°°° Eddy °°°

Je constate que cette fille ne comprend rien à rien. J’ai pourtant été assez clair avec elle. Son père est un homme très posé et compréhensible. Il m’avait traité ce jour, sans compter l’attitude puérile de sa mère.

Un mois en arrière

Mon cœur battait la chamade lorsque je lui ai emboîté le pas. Il nous a conduits dans la pièce qui lui servait de bureau. C’était une pièce un peu spacieuse et aérée, qui a été meublée à  l’américaine. Je n’ai même pas pris la peine d’attendre son autorisation avant de prendre place. Il a contourné la table, ensuite il s’était assis à son tour. Monsieur SESSOU m’a donné l’impression d’un homme qui a la tête sur les épaules. Du haut de ses soixante ans, il me fixait intensément avant de prendre la parole.

-Alors fiston, nous sommes entre hommes. Tu n’as aucune raison d’avoir peur.  J’aimerais savoir quelles sont tes intentions envers ma fille. Commença-t-il en joignant le bout de ses doigts.

-Pour commencer, j’aimerais qu’on fasse le test sanguin. Je désire m’assurer que la grossesse est vraiment la mienne.

-Je te comprends parfaitement. Je ferais la même chose à ta place. Mais laisse-moi te dire que ma fille n’est pas le genre à mentir sur ces genres de choses. J’ai confiance en elle et je suis certain qu’elle ne ment pas.

-Monsieur, je n’en disconviens pas. Mais mettez vous à ma place. Après les résultats, je prendrai mes responsabilités paternelles. Cependant, j’ai une très grande faveur à vous demander. Lançai-je sentant une gouttelette de sueur couler dans le creux de mon dos.

-Je t’écoute, dit-il en s’adossant au fauteuil.

-Je suis à un stade où je ne désire pas perdre ma fiancée. J’aimerais que tout se déroule dans la discrétion. Ma fiancée ne doit pas arriver à apprendre quoi que ce soit sur cette affaire. Je l’ai trompée et il m’est déjà difficile de gérer cette situation.

-Et qu’en est il de ma fille à moi, ne penses-tu pas à sa personne ? 

-Euh si monsieur, murmurai-je au bout des lèvres. 

-Et alors ? Demanda-t-il en fronçant les sourcils.

-Je ne suis pas en mesure de décider, sur le champ. Aucun parent ne va accepter que son enfant élève son petit fils sans son père. Je ne te forcerai jamais à épouser ma fille. Mais sache que je n’use pas de la force pour diverses raisons. Il faut que tu réfléchisses à comment faire. Je veux juste un père pour cet enfant qui n’a pas demandé à naître. 

-J’ai compris monsieur.

-Nous allons résoudre le reste après les résultats.

À la fin de notre entretien, j’ai pris congé de son père. J’ai prié pour ne pas croiser sa mère. Mais malheureusement, c’était la fille que j’ai vue.

-Tu vois où tu nous as menés dans tes conneries jeune fille ?

-Ne m’énerve pas Eddy, passe ton chemin et colle moi la paix. Tu as de la chance que mon père ait  calmé ma mère. Prépare toi au pire, si tu refuses de me légaliser. Ta conne de fiancée attend quoi depuis pour te donner un héritier, hein ? Maintenant, que je vais avoir ton enfant, c’est moi que tu vas épouser.

-Que tu es qui, pour que je t’épouse, un plan cul. C’est cela que je vais mettre dans ma maison ? Non mais tu délires Teany, tu t’es bien regardé ? J’ai déjà assez gaspillé ma salive ici. Je me barre, je t’attends lundi pour refaire ces fichus examens. Si tu penses me coller une grossesse d’autrui, mais tu as mal cherché ma puce.

-Tu vas regretter ce que tu viens de me dire Eddy, je te le jure sur cet enfant que je porte, sniffff, non mais tu es mauvais, je t’emmerde fils de pute, chien vert, dégage de ma maison, sale con, snifff.

Elle a ôté son escarpin pour me le lancer. Mais je l’ai esquivé, ensuite, j’ai quitté leur domicile. Je l’entendais toujours chialer, mais je n’en avais cure. Qu’elle aille se faire foutre. J’ai passé la pire de mes journées avec cette famille de fous. J’étais rentré prendre une bonne douche froide, qui a calmée mes nerfs. Je m’étais allongé, et je n’ai pas su à quel moment le sommeil m’a pris.

[ … ]

Je suis venu à la résolution, qu’il fallait que je réagisse avant de perdre le contrôle de la situation. Le lendemain de ma rencontre avec les parents de Teany, j’étais allé voir les miens pour les préparatifs de la dot. Pour moi il était temps, et je devais montrer à cette moins que rien, que c’était moi qui détient le pouvoir. Les résultats se sont avérés positifs. J’ai dû vraiment me contrôler ce jour pour ne pas commettre un meurtre. Je m’étais engagé près de ses parents à assumer toutes les responsabilités, et ils devaient m’assurer que mon couple serait en paix.

