Chapitre 8 : Jour 1

Write by Womins

ALex***

Aujourd’hui, la météo prévoit de beaux rayons de soleil. Par ces temps froids, ce serait idiot voire stupide de ne pas en profiter.

En bonne maman, Margot improvise un pique-nique aux pieds de la tour Eiffel. Le parc du champ de Mars  est le lieu idéal pour croquer dans une pomme, et manger une part de tarte aux poires et aux zestes de citron en gambadant sur l’herbe ou en grelotant.

Je porte une robe pull  acheté sur le site anglais Missguided, des bottes plates qui me montent jusqu’au milieu des cuisses, le tout est accessoirisé par un mini sac Chloé qui m’a coûté pas moins de 2500 euros. Ça fait longtemps que je n’ai pas mis cette robe.

Dans la voiture, Margot et moi, retombons en enfance. Nous chantons à tue-tête avec les enfants. C’est clair qu’aucun de nous ne signera chez SONY. Léa bouge les mains et les pieds, elle a le rythme dans la peau. Mon téléphone sonne. Il sonne trop souvent ces derniers temps. Ça m’énerve.

Nous n’avons aucun mal à nous garer. Il y a pas mal de personnes qui ont eu la même idée que nous mais beaucoup ont dû profiter de ce temps pour marcher un peu. J’installe Léa dans sa poussette alors que sa maman est au téléphone avec Chacha afin que nous sachions où elles se sont installées.

Léa est émerveillée par toute cette verdure. Elle attrape des brins du gazon et tire dessus. Comme une forcenée.  On a beau la ramener au centre de la nappe qu’elle a vite fait d’essayer de s’enfuir à nouveau. Noah, lui fait des bulles et court après elles.

Chacha s’empare de mon sac dans un geste brut et le fouille.

Moi (avalant un bout de crêpe) : Tu cherches quoi ?

Chacha (mon téléphone dans sa main) : Ceci !

Moi : Tu veux faire quoi avec ?

Chacha (pointant un index vers moi tout en prenant un air menaçant) : Toi, t’as aucune question à poser. Besoin de vos services les filles.

Je préfère les abandonner à leur complot m’en allant en quête de paix et de quiétude avec mon adorable compagnon.

Non loin, je m’improvise en cheerleader sous ses applaudissements. Je finis par tomber sur mes fesses et il se met à rire dévoilant quelques dents de lait d’un genre douteux.

Margot nous fait de grands signes de mains. Nous faisons la course pour aller les rejoindre. Je le laisse gagner. Je ne veux pas blesser son égo de petit homme.

Moi (essoufflée) : Quoi encore ?

Chacha (sans langue de bois) : Etant donné que tu es incapable de tenir à ta parole, nous avons décidé de prendre les choses en main.

Je regarde Anne-So et elle qui tente en vain d’étouffer un rire. Margot s’évertue à enlever les bouts de gazon qui traine sur la tête de son fils.

Moi : De quoi tu me parles.

Chacha (secouant mon téléphone) : Tu as rendez-vous dans un peu moins d’une heure et demie avec un certain Adams.

Moi (à la fois surprise et en colère) : C’est quoi ce plan foireux ? Je ne vais aller nulle part.

Anne-So : Et pourquoi ?

Moi : Laisse-moi réfléchir. Tout simplement parce que ce n’était pas prévu !

Anne-So : Ma vieille il y a déjà plus de deux semaines que nous avons passé un marché tu t’en souviens ? Alors, il est temps qu’il soit remis à l’ordre du jour ! Tout commence aujourd’hui, plus précisément à 14H.

Margot (en train de couper une part de tarte à la poire et au chocolat à Noah) : Tu devrais y aller, ce n’est pas la porte à côté.                   

Anne-So attrape mon sac et l’accroche sur mon épaule en me donnant un bisou. Elle croit vraiment qu’elle va m’attendrir avec ça ?

