CHAPITRE 7: DERNIERS RELENTS ?
Write by L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 7 : DERNIERS RELENTS ?
**LUCIA MANGA MFOULA**
Lucrèce : On peut s’asseoir une minute ?
Moi : D’accord.
Nous nous sommes exécutées et elle s’est mise à me regarder.
Lucrèce : Je voulais qu’on parle de ce qui s’est passé ce soir à l’aéroport.
Moi : (Soupirant)
Lucrèce : J’ai bien vu que ta rencontre avec lui t’a perturbée.
Moi : Honnêtement c’est le cas. Le truc c’est que je savais qu’en revenant ici j’allais le revoir et même prendre contact avec lui pour parler par rapport aux biens mais je n’étais pas préparée à le voir là aujourd’hui. Du coup ça m’a fait une sorte de choc qui m’a empêchée de réagir et faire quoique ce soit pendant un moment. Comme si le temps s’était arrêté à ce moment là.
Lucrèce : Je l’ai remarqué et il a essayé de te caresser le visage devant Vic qui regardait la scène.
Je me suis passée la main sur les cheveux.
Lucrèce : J’ai dû m’approcher pour qu’il le fasse aussi.
Moi : (Soupirant) C’est comme je t’ai dit. J’étais déconnectée à ce moment là.
Lucrèce : Tu penses que l’on doit s’inquiéter pour ça ?
Moi : Non. Entre Bhernie et moi c’est du passé. C’est une histoire qui est finie maintenant et il n’y a plus rien à faire. J’ai refait ma vie et je vais me marier avec un homme bon que j’aime et que je respecte. J’ai eu une vie avec Bhernie et Dieu sait que j’ai aimé cet homme au point de m’oublier mais ce même Dieu a permis que je sorte de là, que je découvre qui je suis réellement et que j’aille de l’avant. Ce qui s’est passé à l’aéroport était juste un petit moment de déconnexion dû à la surprise mais c’est passé maintenant et ce n’est pas prêt de se reproduire. Avec du recul ça m’a fait du bien de le revoir car j’ai pu me rendre compte que je suis vraiment passée à autre chose.
Lucrèce : (Me regardant dans les yeux en silence)
Moi : Quoi ?
Lucrèce : Ok. J’ai compris ta défense pour Vic maintenant parle moi.
Moi : Je ne comprends pas.
Lucrèce : Nous ne sommes que toutes les deux et on s’est dit que c’est la transparence pour pouvoir se soutenir.
Moi : (Silence)
Lucrèce : Tu n’as pas besoin de jouer les fortes avec moi tata Luce et tu le sais alors je t’écoute.
Moi : (Silence)
Elle a continué à me fixer dans les yeux et sans que je ne le veuilles mes larmes ont coulé. Elle m’a tirée dans ses bras et s’est mise à me caresser le dos.
Moi : (Parlant à travers mes larmes) Je me suis sentie triste en le voyant et même jusqu’à présent je suis triste mais je ne peux expliquer pourquoi. Je sais juste que j’ai été surprise de le voir là et cela m’a fait un choc dans tout mon être. Je me suis aussi sentie mal à l’aise de me retrouver entre les deux comme si j’avais fait quelque chose de mal, comme si je le trompais et enfin j’ai ressenti une grande tristesse que je ne saurais justifier. Ça m’a fait quelque chose de le revoir Lucrèce. Je pensais que j’aurais été neutre en le voyant mais non.
Lucrèce : (Resserrant son étreinte) Je te comprends tata Luce et je tiens à te dire que c’est normal. Bhernie, même si on aurait préféré le contraire, est quelqu’un qui a compté pour toi et pour toute la famille. Et pour te dire vrai, j’ai aussi ressenti des choses en le voyant, donc je comprends ton état. Je pense que c’est un passage obligatoire pour véritablement aller de l’avant. Ce sont sans doute les derniers relents de votre histoire qui se sont manifestés et qu’il te faut ça pour guérir vraiment et pouvoir passer à autre chose.
Moi : Tu le crois ?
Lucrèce : Oui.
Moi : (Soupirant)
Lucrèce : Ça va finir par te passer. C’est bien comme tu as pu exprimer ton ressenti. Ce sont les non dits qui emmènent des problèmes. Et si jamais Vic aborde la question, ne te braque pas.
