CHAPITRE III
Write by Chroniques Femmes Fatales
III La famille d’Andrew n’a jamais voulu de moi. Pas seulement parce que je suis noire ( je crois que c’est aussi en grande partie ), mais je crois aussi que sa famille ne le laissera jamais vivre sa vie. Quand nous nous sommes rencontrés, tout était parfait, parce qu’elles ne savaient pas que j’existais. Internet ! Sais-tu seulement à quel point je te hais ? Tu n’es qu’un objet de fantasmes, d’illusions et de déception ! Je te hais ! Je te hais ! dieu, comme je te déteste de m’avoir vendu du rêve ! Je ne voulais pas de cette vie. Je ne voulais que vivre ma petite vie universitaire, avec un futur qui aurait été moyen. Je ne rêvais pas d’une grande et belle vie, ce n’était pas pour moi. Et puis, grâce à internet, je l’ai rencontré et j’ai commencé à rêver de ce qui n’était pas fait pour moi. Je suis tombée dans le virtuel et maintenant je ne sais plus comment m’en sortir. J’avais rencontré Andrew par hasard sur un forum de dessin animés. Oui j’ai bien dit dessin animés, car j’ai toujours eu cet esprit d’enfant, ou comme Peter Pan je ne voulais pas grandir ? J’étais encore cette gamine qui se cachait sous son lit quand elle entendait la dispute dans la chambre de sa mère. Cette gamine savait ce qui allait suivre : des injures, puis des cris, un coup de poing ou pire, un étranglement… Au début, cette gamine se précipitait toujours pour cogner sur la porte afin de sauver sa mère de ce calvaire, puis elle s’était très vite rendue compte que sa mère aimait cela. Sinon, comment expliquer qu’elle cherchait toujours la bagarre à son amant et ne le quittait pas ? Je n’ai jamais voulu me mettre en couple parce que j’avais l’image que l’amour fait mal, j’ai été traumatisée depuis l’enfance et aujourd’hui j’ai toujours peur de me mettre en couple avec quelqu’un qui va lever main sur moi. Peut-être est-ce pour cela que je me suis donnée corps et âme dans le virtuel. Andrew n’est pas africain, et il est loin… Je disais donc que je l’ai rencontré sur un forum de tintins… On parlait de je ne sais plus quel dessin, et tout de suite je l’ai remarqué, son pseudo était Nicky Larson, et moi j’ai toujours eu un faible pour nicky larson à la télé. sur un de ses commentaires, j’avais laissé un commentaire et tout de suite il était venu en privé me parler. Nous avions discuté pendant quelques minutes, ensuite il avait proposé de discuter par caméra. Ce fut lui le premier à allumer la sienne. Oh Dieu ! Comment on peut être aussi beau ? C’est un crime ! Ses yeux… Ses magnifiques yeux bleus… Son sourire… Ses dents si parfaitement blanches… Je crois pour la première fois de ma vie, avoir eu du désir. Je voulais le toucher, confirmer s’il était vraiment réel ! Je voulais embrasser ces lèvres roses, passer ma main sur son cou… Je sais que je suis folle, mais, c’était plus fort que moi, c’était des émotions que je découvrais pour la première fois de ma vie. Sur le coup, je me suis sentie si laide ! J’avais honte de moi, d’allumer ma caméra et de faire face à cette beauté. Alors, comme une idiote, je m’étais déconnectée, comme si je fuyais. Et c’est vrai. Je savais dès le premier jour que ce n’était pas une bonne idée, je croyais même avoir mis de la distance. Car je savais que si je me laissais tenter, j’allais sombrer. Mais, comme on le dit si bien, le destin est bizarre. Et trois jours plus tard, en me connectant, il n’avait toujours pas lâché l’affaire et était toujours en ligne, sur notre conversation, attendant mon retour. Les gens qui vont dire que je suis naïve, et puis quoi ? Vous n’avez pas encore fait des choix sans savoir s’ils sont biens ou pas ? J’ai cédé à la tentation et nous avons commencé cette relation passionnée. Pendant des