C'était l'heure de la pause mais Nathalie n'était pas sortie déjeuner, elle s'est assise en salle de repos avec un verre d'eau.Elle était fatiguée aussi bien physiquement que psychologiquement.Ça faisait déjà un mois, elle ne se souvenait plus de la dernière fois où elle avait eu une bonne nuit de sommeil, où elle avait pu terminer un repas.Elle avait perdu énormément de poids,elle n'était plus totalement concentrée au boulot.Ses nuits n'étaient désormais que tourments.

Depuis le jour où elle avait participé à ce crime odieux, où elle avait brutalement arraché un enfant à ses parents.

Il ne passait plus une seule journée où elle ne revoyait pas cette petite fille se débattre face aux assauts virulents du poison sur son petit corps fragile. Il ne s'écoulait pas une minute sans qu'elle n'entende les pleurs de ce bébé dans sa tête, comme une satanée litanie.

À chaque fois qu'elle voulait s'endormir,elle revivait cette journée encore et encore, elle revoyait ces deux jeunes gens dévastés par la disparition de leur fille.

Elle savait que plus jamais sa vie ne serait la même après ça, c'est clairement le genre d'évènements qui marquent à vie.

Elle regrettait amèrement le jour où elle avait accepté de se joindre au docteur Faubert et à Amélie dans cet acte sans nom, pour 5 millions. Elle avait la sensation d'avoir vendu son âme,son esprit,sa paix pour cette somme...

Elle a été sortie de ses pensées par Amélie la sage-femme...

Amélie:Nathalie pourquoi tu n'es pas sortie manger? 

Nathalie: Je n'ai pas faim... 

Amelie: Tu n'as pas faim? Mais à quand remonte la dernière fois où tu as pris un vrai repas ?

Tu as maigri, tu es pâle, tu as d'énormes cernes sous les yeux, comme si tu ne dormais pas assez. Qu'est-ce qu'il t'arrive? Tu es malade ? 

Nathalie: Je n'ai rien Amélie, c'est juste de la fatigue, quelques bonnes nuits de sommeil et des vitamines me remettront très vite sur pied. 

Amélie: Il n'y a pas que de la simple fatigue? On fait pratiquement le même boulot, moi aussi je suis parfois fatiguée mais toi il y a autre chose qui te dérange. 

Nathalie:... 

Amélie: Parle-moi, je pourrai t'apporter une solution, qui sait ? 

Nathalie était fatiguée,il fallait qu'elle parle du tourment qu'elle vivait au quotidien. Et au lieu de parler à une personne étrangère, c'était préférable de raconter ses troubles à quelqu'un qui serait disposée à le comprendre. 

Nathalie: En fait je... 

Amélie: Vas-y, dis-moi... 

Nathalie: Depuis ce jour-là, ça ne va pas Amélie... 

Amélie: Tu parles de quel jour? 

Nathalie: Ah mais tu sais non...Le bébé que... 

Amélie(écarquillant les yeux): Chuuuuuuuut! Pourquoi tu veux parler de ça ici? Toi aussi. 

Nathalie:En fait... 

Amélie(la coupant):On ne doit pas en parler dans cet endroit, tu le sais.Bientôt la pause termine et on reprend le service pour terminer notre garde vers 16h,on va s'arrêter dans un petit bar discret pour que tu me racontes ce qu'il t'arrive ces temps ci. 

Nathalie:Ok...

Amelie:Par contre j'espère qu'il n'y a rien de très très grave.

Nathalie:Euh non du tout ! Ne t'inquiète pas.

Amelie:D'accord... donc on se voit plus tard...

Nathalie:À tout à l'heure...

Elles ont chacune vaqué à leurs occupations.

[...] 

Cet après-midi, Michelle avait demandé la permission à Brian pour sortir un peu plus tôt du boulot, elle voulait aller rendre visite à Angèle.

Quand elle est arrivée, elles ont longtemps discuté dans le jardin, Michelle lui donnait des conseils, elle la consolait, lui disant naturellement que tout allait bien se passer. 

Angèle:C'est vraiment gentil d'avoir pensé à moi, ça me fait plaisir de recevoir de la visite,d'être entourée. 

Michelle:Ça faisait un moment que je ne t'avais pas vu, depuis que le bébé est parti. Et depuis quelques jours je pense énormément à toi donc aujourd'hui j'ai demandé à Monsieur Ondo si je pouvais partir plus tôt. 

Angèle: Ah OK, merci beaucoup... Et comment se porte l'entreprise sans Lionel ? 

Michelle:Ça se passe bien, Monsieur Ondo gère bien. Tout va bien... 