Moi : (Me détachant d’elle en soupirant à nouveau) J’ai compris et merci d’avoir été là pour me bousculer. Ça m’a fait du bien. Je ne sais pas pourquoi j’avais peur d’en parler.
Lucrèce : Parce que tu avais peur d’être jugée.
Moi : (Mordant ma lèvre inférieure) C’est vrai.
Lucrèce : Sache que je ne saurai ou ne pourrai pas te juger sur tes actions, tes décisions ou tes sentiments car je ne suis pas la mieux indiquée pour le faire. Ce que je ferai toujours et ça quoiqu’il en coûte, c’est de te donner mon avis dessus et j’aimerai que tu en fasses de même avec moi.
Moi : (Souriant faiblement) D’accord.
Lucrèce : On a un deal ?
Moi : On a un deal. (La tirant dans mes bras) Je ne sais pas ce que je serai devenue si tu n’étais pas à mes côtés ma petite folle à moi.
Lucrèce : (Souriant) Tu aurais eu une vie tellement ennuyeuse.
Moi : (Riant) C’est sûr. Allez, on va prendre une douche, on prie et on se met au lit. Demain sera assez mouvementé.
Lucrèce : Oui
Nous avons fait comme on a dit et au moment de nous mettre au lit, je me suis souvenue que je n’avais pas du tout fait signe à Viclaire pour lui dire que nous étions bien rentrées. J’ai pris mon téléphone et j’ai activé le wifi. J’ai vu qu’il m’avait laissé des messages.
-Viclaire : Vous n’êtes pas encore arrivées bébé ?
-Viclaire : Je commence à être inquiet d’être sans nouvelles.
-Viclaire : Je vais au lit tout en espérant que vous alliez bien car ni l’une ni l’autre n’êtes connectées. Stp laisse moi un message pour me donner de vos nouvelles une fois que tu verras mes messages. Je t’aime.
Ces messages étaient à des heures d’espace. Ça fait près de 3h de temps que l’on s’est séparés et je comprends son inquiétude. Son dernier message c’était 5 minutes en arrière et j’ai vu qu’il était encore en ligne alors j’ai lancé l’appel vidéo, il a décroché à la deuxième tonalité et son beau visage m’est apparu sur l’écran.
«Moi : (Souriant )Eh, j’espère que je ne te réveille pas. »
«Viclaire : Je commençais malgré moi à compter les moutons mais je n’étais pas encore arrivé loin. »
« Moi : (Souriante) D’accord. Et je suis désolée de ne pas t’avoir fait signe plus tôt. Quand nous sommes arrivées, nous avons trouvé Jérôme comme convenu et il nous avait fait un petit repas de bienvenu. »
«Viclaire : Vous avez donc fait une fête ? »
«Moi : Non. C’était juste un repas, lui et nous avec les enfants. On a pris un verre, on a raconté après nous nous sommes séparés. Le temps de déballer quelques sacs, de prendre soin des enfants et prendre un bain, nous n’avons pas vu le temps passé et avons complètement oublié de te faire signe et même nos téléphones. »
«Viclaire : Je vois. J’étais un peu inquiet mais bon. Je sais aussi que quand tu es avec ta nièce (Souriant)presque rien ne compte autour »
«Moi : (Souriante) Ce n’est même pas vrai. »
«Viclaire : (Souriant) Je suis même en train de me demander si je ne dois pas penser à aménager la chambre de Lucrèce dans notre maison afin qu’elle vive une bonne fois avec nous. »
«Moi : (Riant) C’est ça. Sinon comment s’est passé cette soirée avec les tiens ? »
«Viclaire : Ça s’est très bien passé. C’était chill. On a raconté, on a ri et on a parlé un peu des réunions par rapport au mariage et tout. Le grand me disait qu’il faudrait qu’on pense rapidement à organiser des rencontres entre nos deux familles avant le jour j histoire de se connaître un petit peu pour ne pas paraître comme de vrais étrangers ce jour. Je ne sais pas si tu vois. »
« Moi : Oui et j’approuve l’idée. D’ailleurs papa m’en avait aussi déjà touché un mot sur la question. C’est vrai qu’il avait évoqué ça comme ça en passant mais c’était ça l’idée. En gros que l’on se rencontre d’abord. »
