Chapitre IX
Write by Tiya_Mfoukama
Chapitre IX
-Comment tu peux me faire une chose pareille après tout ce que je t’ai dit sur lui et moi? Demande Kala en fusillant Mayéla du regard
-C’est pas ce que tu crois, enfin si c’est ça mais… je voulais t’en parler. Je voulais qu’on en parle posément toutes les deux, et…
-Tu voulais qu’on parle posément de quoi ? Tu trouves ça normal ? Tu me dégoûtes ! Sifle-t-elle entre ses dents
Ses paroles donnent l’impression qu’elles peuvent anéantir Mayéla, devenue muette. La tête baissée, elle dandine sur elle même comme une petite fille en faute, à la recherche des mots justes pour s'expliquer. J’avais bien compris que Kala avait de l’ascendant sur Mayéla mais il y a des limites, on ne peut pas se laisser faire de cette façon puis je comprends pas le souci. Elle vient de nous surprendre en train de nous embrasser, d’accord, mais ça n’explique pas ses propos virulents.
-Tu te caches derrière l’image de la gentille cousine, bienveillante, mais c’est pour mieux poignarder par derrière. Tu faisais semblant de compatir pour moi alors que derrière tu fignolais ton plan pour mieux me poignarder et récupérer mon ex !
-Je n’ai rien préparé du tout, c’est arrivé comme ça. Au début, j’hésitais fortement à me mettre avec Shomari parce que j’avais conscience que c’était ton ex et que vous ne vous étiez pas séparés en très bons termes mais je n’ai pas contrôlé ce qu’il y a eu par la suite.
Quoi ça ? Rembobinons deux minutes, à quel moment j’ai été en couple avec Kala ?
-Bien, mets un terme à tout ça alors.
-....Kala… Je comprends que tu sois ….
-Tu préfères faire passer un homme avant notre relation ?
Placée devant elle, les mains croisées, elle soutient fermement son regard, comme si elle savait qu’en insistant assez, elle finirait par capituler. Et Mayéla qui reste muette.
Non mais c’est hallucinant de voir une chose pareille.
Parce que je lui ai conseillé quelques heures plus tôt de ne pas rentrer dans les histoires de Kala, je voulais m’abstenir d’en faire autant ici, mais plus je l’écoute et plus je comprends que “l’homme” dont elle est en train de parler, c’est moi. Sauf qu’il ne sait rien passé entre elle et moi, ce que Mayéla à l’air d’ignorer.
-Euuuh, hum hum !!! C’est très drôle ce qui est en train de se dérouler sous mes yeux parce que, voyez vous, il semblerait qu’on parle de moi sans pour autant que j’ai un mot à dire, et….
-Toi on t’a pas sonné !!! Tu viens mettre ta sale bouche dans nos affaires de famille en vertu de quoi ?
-Hey ! Écoute moi très bien parce que je ne me répéterai pas! je ne suis pas Mayéla moi ! Sur qui tu te permets de hurler comme si c’était ta fille, tu as compris ? Parce que si tu veux que je t’EXPLIQUE comment me respecter, ça va pas être un problème du tout !! Tes comportements de princesses mal baisées c’est avec tes proies là, pas avec moi ! Lui craché-je durement
-….
Elle me regarde ahurie, puis Mayéla, en lui lançant un regard tout aussi stupéfait , certainement parce qu’elle ne s’attendait pas à ce que je lui parle de la sorte. Ce n’était pas le ton que je voulais employer mais elle m’a fait sortir de mes gonds. Et comme je suis déjà bien lancé…
-Des pourries comme toi, j’en croise à tous les coins de rues, et je les mate comme il se doit, ce n’est certainement pas toi qui va venir déroger à la règle ! Foutaises ! Et je ne te laisserai pas continuer à insinuer que nous avons eu une quelconque relation poussée. Je ne pourrai jamais me mettre en couple avec une personne de ton acabit
-Tu te prends même pour qui, pour venir me parler de cette façon. Sifle-t-elle entre ses dents, en pointant un doigt menaçant vers moi
-Pour celui qui va t’apprendre le mot respect si tu ne baisses pas ton doigt.
