Chapitre 7
Write by Lilly Rose AGNOURET
Chapitre 7
*** Idéale.
Il est 22h quand nous rentrons
du restaurant. Les enfants sont épuisés alors ils montent dormir. Je reste dans
le salon avec Mark. Assis dans le canapé, il me masse les épaules avant de me
dire :
- Laïka est-elle
rentrée ?
- Je vérifierai en allant
dormir. Veux-tu que je t’apporte une tasse de thé ?
- Oui, s’il te plaît.
Je me lève et vais dans la cuisine
pour préparer du thé vert. Quand je reviens dans le salon, mon époux et moi,
prenons le temps de savourer ce thé. Nous montons ensuite dormir. Je passe par
la chambre de Laïka pour vérifier si elle est déjà rentrée. Je me rends compte
que le chambre est vide. Le lit n’a pas été défait. Je me garde de le dire à
Mark, histoire qu’il ne cède à la panique. Je prends mon téléphone et envoie un
message à Lukas lui demandant à quelle heure se termine cette fête entre amis.
Il me répond qu’ils s’y trouvent encore. Ils ont semble-t-il, besoin de se
relaxer après cet examen qui les a épuisés.
Je vais me changer et me lave
les dents avant de rejoindre mon époux dans le lit.
Il est 4 heures du matin quand
je descends pour aller boire un verre d’eau. Je suis étonnée de voir Laïka
rentrer sur la pointe des pieds. Je l’intercepte et l’entraîne au calme dans la
cuisine. Je la regarde et lui dis :
- Depuis quand sors-tu sans
prévenir ? À quel moment nous as-tu parlé de cette fête entre amis ?
Son état général, laisse à
désirer tellement il est inquiétant. Elle a les tresses en bataille comme si
elle avait trop dansé. Elle a les yeux gorgés de sommeil. Elle semble exténuée.
Je la trouve différente. Quelque chose en elle a changé. Je lui demande
alors :
- Tu as bu de l’alcool,
Laïka ?
Elle éclate de rire et me
dit :
- Vodka, vodka. Poto, porto,
porto.
Elle éclate de rire telle une
ivrogne. Je fais deux pas en arrière pour mieux l’observer.
- Depuis quand bois-tu,
Laïka ? Et de quoi parles-tu ?
- Depuis que je suis majeure
et vaccinée ? me lance-t-elle avec un air de défi.
J’ai l’impression d’avoir une
autre personne face à moi. La Laïka que je connais ne parle pas et ne me
regarde pas comme elle le fait à l’instant. Je peux sentir son haleine alcoolisée.
Là, je comprends qu’il vaut mieux que j’arrête l’interrogatoire au risque de réveiller
la maison entière. Je lui dis calmement :
- Monte dans ta chambre et
restes-y. Je ne veux surtout pas que Mark te voie dans cet état.
Elle me dit alors sur un ton
moqueur :
- Quoi, tu ne veux pas qu’il
sache que c’est en te regardant que j’ai appris à tailler des pipes ?
Je suis frappée de stupeur,
mais tente de ne pas me laisser déstabiliser. Je lui siffle entre les
dents :
- Monte dans ta chambre. On
parlera au réveil.
Elle s’approche, pose sa tête
sur mon épaule gauche et me murmure :
- Je viens d’avoir la
meilleure baise de toute ma vie, si tu savais ! Ce type… Ce type est un
magicien du sexe. Sa bite…
Je la repousse vivement, ayant
du mal à croire ce que je viens d’entendre. Elle a alors un mauvais rictus au
coin des lèvres en me disant :
- Il m’a baisé la chatte,
l’anus, la bouche. Il m’a fait gémir et pleurer de bonheur. Et puis, il m’a
mise à la porte comme une pestiférée en entendant mon nom. Comme s’il n’aurait
pas pu me le demander avant de me sucer le clito.
Je lui passe alors la main
autour du cou, serre et l’oblige à se taire en lui disant :
- Tu la fermes et tu vas dans
ta chambre. Que je ne t’en vois pas sortir avant que je ne t’en donne l’ordre.
Tu as bien compris ce que je viens de dire ?
Comme elle s’apprête à ajouter
quelque chose, je la tire par un bras et l’entraîne vers l’escalier. Je la traîne
l’obligeant à me suivre. Arrivé devant sa chambre, j’ouvre la porte, la fais
entrer et la jette sur son lit avant de prendre la clé de la serrure intérieure,
refermer la porte et la boucler à double tour.
J’ai le cerveau qui bourdonne.
