Chapitre 7 : Déboussolée
Write by Néfi
Je n’en
revenais pas. 3 jours me séparaient de lui, de cet homme que je connaissais à
peine, mais que j’aimais déjà tant. Seigneur, comment allais-je faire ?
Qu’allais-je devenir ? Il représentait déjà tant pour moi. J’aimais tout de
lui. Sa manière d’être, de penser, de rigoler, de me faire rire, son sourire si
charmeur, ses lèvres, ses yeux, son corps. Je l’aimais lui et lui seul. Je ne
voulais que lui. Il fallait que je trouve un moyen pour être dans la même ville
que lui. Je n’étais pas sûre qu’une relation à distance entre nous arrange les
choses. Mes parents accepteraient-ils de me laisser aller à la capitale étudier
? J’étais encore toute jeune. Il est vrai qu’ils avaient une maison à Cotonou,
étant donné que nous avions grandi là-bas, mais que pouvais-je inventer comme
raison pour y aller ? Ou une autre solution était que lui vienne continuer ses
études ici. Mais cela n’était pas possible. Il
n’avait pas vraiment de famille ici à Parakou.
Je tournais
en boucle toutes ces questions dans ma tête.
Je me rappelai la conversation qu’on avait eue il y a quelques heures
quand j’avais appris ça.
- Et tu comptais me l’annoncer quand
Alex, lui avais-je lâché, en colère.
- Aujourd’hui Dona. Cela fait partie
des raisons pour lesquelles je suis passé te voir tout à l’heure. Je voulais
avoir une discussion avec toi. Parler de …. nous
- Nous, nous, quoi nous ? Comment
veux-tu qu’il y ait un « nous » Alex ? Tu veux nous embarquer dans une relation
à distance c’est ça ? Tu veux quoi exactement ? Il faut que tu m’expliques un
peu là.
- Dona, Calme-toi s’il te plaît.
Ecoute bébé, il faut qu’on en reparle. S’il y a une chose dont je suis sûr et
certain, c’est que je te veux et je n’ai aucune envie que tout ça s’arrête.
- Tout ça quoi ? lui dis-je avec un
air interrogateur.
- Tout ça, tout ce qu’on vit. Cette
attirance qu’il y a entre nous. Ce truc qui fait que toi et moi…,( enfin je
parle surtout pour moi), je ne peux plus me passer de toi. N’est-ce pas pareil
pour toi ?
- Oui bien sûr, répondis-je
calmement. Bien sûr Alex. Je n’arrête pas de penser à toi depuis hier. Tu
occupes toutes mes pensées. Je n’arrive pas à te sortir de ma tête. Je ne me
reconnais même plus.
Il me fit
son sourire clean-up, soulagé et heureux. Je le lui rendis et il me prit dans
ses bras à nouveau et enchaîna.
- Tu es la plus belle chose qui me
soit arrivée depuis longtemps, tu sais. Mais où donc étais-tu ? Questionna-t-il
en me donnait un baiser sur le front
- Et toi, où donc étais-tu ? Lui
redemandai-je en lui rendant son baiser dans le cou.
Il sema une pluie de petits baisers partout sur mon
visage, mon front, mes yeux, mon nez, mes joues, mes lèvres, l’espace entre mes
lèvres et mon menton, dans mon cou. J’avais l’impression d’être un bébé à qui
on faisait plein de câlins. Oui, je me sentais exactement comme si j’étais son
bébé.
« Je suis
son bébé » pensai-je fermement à ce moment-là, et cette pensée me remplit d’un
plaisir inimaginable. C’était bon, trop bon, excessivement bon, cette
sensation.
- Tu es mon bébé, tu es à moi, rien
qu’à moi, ne l’oublie pas, ne l’oublie jamais me dit-il, amoureusement.
Je ne savais
pas quoi dire. Je ne savais plus quoi faire. Il me surprenait tellement cet
homme.
- Réponds s’il te plaît. Réponds-moi
Dona. Je veux être sûr que tu l’as bien compris, me supplia-t-il.
