Après avoir procédé au protocole, j'attendis quelques instants et le premier trait apparut. Mon cœur battait de plus en plus fort. Je patientai désespérément le deuxième qui à mon avis se faisait trop attendre. J'avais des sueurs froides. Un quart d'heure après et sans apparition, je réalisai que c'était une fausse alerte. Je soupirai un très grand et long soupir. Je crois que l'ai sorti de mon nez après ce soupir aurait renverser une colonie de fourmis. J'ai jeté précipitamment le test et son carton dans le pot et je tirai illico la chasse. J'avais entendu des pas derrière la porte. C'était mon frère. Lorsque j'ouvris la porte et voyant mon visage perplexe, il me demanda :

-         Tout va bien Manou ?

-         Oui très bien grand frère, lui répondis-je.

-            D'accord

Lorsque j'arrivais dans ma chambre, je vis des appels en absence de Jerry. Que me voulait-il? Était-il enfin redevenu un homme ? Me demandai-je. Je lui en voulais à mort. J'y cogitais toujours lorsque mon téléphone recommença à sonner :

        Allô Jerry !

        Bonjour ma chérie, je viens de voir tes messages et appels. J'étais au footing et Stéphanie manipulait mon téléphone que j'avais laissé en charge… Alors comment vas-tu ?

        Bien.

        Euh…Bien ? Comment bien ?

        Je viens de faire le test de grossesse

        Et ?! L'entendis-je me demander d'un air apeuré.

        Il est positif. Je suis enceinte

        Quoi ?? S'exclama-t-il.

        Tu es papa Jerry.

        Non ! Ce n'est pas possible !

        Si ça l'est.

        Non, non, non ! Je suis foutu.

        Non, Monsieur, il n’y a pas de quoi s'inquiéter. Je plaisante, le texte était négatif.

        T'es pas croyable toi ! Tu blagues avec toi. J'ai failli m’étouffer, tu te rends compte ?

    Après le lui avoir dit, je ne lui en voulais plus. Je me sentais soulagé. Ce que je redoutais n'était pas arrivé et c'était tant mieux. Après qu'on ait raccroché, il ne m'a plus écrit ni appelé. Etant dans mes courses de voyage, moi non plus je lui écrivais pas tout le temps et les fois où je lui ai écrit, il me répondait pas. Il décrochait plus mes appels des jours durant. L'avant-veille de mon départ, pendant que j'étais en voiture avec mes parents qui m'emmenaient prendre mon billet, je l'aperçus sur sa Haoujue. Il n'était pas seul. Sur le siège arrière, une file qui, tel un chewing-gum au talon, le collait en faisant de ses mains claires, le tour de poitrine de Jerry. Ils allaient en sens inverse. Sûrement chez lui. Heureusement, mes parents ne l'ont pas vu.

La veille de mon départ, Jerry décrocha enfin mon n-ième appel.

        Salut Jerry !

        Salut

        Comment vas-tu ?

        Bien

Non seulement il était arogant dans sa manière de me répondre, il me donnait l'impression d'être de trop.

        Dis-moi, t'ai-je fait quelque chose ?

        Non

Ses réponses me gonflaient mais je pris mon mal en patience…

        Et pourquoi depuis notre dernier appel à au sujet de mon test, tu ne décroches pas mes appels et encore moins répondre à mes messages ?

        J'étais occupé.

        Pardon ? Tout ce temps ? Tu n'as pas été nommé à un poste que je sache !

        Que me veux-tu à la fin bordel ! S'exclama-t-il de vive voix. J'eus l'impression qu'il allait m'en coller une si j'étais en face

        Je veux savoir ce qui ne va pas avec toi, avec nous:depuis le jour où on l'a fait, tu es devenu très distant.

        Je viens de te dire que j'étais occupé !

        Ah ouais !? Occupé à remorquer des nanas sur ta moto oui !

        Tu es folle ? Je ne sais même pas de quoi tu parles.

        Inutile de chercher à nier, je t'ai vu hier avec la fille de teint clair.

        Quoi ? Attends mais, tu m'espionnes maintenant ?

        Rien à voir.

        Allez, c'est bon tu me saoules.

Il m'a raccrochée au nez. J'ai essayé de le rappeler en vain. Il en était venu à éteindre son téléphone. Je l'aimais trop. Son attitude me mettait mal ; couplé de mon départ et de ma famille qui allait me manquer, il y avait de quoi faire passer le carnaval de rio dans ma tête et me mettre dans un chaos pire que celui d'un pays traversé par un typhon...