Chacha (en s’allongant) : Vous avez rendez-vous au restaurant Astrance, tu connais ?

Moi (prête à leur coller des gifles) : Non !

Margot : Il ne te reste plus qu’à faire confiance à ton téléphone. Du balai !

Moi : je ne vais pas …

Toutes ensemble : Bye bye

Je plisse des yeux pour les intimider mais aucune d’elle ne semble avoir peur. Où sont donc passées mes amies ? Je reste planter là cinq bonne minutes, à me passer les mains sur le visage, dans les cheveux et elles continuent tout bonnement de m’ignorer.

Moi (en tournant mes talons et rouge de rage) : C’est bon, vous avez gagné !

Me voici qui marche vers l’inconnu. Oui, c’est le cas de le dire. Je pourrai même dire que je marche vers mon destin. La belle affaire !

Je traverse le parc en courant pour rejoindre l’avenue du quai Branly où j’attrape sans difficulté un taxi.

Quelle horreur ! Cette voiture est un dépotoir. Je me pince le nez dans un mouchoir, j’aimerai bien arriver vivante à mon rendez-vous. Pourvu que ma robe ne s’imprègne pas de cette puanteur. C’est dégoutant !

Le chauffeur quant à lui est tellement sûr que c’est moi qui suis à son service qu’en plus de m’infliger ce supplice, il se permet de prendre un appel des plus désagréables. Il hurle tellement que je finis par éprouver de la pitié pour son interlocuteur. Quel goujat !

Il s’arrête de parler pour me demander où je vais. Je prends sur moi et je lui donne une nouvelle fois ma destination.

Le chauffeur (sans avoir raccroché) : Ah non non, je ne vais pas là-bas.

Il freine brusquement et me demande de descendre.

Moi : Il n’en n’est pas question !

Il me regarde à travers le rétroviseur et coupe son appel.

Le chauffeur : Je vois que la demoiselle se prend pour quelqu’un d’important.

Il a dit ça en se lâchant. Il vient de m’achever avec un pet bruyant. Une seule solution s’impose alors à moi, sortir avant de mourir asphyxiée.

Je me retrouve sur le pont Bir-Hakeim. Je n’ai quasiment aucun chance de trouver un taxi libre ici alors je marche. Le vent chatouille mes cheveux colorés.

J’espère que monsieur Adams vaut tous ces efforts.

Je finis tant bien que mal par arriver à l’Astrance. Je demande directement les toilettes. Il faut que je m’arrange un peu.

Alors que je me passe un peu de poudre de terracotta je me surprends à esquisser un sourire. Il finit par se transformer en un rire anxieux et nerveux sous le regard d’une dame en train de se mettre un collyre dans les yeux.

Je viens de parcourir des kilomètres pour un rendez-vous avec un homme dont je ne sais rien. Si ce n’est qu’il s’appelle Adams. Est-ce un prénom, est-ce un nom ?

Moi (restée seule dans les toilettes) : Tu y es déjà, alors pourquoi pas ?

Je respire un grand coup et je prends la direction de la porte.

Je regarde ma montre, Adams a déjà trente-huit minutes de retard. Je n’étais pas à l’heure non plus mais j’ai un argument moi : Je suis une femme. Et une très belle femme même. A son compteur, ça fait déjà un point en moins.

Je prends un verre d’eau en attendant. J’observe chacun des hommes assis.

Moi : Celui-là n’a pas une tête à s’appeler Adams.

Au fait, ils ont quelle tête les Adams ? Je n’en sais rien. J’en connais un seul et il a été chassé du jardin d’Eden depuis fort longtemps.

Je sors mon téléphone de mon sac et je tape un message aux sorcières.

Moi : Il n’est pas encore là !

Je ne manque pas d’y ajouter ce petit smiley tout rouge.

Margot : Tu patientes !

Aucune autre réponse. Elles sont monstrueuses !