Angèle(amusée): Pourquoi tu l'appelles Monsieur Ondo ? Ça fait bizarre de t'entendre l'appeler comme ça. 

Michelle(sourire):C'est vrai que lui même il me le dit tout le temps, que lorsque je suis hors de l'entreprise je dois l'appeler par son prénom mais c'est l'habitude. 

Angèle(sourire):Oui je comprends,tu travailles à l'entreprise et tu les as toujours appelé comme ça Lionel, Alexis et lui.

Mais à l'extérieur appelle les par leurs prénoms. Lionel par exemple c'est ton beau frère, tu ne vas pas le vouvoyer éternellement quand même... 

Michelle(sourire):Vraiment, je vais m'habituer avec le temps... Ça me fait plaisir de te voir sourire. 

Joyce est venue les retrouver dans le jardin... 

Joyce:Effectivement, ça fait plaisir de te voir sourire... 

Angèle:Je suis bien entourée au quotidien avec tous ici... Et quand je reçois des visites aussi chaleureuses, comme celle ci, c'est donc normal que je me mette à sourire...

Et ne vous inquiétez pas pour moi, je vais aller bien... 

Joyce:Évidemment que tu vas aller bien ma chérie...Bon Farrell veut manger des crêpes et un fondant au chocolat, donc je venais pour voir si c'était possible de préparer ça pour l'enfant. 

Angèle(rire):Au lieu de dire que c'est toi même qui veux le fondant et les crêpes... Koh Farrell... Joyce laisse un peu le nom de l'enfant là en paix... 

Joyce:Pourtant c'est vraiment pour elle ooh... 

Michelle(rire):Incroyable ! 

Angèle:Vraiment incroyable... Farrell, les crêpes... Hummm. 

Michelle tu m'accompagnes, on va faire les crêpes de Farrell... 

Michelle:Ok... On y va... Moi je vais faire le fondant.. 

Joyce(sourire): Voilà !!! vous êtes mes belle-sœurs, préparez les crêpes et tout ça, je vais manger.... 

Angèle:Je croyais que c'était pour Farrell... 

Joyce:Eh ah! Tu n'aimes pas la paix...Farrell ou moi, c'est pareil... 

Elles ont toutes les 3 éclaté de rire, puis elles se sont dirigées vers la cuisine où elles ont trouvé la mère de Lionel et celle d'Angèle. 

Angèle:Vous cuisinez ? 

Olga:On planifie ce qu'on fera au dîner de ce soir... Vous voulez préparer ? 

Angèle(sourire en coin): Joyce a dit que Farrell veut des crêpes et un fondant au chocolat, donc on est venu préparer ça... 

Justine:C'est Farrell qui veut les crêpes ? 

Olga(amusée):Joyce est ce que tu peux laisser le nom de l'enfant là en paix, petit truc c'est Farrell.. 

Joyce:Eeeh, laissez d'abord mes belle-sœurs préparer les crêpes et le fondant après vous aller voir comment elle va bien manger ça. Vous ne voyez pas les deux dents qu'elle a déjà devant ? ça coupe tout oh... 

Angèle(rire):Tu es grave toi... 

Olga a regardé Michelle... 

Olga:Tes belle-sœurs... Donc je suppose que cette jolie demoiselle, c'est la chérie d'Alexis. 

Joyce:Yes ohh Michelle Reteno... Voici la maman d'Angèle, maman Olga. 

Michelle(sourire):Bonjour maman... 

Olga(sourire):Tu vas bien ma fille ? 

Michelle:Oui ça va, merci... 

Olga(à Justine): Tu as deja deux belle-filles, il te manque le beau-fils...

Justine:Vraiment...

Tout le monde a regardé Joyce...

Joyce:Bon là je sens qu'on veut seulement me chasser de la cuisine, je pars mais s'il vous plaît, faites mes crêpes je suis affamée... 

Justine:Non ne pars, la conversation devenait déjà très intéressante... 

Joyce:Non ohhh, je vais m'occuper de Farrell... Bye! 

Elle a rapidement déguerpi de la cuisine suivie de Justine et Olga toutes deux hilares. 

Angèle et Michelle sont restées dans la cuisine à papoter ensemble en faisant leurs pâtisseries. 

[...] 

Irène s'apprêtait à aller faire les courses lorsqu'elle a reçu un appel de son fils Régis.

Irène:Allô, Redji !

Régis:Maman... comment vas-tu ?

Irène:Je vais bien mon fils,et toi ?

Régis:Moi aussi je me porte bien... en entendant ta voix, on sent que tu as l'air d'aller mieux...ou alors tu fais semblant d'aller bien comme d'habitude ? 

