Chapitre 7 (FIN)
Write by Mady Remanda
24 DECEMBRE
LIZ
J’avais
eu du mal à m’endormir.
Levée
à 9 heures, je me fis monter un café et un croissant avant de prendre une
longue douche.
Je
rentrais au Gabon.
Mon
pays, mon refuge.
Je
ne pouvais pas nier que j’avais beaucoup apprécié Dakar, mais Je devais mettre
de la distance entre Malik et moi.
Je
ne lui avais plus parlé depuis.
Je
n’en avais pas la force, je voulais lui résister, et m’éloigner était ma seule
chance de ne pas lui retomber dans les bras.
Je
reçus un message des mariés qui embarquaient pour leur lune de miel à l’ïle
Maurice.
Puis
Patou m’appela vers 10 heures 30.
-
Ma chérie, je suis paumée et ta fille
est un peu malade, je ne pourrais pas venir te chercher…je t’envoie un
chauffeur, je m’excuse vraiment tu fais un bon voyage…
Je
ne pouvais en vouloir à Patou.
Les
lendemains des cérémonies étaient souvent pénibles.
A
11heures 15 minutes après avoir remis les clés de ma chambre au concierge de
l’hôtel je sortis dans le hall.
Un
homme tenant une pancarte avec mon nom attendait. Je m’approchai de lui :
-
Je suis Liz Banas, bonjour monsieur
-
Nanga
def
madame !
Il
prit ma valise et la mit dans le coffre.
Je
me précipitai dans la voiture comme pour ne pas perdre le courage de partir, de
m’éloigner de Malik.
Le
taxi démarra.
Je
regardai défiler sous mes yeux la ville de Dakar.
J’y
avais passé trois merveilleuses semaines.
Mon
cœur se serra en pensant à tout ce que j’avais vécu avec Malik.
Pourquoi
le destin était-il si cruel ? Comment pouvait-il ramener Malik dans ma vie
pour me faire comprendre à quel point c’était impossible entre nous ?
Je
me félicitai d’avoir porté mes lunettes de soleil, car en passant devant le
quartier des Almadies, je ne pus
réprimer les larmes qui inondèrent mes yeux.
Et dire que Malik n’était pas loin
de là !
Je
me pris à regretter de ne lui avoir pas tout dit moi aussi.
J’avais
le pouvoir de lui ôter un poids dans le cœur, mais j’étais trop lâche pour
affronter mes émotions, je ne voulais pas risquer de m’abandonner à nouveau à
cet amour.
Soudain,
le taxi s’arrêta.
Je
fus surprise qu’on soit déjà à l’aéroport, mais en regardant autour de moi, je
me rendis compte que nous étions sur une route quasiment déserte au bord de la
plage.
-
Monsieur, il y a un problème ?
Demandai-je au taximan
Le
bruit de la portière qu’on ouvrait me fit frissonner, seigneur pourvu que je ne
sois pas victime de…
-
Oui, il y a un problème madame…Répondit
une voix que j’aurais reconnu entre mille.
La voix de l’homme que
j’aimais !
-
Malik…Soupirai-je
Il
se glissa sur la banquette arrière à mes côtés et dit :
-
Vous ne pouvez pas madame, venir à
Dakar, ravir le cœur d’un pauvre jeune homme et l’abandonner sans un mot…Dit-il
Je
ne sus quoi répondre.
Mon
regard croisa le sien, et comme par magie, mes interrogations, mes doutes,
s’estompèrent.
Comme
si par la seule magie de son regard, Malik était parvenu à apaiser mon cœur.
Le
silence entre nous racontait à nos cœurs ce qu’ils avaient besoin de se dire,
mais Malik crut bon de prononcer ces mots :
-
Je refuse de te laisser partir Liz, pas
cette fois encore…ou alors, je viens avec toi !
-
Oh Malik !
Il
m’attira dans ses bras et m’embrassa avec fougue.
L’espace
d’un instant plus rien n’existait autour de nous.
Il
n’y avait plus que nous et l’amour qui faisait crépiter l’air autour de nous.
Les
toussotements du chauffeur de taxi nous
obligèrent à nous séparer.
-
Monsieur, ma mission s’arrête-t-elle
ici ? Demanda-t-il
-
Oui Mamoudou ! Je prends le
relais !
Je
compris que tout cela avait été orchestré sans doute avec le secours de Patou
et des mariés. Comme pour confirmer mes doutes, Malik ajouta :
-
Ta cousine est une belle personne. Seck,
Belinda et elle n’en pouvaient plus de me voir errer comme une âme en peine.
J’ai raconté à Seck ce qui s’est passé et ensemble nous avons imaginé cette
scène, c’est ce qui m’a permis de tenir hier au mariage sans chercher à
t’approcher.
Je
souris.
-
Et moi qui croyais t’éviter
soigneusement !
Malik
m’entraîna hors du taxi et nous regagnâmes sa voiture garée plus loin tandis
que le chauffeur de taxi apportait ma valise.
Avant
de démarrer, il me regarda et dit :
-
Que décides-tu ? Je te suis à
Libreville, ou tu restes à Dakar ?
Je
le regardai avec adoration.
Je
devais avouer que j’avais espéré qu’il m’empêche de partir.
Et
il l’avait fait !
-
J’aime l’idée de fêter noël à Dakar, je
dois me libérer complètement du ressentiment que j’ai voué à ton pays toutes
ces années.
-
Allons donc pour un noël à Dakar !
Puis
il démarra en trombe.