«Viclaire : Et du coup ce serait une forme de toquer porte histoire de nous présenter officiellement. Cela veut dire que tu vas devoir enlever la bague d’abord. »
«Moi : Pourquoi ? »
« Viclaire : Vu que l’on reprend tout depuis le début. »
«Moi : Ça n’a rien à voir. Tes parents me connaissent et vis versa. Ils n’étaient peut-être pas présents pour les fiançailles mais ils étaient d’accord qu’on le face de façon moderne avec la condition que les formalités seraient faites au coutumier. Là ce sera juste la rencontre de nos deux familles et c’est tout. Je ne pense pas que cela va poser problème et je n’ai pas l’intention d’enlever cette bague. »
«Viclaire : D’accord. Il faudra alors prendre la disponibilité de tes parents et tu me feras un retour. »
«Moi : D’accord. »
«Viclaire : Et sinon, c’est quoi le programme de demain ? On pourra se voir ? »
«Moi : Je l’ignore. Demain ce sera beaucoup plus retrouvailles familiales. Tu sais qu’ils ignorent que je suis rentrée aujourd’hui. Du coup, je compte leur faire la surprise et passer la journée avec eux. Après je dois voir Erine et mon homonyme, là aussi je ne sais pas combien de temps cela va me prendre. »
«Viclaire : (Faisant la moue) En gros c’est Vic aux oubliettes quoi. Ne me fais pas regretter notre retour ici hein. »
«Moi : (Riant) Non bébé. Tu sais qu’après ces tournées, je pourrai pleinement me consacrer à nous. »
«Viclaire : Ça c’est si autre chose ne s’insère pas dans ton programme. »
« Moi : (Souriant) Mon programme pour l’instant et pour les 2 prochaines semaines c’est rencontré ma famille, la tienne, assister aux réunions du mariage, visiter la maison et bien-sûr passer le plus de temps avec toi. »
«Viclaire : (Souriant) C’est le dernier là qui m’intéresse. »
«Moi : (Souriante) Tu n’as même pas honte. »
«Viclaire : (Baillant) Je t’assure. »
«Moi : Je vois que tu es fatigué et moi aussi. Je crois qu’on ferait mieux de dormir. »
«Viclaire : (Baillant une nouvelle fois) Ouais. Tu veux bien prier pour cette nuit ? »
« Moi : Bien-sûr»
J’ai commencé la prière et il somnolait sérieusement. J’ai été aussi brève que possible et nous nous sommes souhaités une bonne nuit avant de raccrocher. Comme j’étais sortie au salon pour pouvoir librement parler sans avoir à déranger les enfants qui dormaient déjà parce que nous dormons tous ce soir dans la même chambre, je me suis levée, j’ai mis mon téléphone en charge et je suis allée me coucher. Dès que j’ai fermé les yeux mes pensées ce sont envolées sur l’image de Bhernie pleurant dans sa voiture et j’ai commencé à me demander ce qui n’allait pas. Je suis même venue à réaliser son aspect physique général et force était de constater que rien n’allait. Il portait un polo assez délavé sous une veste mal repassée, n’en parlons même pas de son pantalon. Il avait les traits tirés et des yeux cernés comme si ça faisait longtemps qu’il avait eu une nuit complète, il avait une allure globale négligée. Chose que je ne comprends pas parce que d’aussi loin que je me souvienne, il a toujours pris soin de lui quand bien même il n’avait pas suffisamment de moyens. Aujourd’hui il a un travail qui paie plus que bien, plusieurs activités qui lui rapportent de l’argent et il a une femme. Pourquoi se présente-t-il ainsi devant les gens ? Et puis pourquoi autant de tristesse dans son regard ? Et pourquoi
Moi : (Dans ma tête, me rappelant à l’ordre) Non et non Lucia. Ce qui se passe dans la vie de cet homme ne te concerne plus. Qu’il soit bien vêtu ou non ce n’est pas ton problème. De même que son état mental ou physique. Tu as ta vie et il a la sienne, fin de l’histoire. Maintenant dors car tu as une longue journée demain.