Irène:Plus de 2 mois ce sont déjà écoulés depuis que j'ai eu certaines parties cassées mais je me suis bien rétablie.Donc oui je vais bien.. 

Régis:Et jusqu'à quand est-ce que tu comptes laisser qu'on te casse les membres,tu te retablies et après ça recommence. Tu n'es pas fatigué ?

Même psychologiquement tu devrais en avoir marre.

Irène:Redji,je suis vraiment fatiguée de tout ça... Mais à mon âge là je ne peux pas me lever et partir comme ça...je ne...

Elle a arrêté de parler, quand elle s'est rendue compte que Jean-François était dans la pièce en train de l'observer.

Irène:Euh bébé on va se parler plus tard...j'étais sur le point d'aller faire les courses et je suis déjà en retard.

Régis:D'accord...maman pense bien à ta vie, trop c'est trop...bisou...

Irène:Bisou mon chéri...

Clic!

Jean-François:Irène, je pense que tu sais pertinemment que j'ai horreur qu'on désobeïsse à mes ordres.Je n'aime pas que mon autorité soit bafouée mais apparemment tu prends un malin plaisir à vouloir m'énerver. Quand je vais te donner une autre raclée, tu vas encore te plaindre. 

Irène:Cette fois-ci,qu'est-ce que j'ai encore fait ? 

Jean-François:C'est justement quand tu veux me prendre pour un con que tu vas rapidement me mettre en colère.

Je pense avoir déjà été suffisamment clair en ce qui concerne Régis dans cette maison.J'ai clairement dit que je ne voulais plus que qui que ce soit entre en contact avec ce garçon.Pourquoi tu me désobéïs ? 

Irène:Je ne vois pas pourquoi je vais couper les ponts avec mon enfant que j'ai porté 9 mois, que j'ai poussé dans la douleur,que j'ai nourri de mon sein. Un enfant qui m'a toujours honoré comme mère, pourquoi je vais arrêter de lui parler ? 

Jean-François:Tu ne vois pas pourquoi tu ne devrais plus lui parler ? Un enfant qui a eu le courage de se battre avec moi son père, tu ne trouves pas que c'est suffisant comme raison ? 

Irène:Il s'est battu avec toi, mais j'ai l'impression que tu as oublié pourquoi il s'est comporté de la sorte. 

Jean-François: Donc c'est parce que j'ai sauté sa bordelle de fiancée le jour où il allait l'épouser qu'il est allé jusqu'aux mains avec son père ? Il devrait plutôt être reconnaissant envers moi de lui avoir montré le vrai visage de la pute avec qui il allait s'unir pour la vie. 

Irène: Tu devrais plutôt avoir honte de toi, tu as touché à la fiancée de ton fils aîné, ton propre enfant, au lieu de ça tu te glorifies. Tu es vraiment dégueulasse Jean-François. 

Jean-François: Fais attention à comment tu me parles hein ! Tous les jours je te le répète... 

Irène: Ce n'est que la vérité... tu es immonde, immoral. La dernière fois tu as appelé un homme qui venait de perdre un enfant pour te moquer de sa situation. Tu es quel genre d'être humain ? Honnêtement tu es la pire erreur que j'ai pu faire de toute ma vie, tu es deg... 

TAF ! TAF ! TAF! TAF! 

Elle a reçu 4 bonnes claques, bien cinglantes. 

Jean-François : Continue à t'adresser à moi de la sorte et je te promets que je ne vais pas seulement me limiter à casser tes côtes, je vais te faire taire à jamais. "Oh la plus grosse erreur", au lieu de t'estimer heureuse et chanceuse d'avoir un homme de ma carrure dans ta vie, tu passes ton temps à parler de regrets.

Si je ne t'avais pas épousé, tu aurais fini avec un homme pauvre sans ambition comme les hommes pauvres qui vivaient dans ton quartier à l'époque. Tu aurais vécu dans une maison misérable, avec un homme miséreux qui gagnerait un maigre salaire. 

Irène: Je n'aurais pas vécu dans le luxe mais j'aurais été heureuse, j'aurais eu une vie totalement différente, pas comme celle que j'ai eu à tes côtés. 

Jean François(sourire): Tu es définitivement très drôle Irène. Mais si tu en a autant marre vas t'en !! Prends tes affaires et déguerpis!! À ton âge, qui va bien vouloir de toi? 

Irène: Même si plus aucun homme ne veut de moi je pense déjà avoir eu mon lot. C'est la paix qu'il me faut et je t'assure qu'un de ces quatre je vais suivre ton conseil... plier mes bagages et partir. Je pense que chaque être humain a une limite, un quota de souffrances à endurer. Je sais que ma limite a déjà été atteinte depuis longtemps. 

