Chapitre XI
Write by Tiya_Mfoukama
Chapitre XI :
« —Pour faire court, on a un souci de régulation de la tension et le montage de cellule en série n'est pas optimisé ? je résume la situation.
—C'est ça. Et si la tension n’est pas régulée, pour un téléphone…
—Ça peut être dangereux, je sais. je soupire las. On a une année pour trouver une solution.
—Mais ce n’est pas que ça Dylan. L'idée est peut-être bonne mais je suis pas certain que la population soit prête. On a une bonne position sur le marché, on devrait sortir la version soft qui consolidera notre place, plutôt que de présenter un téléphone avec des plaques d'éoliennes qui feraient office de batterie. On doit sortir un produit l’année prochaine mais on a pas le budget pour les deux projets. C’est l’un ou l'autre, et entre nous, je doute que l’on puisse trouver une solution au problème de tension, qui vient s’ajouter au souci d'assemblage et de présentation.
—Je sais… On va organiser une réunion pour confirmer qu’on se concentrera exclusivement sur “Shine” V1. j’annonce sans grand enthousiasme….Merci pour ton retour Maël.
—Je t’en prie, mais fait pas cette tête. Shine V2 sortira un jour, et fera un tabac.
—Hum hum, je sais… allez, rentre chez toi. Je veux pas de problème avec ta femme.
—Non, ça va, elle est compréhensive. Tant que je ne meurs pas au travail, et que je ne l’oublie pas trop souvent, elle est cool. J'ai reçu un message de sa part avant qu'on rentre en réunion tous les deux. il ajoute en sortant son téléphone portable, le sourire aux lèvres. Regarde ça
« Bébé, si tu rentres avec des croissants de la croissanterie, je pourrai peut-être oublié que tu m'as posé un lapin ce midi. Bosse pas trop. Je t’aime. »
« —elle est dingue. il ricane en rangeant son téléphone. Elle se laisse soudoyer avec de la bouffe. »
Ça notion de femme dingue est charmante, il n’a pas rencontré la mienne.
« —Tu devrais y aller maintenant.
—Bien chef. il lance en se levant. Toi aussi tu devrais y aller, t’as vraiment pas bonne mine.
—…
—Tu sais que la nuit c'est aussi fait pour dormir. Madame et toi n’êtes plus considérés comme des jeunes mariés. il ponctue sa phrase d’un clin d’œil.
Si seulement il savait.
« —Au fait, quand est-ce que tu nous la présente ? Déjà que tu t’es marié sans nous inviter. il marmonne, l’air faussement contrit.
—Je te l’ai dit , on s’est mariés en pensant qu’elle ne resterait pas si longtemps au pays...
—Mais après le mariage, elle a décidé de rester pour ta belle gueule. il termine. La pauvre, elle s’est faite avoir.
Je souris, et lui affirme que j’arrangerai ce point d’ici là avant de le regarder prendre congé.
La porte se referme, et enfin je me laisse aller dans mon siège. Dire que je suis fatigué serait un adoucissement de la vérité. Ce mois-ci, j’ai passé plus de temps dans mon bureau, faisant de lui ma nouvelle demeure. Quand je pense à rentrer, dans ce qui est sensé être ma “maison”, c’est seulement pour dormir dans un vrai lit pendant une heure ou deux. Quoique, le canapé lit qui trône dans le mini salon aménagé, n’a rien à envier à mon lit.
J’ai bossé comme un forcené sur “Shine” V2, parce que je croyais en son potentiel, j’y crois toujours, mais les soucis en commencé à s’accumuler et le ratio entre leur résolution et leur nombre grandissant était bien trop déséquilibré. Les soucis créant le déséquilibre…
« —Ah non Dylan ! Non ! Pas ce soir. gronde Betty qui vient d’entrer dans mon bureau. Tu ne vas pas dormir ici !
—…..
—Tu vas prendre tes affaires et partir !
—J’ai un tas de choses à voir et à faire.
—Et bien tu le feras demain. Je te laisse dix minutes pour partir.
—Je peux pas….On annule la sortie de Shine V2, et on se focalise sur Shine V1. je l’informe en balançant ma tête vers l’arrière.
—Oh… Je vois….Je suis désolée pour toi, je sais combien ça te tenait à coeur.
—T’as pas à être désolé. Ce n’est pas comme s’il n’allait jamais sortir, ça prendra juste plus de temps. Ce qui lui permettra d’être plus performant, et “Shine” V1 n’est pas si mal. Avec l’équipe marketing qu’on a, je ne doute pas qu’il sera bien accueilli.