-Shoma...Ari,..s’il te plait, essayons, essayons de nous calmer. Intervient Mayéla. Je,... je pense, je pense pas…
-Toi tu la fermes d’accord ! Tout ça c’est ta faute espèce de salope ! Je ne sais pas ce que tu es allée colporter sur moi et aujourd’hui il se permet de m’insulter. J’ai toujours pris ton partie mais toi jalouse que tu es, tu passes ton temps à convoiter le peu que j’ai. C’est pathétique. Mama Delphine avait raison à ton propos, c’est toi qui avais sûrement dû le chercher.J’ai toujours su qu’elle avait raison, j’aurais dû m’écouter et l’écouter. Ça m’apprendra !
-Kala tu ne peux pas me dire ça. Murmure Mayéla, les yeux emplies de larmes.
-Quant à toi. Poursuit-elle en se tournant vers moi sans plus faire attention à Mayéla. C’est pour une première et une dernière fois que tu te permets de m’insulter. C’est pas parce que j’ai refusé de coucher avec toi que tu dois m’inventer une vie. Être aussi instable à ton âge ça fait pitié. Finalement vous faites bien la paire. Mademoiselle la fausse vertueuse considère-moi comme morte, pour ma part, tu l’es déjà.
Heureusement pour elle qu’elle tourne les talons juste après avoir balancé ses inepties, je ne sais pas si j'aurais réussi à me contenir. Je ne suis pas violent, encore moins envers les femmes, je préfère secouer verbalement, même si certaines femmes, comme Kala, mériteraient de devenir des hommes le temps de recevoir une bonne claque.
Le bruit de la chaise, tirée par Mayéla, me permet de me concentrer de nouveau sur elle. Totalement dévastée, elle s’est recroquevillée sur elle même et pleure à chaude larmes. Ce qui a le don de m’irriter prodigieusement. Elle vient de se faire copieusement insulter mais elle la pleure comme s’il s’agissait d’un parent mort.
Je suis venu crever l’abcès avec elle mais certainement pas jouer les consolateurs. C’est pas mon rôle ! Et la raison pour laquelle elle pleure est tellement stupide, surtout après avoir entendu les propos de Kala, que ça ne mérite pas que je m’arrête.
C’est donc irrité par le comportement de Mayéla plus que les propos de Kala que je me dirige vers la porte d’entrée, puis le portail, mais au lieu de sortir, je me surprends à le fermer et faire demi-tour.
Je vais m’asseoir autour de la table à manger, en face d’elle, sans dire ou faire quoi que ce soit. Seule ses reniflements meubles le silence qui s’est installé. Moi j’essaie de comprendre comment elle peut être affectée à ce point. j’ai bien compris qu’elle était plus qu’une simple cousine, qu’elle la considérait comme une soeur, mais ce n’était pas réellement sa soeur et les propos tenus par Kala montre à quel point, elle se moquait du pseudo lien qu’il y avait entre elles. C’est la déception, le fait de comprendre qu’elle s’est largement fourvoyer sur le compte de sa “soeur” qui la met dans cet état ? Les propos qu’elle a tenus? Ou tout ça en même temps ?
-Snif
La main tremblante, elle écrase une larme, très vite suivie par une autre, puis une autre et encore une autre. Elles viennent inonder son visage rond. Elle essaie de se ressaisir en vain depuis cinq minutes.
Je passe ma main sur son visage et essuie à mon tour quelques larmes même si nous savons que cela ne sert à rien.
-Tu dois, me, me tr-trouver stupi-de, de pleurer ainsi. Hôquette-elle. Mais..Snif…
La fin de sa phrase est emportée par un trémolo qui modifie sa voix et les hoquets qui précèdent un autre torrent de larmes.
Je me lève de la chaise, puis l’oblige à en faire autant et la prends dans mes bras.
On reste dans cette position pendant un long moment, combien de temps précisément, je ne saurais le dire, mais c'est assez pour que mon polo soit trempé.
Je ne devrais pas faire ça, je ne devrais pas être là. Je ne suis pas la bonne personne. Quand je lui ai parlé d’essayer de voir ce que ça pourrait donner entre nous, c’était pas dans le cadre d’une relation de couple. Quand je lui ai dit “ je ne me vois pas dans une relation sur une longue période”, c’est tout ça que je voyais, les prises de tête, les moments ou il faut être présent pour l’autre, la vie de couple en général, et c’est tout ça que je ne voulais pas.