Jean François: Fais tes bagages Irène, mais demande-toi d'abord si j'ai l'intention de t'accorder le divorce ou pas. On vous connaît vous les vieilles femmes de maintenant, vous voulez être libres pour pouvoir vous faire baiser par les petits jeunes qui ont l'âge de vos enfants comme vous êtes en quête de sensations fortes.

Mais ce n'est pas sur moi que tu vas mettre la honte et l'humiliation. Si tu n'es plus avec moi, tu ne seras donc avec personne d'autre. 

Quand on dit "jusqu'à ce que la mort nous sépare", c'est très vrai parce que je vais donc seulement te tuer. 

Irène(les larmes aux yeux):Tu es forcément malade mentalement ! Moi je vais partir d'ici, que tu le veuilles ou non. 

Il l'a toisé puis il a pris les escaliers... 

Irène a soulevé son sac à main, ses clés de voiture et elle est sortie de la maison, elle a démarré sa voiture pour aller en ville faire les courses.

Pendant le trajet, elle avait le visage baigné de larmes. 

Les paroles de Jean François lui revenaient à l'esprit, les paroles de son fils. Elle repensait à tout ce qu'elle avait enduré pendant toutes ces années... les bastonnades et les humiliations en passant par les insultes et les infidélités répétées.

Elle était décidément très fatiguée, il fallait que ça cesse... 

[...] 

Nathalie l'infirmière et Amelie la sage femme ont terminé le boulot vers 16h,elles se sont arrêtées dans un petit bar discret pour discuter.

Amelie:Donc Naty, qu'est-ce qu'il t'arrive ? 

Nathalie(soupir):Ah c'est compliqué... Je... Toi même comment vas tu ? Tu dors bien ?

Tu manges bien ? Tu... 

Amelie:Mais c'est de toi qu'on est venu parler, c'est maintenant moi que tu interroges ? Et pourquoi j'aurai des problèmes d'appétit et de sommeil ? Ou alors c'est le problème que tu as ? 

Nathalie: Ah moi ça ne va pas du tout Amelie... Je ne mange presque rien, je dors à peine, je suis tourmentée... 

Amelie:Et c'est dû à quoi ? 

Nathalie:Mais c'est depuis l'affaire de l'enfant... 

Amelie:Tu es sûre que ton manque d'appétit est lié à ça ? Les problèmes de sommeil sont très récurrents, pourquoi tu penses que c'est lié à l'enfant ! 

NathalieDepuis ce jour ma vie a totalement changé, rien ne va plus. Je suis sérieusement perturbée Amelie... Je n'arrive pas à me concentrer au travail, j'ai l'impression de voir ce bébé dans tous les bébés que je vois à la maternité, même dans mes rêves je le vois... J'entends ses pleurs dans ma tête...

Amelie(amusée):Tu n'abuses pas un peu là ? On dirait les choses qui se passent dans les films Nigérians, toi aussi. 

Nathalie: Pourtant je suis très sérieuse...Amelie ça fait exactement 1 mois et une semaine que cet enfant est parti, et depuis ce jour ma vie est un véritable enfer. Si j'avais su que c'est ce à quoi ma vie allait ressembler, jamais je n'aurais participé à ça, je regrette. 

Amelie:Nathalie ne dis pas ça, peu importe les perturbations que tu penses vivre aujourd'hui, jamais elles ne seront plus grandes que les problèmes que tu avais avant et que les 5 millions là ont réglés. Sans cet argent, comment tu allais rembourser ton crédit ? Donc relativise c'est tout tu es peut être un choquée parce qu'il s'agissait d'un bébé et c'est normal, tu es un être humain mais dis toi que tu l'as fait pour la bonne cause. 

Nathalie:Il s'agissait d'un enfant innocent, on aura jamais raison pour sa mort. Et comment toi tu fais pour parler aussi froidement ? Tu es maman de 3 enfants, la mort de l'enfant d'une autre femme ne te dérange pas ? 

Nathalie:Justement tu dis bien 3 enfants, mes 3 enfants. J'ai fait ça pour eux... J'avais déjà trop de dettes,que j'ai pu rembourser... j'ai pu acheter à manger pour mes enfants. Ma fille aîné avait déjà été chassée de l'école parce qu'elle n'avait pas payé la scolarité, mes enfants partaient à l'école depuis le début de cette année en babouches. Avec cet argent j'ai pu leur acheter à chacun au moins deux chaussures convenables. Cet argent m'a beaucoup aidé et toi aussi. Tu te préoccupes de celle qui a perdu son enfant, elle ira bien. Son gars a l'argent, il va lui offrir un beau voyage sur une île paradisiaque et la tristesse va partir. La vie est toujours plus simple quand il y a l'argent, son gars Lionel Mebale ma chère. 

