Chapitre 8

Write by Spice light

Chapitre 8 

Victor Foke

– Le vieux, je ne te mens pas. J'ai même pas eu besoin de poser la question deux fois. Le petit te ressemble tellement, malgré la fraîcheur ya bana Poto.

– Je me demande encore comment j'ai pu laisser Marguerite au moment où elle avait le plus besoin de moi… Avec le temps, j'ai compris que c'était l'œuvre de mes mères.

{Petit récap : quand Victor est allé à Kinshasa voir ses mères, ces dernières avaient mis des feuilles dans son repas. Rien de sorcier : ce sont des feuilles utilisées sur une personne qu'on croit « ensorcelée » par un autre, pour rompre ce lien. Sauf que Victor et Maguy, c'était naturel. Aucun charme là-dedans.}

– Tu comptes la récupérer ?

– Non. Je préfère qu'elle fasse sa vie de son côté, c'est mieux. Elle le mérite. C'est moi qui ai freiné plusieurs de ses objectifs, je ne veux plus être un poids pour elle.

– Je comprends. Mais notre fils, dans tout ça ?

– Je vais en parler avec ma femme.

– Sûr ?

– Plus que sûr. Elsa, c'est ma femme, c'est une mère. Elle comprendra. Sept ans loin de mon enfant, je veux faire partie de sa vie.

– Bon courage à toi, hein.

– C'est toi qui as besoin de courage, mon petit. Jusqu'à aujourd'hui, je t'ai jamais vu avec une femme ! Tu ne sais pas parler ou bien tu ne fonctionnes pas ?

– Rien de tout ça, le vieux.

– D’accord. Moi, je rentre à la maison. On se retrouve là-bas.

- D'accord.

Quand j'ai demandé un transfert, Kovo m'a tellement collé que, comme c'est mon bon petit, j'en ai parlé à Elsa et il nous a accompagnés. Il m'aide beaucoup, que ce soit pour des affaires personnelles ou professionnelles. Je peux compter sur lui.

Comme je suis en congé, je ne bouge pas beaucoup. À part le bar du coin ou mes rendez-vous avec les délicieuses demoiselles. On ne change pas une équipe qui gagne, après tout.

Je rentre chez moi. Light [18 ans] est au secondaire, c'est le diplôme d'État cette année. Il commence les cours à midi. La mienne [15 ans] avait échoué l'année dernière, elle recommence, le bac c'est dans 4 ans pour elle. Sun [13 ans] est aussi au secondaire. Et Ivy [8 ans], elle est en 2e primaire. De tous les quatre, c'est elle qui ne force pas du tout avec l'école. Elle ne fait vraiment aucun effort.

Je me pose devant la télé, je regarde les infos… sans vraiment prêter attention.

Ping. SMS.

« Bonjour tonton, j'espère que vous allez bien ?

Ci-joint le code de retrait d'argent à la Western Banque.

Salut tantine Elsa et les petits. Au revoir. »

C'est mon neveu Claude. Je l'ai élevé depuis la naissance de Rolls. Au début, j'étais contre qu'il laisse l'école pour la musique, mais aujourd'hui, c'est l'avenir qui lui a donné raison. En tout cas, je ne bouge plus d'ici, pardon. Ivy rentrera soit avec sa mère, soit avec Kovo.

Finalement, je me lève pour dormir. J'en ai besoin.

– Bonne nuit les enfants.

Je les laisse au salon, j'ai confiance en Light. 22h30, il les aura déjà envoyés au lit. Ivy dort depuis 20h.

– Elsa, tu viens ?

– Tu ne peux pas dormir seul, hein ?

– Femme, suis-moi, pardon. Ne me fais pas bavarder.

On entre dans la chambre, on se pose sur le lit.

– Oui, je suis là. Parle.

– Kovo a revu Maguy à Kinshasa, lors de son dernier voyage.

– Et c'est qui, cette Maguy ?