- Oui je suis à toi Alex. Je suis
rien qu’à toi et à toi seul. J’aime ça. J’aime être ton bébé, j’aime la
sensation de t’appartenir.
Il donnait
l’impression d’être lui aussi sur son petit nuage. Son sourire était tellement
beau, tellement entraînant. On n’arrêtait pas de se regarder, de se sourire, de
rigoler.
Je posai mes
mains de part et d’autre de ses joues.
- Je suis à vous et à vous seul Mr
Alex euh sans-nom-de-famille, dis-je en
pouffant.
Il éclata de
rire également à son tour.
- Oh mais quel goujat suis-je.
Clama-til en se tapant le front avec sa main. Je ne me suis même pas présenté
avant de vous faire la cour Mlle Dona Olorou. Alex FENICAN, dit-il en faisant
la courbette et en me donnait un baise-main.
« Et en
plus, il aime faire le guignol pour toi ! » mentionna ma J.A. « Il est trooooop
chou ».
Je
n’arrêtais pas de rigoler. Il était superbe mon Alex. Il était tout ce que je voulais et donc je n’avais même pas
encore conscience. Je remarquai qu’il connaissait même déjà mon nom de famille.
Il avait sûrement dû le demander à Loïc. Il s’intéressait à moi et ça faisait
plaisir.
- Enchantée de faire votre
connaissance, Mr Fenican, dis-je en
faisant un salut en croisant mes jambes et en m’abaissant furtivement, telle
une danseuse étoile à la fin de son spectacle
Nous fûmes
encore une fois interrompus par Maggy qui ouvra brusquement la porte.
« Qu’est-ce
qu’elle me gonfle celle-là ! » chuchota ma J.A., agacée.
Maggy, me
lança un regard aussi noir que le
charbon. Je ne comprenais pas pourquoi elle m’en voulait à ce point.
Décidément, cette fille et moi n’allions pas devenir les meilleures amies du
monde.
- Alex, tantie Reine t’attends
toujours, lança-t-elle mielleusement à l’intéressé.
« Et bah, on
n’est pas sorti de l’auberge », pensai-je en levant les yeux au ciel.
- OK, j’y vais. Bébé, je t’appelle
tout à l’heure, dit-il en me faisant un bisou sur le front.
Maggy
faillit s’évanouir. Elle me tchippa dès que Alex fut parti, et me laissa seule
dans la chambre. Une fois encore, je me demandais pourquoi elle m’en voulait
autant.
Je rentrai à
la maison, pertubée, mais sereine par rapport à mon histoire d’amour avec Alex.
- Quoi, tu imagines ce que tu me
demandes là Dona ? s’exclama mon père Nicolas Olorou ?
Vous vous
doutez bien que je venais de lui demander la permission pour aller étudier à
Cotonou.
- Ecoutes moi bien Dona, quelle que
soit la raison, qui te pousse à me demander ça, sache que c’est non. Mais je
veux quand même t’écouter pour savoir comment tu en es arrivée là.
« J’espère
que tu t’es préparée à ça ma poule, parce que, pour l’instant c’est
Nicolas-Dona, 1-0 », me souffla ma J.A. amusée, comme si elle avait un ring en
face d’elle avec un combat en cours.
- Papa, j’aimerais juste continuer
mes études dans mon ancien collège. Tu sais c’est le meilleur lycée de tout le
pays. Les résultats au baccalauréat sont excellents là-bas. Les meilleures
notes de Parakou viennent du collège Notre Dame. J’ai toutes mes amies là-bas.
En plus c’est un collège de filles, je ne serai pas distraite par les garçons.
Mon père
m’examina attentivement, impassible. Il but une gorgée d’eau car il venait de
finir son repas lorsque je lui fis ma demande. Ventre plein, nègre content ne
dit-on pas ? J’avais donc attendu qu’il soit dans de bonnes conditions pour
aller vers lui. Mon cœur battait la chamade. J’avais croisé mes 2 doigts,
l’index et le majeur, derrière mon dos, pour me porter chance.