Il ne m’a fallu que deux semaines pour commencer les préparatifs du mariage traditionnel. J’ai dépensé une fortune pour faire venir mes beaux parents. J’ai mené certaines démarches auprès des membres influents de sa famille. C’était ainsi que tout a été organisé, et le beau jour était enfin arrivé.

°°° Teany °°°

Depuis ce jour où Eddy m’a humiliée chez moi, j’ai promis de lui faire voir de toutes les couleurs. Il fallait que je lui retourne la monnaie de sa pièce. Il a osé traité notre enfant de batard. Les hommes sont des monstres. Tout allait bien, lorsqu’il me grimpait. Mais il suffit que je tombe enceinte, pour devenir son ennemi. Je suis une belle et désirable femme comme sa fiancée. Je ne vois pas ce qu’elle a de plus que moi. Vous vous enflammés sur moi ici, gardez bien vos yeux ouverts pour voir ce que je m’apprête à lui faire. Un enfant ne garde pas un homme, mais je serai une exception. Ce sera elle ou moi, tsuiip.

Mon père a refusé de m’aider à ce qu’il m’épouse. Et pourtant, j’ai misé toute ma confiance en lui. Avec la complicité de ma mère, j’ai réussi à avoir de belles idées. Je compte bien me battre jusqu’au bout, bec et ongle, même si pour certains, ce n’est pas pour la bonne cause. Si ca vous pique, bah buvez de l’eau la dessus. Eddy doit coûte que coûte ravaler sa fierté. Et je me chargerai de lui faire ce plaisir. J’ai appris par ma cousine, qu’il a organisé le mariage traditionnel de sa fiancée. Ayant eu toutes les informations nécessaires, je me suis rendue sur les lieux.

[ … ]

Confortablement assise dans la foule, je suis depuis un bon moment les prestations du fameux mariage. Il est élégamment vêtu d’un ensemble traditionnel en basin bleu ciel. Son bonnet lui donne l’aspect d’un prince. Il est beau comme un dieu de la Grèce. Dans une ambiance rituelle, le diplomate choisi par la famille de la fiancée a pris la parole. C’est un homme assez élancé et très mince. Quelques cheveux gris parsèment sa barbe.  Il s’est mis à interroger la famille hôte. Celle-ci représentée par un homme également âgé, a donné les raisons de leur visite dans la concession. Il a répondu qu’il était venu chercher leur femme. Les deux hommes ont utilisés de différentes tournures et formules de langage pour les réponses les plus courtoises, diplomatiques et indirectes. Leur petit entretien, a abouti à une acceptation de la famille du futur marié par celle de la future mariée, la phase d'échange de la dote a pu commencer. Je ne me contentais que d’observer sans réagir. 

[ … ] 

Le moment le plus attendu est enfin venu. La remise officielle des matériels symboliques a enfin débuté.  La présence de la mariée est nécessaire.  Elle est sortie quelques minutes plus tard, vêtue d’un ensemble en pagne. C’est le même motif que porte Eddy. J’ai tourné la tête pour regarder dans la direction de celui-ci, qui ne m’a pas encore remarquée.  Il semble bien concentré sur la cérémonie c’est à ce moment, que j’ai décidé de passer à l’action. 

-Personne ne va célébrer ce mariage, tant que je vis. Vous avez intérêt à tout arrêter si vous ne voulez pas d'un scandale. Intervins-je en sortant de ma cachette la mine toute attachée. 

J’ai assez vu et entendu. Je ne suis pas venue pour assister à ce beau spectacle qui aurait pu être le mien. Tous les regards se sont convergés vers moi. 

-Mais qui est elle ? Demanda le diplomate.

-Quelqu'un peut-il m'expliquer ce qui se passe ? Questionna une belle femme ahurie.

Elle est sûrement la mère de la mariée, car il y a une forte ressemblance entre les deux femmes. C’est une blanche, elle a de voluptueuses courbes qui se reflètent à travers son boubou. Je lui ai lancé un mauvais regard, avant de me dirigée vers Eddy.

-Tu me refuses le mariage, et c’est toi qui viens négocier pour une autre ? Mais tu es comment dans ta tête ? 

J’ai voulu lui lancer à la figure, toute l’amertume que je ressens depuis le début de cette histoire. Bien qu’il ait été désagréable, je l’aime toujours. Pauvre de moi, mais il n’est pas question de laisser mes émotions prendre le dessus.

-De quoi parle-t-elle Eddy ? Questionna le viel homme qui dirige la cérémonie depuis mon arrivée.

Ce dernier n’a pas pipé un seul mot depuis un moment. Je me suis mise à son niveau, pour mieux l’humilier.

-Tu vas laisser cet enfant à qui hein, dis-je en pointant mon ventre, devant eux tous. 

Il y a eu des murmures dans la foule. Mais je n’y ai pas prêté  attention.

