Chapitre 7

Write by NafissaVonTeese

Précédemment

Après une présentation des technologies proposées par l’entreprise dans laquelle elle travaillait, à 4 heures de route de sa ville, Fama s’était retrouvée le lendemain, sans vraiment savoir comment, à Saint-Louis.

Dès son arrivée, elle avait rejoint son petit ami Seydina, dans la salle de sport où il donnait des cours de fitness. Celui-ci lui avait annoncé que sa famille avait organisé un dîner pour qu’elle puisse enfin faire sa connaissance. Fama avait accepté tout en laissant savoir que c’était contre son gré.

En arrivant chez Seydina, elle fut accueillie par sa mère Isabella qui se montra très heureuse de faire ma rencontrer. Mais quand elles se retrouvèrent seules, celle-ci lui lança des menaces sans que Fama n’en connaisse les raisons.

***

   

« Bon Dieu, dans quoi est-ce que je me suis encore fourrée ! »

 

Cela faisait une bonne demi-heure que Fama n’avait pas bougée du grand canapé noir sur lequel elle était assise, à côté de Isabella, après de brèves présentations aux parents de Seydina et à ses quatre petites sœurs. Malgré les multiples tentatives de son petit ami pour la mettre à l’aise, Fama était restée anxieuse. Elle fuyait le regard de tout le monde et répondait aux questions qu’on lui posait que par un oui et un non accompagné d’un sourire figé.

 

Isabella lui tenait la main et avait de nouveau adopté un tempérament angélique, mais cela n’avait aucunement suffit pour détendre l’atmosphère.

Fama n’était pas dans les dispositions de réfléchir posément, mais avait vite remarqué que la mère de son petit ami n’était pas forcement proche des habitants de cette maison. Bien qu’elle ait trouvé toute la famille dans le grand salon, chaque avait très vite trouvé une petite excuse pour ne pas y rester. Seuls Seydina et son père avaient bien voulu ne pas quitter la pièce. Les deux hommes étaient assis côte-à-côte, et faisaient face à Fama et Isabella.

 

L’ambiance était tellement tendue que manifestement, ce n’était pas l’envie qui manquait au papa qui, même s’il semblait d’humeur calme, donnait l’impression de n’être là que par obligation. Lui et Isabella se jetaient des regards noirs de temps à autre et aucun ne prenait la peine de s’en cacher.

 

Fama était consciente que quelque chose ne tournait pas rond entre ces ceux là, mais elle n’en avait rien à faire. Tout ce qui occupait son esprit, était la manière dont elle allait bien pouvoir quitter  cette maison sans frustrer la femme à côté d’elle. Elle n’avait aucune honte à se l’avouer, Isabella lui faisait affreusement peur. Au-delà des menaces dirigées contre elle, sa présence l’oppressait. Elle ne savait vraiment pas pourquoi et n’avait d’ailleurs aucune envie de le découvrir.

 

La pièce semblait se figer par moment avant que les petits mouvements presque imperceptibles de Seydina, ne paraissent être accélérés. Fama avait fermé les yeux en espérant qu’une fois qu’elle les aurait ré-ouvertes, elle se retrouverait comme par magie dans sa petite chambre de sa vieille maison sur l’île nord. Cela n’en était rien. Au contraire, à chaque fois qu’elle regardait autour d’elle, la pièce donnait l’impression de rétrécir. Des gouttes de sueurs froides commençaient à perler son front et elle fixait Seydina l’air complètement absente.

 

-         Fama !

 

Aussitôt que Seydina l’avait appelé, elle avait bondit du canapé pour se tenir debout. Elle était tellement crispée qu’elle avait les jambes en coton et arrivait à peine à respirer. Elle était entrain d’étouffer. Il fallait qu’elle sorte de là et vite.

 

-         Il faut que je… ; avait difficilement prononcé Fama avant de s’arrêter pour reprendre sa respiration.

 

Seydina l’avait aussitôt rejoint. En remarquant son visage inquiet, Fama se sentit affreusement ridicule. Elle était entrain de se comporter comme une écervelée à cause des propos menaçants d’une vieille folle. Si cela même se trouvait, tout n’était que le fruit de son imagination débordante. Elle n’avait pas beaucoup dormi la nuit précédente, enfin, elle ne se souvenait toujours pas de ce qui s’était réellement passé, mais  se dit que c’était sans doute ce qui  jouait sur sa capacité à faire la part des choses entre le réel et l’imaginaire.

Aucune personne saine d’esprit n’était capable de changer d’attitude aussi vite et sans raison apparente, et Isabella avait l’air d’être très bien dans sa peau. Elle devait reprendre le contrôle de la situation avant que cela ne se dégrade encore plus.

 

-         Il serait mieux que j’aille aider en cuisine.