Nathalie:Il a beaucoup d'argent ? 

Amelie:Ah ma chère si tu savais à quel point. Nous on est là on se bat dans la vie, on a toujours rien.Mais d'autres ont la belle vie... 

Son gars va essuyer ses larmes avec de l'argent, après ils feront d'autres enfants. Je ne vois pas pourquoi tu pas te préoccupes.

Nathalie: Oui mais honnêtement. J'ai la poitrine compressée à cause de cette histoire, je n'ai pas la conscience tranquille.

Amelie:Nathalie, à chaque fois que tu vas vouloir en parler pour te libérer vient me voir, vient discuter avec moi. Tu sais que tu ne dois parler de ça avec personne d'autres. Si ce truc là se sait, on va tous les trois finir en prison pour le restant de nos jours, penses-y. Tu as compris ?

Nathalie(soupir):J'ai compris...

Amelie:Voilà maintenant termine ton verre et tu rentres te reposer. Moi je vais aller cuisiner pour mes enfants. On se voit demain.

[...]

Alexis et Brian avaient une importante réunion à la Nziengui Firm, donc Félix à reçu Yvette chez lui pour faire un petit debriefing sur ce qu'ils attendaient d'elle. Ils étaient tous les deux assis dans le bureau de Félix depuis plus d'une heure.

Félix:Donc en gros pour l'instant on veut que vous enregistriez tout ce que vous pouvez, être nos yeux et nos oreilles. On a un hacker qui est en train de nous préparer un logiciel espion qu'on va vous remettre dans une clé USB, il vous suffira juste de la brancher à son PC au bureau. Dès que le programme aura chargé, le logiciel espion sera installé et on pourra avoir accès à tout ce qu'il y a à l'intérieur.

Yvette:Mais il ne va pas se rendre compte de ça ?

Félix:À priori non... Mais on va d'abord bien écouter ce que nous dira la personne qui va préparer le logiciel. Entre temps, si vous pouvez faire des photos de tous les documents auxquels vous avez accès, ce serait bien.

Yvette:Pourquoi faire des photos pendant que je peux faire des photocopies ?

Félix:Ne faites pas de photocopies parce que généralement les photocopieuses dans les grandes entreprises ont des systèmes d'enregistrement. Ça veut dire que tout ce qui est photocopié est enregistré dans la mémoire de l'appareil. Les personnes qui travaillent au service informatique peuvent voir tout ce qui est passé dans la machine et le dire au patron.

Yvette:Ah oui c'est vrai... Pour utiliser la photocopieuse, on doit d'abord scanner nos badges personnels.

Félix:Voilà. Ce qui fait que si on retrouve des documents importants qui ont été photocopiés, on saura que ça vient de vous . Donc pour l'instant faites profil bas. Jusqu'à ce qu'on ait le logiciel. Aujourd'hui personne n'était disponible mais à la prochaine réunion, tout le monde sera présent. Les deux personnes que vous avez déjà rencontrées et une troisième personne qui est en quelque sorte l'initiateur de ce projet.

Yvette:Ok... Je dois avouer que j'ai été surprise que vous fassiez partie de cette unité créée pour le faire tomber, vous un magistrat, président du Tribunal.

Félix:Mais je pense que vous savez ce que moi je lui reproche...

Yvette:Oui...Votre père..

Félix:Exactement..Maintenant est ce que vous avez une idée de ce que vous voulez de nous en échange de votre aide ? 

Yvette:Honnêtement je n'y ai pas encore vraiment pensé. Mais j'aurais besoin d'argent pour partir d'ici, ça c'est sûr... Mais laissez moi bien y réfléchir, à la prochaine réunion avec tous les autres, je vous dirai tout ce que je veux. 

Félix:Très bien... Mais mademoiselle Kombet ne cherchez pas à nous trahir, c'est vous qui allez être perdante si vous essayez de nous la faire à l'envers. 

Yvette:Je ne le ferai pas Monsieur Alevina... Je suis fatiguée de cette vie, je veux ma libération. 

Félix:Parfait... Donc on vous contactera pour la prochaine réunion qui aura lieu ici. 

Yvette:D'accord.. 

Ils se sont levés et Félix à raccompagné Yvette jusqu'à la cours. 

Félix:Vous êtes venue sans votre véhicule ? 

Non je l'ai garé de l'autre côté de la rue. 

Félix:Ah ok... Bon je vous dit à la prochaine... Et si vous avez le moindre problème appelez moi.. 

Yvette:D'accord... Merci. 