La dernière arrivée des icônes attire mon attention. Tinder, avec une flamme sur le « I ». Ridicule ! J’appuie délicatement et pour la première fois depuis son installation frauduleuse, j’y accède. Je prends quelques minutes pour me souvenir des explications d’Anne-So quant au mode de fonctionnement.

J’ai eu une conversation avec Adams. Je n’arrive pas à croire qu’elles se soient fait passer pour moi. Je tombe des nues en apprenant que j’aime la nature. Quel mensonge ! J’apprends même que j’aime la trilogie du Seigneur des anneaux. Ça va chauffer pour elle. Je tape « voir le profil ». Il faut bien que je mette une image sur cet Adams.

C’est un Dieu, ou au moins un demi-Dieu. Je dois avaler une bonne gorgée d’eau pour ne pas perdre mes moyens. Il est musclé à souhait et son sourire, il rendrait mon Noah fou de jalousie. C’est clair que j’aime la nature et je suis même prête à regarder le Seigneurs des anneaux, Matrix et même Avatar du moment que je suis avec lui. J’ai l’impression que tous les regards sont sur moi tellement chacun de mes gestes expriment la joie. Elles ne sont pas si diaboliques mes anges.

Une voix : Bonjour, cette place est prise ?

Moi (sans même lever les yeux) : Oui elle est prise.

C’est quoi ces manières, avec sa voix cassée, il pense vraiment que je suis de celles qui déjeunent seule ? Casse-toi !

La même voix : Vous êtes sûre Alex ?

Mais d’où il connait mon prénom ? Je finis par lever les yeux et je tombe sur un homme un peu rond. Je ne le connais pas mais il me fait vaguement penser à un stagiaire au boulot. Il est à l’informatique celui-là et il a toujours cette odeur de frites collée à lui. Je regarde bien, ce n’est pas lui, Calvin est beaucoup plus grand.

Moi (sans aucune émotion) : En fait j’attends quelqu’un mais vous pouvez vous installer disons… là-bas.

Lui (souriant et dévoilant son appareil dentaire) : Euh…

Moi : Pas de euh… J’attends quelqu’un et c’est tout.

Lui : Je suis Adams.

Moi : Comment ça ?

Je déverrouille mon portable et direct c’est une photo d’Adams qui est là. Je lève la tête et cet individu en face de moi n’a rien à voir avec ce que je vois. Me suis-je faite tromper ?

Moi : Mais où sont passés vos muscles, et vos cheveux bruns ? D’où sort cet appareil dentaire ?

Il se contente de sourire et j’ai peur. Il tire la chaise et me voici en tête à tête avec tout sauf Adams. Dans ma tête, tout se bouscule. Je repense à ma traversée du pont à pied, à ce chauffeur de taxi de merde. Et tout ça pour quoi ? Non, je ne vais pas être méchante, tout ça pour qui ?

Adams : Tu vas bien ? Tu donnes l’impression d’avoir vu un fantôme.

C’est clair !

Adams : Je suis désolée de t’avoir fait attendre. Je ne trouvais pas quoi me mettre.

Moi : Je vois ! Garçon s’il vous plait.

Un serveur s’approche et je commande une bouteille de rouge sans attendre. Je ne peux pas me tirer une balle, je vais juste me saouler.

Adams : Tu es aussi belle que sur tes photos.

Je ne peux pas en dire autant de toi. Espèce de menteur !

Moi (sourire forcé) : Merci.

Adams : Tu sais, ça me fait peur à chaque fois que j’ai un rendez-vous avec une fille rencontrée grâce à internet. Sur les photos, tu as des canons mais quand tu te pointes, elles sont boutonneuses, grosses et j’en passe. Mais toi, tu es même encore plus belle.