J’ai arrangé le drap sur moi et je me suis tournée sur le côté. J’ai tiré Brain Jr qui était de mon côté et je l’ai serré dans mes bras tout en pensant que ces deux enfants ont été pour beaucoup dans notre processus de guérison. Quand on partait d’ici il y a trois ans, nous étions littéralement deux épaves. Je me rappelle que le lendemain du jour où nous étions arrivées, j’avais appelé les parents en vocal sur WhatsApp mais je n’avais pas eu le courage de leur dire ce qui s’était passé et comme ils n’étaient pas sur Libreville, j’avais dit que j’avais effectué un déplacement lié au travail du côté de la Belgique pour quelques semaines. Oui je savais que c’était un mensonge mais je n’avais pas le moral pour faire face aux parents. Déjà que même avec ya Reine c’était difficile, je ne voulais pas le leur dire. Je savais que c’était juste une question de quelques jours avant qu’ils ne l’apprennent mais cela m’aurait laissé le temps de souffler et je l’ai fait pendant près de 2 semaines avant que les parents ne rentrent de leur voyage et que ya Reine le leur dise. J’avais reçu l’appel de papa qui était très furieux et maman qui pleurait assise à même le sol.
«Papa : (Furieux) Qu’est-ce qu’on vient d’apprendre Lucia ? Tu t’es exilée en Belgique ? Et pour quelle raison ? Mais comment tu as pu vivre une telle chose toute seule Lucia ? 4 ans que tu as fait cette opération et personne n’est au courant ? 4 ans que tu te fais malmener par cette famille et tu ne dis rien à personne ? Nous ne sommes donc pas ta famille ? Ne suis-je pas ton père Lucia ? Et Patricia n’est-elle pas ta mère ? N’avons-nous pas instauré une relation de confiance pour laquelle tu pouvais nous parler de n’importe quel sujet ? Avons-nous déjà fait une différence entre toi et tes frères pour que tu t’isoles de la sorte et encaisse tout sans parler Lucia ? Où est-ce que nous avons péché ? Dis-le moi afin que je comprenne ton attitude. Que t’avons-nous fait de mal Lucia ? »
«Moi : (Pleurant) Rien. »
« Papa : (Criant) Ne me dis pas rien Manga sinon tu vas davantage m’énerver. »
« Moi : (Pleurant) »
« Papa : Tu tombes enceinte et tu avortes, personne n’est au courant. Tu tombes malade jusqu’à te faire arracher les deux trompes, personne n’est au courant. Tu te fais insulter et traiter comme un chien dans une famille, personne n’est au courant et c’est jusqu’au point où Ello vit avec une autre femme et un enfant dans votre maison avec l’accord de ses parents et nous nous sommes là ignorant Lucia ? Avec tout ça tu oses me dire que nous ne t’avons rien fait de mal ? Tu es sûre de toi ? »
«Moi : (Pleurant) »
« Papa : Et tu vas jusqu’à t’exiler en nous mentant Lucia ? Je comprends donc que nous ne sommes pas tes parents »
« Moi : (Pleurant) Si. »
«Papa : Non Lucia, je ne suis pas ton père et je viens de le comprendre. Au revoir. »
Clic ! J’avais éclaté en sanglots ce jour et Lucrèce qui était sortie nous prendre des fruits était venue me trouver en train de pleurer et m’avait demandé ce qui s’était passé. Je lui avais dit et elle m’avait demandé de les rappeler pour leur demander pardon. Je l’avais fait et ils ne m’avaient pas répondu. J’avais alors appelé ya Reine pour lui dire de m’aider et elle m’avait dit non car il fallait que je comprenne que ce que j’avais fait était grave, que les parents étaient très en colères et terriblement déçus. Ya Arsène m’avait fait un message pour me dire qu’il avait compris et n'avait vraiment pas la force de me parler, que j’avais apparemment fait mon choix qu’il allait respecter. Cela m’avait encore bien cassé le moral et j’avais multiplié les messages et appels pour leur demander pardon. Après une semaine et demie à filtrer mes appels, maman m’avait appelée et une fois de plus s’était mise à pleurer à cause de mon attitude. Elle m’avait encore redemandé si papa et elle avaient eu envers moi une attitude ou une parole qui aurait pu me pousser à penser que je n’étais pas leur fille pour que je choisisse de garder tout ce que je vivais pour moi et je lui avais dit non en essayant de lui expliquer mon ressenti à ce moment là. On avait pleuré ensemble avant qu’elle ne prenne véritablement de mes nouvelles. Je lui avais dit que ça allait et que j’avais juste besoin de m’éloigner un peu du pays. Elle avait voulu venir mais sachant Lucrèce dont on venait de découvrir la grossesse avec moi, je l’avais convaincue de ne pas le faire et lui avais promis qu’on s’appellerait tous les jours. Papa aussi était tombé malade un jour après lui faisant oublier son envie de monter me voir. Petit à petit j’ai renoué le contact avec eux et tout est revenu à la normal. Je parle énormément avec maman qui cherche toujours à savoir ce qui se passe dans ma vie et tous les deux ou trois jours elle doit voir mon visage donc on fait des appels vidéos. C’est à cause de ça que papa et elle ont renoué le contact avec Lucrèce. Nous ne leur avons pas dit pour les enfants dont ils ont à plusieurs reprises entendu les voix ici et qu’on a toujours fait passer pour ceux des voisins. Ce n’est pas bien mais c’était dans le souci de garder cette histoire secrète même si on se fera gronder étant donné qu’on ira les voir demain avec eux.