Félix est retourné dans la maison et le gardien a ouvert le portail à Yvette, elle s'est retrouvée dans la rue. 

~~~~~~~

Irène était tombée sur un embouteillage très dense pendant qu'elle allait faire ses courses,elle a donc décidé de prendre un raccourci qui l'a mené jusque dans un quartier résidentiel. 

En étant au volant, elle a aperçu quelque chose qui l'a intrigué. Yvette, la secrétaire de son mari sortir d'une concession.

Yvette s'apprêtait à monter dans son véhicule quand elle a entendu un bruit de klaxon, elle s'est retournée et elle a vu Irène Mounguengui, elle s'est littéralement décomposée. 

Irène a garé et elle s'est approchée d'Yvette qui était totalement tétanisée. 

Irène:Bonjour Yvette.. 

Yvette:B-bonjour Madame Mounguengui... 

Irène:Comment vas tu ? 

Yvette:Je vais bien Madame et vous ? 

Irène:Moi aussi ça va... C'est quoi toutes les cicatrices et les rougeurs que tu as au visage.?

Yvette:J'ai eu un petit accident, rien de bien sérieux. 

Irène:Humm...je vois... Tu as fini de bosser tôt aujourd'hui. 

Yvette:Oui je suis sortie plus tôt... 

Irène:D'accord... Je t'ai vu sortir de la villa d'en face, qu'est ce que tu y faisais ? 

Yvette:Euh....c'est la maison d'une cousine... 

Irène:Ah bon ? Yvette ne me prends pas pour une idiote. Ce n'est pas une cousine à toi qui habite dans cette maison. Donc qu'est ce que tu y faisais ? 

Yvette:Madame je ne vois pas de quoi vous parlez.. 

Irène:Yvette, cette maison appartient à Félix Alevina,le Président du Tribunal de Première Instance de Libreville. Et je pense ne pas avoir à te rappeler que ce monsieur et Jean-François,ne s'entendent pas. Donc tu imagines ma surprise lorsque je t'ai vu sortir de la maison d'un homme qui est l'ennemi juré de ton patron. Alors ? 

Yvette:Madame, moi je ne... 

Irène a commencé à pianoter sur son téléphone. 

Irène:Je vais appeler ton patron, je suis sûre qu'il sera très intéressé. 

Yvette(suppliant) : Madame je vous en prie, ne faites pas ça s'il vous plaît. 

Irène:Je vais l'appeler vu que tu refuses de parler. 

Yvette:Madame si vous le lui dites, j'aurai de gros problèmes, je vous en prie. 

Irène:Dans le pire des cas, il va te virer... Dis moi ce que tu traites avec Alevina et je te promets que je ne dirai absolument rien à Jean François, peu importe de quoi il s'agit. 

Les yeux d'Yvette ont commencé à se remplir de larmes... 

Yvette:Eh je suis finie... 

Irène:Yvette, regarde moi... Je te donne ma parole que je ne dirai rien mais je veux savoir. C'est assez intrigant de te voir toi, Yvette Kombet, employée très assidue et très loyale depuis 6 ans, traiter avec l'ennemi. Parle moi... 

Yvette était juste bouleversée, il fallait que ce soit au moment où elle sortait de la maison de Félix que la femme de JFM passait dans les parages. Le plan était censé rester secret, mais si Irène disait à son mari ce qu'elle avait vu, elle Yvette serait en danger. Mais en regardant Irène dans les yeux, quelque chose disait à Yvette qu'elle pouvait lui faire confiance. Elle avait toujours beaucoup apprécié cette femme, elle s'était à chaque fois demandé comment une telle femme avait pu finir avec un homme comme JFM. 

Elle a pris la décision sur un coup de tête de tout raconter à Irène, et elle allait appeler Félix pour le prévenir. 

Irène:Donc ? 

Yvette:D'accord je...je vais parler...Mais pas ici. 

Irène:Ok... Il y a un petit restaurant à la sortie du quartier... 

Yvette:Non c'est préférable qu'on soit dans un endroit où personne ne peut nous entendre. La plage n'est pas loin d'ici, on peut aller garer là bas. 

Irène:Très bien... Monte dans ton véhicule et je te suis...

Yvette:D'accord... 

Elles sont chacunes montées dans leurs véhicules et elles ont démarré. Pendant le trajet, Yvette a essayé d'appeler Félix mais son numéro était indisponible. Elle a ensuite tenté d'appeler Brian puis Alexis, aucun d'eux n'a décroché, elle a compris qu'ils devaient encore être à leur réunion. Elle aurait voulu les prévenir avant de se retrouver avec Irène mais personne n'était disponible.

Elles ont garé à la plage et Yvette est montée dans le véhicule d'Irène.

