucune réponse. Je reste dans mon véhicule durant des heures, le désespoir m'étreignant le cœur. Je finis par éteindre mon téléphone à cause des multiples appels et messages que je reçois, sans parler des commentaires sur les réseaux sociaux. 


Je regarde ma montre, il est presque 14 h et toujours aucune trace d'Émile. Apparemment, il a vraiment voyagé. Il m'a laissée seule face à la honte. Les larmes coulent sur mes joues. Par où je commence avec un tel scandale sur les bras ? Est-ce que je vais pouvoir me balader dans les rues sachant que ma nudité est le sujet du moment ? Et je préfère ne pas imaginer Vincent actuellement, s'il me croise, il risque de me tu*er.

Comment Émile a pu être aussi méchant ?


Landry Ratanga


—Tu vas bien ?


—Oui, pourquoi ?


—Tu n'as pas l'air d'avoir beaucoup dormi, Yolande. Je sais que savoir Émile dehors ne te plaît pas du tout, mais ça ne devrait pas t'empêcher de trouver le sommeil.


—Je sais, mais je ne peux honnêtement pas rester de marbre, le sachant dehors. C'est justement parce que je sais qu'il doit déjà avoir mis des gens aux aéroports, aux ports et même aux gares que je n'ai pas déjà cherché à quitter le pays. 


—Oui, pour l'instant, ce ne serait pas une bonne idée. Mais je te promets qu'on va trouver une solution. Hortense est assez occupée avec son boulot ces derniers temps, mais d'ici ce weekend, on va s'asseoir et voir que faire. Nous ne pouvons pas rester assis à attendre qu'il attaque parce que c'est sûr qu'il va attaquer.


—Il ne va pas se gêner.


—Allez, arrête de faire cette tête d'enterrement, dis-je en souriant. J'ai cru comprendre que tu aimes la glace rhum- vanille, je t'en ai apporté.


—Ah ouais ? Et où tu as entendu ça ?


—Tu parlais de bonbons, de glace avec Meli la dernière fois et tu l'as mentionné. Donc, en achetant les chips qu'elle voulait, j'ai profité d'acheter ta glace.


Elle me regarde et sourit en bousculant la tête. Elle est vraiment très jolie, j'ai très souvent envie de le lui dire, mais je me ravise. Elle sort de l'enfer avec un homme qui l'a traitée comme un animal. Je ne pense pas qu'elle soit prête à se laisser aller à quoi que ce soit avec un autre homme. Nous quittons la piscine dans laquelle nous avions les pieds trempés et arrivons sur le parking. Loïc et Paul sont adossés sur mon véhicule. Ils ont l'air d'être dans une discussion très sérieuse.


—Bonjour les gars ! fait Yolande.


—Bonjour Yolande ! répondent Paul et Loïc.


—Tu as vu la dernière de ton mari ? demande Paul . Le gars vient de sortir de prison et il a commencé à faire des siennes.


Yolande et moi, on se regarde, intrigués.


—Qu'est-ce qu'il a fait ?


Loïc manipule son téléphone et me le tend. Mes yeux s'arrondissent de surprise. Choqué, je le rends à son propriétaire.


—En fait, c'est un grand malade, dis-je en me passant une main sur le visage. Ça, c'est pour toucher Vincent.


—De quoi s'agit-il ? demande Yolande en prenant le téléphone des mains de Loïc. Qu'est-ce qu'il a fait contre Vincent ? J'espère qu'il n'a pas...


Elle ne termine pas sa phrase lorsque ses yeux tombent sur la vidéo. Dépassée, elle remet automatiquement le téléphone. Personne n'a clairement envie de mater trop longtemps une se*xtape de Diane et Émile.


—C'est vraiment le malade mental qu'il pense être, s'exclame Yolande en bousculant la tête. Pauvre Vincent ! J'espère juste qu'il ne va pas donner le plaisir à Émile de le voir triste et abattu. C'est une bonne chose qu'il ait ouvert les yeux sur l'homme qu'il a fréquenté depuis pratiquement 10 ans.


—Mon téléphone est en charge, dis-je. Mais tout à l'heure, je vais l'appeler pour savoir comment il gère le scandale actuel.


—Bon, j'ai besoin d'un bon verre, dit Paul. J'espère qu'il y a du vin dans cette maison.


Nous entrons dans la maison et les gars s'asseyent au salon. Je récupère les boissons que je ramène. Chacun se sert un verre. Yolande revient au salon et se sert un verre à son tour.