Pour revenir à ce que je disais sur les enfants, ils ont été notre bouée de sauvetage car quand nous avions appris pour la grossesse nous étions toutes les deux au sol, essayant de sourire la journée mais passant nos nuits à pleurer sur nos lits. Je me rappelle que Lucrèce était désemparée et pensait que le sort s’acharnait sur elle. J’avais su lui parler et nous avons dû nous forcer à nous déconnecter en quelque sorte de nous pour prendre soin de la grossesse. J’avais bien évidemment demandé des infos à maman et ya Reine sur ce qui devait se faire sans leur dire que c’était Lucrèce qui était enceinte. J’avais dit que c’était une jeune voisine étudiante qui n’avait personne pour l’aider et j’avais eu les infos nécessaires en plus de ceux de l’hôpital. Au début c’étaient des timides moments de joie jusqu’au jour où j’avais rejoint Lucrèce dans la prière pendant qu’elle le faisait au salon. Elle devait être dans son 4e ou 5e mois de grossesse et elle avait commencé à sérieusement prier. C’était pour moi la première fois que je la voyais le faire avec autant de sérieux, ce n’était pas ainsi quand on était étudiantes. Je l’entendais prier au salon en demandant l’aide à Dieu pour tout, la grossesse, la famille, ses sentiments et même pour moi. Puis la nuit où j’ai franchi le pas, j’étais dans ma chambre en train de repenser à ma vie et le sort qui était le mien, j’étais en train de pleurer en me demandant ce qu’il adviendrait véritablement de moi. J’étais en train de me demander si je pourrai encore trouver le bonheur un jour, si la douleur dans mon cœur allait disparaître, si la culpabilité, la honte et le sentiment de ne plus avoir de la valeur que je ressentais allaient disparaître. J’étais assise par terre dans ma chambre en train de pleurer quand j’avais levé mes yeux sur le placard et un petit emballage plastique avait attiré mon regard. Je m’étais levée pour essayer de le prendre mais il était bloqué dessus. Le plastique avait plus ou moins fondu et s’était collé avec le placard. J’avais tiré avec force et il s’était déchiré en faisant tomber le contenu à mes pieds. Il s’agissait de la Bible que Lucrèce m’avait rapportée du Ghana 5 ans en arrière, il y avait aussi le bloc note et le petit stylo qui était venus avec. Je me rappelais que je n’avais jamais utilisé ces choses et je les avais rangées dans cet emballage avant de le poser au dessus du placard. Je n’avais plus revu ces objets jusqu’à ce jour. En ramassant cette Bible je m’étais clairement souvenue de la conversation que j’avais eu avec Lucrèce dans laquelle elle m’avait dit que Mommy m’avait vu derrière elle et qu’elle avait dit à Lucrèce de me dire que je m’apprêtais à recevoir de grandes responsabilités et je devais faire attention à mes décisions car l’équilibre de ma famille allait en dépendre. Ce n’était que là que j’avais compris la portée de ces paroles et une fois de plus j’avais pleuré. Si j’avais pris cela au sérieux, je n’allais pas me retrouver dans cette situation. Je m’étais une fois de plus assise parterre avec cette Bible à la main et la suite de la conversation était revenue dans mon esprit, tu dois te tourner vers Dieu pour qu’il t’aide. Je m’étais demandé si c’était encore possible au point où j’en étais. C’est à ce moment que j’avais regardé le bloc note assorti et j’avais lu le texte qui était dessus et aussi sur le stylo ‘’Ésaïe 43 :4 Parce que tu as du prix à mes yeux, Parce que tu es honoré et que je t’aime, Je donne des hommes à ta place, Et des peuples pour ta vie.’’ Cette phrase m’avait touchée d’une façon particulière et la voix de Lucrèce au salon en train de prier avait eu un écho dans mon cœur alors je m’étais levée avec ma bible à la main et je l’avais rejointe pour lui dire que je voulais moi aussi connaître le Seigneur, que s’il pouvait m’aider alors j’étais prête à essayer. Nous avions prié toutes les deux et depuis ce jour nous n’avions plus arrêté jusqu’à présent. Je ne dirai pas que Dieu m’a fait oublier ma douleur du jour au lendemain mais une force nouvelle a commencé à m’habiter et petit à petit je me suis remise, j’ai réappris à m’aimer, à avoir confiance en moi, à savoir que quelque soit la condition j’ai de la valeur et que je suis un être à part entière en ayant des enfants ou non. La naissance des jumeaux a donné une autre dynamique à la maison et le plein d’amour qu’ils ont déversé sur nous a mis le comble à notre joie.