Irène:Alors je t'écoute Yvette, si tu as voulu qu'on soit dans un endroit privé ça doit alors être très sérieux.

Yvette:Oui c'est très sérieux madame, mais si vous le répétez à Monsieur Mounguengui, ce n'est pas uniquement mon boulot que je vais perdre.

Irène regardait Yvette et elle se rendait compte à quel point la chose devait très grave vu la façon dont Yvette paniquait. Pourtant Irène n'avait pas l'intention de le raconter à Jean-François.

Irène:Je t'ai fait une promesse et je la tiendrai.

Yvette:Pour vous la faire courte, il y'a deux semaines, j'ai été approchée par deux hommes qui m'ont fait comprendre qu'il y a un complot qui se prépare contre Monsieur Mounguengui.

Irène:Un complot ?

Yvette:Oui...En fait, il s'agit de certaines personnes qui le détestent et qui veulent le faire payer pour tout le mal qui leur a fait. Ils m'ont donc approché pour me faire rejoindre le projet, vu que je suis la secrétaire et que j'ai accès à énormément d'informations importantes. Ils veulent par exemple trouver des malversations, des preuves de blanchiment... En tout cas tout ce qui peut le mener à la prison et à la ruine financière.

Irène:Et Félix Alevina fait donc partie de ce groupe ?. 

Yvette:Oui, vous savez déjà ce qu'il reproche à Monsieur Mounguengui. C'est un groupe de 4 personnes: Monsieur Alevina et les trois autres dont l'un est à l'initiative de ce plan. Mais je ne l'ai pas encore rencontré. 

Irène:Eh bah dis donc... Honnêtement je ne suis pas totalement surprise qu'il y ait de tels projets contre lui. Par contre je me demande ce qu'on a pu t'offrir pour que tu acceptes de le trahir. Tu m'as toujours eu l'air d'être très loyale comme employée. Il a payé les soins de santé de ta maman à l'étranger. Chaque mois, il paye le loyer de ta maison et toutes tes charges. Il te couvre de cadeaux, de voyages, de bijoux et en plus tu as un excellent salaire. Donc qu'est ce que ces gens ont pu t'offrir pour te convaincre Yvette ? 

Yvette était choquée du fait qu'Irene sache que Jean-François s'occupait de ses charges mensuels à ce point, et qu'il la couvrait de cadeaux. Donc ça voulait dire qu'Irene pouvait être au courant de sa relation avec lui. 

Irène:Quoi tu es étonnée que je le sache ? (amusée):Jean-François a toujours couché avec ses assistantes. Deux mois après que tu aies commencé à bosser pour lui, je suis tombée sur les factures des cadeaux, de tes charges, etc. J'ai alors fini par comprendre...

Et Jean-François n'est pas le genre de personnes qui aident les gens sans raison, il n'est pas du tout généreux. Donc s'il aide quelqu'un, il a forcément un intérêt dedans... 

Yvette:Madame, v-vous avez toujours su et vous n'avez jamais rien dit ? Vous avez toujours été gentille et courtoise avec moi, je n'ai jamais soupçonné que vous puissiez être au courant. 

Irène:Pourquoi,allais-je me fâcher avec toi ? Mon problème n'est pas avec toi mais avec la personne avec qui je suis mariée. Jamais je n'allais te créer des noises, c'est lui qui a des comptes à me rendre, c'est lui qui m'a juré fidélité, toi tu ne me dois rien. Voilà pourquoi, je ne t'ai jamais fait savoir que je savais pour vous deux. Mais je suis intriguée que tu veuilles intégrer le camp adverse Yvette. Dis moi pourquoi ? 

Yvette avait des larmes qui coulaient... 

Yvette:Madame pardonnez moi, s'il vous plaît... Si je vous ai fait du mal avec cette relation, je regrette... 

Irène:Ne pleure pas Yvette... Ça fait très longtemps que j'ai arrêté d'être affecté par ses relations extraconjugales.

C'est l'argent qu'ils t'ont proposé et qui t'a convaincu ?

Yvette(larmes):Madame Mounguengui, je suis fatiguée... De l'extérieur on peut se dire que je mène une vie de princesse, mais je vous assure que ma vie est un enfer. Tous ces cadeaux qu'il m'offre, ont une contrepartie qui me coûtent extrêmement chère. Pour les soins de ma mère en France par exemple, c'est dans des chambres d'hôtel que je rembourse ça. 

Irène:Comment ça ? 

Yvette:Madame je couche pour qu'il signe certains contrats... Il y a une année où il avait un contrat important à signer avec des saoudiens.(Pleure):J'ai passé un week-end avec eux au Radisson Blu... Madame, ils m'ont...ils m'ont tout fait, à tour de rôle. Fouetté, enchaîné, j'ai dormi sur mes urines.. J'étais leur esclave sexuelle... 