Alors pourquoi je suis là, et la laisse pleurer sur mon épaule ? Parce que j’ai beau faire parti de la catégorie des idiots, je ne le suis pas assez pour la laisser seule dans un état pareil.
Mais au fond ça me fait chier, parce que je ne devrais pas être là.
*****
Aie, eurk !
Je grimace en déposant ma tasse de thé sur la table basse du salon de Shomari. J’ai failli me brûler la langue tellement, le thé est chaud, et parce que je l’ai laissé infuser trop longtemps, le goût amer vient de me laisser une saveur âpre en bouche.
C’est le troisième thé que je foire. Je savais pas qu’on pouvait foirer son thé, jusqu’à aujourd’hui. Mais avec la journée que je viens de passer, plus rien ne m’étonne.
Elle est allée de mal en pis et il suffit simplement que je me répète cela intérieurement pour revoir son déroulement.
Ça a commencé avec l’appel de ma mère hier soir, pour me parler d’une réunion de famille urgente, initiée par ma’ Fofo. J’ai très vite compris qu’elle concernait Kala et j’ai tout de suite appréhendé. Nous ne nous étions pas vu depuis un mois, depuis qu’elle m’avait balancé ce qu’elle pensait de moi et demandé à ce que je la considère comme morte.
Ce soir là, avait été dure pour moi, parce que même s’il s’agissait de mots, ils avaient réussi à me blesser de la pire des façons. Et elle le savait. Elle avait parlé de maman Delphine et son mari, elle avait utilisé une de mes blessures pour m’atteindre. Elle avait fait ce pour quoi ma mère nous répétait constamment de ne jamais montrer nos faiblesses au monde. Mais, elle, je ne la considérait pas comme “ le monde”. C’est pour ça que ça a été plus douloureux.
Je ne sais pas comment se serait déroulée la suite de cette soirée et les jours qui ont suivi si Shomari n’avait pas été présent. Il est resté avec moi cette nuit là, et a pris le temps de m’écouter lorsque je l’appelais pour parler.
J’ai été agréablement surprise de voir que je pouvais compter sur lui, et ai décidé depuis de plus m’investir dans notre relation.
C'est ce qui m’a permis de ne pas trop penser à Kala, jusqu’à l’appel de ma mère et la réunion qui a eu lieu cet après midi.
Comme Shomari l’avait pressenti, l’affaire a fini par éclater au grand jour, mais ne coulant que Kala. Elle ne l’avait pas vu venir mais tonton Michel a été plus malin qu'elle. Il a parlé de sa liaison à sa soeur, puis l'a commissionnée pour aller voir ma’Fofo. Tata Auguste étant au village, il savait que maman Fofo, ferait en sorte de trouver une solution pour régler cette histoire, sans qu’elle ne s’ébruite et arrive aux oreilles de sa femme et de tata Auguste, laissant Kala dans un beau bourbier.
Ma Fofo, qui pourtant a toujours soutenu Kala dans des situations complexes, a eu des propos durs envers elle et lui a ordonné de quitter la maison, car elle n’est, dorenavant, plus la bienvenue.
Elle se retrouve donc enceinte et seule, sans personne pour l’aider.
Même si j’ai encore en mémoire les propos qu’elle a tenus, je ne peux pas m’empêcher d’avoir de l’empathie à son égard.
-Tu es sûre que ça va ? Me demande Shomari en portant sa tasse de thé à ses lèvres
-Oui. Je suis un peu fatiguée
-Si ce n’est que ça
J’esquisse un léger sourire en coin et l’imite en portant ma tasse à mes lèvres malgré mon thé amère. Au moins il s’est refroidi.
Je lui ai dit que j’avais une réunion familiale importante mais je ne lui ai pas expliqué qu’elle concernait Kala, et qu’elle était la raison de la mauvaise compagnie que je représentais ce soir. Pourtant nous étions au Jardin des saveurs, un bel endroit pour passer une soirée à deux, mais l’esprit n’y était pas.
-Je vais prendre une douche. Annonce-t-il en se levant du canapé
-Okay
Ça me permet de me replonger dans mes pensées, à la recherche d’une solution pour Kala.