jours, des semains, des mois. Je ne vivais que pour nos conversations, des heures que je passais avec lui, à m’ouvrir à lui et à partager ma vie avec lui. C’était ma raison de vivre. La couleur de sa peau n’a rien à y voir, je ne fais pas partie des personnes qui veulent à tout prix sortir avec des blancs, non. Je voulais être avec lui parce qu’il faisait en sorte que je me sente moi, vraie. Tout le monde autour de moi savait qu’il était ma vie, j’avais enfin rencontré l’homme de mes rêves, mais personne chez lui ne savait rien à mon sujet. Andrew me disait tout le temps qu’il ne voulait pas me partager, en plus de cela, sa famille ne supportait pas de le voir heureux. Mais ce soir, je vais changer le destin. Je vais prendre ce qui me revient et je ne laisserai personne se mettre sur mon chemin ! Sans le vouloir, j’ai bousculé Dorian assis près de moi. Il me regarde d’une façon étrange. - Toi parfois tu me fais vraiment peur. Il y a une de ces froideurs dans ta façon d’être. - Arrête de t’inquiéter pour rien. Allons plutôt danser toute la nuit, voir nos rêves devenir réalité. La lionne en moi est prête à dévorer le monde… Je dis ces mots de façon désinvolte, mais je les pense. Nous sortons de son appartement, l’air est doux. C’est étrange. Sûrement à cause de la soirée qui tarde à tomber, on est en pleine été, il fait forcément chaud et les jours sont plus longs. La boite se trouve à une quinzaine de kilomètres de Liège. C’est un open-bar. Il y a du monde quand on arrive, mais en compagnie de Dodo, ( c’est le surnom de Dorian) pas la peine de faire la queue, on entre directement. C’est bizarre, j’ai tellement vu les photos de cette boîte de nuit que j’ai cette impression étrange d’être déjà venue. Tout me semble familier. Je connais les noms de certains DJ. Comme le dirait Zita, si elle était ici en ce moment, mes recherches sur internet ont fini par porté des fruits. Je suis même amie avec quelques uns sur Facebook, bien évidemment c’est un faux profil. Il fallait que je me rapproche de l’entourage de l’homme que j’aime. Chaque recoin ressemble à ce que l’on avait décidé d’ouvrir au cameroun! Alors, il ne m’a pas attendu pour réaliser son rêve et ouvrir notre boîte de nuit ? Oui j’ai bien dit NOTRE ! Ceci est le bruit de mes pensées et de mes projets ! Nous avions discuté de cela pendant des semaines et presque tout est exactement tel que nous l’avons imaginé, alors je me sens chez moi ici ! Ce qui lui appartient m’appartiendra bientôt! je ne discute avec personne. Tout le monde semble connaître Dodo par ici, il ne fait que saluer de tous les côtés. Il m’entraîne vers un espace, où se trouvent déjà d’autres personnes. Je devine qu’elles aussi, sont homosexuelles comme lui. Il me présente comme sa sœur. Personne ne contredit, Dorian et moi, avions toujours eu une petite ressemblance. Et maintenant qu’il affirme son homosexualité par ses habits, la ressemblance est accentuée. D’ailleurs en Europe quand tu rencontres un autre noir qui vient du même pays, il devient ton frère… L’Afrique et sa large famille… La soirée se passe bien. Les amis de Dorian sont très gentils avec moi. Je m’amuse, mais tout en restant discrète et regardant autour de moi, j’évalue tout et rien n’échappe à mon œil aiguisé. Mon cœur tremble comme une feuille dans un ouragan. J’ai peur de ce qui va arriver, de la suite des événements. Je voudrais bâtir en retraite, mais, je n’ai pas fait tout ce chemin pour repartir. Je sais que Andrew sera surpris de me voir. Et même s’il n’est pas seul, je sais l’influence que j’ai sur lui pour le faire réagir. Je suis en pleine dans mes pensées, quand soudain mon regard se dirige vers l’entrée, et j’ai l’impression que mon cœur cesse de battre, tandis que mon pouls s’accélère… Andrew… Il est là ! Il est devant moi… C’est lui sans aucun doute ! C’est mon amour juste à quelques pas de moi… Il n’a pas changé, il est comme sur ses photos. La boîte de nuit me semble plus petite et étouffante. Je n’arrive plus à respirer, mon coeur bat… Au mon Dieu je vais mourir… Je vais faire une attaque si cela continue. Je veux avancer, mais mes pieds ne bougent pas! Je veux crier son nom, mais il pèse dans ma bouche. Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi je suis tétanisée ? Autour de moi, Dorian n’est plus là pour me tenir la main, il danse sur la piste. Il n’y a que Corentin, le copain de Dorian qui a été très gentil depuis le début de la soirée. Comme s’il devine que je ne vais pas bien, il me prend par la main et la serre très fort. Il réussit à le ramener dans cet espace. - Qui est-ce ? Il faut que je sois sûre que c’est bien Andrew… Coco, suit mon regard, puis sourit. - Elle ne perd pas de temps la petite sœur, dis donc. Lui c’est le mec par excellence. Il s’appelle Andrew Boe, il a trente-un ans, fiancé à une superbe jeune fille qui s’appelle Florence je ne sais quoi. La remarque de Coco me fait tourner la tête vers lui. - Tu ne la portes pas particulièrement dans ton cœur la fiancée on dirait. - Si tu te frottes à son mec, tu comprendras. Elle est si prétentieuse. Et comme c’est lui, qui à la plus grande part dans les actions de cette boîte de nuit, elle se croit la petite princesse. Corentin me regarde avec un sourire au coin. Je sais bien que je fais une sale tête, mais Andrew est juste à quelques pas de moi ! - Il t’intéresse Andrew ? Je sursaute. Je devrais faire plus attention pour ne pas me trahir à l’ avenir. - Il n’est pas mal, je le reconnais. Je regarde l’homme que j’aime. Il a une mine triste. J’ai l’impression qu’il est à des milliers de kilomètres. Sûrement au Cameroun, ne puis-je m’empêcher d’espérer. Andrew prend place dans un coin. On devine que c’est son carré VIP à lui et ses amis. Une serveuse se précipite pour lui servir un verre, tout en lui accordant un sourire. Je sais que c’est un verre de « Whisky sec », comme il les aime quand il est triste. Mon cœur bat dans ma poitrine. Je voudrais m’élancer, et le prendre dans mes bras, le couvrir de baisers et lui dire que je suis là, qu’il ne s’inquiète pas, je vais tout arranger et le sauver de cette vie qui n’est pas la sienne. Bon sang, qu’est-ce que je dois faire ? Dois-je me précipiter dans ses bras et me jeter dans ceux-ci ? Qu’est-ce qu’il va dire ? Pire, où est passé toute ma détermination ? Je tremble de peur. Mes mains sont moites. Juste devant moi, se trouve l’homme que j’aime, l’homme pour qui je viens de traverser l’Afrique pour l’Europe. L’homme qui a été le premier à faire battre mon cœur. Qui m’avait juré m’aimer pour l’éternité. Je suis devant lui, et je suis incapable de bouger. Tout ce que je fais, c’est le regarder, sans faire un geste vers lui.
- Il te plaît on dirait, tu ne cesses de le regarder. Mais désolé pour toi Rony, tu devrais faire la queue comme beaucoup de filles. De plus, sa sœur est très jalouse. Va savoir pourquoi. Bientôt les tigresses vont arriver et protéger leur trésor. On les appelle les tigresses parce qu’elles sont toujours ensemble, et n’hésitent pas à sortir les griffes. Andrew est comme un œuf, entre sa sœur et sa fiancée.
Moi, je suis une lionne, qui ne sait pas ce qu’elle doit faire en ce moment. Non pas que ces filles me font peur, bien au contraire, je suis prête à les affronter. Mais il faudra qu’Andrew me donne le signale, qu’il me montre qu’il ne l’aime pas plus que moi. Alors, pour lui je me battrai, j’affronterai le monde, et je le plierai en deux comme cette distance que je viens de faire.