Irène(choquée):Yvette... 

Yvette:Madame je vis ça depuis ces 6 dernières années, il m'offre à ses partenaires qui me traitent comme un vrai animal, je n'ai pas le droit de me plaindre.Tout simplement, parce qu'il s'occupe de mes charges, qu'il a pris en charge la santé de ma mère. Dès que je me plaint, je suis copieusement bastonné jusqu'au sang.

Madame à plusieurs reprises j'ai été admise à l'hôpital pour des membres cassés, des fausses couches, avortements forcés... Regardez les cicatrices que j'ai au visage, c'est juste parce que je lui ai dit que j'en avais marre... Il m'a frappé, il m'a cogné le visage sur le miroir jusqu'à ce qu'il se brise... Il était prêt à me tuer, mais il a dû s'arrêter à cause d'un appel téléphonique. Madame je n'en peux plus... Moi aussi je suis l'enfant des gens, je suis un être humain, pourquoi je dois subir ça ? 

Irène avait les oreilles qui sifflaient, elle avait mal au cœur... Comment Jean-François pouvait traiter la fille d'autrui de la sorte pendant que lui même était père ? Quel genre de monstre avait-elle épousé ? 

Yvette:Si je continue dans cette vie,je vais finir par mourir.Comprenez moi s’il vous plaît..

Irène(larme):Je comprends,tu as bien fait...

(soupir):Je te félicite parce que tu as eu le courage de te lever après 6 ans de souffrance,ce que j’ai été incapable de faire en plus de 20 ans de mariage.Je pensais être la seule qui subissait les coups au quotidien,Les insultes,etc..   

Je comprends que tu en ais eu marre…

Yvette:Moi j'ai toujours cru que vous étiez traitée comme une reine parce que vous êtes quand même l'épouse légitime, je suis choquée d'apprendre que vous subissez aussi les mauvais traitements. 

À chaque fois que vous êtes venue à l’entreprise,il a toujours été gentille et doux.Je pensais que…

Irène:Ça c'est pour les apparences,à l’extérieur il a toujours fait semblant.Mais dès qu’on est à la maison,ce sont les coups,les insultes,les humiliations,les intimidations…

Yvette:Je suis désolée madame…Vous... Vous n’allez pas lui en parler n’est ce pas ?

Irène(soupir):Non Yvette je ne dirai rien…Moi même je suis d’abord un être humain,une femme ,une mère et jamais je ne souhaiterai une telle horreur à qui que ce soit.

Et je ne te cache pas que moi même je suis fatiguée,mon corps,mon esprit,mon mental sont arrivés à saturation…Je n’en peux plus…

Jean François est la pire erreur de toute ma vie, je regrette…Je ne peux pas changer le passé mais je peux changer le futur.Je n’ai jamais eu le courage de me lever pour prendre une telle décision…

Irène a fermé les yeux et a collé son front sur le volant de sa voiture…Elle avait plusieurs idées qui fusaient dans son esprit…Quelque chose lui disait que son opportunité était arrivée.Elle pensait qu’après autant d’années de mariage elle savait parfaitement le genre d’homme qu’était Jean François.

Mais plus elle avançait plus elle découvrait que cet homme était bien pire,un homme démoniaque ,ignoble capable d’ôter la vie sans remords.Elle n’en pouvais plus de ce mariage…

Elle est restée d’abord par amour,parce que Jean François est le seul homme qu’elle ait connu de toute sa vie;et aussi parce que sa mère lui avait toujours répété de son vivant:qu’une femme,doit supporter son foyer peu importe ce qu’il se passe…

Elle avait essayé,elle avait supporté mais c’était terminé…

Yvette observait Irène,elle savait que cette femme n’irait rien raconter…Irène a levé la tête et elle a regardé Yvette.

Irène:Quand tu vas avoir un de ces hommes au téléphone,je veux que tu donnes mon numéro…Demande à ce qu’il m’appelle…Tu peux les aider parce que tu as accès à la société.

Mais tu n’as pas accès à la maison,il a un bureau là bas,un ordinateur,des documents importants,un coffre…

Yvette:Donc moi je m’occupe de l’entreprise, vous voulez vous occuper de la maison ?

Irène:Exactement…

Yvette:Madame vous êtes sûre de vouloir y participer…C’est un risque qu’on encourt,s’il le découvre…Nos vies peuvent être en danger…

Irene:Oui je suis sûre de moi…