-Que vient – elle de dire ?  Avança la fiancée en question.

Abon, j’ignorais que madame pouvait parler. J’ai affiché un sourire narquois. 

-Chéri je peux tout t’expliquer, écoute moi, commença l’autre avec un regard de chien abattu. 

-Quel est ce désordre. Tu fais tes conneries, et c’est à mon mariage qu’elle veut créer un scandale ?

-Toi viens par là, fit-il en me tirant par le bras.

-Lâche moi imbécile, criai-je de toutes mes forces.

-Tu la fermes  toi, gronda-t-il d’un coup. 

°°° Anissa °°°

Jusque là, j’ai tout suivi. Mais c’est de trop. J’ai ôté le pagne qui me gêne, et je l’ai remis à ma cousine. J’ai soulevé celui que je porte, et je me suis avancée vers mon oncle.

-Fais quelque chose, implorai-je en me mettant à sa hauteur. 

-Je t’assure que je ne comprend rien de tout ceci ma fille. Savais tu qu’il a une maîtresse ? 

-Non mon oncle, dis-je en secouant la tête. Attends je reviens. 

-Calme toi ma fille, ne fais pas un scandale.

Je l’ai laissé en allant vers Eddy, qui entraîne la fille par le bras.

-Tu vas immédiatement la lâcher Eddy.

-Ne t’en mêles pas chérie. Laisse moi régler cette histoire. Dit-il embarrassé.

-Tu penses qu’il t’est resté fidèle quand tu n’étais pas là. Regarde moi bien madame, c’est moi qui le garde au chaud pendant ton absence.

Je suis choquée par ce qu’elle vient de dire. Elle a éclaté de rire en voyant l’expression de mon visage. Cette femme n’a aucune pudeur.

-Eddy, dis moi que ce n’est pas vrai. 

-Il va te dire quoi. Pour ton information, nous attendons un enfant. Celui que tu as été incapable de lui donner.

-Tu vas déguerpir de ma maison. 

-Il va alors falloir me passer sur le corps, car je ne compte pas bouger.

Je dois l’expulser de la maison. Je réglerai le compte de l’autre plus tard. J’ai violemment saisi sa main, sous le regard de tout le monde. Je sais être une sauvage, quand il le faut. Eddy a ouvert le portail. Au moment de la mettre dehors, elle m’a collé une baffe par surprise.

-Que comptes tu faire comme ça ? Non mais tu es folle ma parole. 

Je l’ai prise par les cheveux. Après lui avoir donné deux coups sur la tête, je l’ai ensuite traînée par terre. Je me suis mise à la cogner partout. J’ai senti des bras me soulever.

-Eddy non, je ne permettrai pas à ta pute de venir me manquer du respect chez moi. Vos comptes vous les réglez au dehors, pas ici.

-Calme toi bébé, essaya-t-il de me retenir.

L’autre folle a  profité pour me donner un coup dans l’abdomen. J’ai voulu répliquer, mais mon oncle me traîne déjà à l’intérieur. 

-Non tonton, je n’ai pas peur d’elle. S’il faut que je me batte pour sauvegarder mon couple, je suis prête à le faire. Sniffff, aucune arriviste ne viendra prendre ma place.

-Je sais ma fille,  mais tu ne dois pas agir de la sorte. Tu es mille fois meilleure qu’elle, ne te dévalorise pas devant elle. Tu dois te calmer. Laisse nous gérer tout ça. 

Ma cousine m’a apporté un verre d’eau. Je l’ai saisi et je l’ai brisé. En levant la tête, j’ai croisé le regard de Eddy.

-Elle est parti bébé 

-Sors d’ici, je ne veux pas te voir.

-Je peux tout expliquer. J’ai commis une grave erreur que je n’ai pas pu réparer. Accorde moi au moins le bénéfice du doute.

-Je n’ai jamais imaginé que tu pouvais me faire ce coup. Vous êtes tous les mêmes à la fin, snifff…

Il s’est approché, pour me prendre dans ses bras, mais sous l’effet de la colère je l’ai giflé.

-Je vais agir comme si tu venais de ne rien faire. Mais ne t’avise plus de le refaire. Lança il en serrant la mâchoire. 

-Je me suis donnée corps et âme dans cette relation, malgré la distance qui nous sépare, tout allait bien. Qu’est ce qui n’a pas marché ?  Je ne te suffis pas ? Et tu donnes gratuitement l’occasion à cette pimbêche de me manquer du respect. Tu as vu tous ceux qui ont assistés à  cette scène ? Snifff.

-Je suis désolé chérie, ce n’était pas mon intention. 

-J’attendais le soir pour te l’annoncer, je suis enceinte de trois semaines…

Je l’ai laissé en courant m’enfermer dans les toilettes. Il m’a suivi en cognant sur la porte. J’ai pris soin de fermer à double tour. Sur le carreau froid de la salle de bain, je me suis laissée éffondrer…