En ce qui concerne Vic, après cette fois où on l’avait revu à l’aéroport car il revenait d’un mois passé au Gabon, il avait essayé d’avoir nos numéros de téléphone et Lucrèce lui avait dit que si ce n’était pas un hasard alors on allait les lui remettre à notre troisième rencontre. Il avait souri en nous disant qu’il priait un grand Dieu et que cette rencontre ne tarderait pas à se faire. Il nous avait une fois de plus aidé avec les bagages avant de nous dire à très bientôt. Nous l’avions revu le jour où nous étions allées à l’hôpital pour la première écho de Lucrèce. On cherchait notre chemin dans la structure quand on avait entendu derrière nous.
Voix d’homme : (Jovial) Tiens tiens comme le monde est petit. Que dis-je ? C’est mon Dieu qui est grand.
Nous nous étions retournées pour le regarder et il se tenait debout vêtu de sa blouse de médecin avec un large sourire sur les lèvres.
Lucrèce : Viclaire. Mais que fais-tu là ?
Viclaire : (Tirant sur sa blouse en souriant) Je travaille ici comme ceci l’indique.
Lucrèce : (Touchant son front en souriant) C’est vrai en plus. Question idiote.
Viclaire : Pas si idiote que ça, j’aurais pu simplement être un intervenant de passage on ne sait jamais.
Nous : (Silence)
Viclaire : Et vous, que faites vous là ?
Lucrèce : On cherche le service gynécologie.
Viclaire : Eh bien dans ce cas vous êtes en train de vous tromper de chemin. Là-bas ce sont les hospitalisations. La gynéco c’est à l’étage. Venez avec moi.
Et nous l’avions suivi jusqu’à l’endroit. Il nous avait conduit chez une de ses collègues et amies de l’église en disant que nous étions ses amies et qu’elle devait bien s’occuper de nous avant de nous dire qu’il faisait un tour rapide mais reviendrait vers nous. C’est ce qui s’était passé et à la fin il nous avait escortées jusqu’à l’entrée de l’hôpital avant de nous demander si oui ou non nous étions des personnes de parole. Lucrèce avait dit oui et lui avait remis son numéro pendant que moi je lui avais dit que je ne lui avais rien promis. Nous étions rentrées et le jour même il avait commencé à échanger avec Lucrèce en lui donnant des conseils par rapport à la grossesse bien qu’étant pédiatre. Nous avons continué à le voir à l’hôpital et peu après ma conversion, il avait eu à cœur de nous inviter à son église étant donné qu’il était chrétien et nous l’avait dit. On avait accepté et c’était ainsi que nous avions fini par intégrer son église et aussi ses amis qu’il nous avait présenté. Après près d’un an d’amitié, il m’avait fait comprendre que je lui plaisais, je m’étais immédiatement braquée et j’avais dit non. J’avais d’ailleurs arrêté de lui parler et j’étais devenue distante avec lui. Il ne comprenait pas mon attitude et avait parlé avec Lucrèce qui lui avait dit qu’elle allait me parler non pas pour me convaincre d’être avec lui mais plutôt pour clarifier la raison de ma froideur envers lui.