—Où est Mélissa ? demande Paul. Je ne l'ai pas vu en arrivant. Elle est dans le salon du haut, devant la télé et elle joue à Candy Crush sur mon téléphone portable.


—Ah d'accord.


Pendant environ 10 minutes, je discute avec Yolande et Paul, mais je remarque que Loïc est silencieux. Il a depuis un moment les yeux rivés sur l'iPad de Mélissa qui est posé sur la table. Il a l'air intrigué ou contrarié, je ne saurais dire.


—Euh man, ça va ? je demande. Tu m'as l'air ailleurs. Qu'est-ce qui t'intéresse autant sur la tablette de Mélissa.


Il me regarde. 


—Ah c'est à Mélissa ?


—Oui, pourquoi ?


—Non, pour rien, dit-il doucement. C'est qui lui?


Yolande se lève et regarde l'écran pour comprendre de qui Loïc parle.


—Euh... Ça, ce sont des photos de l'anniversaire de madame Odile à Oasis. Tu sais qu'elle adore Mel. Son anniversaire s'est tenu il n'y a pas très longtemps et elle a envoyé les photos de ladite fête pour Mélissa. Celle-ci regarde les photos et vidéos en question, tous les jours. 


Yolande pointe le doigt sur l'écran et renchérit:


—Lui, c'est le nouveau petit ado dont madame Odile s'occupe. Je crois qu'il s'appelle Tobias. Tobias Mekui, si j'ai bonne mémoire.


Loïc dépose son verre et prend la tablette dans ses mains. Il feuillette l'écran. Je comprends qu'il regarde d'autres photos. Mais l'air qu'il a commence à m'inquiéter. Il a la mine froissée.


—Loïc, il y a un souci ? demande Yolande. Tu...


Il se lève brusquement et s'approche de Paul.


—Paul, dis-moi si tu vois la même chose que moi, dit-il à Paul en lui remettant la tablette de Mel. Ou alors si c'est moi qui vois mal.


Paul lance un regard surpris à Loïc avant de récupérer la tablette et de regarder l'écran. Sa mine se froisse automatiquement et il page plusieurs fois avant de regarder Loïc.


—Qu'est-ce qu'il fait là, demande-t-il sur un ton inquiet à Loïc.


—Moi-même ça m'intrigue.


L'inquiétude me gagne très vite aussi. Je me lève.


—Euh, les gars, vous nous expliquez ? Qu'est-ce qu'il y a sur la tablette de Mélissa qui vous rend ainsi ?


Les deux se regardent et Paul dépose la tablette sur la table.


—C'est lui qui nous rend ainsi, répond Loïc en pointant du doigt sur l'écran. Celui que vous appelez, comment déjà ?


Yolande répond.


—Il s'appelle Tobias Mekui et comme je vous l'ai dit, c'est le nouveau petit adolescent dont madame Odile s'occupe à Oasis. C'est le fils d'un homme qui occupe un poste haut placé dans le gouvernement. Il a 16 ans et comme vous pouvez le remarquer, il est à Oasis parce qu'il a des retards psychologiques encore pires que Mélissa. C'est ce que madame Odile nous a racontés.


—Moi, ce que je peux te dire Yolande, commence Paul. C'est que le gars sur l'image ne s'appelle pas Tobias Mekui et ce n'est certainement pas un adolescent atteint de retard mental.


Yolande et moi, on se regarde encore. C'est quoi ce délire ?


—Et s'il ne s'appelle pas Tobias Mekui, c'est qui selon vous ?


—Il s'appelle Alex Bibang, mais il est plus connu sous le surnom de SIGMA, affirme Paul sur un ton très sérieux. Il vient de Port Gentil et il doit avoir 21 ou 22 ans, donc clairement, ce n'est plus un ado de 16 ans. Très jeune, il a commencé dans le vol et les délits en tout genre. Mais depuis quelques années, il a commencé à faire dans l'espionnage et ça lui rapporte énormément d'argent. Il est connu pour être très efficace dans ce qu'il fait. Ce n'est pas non plus le fils d'un haut placé du gouvernement, parce que de ce que je sais, il est orphelin. Ne vous fiez pas à son corps skinny et à son visage d'ange. Il est fourbe et manipulateur.


—Vous êtes sûrs de ce que vous racontez, les gars, demande Yolande, choquée. Vous devez faire erreur.


Paul bouscule la tête et répond :


—J'ai grandi à Port Gentil et je t'assure que je ne me trompe pas. Je ne sais pas ce qu'il trafique à Oasis en se faisant passer pour un petit attardé, mais sache que ce n'est forcément rien de bon parce que c'est un bandit de grand chemin qui est là comme ça !!

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