Chapitre 9 - Whyalla
Write by NafissaVonTeese
-- PRÉCÉDEMMENT --
Les retrouvailles
avec Maurice ne s’étaient pas déroulées comme Amina les avait prévue. Elle
était tombée nez-à-nez sur l’homme à la cicatrice et pour la première fois,
elle lui avait parlée, même adressée un sourire. Aly, c’était son prénom, mais
elle, ce qui l’intéressait, c’était de connaitre la provenance des tâches sur la lettre qu’elle
avait confiée à Maurice. Elle était bien décidée à tout découvrir ce soir là,
alors elle lui avait ordonnée de le suivre dans un endroit où elle était
certaine que personne n’allait les interrompre.
--
« Les amis sont des compagnons de voyage qui
nous aident à avancer sur le chemin d’une vie plus heureuse. »
Pythagore
***
-
Aly ! Comme Mohamed Aly !
Maurice
trouvait la situation tellement amusante qu’il n’avait pas arrêté de se moquer
et rire de l’homme à la cicatrice durant tout le trajet. Je faisais semblant de
ne pas l’entendre en courant dans les escaliers.
-
Ne me dis pas que tu m’en veux. Tu
m’as fait le même coup je te rappelle !
Il
avait raison. Je n’avais pas à lui en vouloir parce-que le jour où il rentrait
en France, à la fin de ses vacances, je l’avais retrouvée dans un glacier à
trois rue de l’allée où se trouvaient nos maisons. Dès mon arrivée, je l’avais
remarquée au bon milieu de la pièce, entrain de discuter avec une fille qui
n’habitait certainement pas le quartier car je ne l’avais jamais vue au
paravent. Il était limite entrain de flirter avec elle quand je lui avais
sautée dessus avant de lui donner un baiser sur la bouche. La pauvre fille
avait aussitôt donné l’impression d’avoir pris une douche froide. Elle l’avait
traitée de tous les noms d’oiseaux avant de s’en aller. Lui, avait essayé de la
rattraper en lui jurant que c’était une mauvaise blague mais elle ne l’avait pas
crue.
Apparemment,
il m’en voulait toujours.
Le
seuil de la porte franchi, Maurice s’était d’un seul coup tu. Plus de moquerie
sur l’homme à la cicatrice, sur sa façon de parler, sa manière de nous regarder,
et toute autre chose qu’il avait retenu de lui. Il observa les moindres détails
autour de lui et avait repéré le canapé blanc qui faisait face à la télé
accrochée au mur. Il alla s’installer dessus.
-
Confortable !
-
Comme tu les aimes j’imagine.
Il
éclata de rire avant de se lever pour se diriger vers la grande bibliothèque en
bois qui faisait office de séparation entre la pièce principale et ma chambre. Il
s’y arrêta quelques secondes pour la scruter de fond en comble. Je le suivais
des yeux sans réagir, attendant patiemment qu’il termine son inspection des
lieux.
-
Je ne comprends pas. Pourquoi tu
t’encombres de tous ces bouquins alors que tu les as certainement déjà tous lues ?
Il
en prit un avant de m’adresser tout souriant : « Le Sixième
Contient ! Ça se trouve où au juste ? ».
Je
n’étais pas apparemment une question dont la réponse l’intéressait réellement,
car avant même que je ne puisse prononcer un mot, il l’avait reposé à sa place et
avait contourné la bibliothèque pour accéder à la chambre. Elle était assez
grande mais il n’y avait que mon lit et un pouf en cuir rouge écarlate qui
cassait le blanc de la pièce.
-
Elle est déprimante ta piaule ;
avait-il lancé avant d’aller s’allonger sur le lit.
Je
m’étais tranquillement posée sur le pouf, attendant toujours qu’il se décide
tout seul à me parler de la lettre.
Seulement
après quelques secondes passées à tourner dans tous les sens sur mon lit comme
un petit enfant jouant seul dans sa chambre, il se rendit enfin compte que
j’étais là.
-
Pas besoin de me dire de faire comme
chez moi.
-
Je n’en ai même l’intention !