Je soupire dans ma tête. Je sais qu'elle sait, elle veut juste me faire parler.

– J'ai eu une relation avec elle. Elle était même enceinte, mais je l'ai laissée sans explication, du jour au lendemain. J'ai même demandé un transfert à mon supérieur. C'est après que j'ai compris que mes mères m'avaient fait manger les fameuses…

Je veux simplement récupérer mon enfant.

– Et moi, je suis censée faire quoi ?

– Rien. Je voulais juste t'en informer. Rolls ne fait que foutre sa vie en l'air. 27 ans, 5 enfants. Sun a un caractère bizarre, propre à vous les Bakongo… Donc mon espoir, c'est ce petit. Surtout que sa mère est de ma tribu.

– Je ne te permettrai pas de parler ainsi de mon fils, Victor. Dis simplement que tu veux récupérer ton « petit prince », au lieu de chercher les poux sur la tête de mon enfant ! (Elle se fâche.) Je ne sais pas si j'ai mal parlé ou quoi…

– Mais on est en train de parler calmement !

– Non ! Je ne vais pas rester ici à t'entendre traiter mon fils de « bizarre ». Bizarre par rapport à quoi ?

– Bon… Pardon, ma maladresse.

Je m'excuse et je m'allonge longuement sur le lit.

– Kovo, passe-moi le numéro de Maguy.

– Tiens, le vieux : 089 777 3333.

– Merci.

Je rentre à l'intérieur et je compose. Ça sonne… Deuxième sonnerie, elle décroche.

– Allô ?

– Allô Maguy, c'est Victor.

Il y a un petit silence…

– Ah, Victor. Je parie que tu as eu mon numéro par Kovo.

– Tout à fait. Et j'ai appris que tu te promènes avec un mini-moi.

– … Tu veux quoi, Victor ?

– Faire partie de sa vie. Le rencontrer, si possible.

– Je te rappelle ce soir. Là, je suis au travail.

– D'accord.

Je raccroche.

Au moins, ça s'est mieux passé que ce que j'imaginais. Je pensais qu'elle allait m'envoyer balader. Elle a toujours été posée, pas impulsive.

Le soir, on se parle. J'échange quelques mots avec le petit Yoan. Après quelques jours, je décide de le prendre avec moi pour les vacances.

– Je veux récupérer le petit pour les vacances.

– Ça ne pose aucun problème. Parle avec sa mère.

– Je lui ai parlé. Mais elle insiste pour que tu sois présente quand on viendra le chercher.

– Je la comprends. Aucune mère ne confie son enfant à une inconnue. Laisse-moi poser des congés et on ira ensemble.

– Merci ma chérie. Je ne me suis pas trompé sur toi, hein.

– Je te soutiendrai autant que je le peux.

Elsa MABEKA

En vrai, je ne m'imaginais pas que cet enfant référait surface… Mais bon. Si Victor veut l'avoir près de lui, on ira. Pour le meilleur et pour le pire. C'est aussi ça : on se doit du soutien.

Je prépare nos sacs. Demain, tôt le matin, on quitte la maison pour la capitale, récupérer le petit.

– L'argent est dans le placard à droite, dans la cuisine. J'ai laissé l'argent du pain au boulanger. Le lait est là. Mais s'il venait à manquer, tu prends chez le boutiquier, je paierai à mon retour.

– D'accord maman. Il y a déjà tout dans le frigo, non ?

– Oui, il y a tout. L'argent, c'est juste pour vous dépanner, au cas où. On ne fera pas plus de trois jours, mais on ne sait jamais. Lumière, veille bien tes frères. Surtout Mine, la tête. Je sais que je peux te faire confiance.

– D'accord maman.

– D'ailleurs, Kovo passera les nuits ici avec vous jusqu'à notre retour. Le soir, tu lui dors son matelas dans le salon, il n'aime pas dormir avec Sun.

– C'est compris maman.

– De toute façon, on se dira au revoir avant de demain matin.


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