Ce ne n’est pas ce que je voulais, mais ces derniers temps, la vie s’évertue à m’apprendre que l’on n’obtient pas toujours ce que l’on veut...
« —Okay, je suis contente que tu le prennes comme ça, mais ça va rien changer au fait qu’il te reste sept minutes pour ranger tes affaires.
—Betty, faut que je mette à jour sur “Shine”V1, et…
—Bla-bla-bla, j’entends rien. On ne discute pas…. Dylan regarde toi, tu as vraiment l’air mal en point, et je m’inquiète pour toi. Je te demande de rentrer chez toi et te reposer s’il te plait.
Devant l’air qu’elle prend, je suis obligé de capituler et ranger mes affaires. Betty est l’une des seules personnes qui me maintient, si je peux le tourner comme ça, et me la mettre à dos parce qu’elle a à cœur ma santé serait une grossière erreur. Puis je suis ça ne pourra qu’atténuer les maux de tête que je ressens. Je glisse quand même deux, trois dossiers dans ma sacoche, puis éteint mon ordinateur.
« —J’espère que tes affaires sont également rangées parce qu’il est hors de question que je parte pour te laisser.
—il reste encore deux minutes dans mon chrono. elle lance en se levant précipitamment du fauteuil où elle est assise.
Je vérifie que tout est fermé ou éteint, puis sors de mon bureau pour la rejoindre.
« —Prête ?
—Oui patron !
—Je te dépose ?
—Je veux bien. Je me sens pas d’arrêter un taxi. »
Je vais me faire un plaisir de jouer les taximen, ça m’évitera de rentrer plus tôt.
*
* *
Le but, c’était de rentrer, essayer de manger et dormir, pas rentrer, trouver des problèmes et augmenter mes maux de tête, je me dis en voyant Drew, Lisa et Rosy.
« —Mais qu’est-ce que vous faites là ?je leur demande en les saluant un à un.
—Rosy et Drew partent demain, on s’est dit que ce serait sympa de se voir, mais on dirait qu’on a mal pensé. lance Lisa sur la défensive.
—Non, non, pas du tout mais…. Où...où est Tiya ?je demande avec prudence.
—Dans la cuisine avec son amie. me répond Rosy.
—C’est peut-être pas si mal. ajoute Lisa dans sa barbe. »
Je feins de ne rien entendre, et poursuis mon petit interrogatoire. Lisa est du genre rancunier et lors du dernier déjeuner organisé ici, elle s’est pris la tête avec Tiya. Rien de bien grave mais assez pour que Lisa ne puisse plus se forcer à supporter Tiya, qu’elle ne sent pas depuis l’instant où elle l’a rencontré, pour reprendre ses propos, qu’elle ignore que je connais.
Ce soir, je ne suis pas prêt pour une bataille avec Tiya. Je l’évite autant que possible, mais quand la bataille est inévitable, je fais au moins en sorte d’être debout. Actuellement, je ne suis que l’ombre de moi-même et face à elle, je ne suis pas certain de tenir, alors je tente une petite fuite.
« —Je ne suis même pas sûr qu’il y ait quelque chose à manger ici. On pourrait aller chez Jesse et prendre à manger en route. Ça parle à quelqu’un ? je demande sur un ton faussement enjoué.
—Pas la peine, on est déjà là puis ya Jesse est en chemin avec la bouffe. m’informe Drew. Il est passé chez Raym’s.
—Ah…Okay…
Tentative échoué. Soucis à l’horizon, je me dis en me passant ma main sur le visage.
« —Ya D, ça va ? me questionne Rosy, d’une voix inquiète. T’as pas l’air bien.
—Ouais…Ouais, c’est..le boulot. je souffle dans un soupir.
—Tu devrais te reposer. Regarde les valises sous tes yeux et tes pommettes, elles sont creuses !
—C’est vrai ça, t’as vraiment pas l’air bien. renchérit Drew.
—T’avais meilleure mine quand t’étais célibataire. ajoute Lisa.
—Lisa. je dis fermement en coulant un regard mauvais vers elle.
La vie avec Tiya n’est pas simple, mais je me dois d’assurer un semblant de « respect » à ma « femme », du moins le temps que durera cette mascarade.
« — Laissez-moi quinze minutes et je reviens. j’annonce en allant vers les escaliers menant aux chambres.