Mais quand tu aurais fini de faire comme chez toi, est-ce que tu pourrais s’il
te plait me donner le résultat des analyses ?
Il
avait aussitôt sauté du lit avant de m’avouer qu’il avait complètement oublié.
Il sortit une enveloppe kraf pliée en quatre de sa poche arrière avant de
déballer son contenu.
Maurice
avait gardé la lettre dans sa main et m’avait tendu un autre papier en me
regardant avec des yeux comme pour dire que si je le voulais, je n’avais qu’à
venir le chercher.
J’étais
assis au bord du lit quand je l’ai parcourue attentivement. Plus du tiers de la
page était réservée aux informations sur le laboratoire qui avait effectué les
analyses, puis vint un graphe excessivement coloré et qui partait dans tous les
sens. Cela me semblait trop compliqué à comprendre alors je m’étais intéressée
au tableau qui l’accompagnait. Là aussi, étaient soigneusement consignées des
abréviations et codes qui ne me parlaient absolument pas. Maurice m’observait
du coin de l’œil, attendant que je fasse appel à ses lumières pour donner enfin
un sens à ce que je lisais.
-
Du E 160 aiv ?
-
Pas « a » « i »
« v » mais E160a quatre. Autrement dit du béta-carotène.
-
Des carottes ?
Il
avait encore une fois éclaté de rire avant de m’affirmer que non. Je l’avais
alors regardée, intriguée, m’attendant à plus de détails.
-
Du colorant alimentaire. C’est ce
qui a donné ces couleurs rouge et orange aux tâches sur la lettre.
-
Du colorant… D’accord. Mais où est-ce
que cela nous mène ?
Maurice
s’était aussitôt rapproché de moi et avait pris son air sérieux comme s’il
s’apprêtait à révéler un secret lourd d’état.
-
C’est du colorant d’origine végétal,
tout ce qu’il y’a de plus commun. Cependant, ce qui est bizarre, c’est qu’il
n’est altéré par aucun conservateur, juste du bêta-carotène et quelques infimes
traces de matières grasses.
-
Qu’est-ce que cela signifie ?
-
C’est comme si on avait transférait
ces souches directement d’une algue Dunaliella
salina à la feuille de papier, et ça,
c’est totalement impossible.
-
Pourquoi ?
-
Parce-que l’algue qui donne le bêta-carotène ne pousse que dans les lacs de Whyalla.
-
Whyalla en Australie ?
-
Oui Whyalla en Australie. A moins
que la lettre ne nous vienne d’Australie, je ne vois pas comment expliquer cela.
J’étais
perdu dans mes pensées depuis quelques secondes, cherchant dans mes souvenirs
un, ayant un lien avec l’Australie quand Maurice me demanda à quoi je pensais.
-
A rien.
Je
lui avais prise la lettre puis m’étais remise à la lire pour la énième fois. Je
le sentais me regarder du coin de lui. Je m’étais tournée vers lui avant de lui
demander s’il aurait par hasard perdu sa langue. Il ne rigolait plus et son
visage se durcit, me rappelant celui qu’il avait quelques minutes plus tôt
avant qu’il ne se mette à me reprocher de me servir de lui uniquement pour
soulager ma conscience.
Je
savais à quoi m’attendre alors je me préparais moralement à entendre des mots
qui n’allaient pas me plaire.
-
Il faut que je te dise quelque
chose…
-
Oui ?
Maurice
avant timidement posé sa main sur la mienne. J’attendais qu’il prononce un mot,
mais il était hésitant.
-
J’ai parlé à…
Juste
ces mots prononcé, son téléphone avait commencé à sonner. Il le tira de la
poche de son jean, s’excusa brièvement et répondit à l’appel.
Il
s’était très vite montré tourmenté. Maurice avait sauté du bord du lit où il
était assis et s’était mis à faire le tour de la pièce en prononçant que des « Oui ! »,
« Non ! », « impossible ! » et des « Je ne sais pas ! ».
Quand il raccrocha enfin, il se retourna vers moi et lança :
-
Je crois que j’ai un petit souci.
-
Qu’est-ce qui se passe ?
-
Je crois que quelqu’un cherche à me
tuer.