J’ai l’esprit en furie. Je me demande ce qui s’est passé et n’ai pas le temps
de réfléchir, car je ne veux pas alerter Mark. Je prends la résolution de me
calmer et de régler tout cela plus tard.
*** Laïka.
Je me lève du lit et tente
d’ouvrir les yeux et de m’adapter à la lumière du jour. J’ai un terrible mal de
crâne. Et une profonde soif. J’ai besoin d’un verre d’eau, mais sitôt que je me
mets debout, ma tête tourne et je retombe sur le lit. Je décide de rester là
dans le lit, au calme. Oui, j’ai besoin de calme, car je ne savais pas que les
trois verres de porto que cet homme et moi avons partagés à minuit après un
bain allaient me jouer autant de tours. J’ai perdu le fil de l’histoire après
ce bain. J’étais trop bourrée et ivre de plaisir. Il m’a fait mon affaire
pendant toute la nuit. Oui, toute la nuit. Plus je gémissais et lui disais de ne
pas arrêter et plus il m’y mettait de l’ardeur. Une véritable pile électrique.
Jamais je n’aurais imaginé une chose pareille. Jamais je n’aurais imaginé qu’il
planterait sa bite dans mon cul et que je remuerai le bassin en lui disant de
prendre son pied.
Et puis, à trois heures du
matin, il m’a réveillée en disant qu’il était temps que je rentre et qu’on
devait fixer un rituel entre nous, vu que sa femme arrive bientôt. On se
verrait dans un autre hôtel. Donc, il a fallu passer aux présentations. Là, j’ai
dit que je m’appelle Laïka Ellison. Il a tilté et m’a demandé qui est mon père.
J’ai dit que je suis la fille adoptive de Mark Ellison. Il m’a demandé qui est
ma mère. J’ai répondu Idéale Ellison. C’est là que sans ménagement, comme si la
folie l’habitait, le gars a commencé à perler seul, à tourner en rond dans la
chambre avant de me tirer du lit et me jeter en dehors de sa suite, toute nue,
en me disant qu’on n’aurait jamais dû faire ce que l’on avait fait. Va savoir
ce qui lui est passé par la tête !
Je suis encore en train de
dormir quand une rivière d’eau glacée m’atterrit sur le visage. Je me lève en
sursaut et vois que ma mère est là, dans ma chambre, une bassine dans les
mains. Je lui crie alors :
- Pourquoi me verses-tu de
l’eau ? Qu’ai-je fait ?
Elle me regarde longuement et
me dit :
- Lève-toi de ce lit et
suis-moi dehors.
Je crois qu’elle va me faire
passer un sale quart d’heure. Je commence alors à réfléchir à tout ce que je
dirai. Les effets de l’alcool se sont estompés. Même si je ne sais plus
vraiment comment j’ai fait pour revenir à la maison ni comment j’ai atterri
dans mon lit, je peux encore ruser. Il faut toujours ruser avec maman.
Elle m’entraîne dehors dans le
jardin. Elle pose la bassine par terre sur l’herbe avant de me demander :
- Laïka, avec qui as-tu couché
dans la nuit ?
Je hausse les épaules et
prends ma petite voix en disant :
- Maman j’ai mal à la tête et
je ne vois pas de quoi tu parles.
Elle se place à quelques centimètres
de moi et me dit :
- Je vais répéter ma question lentement.
Avec qui as-tu couché cette nuit ?
Là, je fais couler des larmes
de crocodile et lui réponds :
- Avec Lukas. C’est mon petit
ami, non ?
Maman me regarde et me
dit :
- Tu mens, Laïka. Jamais un
garçon de 20 ans n’aurait fait ce que tu as dit qu’on t’a fait dans la nuit. Je
veux savoir quel homme t’a touché et comment tu en est arrivée là.
Je prends quelques distances
et continue de dire :
- C’est Lukas. J’étais avec
Lukas.
Elle me lance alors :
- Veux-tu que je t’enlève le
pantalon que tu portes et que je demande à Lukas de venir m’expliquer comment
il s’y est pris pour te déflorer l’anus ?
Piquée sur le vif, je
lâche :
- Je suis ta fille, maman. Tu
as été un très bon professeur. Il m’a suffi de te regarder faire avec tous ses
hommes que tu te tapais dans ton lit. J’ai pris des leçons, le vendredi, tard
dans la nuit, cachée dans ta penderie. C’était édifiant !
Elle reste là en silence alors
que je la regarde. Elle me dit :
- Laïka, depuis quand et avec
qui as-tu des relations sexuelles ?
- Est-ce que c’est
important ? Quoi, ça te choque, maman ? Je suis majeure et vaccinée.