Malik
m’emmena chez lui où il me demanda pardon de ne pas m’avoir parlé du secret de
la naissance d’Amira et de sa possible stérilité.
-
Je n’ai pas encore fait d’analyses
médicales, mais… si je n’ai pas pu la mettre enceinte, il est évident que j’ai
un problème, je n’ai pas le courage d’affronter cela. J’avais prévu de tout dire
ce soir-là, mais je voulais d’abord régler ça avec elle…
-
Je comprends Malik et j’avoue que je
n’aurais pas dû réagir comme ça, je crois que j’ai eu peur que cela tourne
comme il y a dix ans et j’ai simplement voulu m’enfuir…
-
Non Lizzie, je ne laisserais plus rien
ni personne nous séparer…
Je
souris et nous nous embrassâmes de nouveau.
Les
baisers appelèrent des caresses puis Malik me porta jusqu’à son lit, où nous
fîmes passionnément et intensément l’amour.
La
nuit était tombée depuis longtemps quand Malik décida de descendre nous
préparer un plateau car nous étions affamés.
Il
remonta avec un plateau plein de victuailles, de la charcuterie, des fruits,
des yaourts, des sandwiches au poulet et du champagne.
-
Tu comptes nourrir un bataillon ou
quoi ?
-
Nous avons besoin de prendre des forces
car nous allons encore brûler pas mal de calories ce soir ! Dit-il avec un
sourire irrésistible
Il
revint s’allonger près de moi et se mit à me nourrir.
Je
n’avais jamais trouvé un repas aussi érotique. Nous nous embrassions et nous
caressions entre deux bouchées ou deux gorgées.
J’étais
aux anges.
Puis
soudain, Malik me regarda droit dans les yeux avec une infinie tendresse et
déclara presque gravement :
-
Je t’aime Liz, je n’ai jamais aimé que
toi, et je ferais tout pour te garder auprès de moi tout le reste de ma vie…
-
Oh mon Dieu Malik, moi aussi je t’aime,
si tu savais, je n’ai jamais pu avoir un autre homme dans ma vie, j’étais
marquée de ton sceau, mon cœur n’a jamais appartenu qu’à toi.
-
Et dire que nous avons perdu tant
d’années…Soupira-t-il
Puis
prenant une autre inspiration, il ajouta :
-
Mais le destin nous a à nouveau réunis,
à noël…
-
C’est magique !
-
Plus que ça mon amour, plus que ça…
Il
prit de nouveau mes lèvres dans les siennes pour un baiser passionné. Quand il
se détacha de moi, il prit quelque chose sur le plateau et me regarda ardemment
en me le tendant :
-
Joyeux noël Lizzie…
-
Oh Malik…
Je
portai une main à mon cœur en ouvrant l’écrin où je découvris une bague
brillant de mille feux, avant que je n’aie eu le temps de dire mot, il
dit :
-
Veux-tu m’épouser Lizzie, veux-tu élever
Amira avec moi ? Je sais que c’est difficile pour toi, peut-être rêves-tu
d’avoir des enfants mais…
Je
lui posai un doigt sur la bouche pour l’empêcher de poursuivre. Il était temps
que moi aussi je lui fasse un cadeau et que je le soulage enfin de cette
peine que je sentais enfouie dans son cœur :
-
Tu n’es pas stérile Malik…
-
Je…
-
Non, tu ne l’es pas !
-
Comment peux-tu le savoir ?
Demanda-t-il tristement
Je
pris une profonde inspiration avant de me lancer :
-
Ce que je ne t’ai pas dit et dont je ne
parle presque jamais, c’est que lorsqu’on s’est séparés, j’étais enceinte de toi, je ne le savais pas. C’est
quand je suis tombée malade en février et que Max Axel et Cyrielle m’ont
emmenée à l’hôpital que les médecins m’ont expliqué que j’étais enceinte de
trois mois que je venais de subir un avortement spontané. Les privations que
j’avais fait subir à mon corps, avaient été fatales pour le bébé…
Malik
ne dit rien, il me parut complètement sonné.
-
J’ai porté ton bébé dans mon ventre
Malik, alors je sais que tu n’es pas stérile, et même si tu l’étais, nous
adopterions…
-
Alors c’est…
-
Oui, oui, mille fois oui Malik, je veux
t’épouser, être la mère d’Amira et de nos autres enfants.
Il
me prit dans ses bras et murmura :
-
Mon Dieu Liz, à toi seule tu es un
miracle, mon miracle…
Une
petite larme perla à son œil, je la cueillis avec mes lèvres en disant :
-
C’est noël qui est magique mon amour…
-
Je dirais plutôt c’est passer noël à
Dakar…qui est magique !
Nous
éclatâmes de rire.
Heureux
de s’être retrouvés enfin !
De
dehors, les bruits de la ville et les cris nous parvenaient :
« Joyeux
noël » criait-on de partout.
Nous
avions nous aussi eu droit à notre joie et notre bonheur de noël, celui de nous
retrouver enfin.
La
magie de noël avait opéré, le père noël était passé dans nos maisons, et dans
nos cœurs à tous les deux.
Nous
avions encore pas mal de détails à régler, mais l’essentiel était là, nous nous
aimions et la vie nous offrait une seconde chance, nous avions bien l’intention
de la saisir.
Il
serait toujours temps de trouver le rythme pour faire coordonner nos modes de
vies, pour l’instant, nous laissions la magie nous faire virevolter dans les
sphères du plaisir.
Au
final, les miracles de noël existent bel et bien, car celui-ci avait ramené
dans nos vies à tous les deux, l’amour que nous n’espérions plus trouver!
FIN