Chapitre 7: L'admirateur secret
Write by MTB
Ils continuèrent la discussion dans l’ascenseur et elle insista à tel point
qu’il finit par se résigner à monter sur sa moto. Elle roulait vite pour une
femme et bien en plus. De temps en temps, elle tournait la tête pour lui sourire
à travers la vitre de son casque. Avec ce trafic, elle n’avait pas peur. Quel
courage ! Il ne pût s’empêcher d’admirer ses cuisses que dévoilait le vent en
soufflant en contre-sens. Tout cela lui donnait des frissons dans le dos
tellement il n’avait ressenti autant de désir envers une femme comme
actuellement. Ils arrivèrent en moins d’un quart d’heure et remarqua qu’une
foule se précipitait pour trouver une place et se faire servir rapidement. Le
cadre n’était pas très chic comme les restaurants qu’il a l’habitude de
fréquenter mais était bien décoré et bien aéré. Il n’y avait pas de
climatiseurs mais un air frais et naturel traversait la salle comme s’il n’y
avait pas de mur qui servait de clôture. La musique était douce et le repas
bien chaud. C’est Odette qui s’était occupé de la commande du foutou banane,
une spécialité ivoirienne avec de la sauce d’arachide préparée avec des
morceaux de mouton et de bœuf. Il ne mangea pas beaucoup mais c’était
délicieux. Jusque-là, il a toujours entendu parler de ce plat mais n’y avait
jamais encore goûté. Il mangea avec la main pour faire comme son invitée malgré
qu’il fût posé à côté d’eux des cuillères.
Après avoir apprécié la qualité de la cuisine, il remercia Odette et ils
revinrent au bureau.
·
Merci pour le déjeuner s’empressa-t-il de placer.
·
Mais non, c’est moi qui te remercie. Comment as-tu trouvé le repas.
·
C’était excellent. Je n’hésiterai pas à y retourner avec toi.
·
Donc on remet sur demain alors. Mais pas au même endroit.
·
Euh… OK. Comme tu voudras. Et puis, on ira encore avec ta moto ?
·
Euh… OK. Comme tu voudras répéta-t-elle. Entre temps, dis-moi, comment
étaient mes seins ?
·
Quoi ? Comment ? Quelle question !
·
Juste comme cela. Vu que tu les avais serrées à l’aller comme au retour…
·
Ah bon ! Excuse-moi alors, ça devrait être la peur de la route à moto. Je
ne m’étais pas du tout rendu compte.
·
Ne t’excuse surtout pas sinon je me sentirai vexée. Surtout que tu as des
mains bien fermes, je ne serai pas contre le fait que tu me serres plus fort
contre toi demain.
Sur ce, elle tourna comme une pirouette et disparue dans son bureau. C’est
vrai qu’il ne s’était pas rendu compte qu’il avait posé ses mains sur ses
seins. Oh mon Dieu ! Quel spectacle avait-il donné ? L’avait-il vraiment serré
aussi fort contre lui quand elle conduisait ? Il continua par se remémorer tout
le parcours quand il entendit le téléphone sonner.
·
Allo
·
Eric, tu n’es pas censé être en réunion à treize heures et demie ?
·
Euh… en fait non. Je voulais juste déjeuner avec toi et je ne savais pas
comment m’y prendre. J’espère que tu ne m’en veux pas. Cela ne se reproduira
plus
·
Oh que c’est chouette de ta part. Quelle femme n’aimerait pas être à ma
place actuellement ?
Sans lui laisser le temps d’ajouter un mot, elle raccrocha le téléphone.
Qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? Il aurait pu lui dire que les
clients avaient repoussé la réunion à cause d’un imprévu. Maintenant que
penserait-elle de lui ?
Il sonnait pratiquement seize heures quand il voulut descendre à la
cafétéria se servir un thé et se retrouva nez-à-nez avec un livreur de fleurs.
Le bouquet était impressionnant et joli sans parler de l’odeur de jardin qu’il
dégageait.
·
Excusez-moi Monsieur, pourrez-vous m’indiquer le bureau de Mademoiselle
Odette s’il vous plait ?
·
Oui. Au fond sur votre droite, répondit-il puis continua son chemin.
Il se retrouva au rez-de-chaussée sans se rappeler ce qu’il y était venu
faire. Qui peut bien lui envoyer un si joli bouquet de fleurs ? Il se rappelle
bien qu’elle lui avait raconté au cours du déjeuner qu’elle aimerait avoir un
homme dans sa vie qui l’inviterait souvent les midis ou les soirs…et qu’elle
était toujours célibataire sans engagement. Serait-elle en train de lui mentir
? À quoi jouait-elle ? Il remonta furieux dans son bureau et manqua de percuter
la bonbonne d’eau placée dans le couloir. Tout le monde se rendit compte qu’il
n’était plus dans son état normal. Il s’assit dans son bureau, tournant le dos
à son ordinateur jusqu’à dix-huit heures. Il prit ses effets pour partir très
tôt quand une petite voix l’interpella :
·
Eric, s’il te plait, tu peux m’aider avec le bouquet de fleurs ? c’est un
peu gros pour que je puisse conduire ma moto et la tenir en même temps.
·
Ok, sans problème. Mais tu comptes faire comment puisque tu ne peux pas
conduire ? je t’en débarrasse ?
·
Non, un joli bouquet comme celui-ci ? En fait je voudrais savoir si tu
pouvais me déposer à la maison puisque je ne peux pas conduire avec le bouquet.
·
Ok. Sans problème. Je t’attends au parking alors.
Il partit rapidement sans même se proposer de lui prendre le bouquet.
C’était d’ailleurs normal vu qu’il était en colère. Mais pourquoi en colère ?
Pourquoi devrait-il l’être ? Il força le sourire quand il la vit descendre les
marches de l’escalier comme si elle avait bu toute un fut de bière. Il la
déposa chez elle après qu’elle lui servit de guide. Au moment de démarrer il
osa une question qu’il regretta aussitôt après l’avoir posée :
·
Ce bouquet est très joli. Ce serait indiscret de ma part de chercher à
savoir qui te l’a offert ?
·
Un admirateur, répondit-elle.
Puis elle tourna le talon pour rentrer chez elle. Il roula vite en se
passant en boucle cette phrase dans sa tête : un admirateur. Qui pouvait-il
bien être ? Pourquoi devrait-il lui offrir un si joli bouquet alors qu’il
s’apprêtait à lui demander de sortir dîner avec lui ce soir-là ?
Furieux, il gara sa voiture, pris une douche et s’endormit sans même
manger.