Lucrèce : C’est comment tata Luce ?
Moi : Par rapport à quoi ?
Lucrèce : À la façon dont tu traites le pauvre enfant. Que t’a-t-il fait au juste ?
Moi : Rien mais je ne veux plus simplement qu’il s’approche de moi.
Lucrèce : Le fait qu’il te dise que tu lui plaises est un crime ?
Moi : Oui. Je lui plais par rapport à quoi ? On était censé être amis et lui il me sort que je lui plais et toutes les autres conneries ? Je ne veux plus que ce type s’approche de moi.
Lucrèce : (Me regardant en silence)
Moi : Si tu tiens à rester amie avec lui c’est ton droit mais je ne veux plus que tu le ramènes à la maison stp.
Lucrèce : (Après un moment) Viclaire n’est pas Bhernie.
Moi : (Me levant) Je préfère qu’on en reste là sinon cette discussion risque de prendre une tournure qui ne plaira à aucune de nous.
Lucrèce : (Se levant pour me suivre) Que tu me dises que tu n’es pas prête pour une relation je peux comprendre parce que moi aussi je suis dans le même cas que toi alors dans ce cas, tu n’as pas besoin d’être agressive ou désagréable avec lui. Une conversation d’adultes où tu lui dis que tu n’es pas prête pour ça suffira. Mais que tu rejettes l’enfant d’autrui parce que ce sorcier d’Ello là t’a fait croire que tu ne trouveras personne d’autre pour t’aimer, je refuse et je ne t’encouragerai jamais dans ça.
Moi : (Lui fermant la porte au nez)
Lucrèce : (De l’autre côté) Tu peux fermer tata Luce mais ça ne change rien. Je sais que ton attitude est due à cette mauvaise expérience mais tu ne peux pas te fermer à l’amour à cause de ça. Tu es une belle femme et une très belle personne et il y a beaucoup d’hommes qui sont prêts à t’aimer et
Moi : (Ouvrant brusquement la porte devant elle) Pour combien de temps ?
Lucrèce : (Confuse)
Moi : Ils sont prêts à m’aimer pour combien de temps au juste Lucrèce dis le moi ? Pour Bhernie a duré 4 années (Essuyant mes larmes) 4 années bien qu’étant un des acteurs de cette histoire. Alors combien de temps penses-tu que Viclaire ou qui que ce soit d’autre tiendra en sachant que je suis stérile Lucrèce ? Combien de temps ?
Lucrèce : (Silence)
Moi : Tu n’as pas de réponse ?
Lucrèce : (Silence)
Moi : Alors fiches moi la paix. Viclaire et tous les autres hommes n’ont qu’à aller au diable.
Clap ! J’avais une fois de plus claqué la porte sur elle avant d’aller m’allonger sur le lit et pleurer. Elle m’avait laissée seule une trentaine de minutes avant de débarquer dans la chambre avec les enfants qui rampaient déjà. Elle savait que j’allais fondre en les voyant et c’était le cas. Je les avais pris dans mes bras et je m’étais mise à jouer avec eux.
Lucrèce : (Après un moment) Je suis désolée tata Luce, je ne voulais pas te faire pleurer tout à l’heure. C’est juste que je n’accepte pas l’idée que tu te réduises au fait d’enfanter ou non. Oui les enfants sont importants dans la relation mais ils ne sont pas indispensables. Il y a des gens qui vivent sans enfants et qui se portent bien. Il y a d’autres qui adoptent ou plein d’autres mécanismes que tu connais mieux que moi pour les avoir exploré. Alors oui, Bhernie a duré 4 ans mais je t’en prie ne laisse pas ce type être ton baromètre. Tu ne peux pas réduire tous les hommes au niveau de Bhernie. Il y a des hommes bons et merveilleux dehors ici et toi-même tu es une belle personne, que dis-je ? Tu es la plus belle personne que je connaisse et tu mérites de vivre à nouveau l’amour. Tu mérites d’aimer et être aimée. Je ne veux pas que tu laisses ELLO te faire croire le contraire. Je t’en supplie tata Luce.