"
- J’ai peur qu’un jour tu tombes sous le charme d’une autre fille mon ange…
- Ça y est, tu recommences à divaguer comme d’habitude.
- Je ne divague pas, je sais que tu attires toutes les filles qui posent un regard sur toi.
- Même si je les attire, cela ne signifie pas que je vais les aimer mon amour. C’est toi que j’aime. Ma petite jalouse.
- Je ne suis pas jalouse, je suis juste réaliste. Je ne veux pas te perdre.
- Alors, j’ai une solution. Epouse-moi, au lieu de raconter n’importe quoi comme tu le fais en ce moment.
- Les filles camerounaises sont réputées d’une part pour leur beauté, mais d’autre part pour leur détermination. Alors, je veillerai à ce qu’une ne s’approche pas de toi. Sinon, je la dévorerai…
- Juste pour savoir, tu as suivi ce que je viens de te demander ? Je viens de demander ta main. Je veux que tu deviennes ma femme. Et toi, tout ce que tu fais, c’est de continuer à bavarder, pour ne rien dire de bon par rapport a ce que je veux entendre.
…
- Tu ne dis rien ?
- Je…
- Waouh. Pour la première fois en trois mois, tu ne trouves pas tes mots.
- C’est juste que, je…Je n’y croie pas… Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle mon ange.
- Tu te rends compte que tu ne dis rien depuis un bon bout de minutes ? Ou alors tu ne veux pas m’épouser ?
- Evidemment que je veux t’épouser. Je veux devenir ta femme, pour le meilleur et pour le pire…
- Jusqu'à ce que la mort nous sépare mon amour, je te le promets. "
Il avait dit que seule la mort allait nous séparer, pas un être humain, pas les problèmes ni la distance, rien d’autre que la mort. Et pourtant, il boit son verre en silence, sans se rendre compte de ce qui se passe autour de lui. Je voudrais comprendre ce qui ne va pas, pourquoi cette tristesse dans ses yeux, pourquoi ne profite-t-il pas de la soirée comme les gens autour de lui. A croire qu’en deux ans, beaucoup de choses avaient changé… Andrew lève soudain les yeux vers moi... Et on se croise du regard… Je ne m’attendais pas à ça. La main qui porte le verre de whisky d’Andrew se suspend à ses lèvres. Il devient tout pâle comme s’il voyait un fantôme. Me reconnaît-il ? Je voudrais me lever, faire un pas vers lui, mais je n’y arrive pas. Je suis clouée sur place. Rien ne bouge en moi, je suis incapable de sourire, ni de parler. Les bruits, les gens autour de nous, tout a disparu...
Je deviens folle. Je crois que je mérite le prix de l’amoureuse la plus pathétique du monde. pour une fois que je décide de tomber amoureuse, c’est sur internet.
"
- Tu me reconnaîtras en route si tu me voyais par hasard ?
- Ce regard amoureux, je le reconnaîtrai entre cent. Tu es unique Véronique. Quand je te verrai, je saurai sans hésiter que c’est bien toi. Mon âme te reconnaîtra sois en sûre mon amour.
- Je peux te demander une faveur mon ange ?
- Tout ce que tu veux mon amour.
- S’il te plaît, ne me fait pas tomber amoureuse de toi, si tu sais ne pas être prêt à tout quitter pour moi. Je deviendrai folle. Il est encore temps de tout arrêter. Et chacun de nous, reprendra le cours de sa vie où il l’avait laissé. Si jamais tu ne me reconnaissais pas je deviendrai folle, et je ne pourrais pas te le pardonner.
- Pourquoi tu fais toujours ça mon amour ?
- Faire quoi ?