Je suis stupide pour beaucoup de personne, mais elle reste une personne de ma famille, et je ne peux pas me résoudre à l’abondonner surtout dans son état et quand tout le monde lui tourne le dos.
Je débarrasse la table basse des tasses que nous avons utilisées et vais continuer ma réflexion dans la cuisine après les avoir lavées.
Je sens ma taille enlacée et mon cou parcouru de baisers doux. J’ai bien besoin de quelque uns de ses baisers pour me détendre et oublier un moment cette journée.
Je ferme les yeux quelques secondes pour mieux savourer la sensation qu’ils me procurent avant de me retourner, et lui faire face.
Il est torse nu, une simple serviette nouée à la taille.
A chaque fois qu’il se montre aussi peu vêtu, je me demande bien ce qu’il fait avec moi. Il est à tomber, et je ne dis pas ça parce qu’il s’agit de mon homme, mais il est vrai-ment à tomber. Il pourrait regarder un type de femmes qui iraient beaucoup plus avec sa personne mais non, il se contente de moi. De moi et mes rondeurs, de moi, mes rondeurs et mes baisers… De moi, mes rondeurs, mes baisers et rien d’autres puisque jusqu’à présent, nous n’avons toujours pas franchi le pas. Je préférerais attendre un peu plus, ce qui ne semble pas être le cas de Shomari, comme me le montre ses baisers un peu trop poussés.
Ce n’est pas comme si je ne voulais pas, mais j’ai un petit problème technique qui me bloque un peu.
-Et si tu restais dormir ici ce soir. Me demande-t-il entre deux baisers
-Pas possible. Demain je vais à l’église, et j’ai aucune affaire ici
-Si tu en as une, celle qui tu as récupéré chez ton tailleur
Oh mince, j’avais complètement oublié
-Et je te déposerai devant l’église pour être sur que tu ne manqueras rien. Complète-il en déboutonnant mon chemisier.
-Non mais...ahhh….Ari… C’est pas...non…
Il alterne entre petites morsures dans le cou, souffle chaud derrière l’oreille et titillement du lobe avec le bout de sa langue. Ses mains s’activent sur mon corps, accentuant les sensations de bien être que me procurent ses baisers.
Peut-être que je me fais des films pour rien et qu’il n’y aura pas de souci.
Je le laisse nous guider jusqu’à sa chambre, et me retirer mes vêtements avant de m’allonger sur son lit.
-Non ! Tu peux laisser, la lumière éteinte? J’ai… j’ai les yeux fatigués. Dis-je en le voyant tendre la main vers l'interrupteur.
Il est pas obligé de voir mes vergetures sur mes seins et mes cuisses, ou mes bourrelets un peu trop prononcés ou toutes autres imperfections de mon corps, dès le premier soir.
D’ailleurs, je suis certaines qu’en les voyant, il n’aurait plus autant envie. Qui aurait envie devant un corps disgracieux ?
Cette dernière pensée finie par me crisper…
-Détends-toi. Murmure-t-il en prenant un de mes tétons en bouche, tout en caressant du bout des doigts l’intérieur de mes cuisses
Ça a le mérite de me remettre dans le bain.
Je soupire de plaisir et me montre à mon tour entreprenante.
La tension sexuelle présente dans la pièce ne fait qu’augmenter, tout comme la température de nos corps. Je remue tel un asticot sous ses caresses et l’implore de ne pas s’arrêter. J’avais oublié que s’était si bon !
Je distingue son ombre se pencher vers sa table de chevet avant de se positionner de nouveau entre mes jambes. Il me mordille les lèvres et m’embrasse tendrement au début, puis intensifie son baiser qui devient fougueux. J’y réponds avec beaucoup de ferveur, me cambrant et m’offrant un peu plus à lui
-hum, aie, outch...hummm
Je me raidis dès que je le sens à l’entrée de mon intimité. Une sensation de brûlure extrême accompagne son entrée et s’accentue au fil de ses allées et venues. Elle s’intensifie et s’apparente dorénavant à des coupures tranchantes. C’est tout bonnement insupportable.
-Retire-toi, je t’en prie ! Hurlé-je de douleur
-Quoi ?
-AAAIIIE !
Je le repousse vivement et m’éloigne de lui, au plus vite.
C’était pas une bonne idée, aie, je le savais !