Voyez vous ça, c’est l’hôpital qui se moque de la charité. Toi, chemise de bucheron en plein mois de mars, tâche de sauce sur celle-ci et les mains boudinées tu oses dire que les femmes trompent par leur image. Je pourrai en dire de même de toi. Au fait aucune loi ne protège les personnes victimes de ce genre d’abus ? Escroc en image !


Moi : Hmmm….

Que la foudre s’abatte sur lui. Connard !

J’avale mon verre de vin et je le tends à nouveau au serveur. Il me regarde et je lui fais signe de me resservir.

Adams (à peine le serveur parti) : Eh bah, tu avais soif.

Moi : J’ai quelque chose en travers de la gorge.

Adams (inquiet) : Ah oui ? Tu veux que je t’aide ?

Il est aussi secouriste ou quoi ?

Moi : Non, c’est bon là.

Adams : Si c’est bon, je te propose de passer les commandes. Mais faut que je te dise, j’ai dû casser mon petit cochon du coup, pas d’excès s’il te plait.

Moi : Ne t’en fais pas, je n’ai pas le cœur à avaler quoique ce soit.

Laid et radin c’est le comble. Je veux bien accepter qu’il soit laid mais il pourrait au moins être aussi friqué que Jay-Z pour faire passer la pilule.

Il appelle le serveur.

Adams : Euh je crois que je vais prendre une soupe de choux et … c’est tout. Et toi ?

Moi : Je vais prendre des Saint-Jacques au safran.

C’est juste 38 euros, le « petit cochon » de Noah en est à presque 370 euros.

Il regarde la carte avec minutie pendant quelques secondes.

Adams : Tu ne préfères pas une poêlée de brocolis ?

Je regarde sur la carte. 12 euros ! Il doit vraiment être fauché.

Moi : Finalement, je crois que je vais me contenter du vin. Merci pour cette généreuse proposition.

Il passe quand même la commande d’une soupe et d’une assiette de brocolis.

Le serveur insiste pour savoir si c’est tout. Je crois qu’il a compris qu’il ne risque pas d’avoir un pourboire.

Adams : Tu es bien silencieuse Alex. J’aime ta couleur, je te trouve mieux en brune qu’en blonde.

Dois-je rester par politesse ou m’en aller en courant ? Je dois faire quelque chose.

Je me mets à penser à ma grand-mère paternel, ça me met toujours les larmes aux yeux.

Adams : Mais qu’est-ce que tu as ?

Moi (passant ma serviette sur mes joues humides) : Rien. Ne t’inquiète pas.

Adams : Mais tu pleures. Allez dis-moi tout.

Moi (poussant un râle) : C’est ma … Ma sœur jumelle, elle s’est faite écraser tout à l’heure et si je suis quand même venue c’était pour ne pas te poser un lapin.

Lui qui tenait mes mains dans les siennes, les lâche et me regarde en soulevant un sourcil bien fourni.

Adams : Ta sœur vient de se faire écraser ? Tu ne serais pas en train de me prendre pour un idiot ?

Moi (toujours en larmes) : Non, pas du tout. Ce n’est pas juste ma sœur, c’est ma sœur jumelle. Tu comprends ?

Adams : Ah tu es de ce genre ! Tu allumes un mec sur le net et quand il t’invite, tu le plumes et puis tu t’en vas. Une profiteuse rien que ça. J’ai toujours su que les filles dans ton genre …

Pardon ? Il pense parler à qui le moucheron ? Je vais lui donner envie de se faire passer pour un autre.

Moi (le fixant droit dans les yeux) : Mais c’est qu’il en a des choses à dire l’échantillon de laideur. Non content de se faire passer pour ce qu’il n’est pas, il se permet d’insulter la bombe que je suis en me traitant de quoi ? Une salade de brocolis et puis quoi encore ? Pour moins de 20 euros il a le toupet de me traiter de profiteuse. Tu sais quoi ?! Achète-toi un gommage chez Yves-Rocher avec tes 12 euros au moins ça améliorera ton image. L’addition s’il vous plait.