- Douter de moi. Tu doutes de moi, de ma sincérité envers toi. On dirait que tu trouves que notre histoire ne mérite pas d’exister. Mais n’oublis jamais une chose mon amour, les gens tombent amoureux dans des circonstances étranges de la vie. On peut être séparés de dizaine de milliers de kilomètres, mais cela ne change rien à ce que j’éprouve pour toi.
- Je ne doute pas de toi. J’ai juste peur de me réveiller, et de découvrir que je t’attendais en vain. Que je ne faisais qu’un merveilleux rêve. Cette réalité me ferait vraiment mal.
- S’il te plaît arrête…
- Que j’arrête quoi ?
- De me rendre triste. Je n’aime pas te voir dans cet état de tristesse, cela m’attriste aussi. Alors, je vais te dire ce que je te dis depuis le début de notre rencontre. Nos âmes se sont rencontrées, et jamais, elles ne voudront rien d’autre que de se retrouver ensemble. Je ferai mon possible pour que cela arrive le plus tôt. Une histoire comme la notre, n’arrive pas tous les jours. Je ne vais pas te forcer à croire en ma sincérité, mais je t’assure que jamais je ne pourrai pas te reconnaître. Dès que je poserai mes yeux sur toi, je saurai qui tu es."
Pourtant en ce moment, rien ne se passe. Il me regarde droit dans les yeux je le sens me transpercer. Mon ange est devant moi, quand il pose son verre sans me quitter du regard, quand il se lève, je sens battre mon cœur mille à l’heure. Mais il ne vient pas vers moi, sans plus un regard, il s’en va vers la sortie. IL S'EN VA ! J’ai l’impression que le sol s’effondre sous mes pieds, je me sens si mal, vraiment mal. J’étouffe en moi. Je voudrais disparaître à jamais. Cet instant précis est si différent de ce que j’espérais vraiment. - Andrew… Son nom ne traverse même pas le bout de mes lèvres, et surtout je me rends compte que la musique autour de moi est infernale. Ce n’est pas comme cela que cette histoire devait se passer ! Je voulais une fin différente, je voulais voir ce sourire, qui fait ressortir la blancheur de ses dents, je voulais voir se former cette petite fossette sur sa joue. Mais rien, il ne se passe rien du tout ! Serait-ce possible qu’il m’ait réellement oublié ? Ou alors il a juste vu une jeune fille noire avec une sensation de déjà vue quelque part, mais il ne sait pas où. Si je me réfère à tout ce que l’on a vécu, tous ces moments passés à discuter, je ne devrais pas être juste une impression de déjà-vu. Je devais être la première personne qui lui vient en tête, le premier nom qu’il prononce. Mais au lieu de cela, il ne s’est rien passé. Il a préféré partir le premier. Je vais pleurer, je sens cette boule en moi qui se forme dans ma gorge. Je voudrais pleurer, vraiment pleurer. Je me sens si misérable devant ce regard qui ne me reconnaît pas qui s’enfuit loin de moi. J’ai mal, je le hais en ce moment. Pour la première fois, je sens monter cette rage qui depuis deux ans refuse de sortir. Je voudrais m’élancer derrière lui, et lui dire ce que je pense, mais j’ai promis à Dorian de ne pas faire de scandale, je ne le ferai pas. Je n’ai plus la force de continuer à nier l’évidence. Bon sang ! Je m’attendais à quoi ? Traverser toutes ces frontières, juste pour un regard bleu, que j’avais croisé sur internet. Un regard bleu qui m’avait séduit, et fait de moi son esclave de l’amour. Un regard bleu qui m’avait fait des promesses. Un regard bleu pour qui j’étais prête à tout. Mais qui devant moi, ne me reconnaît même pas et s’en va ? C’est injuste ! Je ne mérite pas ça. Je détruis ma vie, je l’ai détruit juste pour ce regard qui ne sait pas qui je suis. Pourquoi moi ? Pourquoi avait-il fallu que je tombe dans ce piège de