- Non Dona, tu es trop jeune. Je ne
peux pas te laisser aller vivre à Cotonou, toute seule, me dit-il posément.
- Mais papa, mamie est là-bas. Elle
habite la maison de Cotonou. Je ne serai pas seule !
- Ma chérie, tu sais bien que mamie
se fait de plus en plus vieille.
- Oui mais papa, tu me connais, je
suis une fille sage. Je n’ai jamais fait de grosses bêtises, dis-je en
refoulant un sanglot.
Je savais
mon père très sensible à ses filles surtout quand une d’entre nous est
malheureuse.
- Je le reconnais ma Nana. Mais tu
es encore jeune. Après ton baccalauréat, tu pourras y aller. Mais pour
l’instant, tu n’es pas encore assez mature pour affronter toute seule la
capitale.
Dégouttée,
triste, et déboussolée, je m’en allai dans ma chambre, sans dire un mot. Je me
jetai dans mon lit, sur le ventre, les mains pliées sur mon oreiller et je
coulai des chaudes larmes.
Sheila dut
m’entendre, car quelques minutes après, elle était à mon chevet. Je ne voulais
pas qu’elle me voit dans cet état. J’effaçai mes larmes discrètement.
- Que t’arrive-t-il Dona ? Pourquoi
tu pleures, me demanda-t-elle gentiment, tout en me nettoyant les traces de
larmes qui coulaient encore.
Je ne
répondis pas. Je ne voulais pas lui dire la vérité, mais je ne voulais pas non
plus lui mentir. Mais comme, c’était super Sheila, elle avait déjà tout deviné.
- C’est ce garçon hein. Regarde dans
quel état tu es.
J’avais
l’impression de rêver. C’était plutôt à moi de conseiller ma petite sœur et pas
le contraire.
- Ne t’inquiète pas Sheila, ça va
aller. Ne t’inquiète pas ma puce, lui répondis-je en lui caressant la joue.
Mon portable
me fit sursauter. C’était un sms de lui.
« Tu me
manques encore bébé. On va faire un tour ce soir » ?
Sheila
comprit que j’avais besoin d’intimité et s’éclipsa.
« Toi aussi,
mon bb, tu me manques. OK pour ce soir ».
Je ne sais
pas comment il fit pour la dénicher, mais Alex m’emmena ce soir-là à bord d’une
voiture. C’était une Peugeot 206, de couleur noire. Elle était presque neuve et
devait avoir au maximum 1 an d’usage. J’adorais l’odeur, qui sentait encore le
neuf. Je me demandais bien comment il
avait fait pour trouver une pareille voiture. L’intérieur était très agréable.
Les sièges étaient, étonnamment de couleur bleue. Un spray diffusait une douce
odeur de vanille. Ça tombait bien. J’adorais la vanille. Je me sentais à l’aise dans cette voiture.
Il vint me chercher à 20h. La nuit était
totalement tombée. Il m’attendait à l’entrée du portail. J’avais donné 1000
Fcfa à mes 2 petites sœurs pour qu’elles
me couvrent et disent que j’étais allée chez nos voisins. Je m’étais faite
belle.J’avais revêtu une jupe mini droite en jean bleu, sur laquelle j’avais
mis un simple top à manche courtes, blanc. A mes pieds, il y avait des
ballerines bleu nuit. J’avais opté pour un léger maquillage, juste un rouge à
lèvres rose, une couche de mascara et une touche de Trésor de Lancôme. Mes
braids retombaient sur mon épaule, juste soutenus par un élastique sur le
devant de ma tête. Je me trouvais simple mais plutôt coquette. J’avais hâte
qu’on parle de nous, de notre avenir, et surtout je voulais lui raconter ma
conversation avec papa, plus tôt.