Je ne lui avais pas répondu et l’histoire s’était arrêtée là. J’étais toujours dans mon coin et je ne parlais toujours pas à Viclaire jusqu’au jour où j’avais dû emmener les enfants à l’hôpital à cause de la poussée dentaire. Lucrèce avait un entretien d’embauche et donc elle ne pouvait pas. Comme c’était lui leur pédiatre, il m’avait reçue de façon professionnelle jusqu’à la fin sans se départir de sa bonne humeur et de son savoir faire avec les enfants qui l’aimaient énormément au point de me mettre mal à l’aise. Je me sentais mal d’avoir été désagréable avec lui. Je m’étais d’ailleurs excusée et il avait sorti une blague qui m’avait fait rire avant de me dire que ce n’était rien de grave. Je lui avais demandé s’il acceptait qu’on redevienne amis et il m’avait dit oui mais à condition que je lui dise si mon rejet était lié au fait qu’il n’était pas beau.
Moi : (Souriant) Bien-sûr que non. Tu sais très bien que tu es beau.
Viclaire : Alors c’est mon style vestimentaire ? Tu sais si c’est ça je peux changer hein
Moi : (Riant) Tu peux être sérieux 2 minutes et laisser ton style tranquille ? Ça n’a rien à voir avec ça.
Viclaire : (Souriant) Bon. Me voilà déjà rassuré. Mais bon physiquement parlant je suis au moins ton genre ou je pourrai l’être ?
Moi : (De but en blanc) Je suis stérile Vic.
Viclaire : (Silence)
Moi : Je ne peux pas faire des enfants et
Je m’étais arrêtée car ma voix avait commencé à muer et j’étais aux bords des larmes. Il m’avait prise dans ses bras et m’avait caressée le dos pour me calmer.
Moi : (Après un moment, me détachant de lui en essuyant mes yeux) Je suis désolée, je ne voulais pas pleurer
Viclaire : (Doux) Ne t’inquiètes pas ma belle. Ça arrive à tout le monde de pleurer. Tu me vois souvent pleurer à l’église jusqu’à faire sortir le rhume non ?
À cette image, j’avais éclaté de rire en oubliant même que nous étions devant l’hôpital et qu’il y avait beaucoup de monde autour. Il avait ri avec moi en me disant qu’il passerait me voir après son boulot car il fallait qu’il reprenne ses consultations. On s’était fait un câlin puis j’étais montée en voiture pour rentrer à la maison. Le soir il était arrivé et je lui avais raconté mon histoire en restant focus sur notre couple. Je lui avais dit qu’Erine qu’il connaissait car j’avais dû faire un voyage au Sénégal pour la voir était la petite sœur de mon ex avec qui j’avais gardé les liens. Sa réponse était qu’il était content que cela n’ait pas marché entre nous car ainsi il avait toutes les chances de son côté. Ma condition n’était pour lui pas un obstacle car il avait un grand Dieu. Il disait qu’il avait vu des jambes pousser, des bras tordus se redresser, des paralytiques marcher, les aveugles voir et les muets parler. Si une vierge avait pu enfanter alors ce ne serait pas une stérile qui n’allait pas le faire. Il m’avait dit qu’il ne faisait pas de fixation sur les enfants mais qu’il savait qu’il allait en avoir et que si j’étais sa femme, c’était que la stérilité devait partir. Le jour même il avait prié pour moi en parlant à ma matrice. Il lui avait dit de commencer la restauration car quand il allait se connecter à moi après notre mariage, j’allais accoucher. J’en avais parlé avec Lucrèce et elle m’avait demandé s’il me plaisait, j’avais acquiescé et après avoir prié toutes les deux j’avais dit à Vic que j’étais d’accord pour lui laisser une chance. Nous étions allés parler avec les responsables de l’église qui nous avaient suivis et 8 mois après, j’en avais parlé avec mes parents. Après des questions sur lui ils avaient demandé à le rencontrer et ça s’était fait via appel. J’avoue que leur accueil était assez timide, bien loin de celui auquel avait eu droit Bhernie mais je comprenais que cette histoire avait traumatisé tout le monde et ils étaient sur la réserve. Les choses ont évolué et il y a quelques mois en arrière, il m’a fait sa demande avec une bague et tout après avoir demandé la permission de mes parents qui avaient accepté, j’avais dit oui et nous avions lancé les préparatifs de notre mariage. Je lui avais évoqué le fait que je ne resterais pas indéfiniment en Belgique car ma vie était au Gabon près des miens et lui-même parlait de rentrer alors nous avions décidé de le faire avec le mariage…