l’amour ? Près de moi, Coco n’a rien perdu de la scène j’en suis sûre. Le monde s’est arrêté de tourner durant un bon bout de temps, et cette tension que je dégageais, ils ont dû la ressentir autour de moi. Toute cette pression, jusqu'à ce qu’Andrew s’en aille. - Où-sont les toilettes Coco ? Coco se tourne vers moi, on dirait qu’il voit les larmes qui perlent de mes yeux, il se lève en silence et me prend par la main. Il me conduit aux toilettes. Et à peine entrés, je fonds en larmes dans ses bras. Je pleure. Je ne sais que fair cela, pleurer. Il ne dit rien, Mais, pose juste sa main sur mon dos pour me consoler. Autour de moi, personne ne s’offusque de la présence de Coco. On dirait que ces dames le voient aussi comme une grande sœur. Quelques minutes après, j’arrête de pleurer. Il me tend un mouchoir. - Tu as fait toute cette route pour Andrew n’est-ce pas ? me demande Coco quand je me calme à la fin. A quoi bon lui cacher la vérité ? Dorian lui a tout dit, soit lui dira tout. Je fais oui de la tête en essuyant les yeux. - C’est une histoire d’internet n’est-ce pas ? continue Coco. Pas la peine de répondre, je le vois bien. Sinon, tu n’aurais pas été si triste qu’il soit parti sans te dire un mot. Explique-moi pourquoi tu as fait ce voyage au juste Rony. Il va se marier . Cette fille a toujours été sa fiancée. Ils ont traversé une mauvaise période trois ans plus tôt, mais depuis un an, Andrew s’est remis avec elle. Et je ne le vois vraiment pas ce qui peut l’empêcher de l’épouser. Même pas toi. S’il t’aimait vraiment… - S’il te plaît Coco arrête, j’ai mal ! - Et toi, ouvre les yeux ma belle. C’était juste une histoire d’internet. Je connais Andrew, la Belgique est un petit pays. Et quand tu as vécu tout ce qu’il a vécu, tu te rends compte qu’il mérite d’être enfin heureux et stable. Je ne porte pas sa fiancée dans mon cœur, mais je sais ce que cette fille a fait pour lui et sa famille. Si c’est avec elle qu’il veut faire sa vie, laisse-le faire sa vie si tu l’aimes vraiment. Je ne peux en supporter plus, je m’effondre de nouveau en larmes, en me recoquillant sur moi. Coco me regarde pleurer, il ne sait pas quoi penser. Il voudrait comprendre la raison de mes larmes. Il se courbe vers moi, et lit en moi. - Ma pauvre fille…Que s’est-il passé entre vous, pour que tu l’aimes à ce point ? - Je lui ai juste ouvert mon âme. Coco, il a mon âme, ma vie entre ses mains…Je sais que Dodo, ma famille mes amis, et même tout le monde se dit que je suis folle de poursuivre un homme que je n’ai jamais vu. Je sais que je suis folle, mais je suis folle de lui. Durant deux ans, je n’ai rien fait de ma vie après l’avoir perdu sans savoir pourquoi. On devait se marier, il devait venir au Cameroun, on avait des projets de bonheur. Puis un jour, je n’ai plus eu de ses nouvelles. Ma vie a été un enfer, je n’arrivais plus à rien, jusqu'à ce que je me décide de venir en Belgique. Je veux comprendre pourquoi. Je veux qu’il me dise juste que ce n’était pas vrai. Que tout ce que j’ai cru ressentir n’était que le fruit de mon imagination. J’ai droit à la vérité non ? Ou alors est-ce trop demandé ? Je veux être heureuse, je ne demande rien d’autre. Coco respire, il sent ma peine, et est émue. - Je ne connais pas votre histoire, mais je peux te dire que pour Andrew, ce n’est pas et n’a jamais été facile. Il a failli perdre sa mère et sa sœur deux ans plus tôt. Il va se marier dans deux mois. Que vas-tu faire Rony ? - Je ne sais pas, je ne sais plus. J’ai juste mal, cette douleur est horrible, on dirait que mon cœur va exploser. Coco, je suis perdue, Andrew me manque plus que tout…Je l’aime.