Nous
roulions à présent dans le centre-ville de Parakou. Pour un jeudi soir, la
ville était plutôt animée. De chaque côté de la route, il y avait les
boutiques, toujours ouvertes. On y trouvait de tout. De la nourriture, du pain,
des boissons, de la nourriture. Les vendeurs de poulet braisé étaient autour de
leur braise, en train d’animer le feu ou de servir les clients. Quelques bars
miteux, diffusaient de la musique ivoirienne. On les entendait au moins 200
mètres après les avoir dépassé. Je ne comprenais toujours pas comment les
agents de la mairie pouvaient autorisés cela. Je vis au même moment, une
vendeuse de maïs grillé qui portait au dos son bébé. Celui-ci dormait
paisiblement. Il doit avoir l’habitude à force, pensai-je. Les lampadaires géants,
éclairaient à peine la route. La moitié d’entre eux ne fonctionnait pas. Mais
pour quelqu’un qui ne connaissait pas la ville, Alex roulait assurément. Il ne
freinait pas trop. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que moi, à sa place,
j’aurais sûrement roulé moins vite, très lentement même.
- Tu penses à quoi bébé ? me dit-il
en interrompant mes pensées.
- Je trouve que tu conduis super
bien. Je me sens en sécurité avec toi mon cœur.
- C’est fou. Mais tu sais, tout ce
que tu dis me touche énormément. Mon père me le dit souvent aussi. Mais cela ne
m’a jamais touché autant.
- Ah oui ? C’est la vérité, Alex.
J’aime être avec toi, C’est le meilleur endroit au monde je trouve, surtout
quand je suis dans tes bras.
- J’ai l’impression que tu lis dans
mes pensées. C’est exactement pareil pour moi bébé. Tu me rends fou. J’ai tout
le temps envie de te protéger. Tu es mon bébé.
Je fondis.
J’avais l’impression de vivre un rêve. Ce genre de choses n’arrive que dans les
films à l’eau de rose, que j’avais l’habitude de suivre avec maman. Je me
pinçai pour vérifier que j’étais bien éveillée. Et comme si ce n’était pas
assez, il enfonça ses doigts dans les miens, me caressant le dos de la main
avec son pouce. Je frissonnai. Je me redressai et lui fit plein de petits bisous
dans le cou. Je le sentis frissonnai aussi. Je voulais le tenter, qu’il
subisse cette torture. Vu qu’il était au
volant, il ne pouvait pas bouger.
« Ose, ose »
me chuchota ma J.A., avec un sourire coquin.
- Mmmmm, qu’est-ce que tu fais Dona
? Tu veux que je te viole c’est ça ? me demanda-il surpris (agréablement) et
désemparé. Je ressentis un intense frisson rien qu’en imaginant comment ça
serait.
- Oh oui, j’adorerais que tu me
violes Alex, lui répondis-je sensuellement.
« Tu es
inspirée hein », me susurra ma J.A., avec de gros yeux, surprise et ébahie.
J’en
profitai pour soulever doucement ma jupe et je me caressai la cuisse, de mon
index. Je fis rouler mon index sur son cou, sur sa joue et sur sa joue. Il gémit.
Il prit ma main pendant que je la retirai, et déposa des baisers, tout en
remontant le long de mes bras.
Je me rendis
à peine compte, qu’on était à présent sur la route nationale qui menait à
Cotonou.
- Bébé, bébé, c’est excessivement
bon ce que tu me fais là. Laisse-nous au moins arriver à destination,
supplia-t-il.
- Non, je n’ai pas la force
d’attendre Alex. J’ai trop envie d’être dans tes bras maintenant.
- OK, viens-là, me dit-il en
étendant son bras pour que je m’y blottisse.
Brusquement,
j’entendis un bruit sourd. Une autre voiture, une 4X4, venait nous cogner par l’arrière. Par réflexe Alex se mit
à accélérer.
- Mais putain d’où il sort celui-là,
jura-t-il, énervé.
La 4X4,
décéléra, mais revient plus en force nous emboutir. Alex et moi criâmes, fort,
très fort, pendant que notre voiture sortait de la route et faisait à présent
des tonneaux. J’entendis un bruit sourd et puis, plus rien.