Des éclats de rire me parviennent quand je passe devant la porte de la cuisine, et je reconnais parfaitement celui de Tiya. Les soirs où je rentre, je peux l’entendre rire aux éclats jusqu’à 3heures alors qu’une chambre sépare la sienne de la mienne. C’est pour dire…
Elle doit se féliciter du plan machiavélique qu’elle doit avoir eu le temps de fulminer entre l’arrivée de mes frères et sœurs et la mienne.
Un frison me parcours l’échine quand j’entre dans ma chambre. Les pelviennes sont levées et une brise se charge de rafraîchir la pièce. Je retire mon t–shirt, puis baisse les yeux sur ma ceinture et constate en la débouclant que j’ai encore gagné une taille en moins. Y’a quand même un peu de positif dans tout ça, je me dis en riant. J’ai réussi à perdre le petit ventre de buveur que je tentais vainement de perdre, et mes tablettes sont plus visibles. Je retire le reste de mes vêtements et entre dans la cabine de douche, où un jet d'eau froide, m’accueille et masse mes muscles endoloris.
Une quinzaine de minutes plus tard, je suis installé dans la salle à manger, propre comme un sous neuf et revigoré pour un temps. Court, certes, mais qui devrait faire l’affaire, le temps de ce repas.
« —Ya D t’es avec nous ? me demande Rosy, l’air toujours aussi inquiet.
—Ouais, je suis juste un peu fatigué, mais je t’ai dit, ça va.
—Tiya, il mange bien ? Il dort bien ? elle la questionne en se tournant vers elle. Tu sais, il aime tellement son travail qu’il ne sait pas s’arrêter et écouter son corps qui lui demande du repos. S’il te plait yaya surveille-le et arrête-le quand il en fait trop. Nous, ils ne nous écoutent jamais quand on parle mais toi tu es sa femme, je suis certaine qu’il t’écoutera.
Je tique quand Rosy appelle Tiya yaya, et la concerné également, je le vois à son regard fuyant.
Rosy a toujours été respectueuse de ses ainés et même si c’est à Tiya qu’elle voue cette marque de respect, ça me fait plaisir de la voir agir comme ça. Je sais que ma femme, ma vraie, sera respectée par elle.
« —Ah Rose ! Donc moi tu ne te soucis pas de savoir comment je vais, si je mange bien, il n’y a que Dylan qui compte. Intervient Kyle pour couper court à toute réponse déplacée ou non de Tiya. »
Je le remercie silencieusement.
C’est mon frère d’une autre mère, celui a qui je ne cache rien depuis notre rencontre au collège. Il est le petit frère de Jesse, et le grand frère de Lisa, Drew et Rosy au même titre que moi. Et c’est sans surprise que je le découvre ici.
« —Avec tes joues là, et ta façon de manger, je ne peux pas m’inquiéter pour toi. Je sais que tu vas bien.
—Ça veut dire quoi ça ?
—Ah pardon yaya, c’est pas dans ma bouche que tu vas manger ton piment !
—Rosy c’est maintenant comme ça entre toi et moi ? Mais Londres t’a changée petite…. »
Je suis en train de piquer du nez, malgré mes efforts pour m’accrocher aux rires des uns et des autres.
Ma condition est quand même bien minable. Aux yeux de mon entourage, je suis le prototype de l’homme heureux, marié à la femme que j’aime, travaillant dans l’entreprise familiale où j’exerce un métier passionnant qui me permet de m’enrichir, alors que la réalité est tout autre. Je suis en perpétuelle lutte avec cette femme que je ne connais pas, mais qui a vocation à me faire vivre un enfer sur terre, je bosse comme un dingue pour des projets qui finiront d’asseoir la réputation de mon père, prompt à s’attribuer tout le mérite. Ça ne me dérange pas, cela ne m’a jamais dérangé. Je ne bosse pas pour le mérite, mais parce que j’aime ce que je fais et que je trouve une satisfaction à l’idée de savoir que j’ai contribué à améliorer la condition même d’une personne. Non, vraiment ça ne me dérange pas. Toutes les décisions que je prends concours au bien de ma famille, et les personnes sous ma protection et je ne les regrette pas…même si j’aurais aimé qu’une fois, rien qu’une fois….
J’éloigne cette pensée de ma tête et réussis à discrètement me rendre dans ma salle de travail ou je m’installe sur la banquette adjacente à mon bureau.
« —Hey !
—Ça va ?
—C’est plutôt moi qui devrait te poser cette question. T’as vu ta gueule ? Y’a longtemps que t’as pas mougou hein ?!