 

-         Mais non. Ça n’en vaut pas la peine ; insista Seydina.

 

-         S’il te plait…

 

Elle le suppliait des yeux. Il ne l’avait jamais vu ainsi et ne savait pas vraiment quoi lui dire.

 

-         Laisse la y aller ; ordonna son père.

 

Isabella s’était aussitôt levée en répliquant : « je l’accompagne ! ».

 

-         Non toi tu restes là, avait sèchement repris l’homme, comme pour asseoir son autorité. Seydina, vas-y avec elle et restez-y quelques minutes. Ta mère et moi avons pas mal de choses à nous dire.

 

Fama leur avait jetée un bref regard avant que Seydina, en la tenant par la main, ne l’oblige à  quitter la pièce. Elle aurait voulu assister à la discussion qui s’annonçait mouvementée, mais avait juste eu le temps d’entendre Isabella affirmer : « Nous n’avons plus rien à nous dire Abdoul. ».

 

Seydina avait entrainé Fama dans un long couloir éclairé que par des lampes de forme circulaire, incrustées au plafond. Quand elle s’assura qu’ils étaient seuls, elle l’enlaça aussi fort qu’elle pouvait.

 

-         Je t’en supplie, fais moi sortir de là.

 

Seydina avait essayé de se détacher mais elle le retint avant de réitérer sa demande avec un peu plus de ferveur. Il commençait sérieusement à en avoir marre du comportement enfantin de sa petite amie, mais il devait garder son calme juste le temps d’une soirée, pour faire bonne figure devant sa famille.

 

-         Arrête s’il te plait tes caprices. Ce n’est vraiment pas le moment…

 

-         Je veux rentrer. Ramène-moi à la maison ; avait elle continué à supplier, avant quand elle ne laisse échapper un sanglot qu’elle avait pourtant essayé d’étouffer.

 

Seydina surpris, s’avait rapidement reculé.

 

-         Qu’est-ce qui se passe bébé ?

 

-         Rien. Je veux juste rentrer.

 

Seydina ne sembla pas très convaincu par l’excuse que lui avait sortie Fama. C’était la première fois qu’il la voyait en larme et même si cela lui fit beaucoup de peine, il resta quand-même perplexe. Il la connaissait assez pour savoir qu’elle était capable de verser des larmes de crocodile  juste pour obtenir ce qu’il voulait et depuis le début, elle lui avait clairement fait savoir qu’elle ne voulait pas être présente à ce dîner.

 

-         D’accord. Je te ramènerai, mais pas tout de suite ; avait-il calmement affirmé en lui essuyant le visage.

 

-         Tu es idiot ou quoi ; réplica difficilement Fama à cause de la boule qui était coincée dans sa gorge. Tout de suite je t’ai dit.

 

- Mais pourquoi tu cherches à tout gâcher ? C’est à cause de la scène que viennent de faire mes parents ? Tu n’a pas du tout à t’en faire. Ces deux là ont toujours été comme chien et chat. Ça va très vite leur passer.

 

« Les enfants, tout va bien ? » avait demandé une voix venant du fond du couloir. Quand Fama se retourna, elle fit face à la seconde mère de Seydina.

 

-         Oui ça va ; dit Seydina d’un ton qui nettement le trahissait.

 

La lumière tamisée du couloir n’empêcha pas le couple de remarquer la mine de la femme qui laissait entrevoir qu’elle était loin de s’être laissée convaincre.

 

-         Tu peux venir m’aider s’il te plait Fama ?

 

-         Bien-sûr Madame Tall ; avait-elle dit après avoir jeté un bref regard à Seydina.

 

-         Je viens avec vous ; dit Seydina.

 

-         Non. Vas plutôt aider tes sœurs à mettre la table.

 

Seydina avait hésité quelques secondes avant de tourner le pas. Fama s’était aussitôt sentie abandonnée à son sort, seule au monde. Elle ne bougea pas, regardant avec regret son homme disparaitre sans dire un peu mot.

 

-         Tu viens ma fille ?

 

-         Oui Madame Tall, avait timidement répondu Fama en s’avancer à pas lourds et hésitants comme si elle présentait qu’elle se jetait droit dans la gueule du loup.

 

-         Appelle-moi Khady, ou même maman comme tous les habitant de cette maison si tu veux bien ; dit elle en affichant un parfait grand sourire qui lui rappela celui de Isabella ; ce qui lui fit atrocement froid dans le dos.

 

Khady avait laissé entrer Fama avant de fermer la porte de la cuisine à double tour. Sans même se retourner, elle avait lancée :

 

-         Pauvre fille ! Tu n’a même pas idée du pétrin dans lequel tu t’es laissée embarquer !

Nafissa Von Teese

Du bout des lèvres