Il est silencieux face à moi. Je sens que la moutarde lui monte au nez mais je m’en fiche. Ce n’est qu’un crétin.

Enfin le serveur se pointe. Je lis la facture à haute voix, il faut bien qu’il écoute.

Moi (m’adressant au serveur) : S’il vous plait la soupe de choux c’est pour le tas de graisses, veuillez la retirer de ma facture.

Le serveur me regarde, puis le regarde. Il me regarde encore avant de s’éloigner.

Adams, si c’est vraiment son nom n’a sûrement pas fini de faire l’analyse de ma personne. Qu’il prenne bien son temps.

Je prends mon téléphone, bien décidé à supprimer une fois pour toute cette fichue application. Oui, si je n’y étais pas, je ne serais jamais tombée sur un homme dans ce genre tout simplement parce que dans la rue, il n’aurait jamais eu le courage de m’aborder.

J’ouvre l’application et pour ne pas m’ennuyer en attendant le serveur qui doit être en train de donner des explications à la personne qui établit les factures, je fais défiler les profils. Que de beaux spécimens, ils sont si beaux et ils ont besoin de se cacher derrière leur écran pour faire des rencontres. Ils nous prennent vraiment pour des connes. Je continue de les faire défiler.

Je tombe sur une photo qui me plait bien. Elle est en noir et blanc.

Il est sur un bateau. Il ne porte qu’un short et des lunettes de soleil. Il semble sexy mais reste à savoir s’il est vraiment celui qui se cache derrière ce pseudo « Jake ». Je soupir en likant.

Le serveur revient. Il est confus et je le comprends.

Moi : Alors, la bouteille de vin à 48 euro, une salade de brocolis à 12 euros pour un total de 60 euro. Merci monsieur.

Je sors ma carte et un billet de 10 euro que je laisse en pourboire pour ce gentil serveur avant de me lever et de m’en aller sans dire un mot.

Je suis dégoutée. Je décide de marcher un moment histoire d’aérer un peu mon esprit bien torturé. Mon téléphone sonne. Je regarde, c’est Anne-So, qu’est-ce qu’elle me veut ? Je ne décroche pas, je poursuis ma marche. Mon téléphone sonne à nouveau. Je l’enfonce dans mon sac, je ne suis pas d’humeur. J’ai juste envie de rentrer chez moi et de me plonger dans un bon bain chaud.

Je sais que le marché conclu disait deux rendez-vous par jour mais là, je crois qu’avec Adams je peux déjà monter le compteur à quatre rendez-vous.

 

Quand j’arrive chez moi, il fait encore jour. Je jette mon sac quelque part et je vais à la cuisine, j’allume la machine à café et je me fais un expresso. C’est si calme chez moi. Peut-être devrais-je adopter un animal.

Je savoure mon café avec des petits biscuits au lait et je me dirige vers la salle de bain où je me fais couler un bain. Je pose mon téléphone à côté et je plonge dans la baignoire. C’est agréable de sentir cette chaleur m’envahir. Je finis même par fermer les yeux.

Il fait déjà noir quand je les ouvre. 19H17 sur mon téléphone. 12 appels en absence, 3 conversations et 26 discussions sur Whatsapp, 4 messages et 7 messages sur Tinder.

Je me rince et je sors de la salle de bain. Je suis bien reposée.

Je consulte sans empressement mes appels et mes messages.

Rien de bien important.

Sur Tinder, 6 messages m’ont été envoyé par Adams. Je les ignore et je le bloque directement. J’ai un message de Jake. Il a donc aussi liké mon profil. Je préfère ne pas me faire de film parce que avec la chance que j’ai, je sais que soit il n’est pas celui sur la photo soit il est déjà casé, soit il est atteint d’une maladie incurable… peut-être même qu’il est gay.

J’éteins mon téléphone, je verrai bien tout ça demain.

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