Je me tape qui je veux quand je veux.
C’est en silence qu’elle me
regarde avant de décider de prendre la bassine qu’elle avait posée par terre et
s’en aller.
Je reste dehors, m’assois sur
le rebord de la piscine et laisse mes pieds embrasser l’eau. J’ai envie de me
vider le cerveau. J’ai envie de repartir 24h en arrière. Repartir au moment où
ce type ne m’avait pas jetée hors de sa suite. Tous les pores de ma peau ressentent
l’absence de la bouche de ce type. Comment peut-on dire à une femme qu’elle est
une aubaine, un coup du tonnerre, et ensuite la jeter comme une
malpropre ? Je ne comprends pas !
Je suis là seule avec mes
pensées et une tête qui me font sacrément souffrir, quand je sens que l’on me
donne une tape à l’épaule gauche. Je me retourne et vois maman, simplement vêtue
d’un pagne. Elle a attaché ses tresses en chignon, comme autrefois quand elle
avait envie de piler des feuilles de manioc ou des noix de palmes. Elle me fait
alors signe de me lever. Je hausse les épaules et dis :
- Je suis fatiguée. Laisse-moi
tranquille.
- Tu as deux secondes pour te
lever, Laïka.
De nouveau, je hausse les
épaules et lui réponds :
- Je suis fatiguée. Laisse-moi
tranquille.
Sans crier gare, elle me tire
par mes longues tresses. Ça fait tellement mal que cela m’oblige à me lever et
à supplier :
- S’il te plaît maman, ne me
fais pas mal. S’il te plaît, ne me fais pas mal.
Elle lâche mes tresses, puis
me donne un coup de pied qui m’envoie bouler sur la pelouse. J’atterris là sur
le ventre. Ma mère s’assoit de tout son poids sur moi, elle me tire à nouveau
les tresses et m’écrase le visage dans l’herbe avant de tirer à nouveau pour
relever ma tête. Je me mets à crier de tout mon soul en disant :
- Ne me tue pas, ooooh !
Ne me tue pas !
- Tu vas me dire qui est cet
homme avec qui tu as couché ?
- C’est personne ! c’est
personne. C’est Luka. C’est…
Je n’ai pas le temps de
répondre que de nouveau, mon visage embrasse l’herbe jusqu’à m’étouffer. Je
crie de nouveau, le visage en larmes :
- Ne me tue pas ! Je n’ai
rien fait. Je…
De nouveau, ma bouche que je
n’ai pas eu le temps de fermer, bouffe la terre et mes yeux pleins de larmes,
s’habille d’herbe. Je suis essoufflée, déplacée. J’ai l’impression que mon d os
va se casser sous le poids de maman. J’essaie de me remettre les idées en place,
mais à la façon qu’elle a de tirer mes tresses, je pense que je vais y rester
si je ne dis pas quelque chose. Alors, je crie :
- Je t’en supplie, maman, je
t’en supplie. Je vais mourir. Je vais mourir !
Elle m’étouffe à nouveau en
laissant mon visage venir embrasser le sol. Là, je sens que la vie me dira
adieu si je ne trouve rien à dire. Alors, je lâche :
- C’est François ! C’est
François. C’est François !
- Espèce de menteuse !
TRIPLE MENTEUSE ! Je vais te faire
sortir le vampire qu’il y a en toi. MENTEUSE ! TU N’ES QU’UNE PETITE SORCIÈRE !
Elle se lève alors, me tire
par le bras. Alors que j’espère mon calvaire terminé, c’est à coups de pied
dans le cul qu’elle me fait avancer jusqu’à la maison. Elle m’oblige à monter
l’escalier en me traitant de petite sorcière. Quand on arrive devant la porte
de ma chambre, elle l’ouvre, me pousse à l’intérieur et me dit :
- Tu vas rester enfermée ici
jusqu’à ce que tu me dises la vérité. Il n’y aura que toi et moi, ici jusqu’à
demain, 18h. Si d’ici là, tu ne t’es pas décidée à me dire la vérité, je te
briserai les jambes !
Je reste là, complètement
déboussolée, essorée, désarmée, dépassée, vidée, morte. Assis sur mon lit, je
tente de respirer, mais j’ai le nez plein de terre. Je me lève et vais vers la
salle de bain communicante, que je partage avec Annélie. Là, je me laisse
tomber dans la baignoire et ouvre le robinet d’eau. Je n’ai plus la force de
rien, alors, je reste là, couchée, sans bouger. Je ne sais pas pourquoi j’ai
l’impression d’être morte.