—T’es con Kyle. »
Je me redresse, prends une posture assise pour faire face au fauteuil où il est installé.
Il a beau afficher un petit sourire taquin en coin, je sais qu’il me scanne et s’inquiète pour moi. A tort.
« —Ça va toujours pas ici? m’interroge Kyle.
—Mais si ! Qu’est-ce qui te fait dire le contraire ?
—Genre c’est à moi que tu veux mentir ?Avec la tête que tu fais ?
—Tiya est quelque peu…énergivore.
—Tu ne l’appelle plus Marie-Claire?
—Y’a Marie dans Marie-Claire et Tiya est tout sauf une sainte. je réponds du tac au tac. »
Kyle éclate de rire et je le lui.
« —Ose encore me dire que tout va bien ici.
—J’ai pas dit que tout allait bien, et c’est vrai que la situation entre elle et moi reste inchangée, mais y’a pas que ça… Le boulot aussi c’est compliqué. je lui avoue avant de lui annoncer la décision que j’ai prise cet après-midi, concernant “Shine”V2.
—Aïe! Ça doit être dur. il grimace.
—Non, ça va. Je vais pouvoir dormir un peu plus.
—Comme si tu pouvais réellement faire ça. il me taquine. Envoie une note vocale à Jesse et on va écoute ce qu’il va répondre.
—Mais je suis sérieux… Je vais même pas lui envoyer de note, je vais le lui dire. je lance en plaisantant.
—Il n’est pas là, il est parti quand je venais. Il devait rentrer tôt pour finaliser une présentation pour demain.
Je m’apprête à lui répondre quand une pensée fait tilt dans mon esprit. Jesse absent, et Kyle avec moi, il n'y a personne pour gérer Tiya et ses coups farfelues.
« —On devrait y retourner. je dis en me levant d’un bon. »
Je lâche un soupir de soulagement en la voyant sortir de la cuisine quand j’entre dans le salon. Je m’affale de nouveau dans le premier siège libre que je vois, et constate, une fois Emeraude assise, qu’il n’y a plus de place pour Tiya.
« —Y’a plus de place pour Tiya? demande Drew.
—Pour ce qu’elle apporte, elle peut remonter. Marmonne faussement Lisa pour être entendue de tous.
—Tu peux t’asseoir sur les genoux de ton mari. Propose aussitôt Rosy, un sourire en coin.
Contre toute attente, elle opte pour cette proposition et vient s’installer sur mes genoux, ne se retenant pas de mettre tout son poids.
« —Tiya. je murmure.
—Oui chéri ! elle répond à haute voix.
Lisa tire une tronche de long, pour ne pas changer tandis que Rosy sourit de toutes ses dents, ce qui me fait froncer des sourcils.
Il y a quelques semaines, je l’ai entendu discuter avec Drew et Lisa qui lui confiaient avoir du mal à croire en cette union. Tandis qu’elle, elle affirmait le contraire, justifiant le manque de contact, de marque d'affection en public et de promiscuité entre Tiya et moi par une gêne, un désir d’être pudique face au autres.
J’ai aussi remarqué qu’elle appréciait beaucoup Tiya et c’est ce qui me fait froncer les sourcils. Autant je n’aime pas l’attitude de Lisa, autant j’aime la distance qu’elle a instaurée entre Tiya et elle. Au moins, le jour où toute cette mascarade prendra fin, elle n’aura pas de mal à s’éloigner d’elle.
« —Tu m'écrases la cuisse. je siffle entre mes dents.
—Mais je ne suis pas bien installée !elle lance en gigotant de plus belle.
—Tiya arrête tes enfantillages ! je crache presque en l’immobilisant par les hanches
—Mais je te dis que….
—Désolée d’interrompre votre discussion ya D, mais je voulais savoir si ça vous dérangeait Tiya et toi que je dorme ici ?
Oui, Oui, Oui ça me dérange, ça me dérange fortement, même ! Mon masque de joie est sur le point de se fissurer et si dans l’heure qui suit, je ne l’ai pas retiré, tout le monde saura que rien ne va… Mais je ne peux pas lui dire tout ça alors je m’entends lui dire :
« —Ouais bien sûr.
—Moi aussi je vais rester ajoute Drew. »
Kyle intervient, encore une fois pour me sauver la vie. Il propose à Rosy, Drew et Lisa de continuer la soirée dans un bar pour profiter de leurs derniers moments mais les deux premiers refusent tandis que la dernière accepte de le suivre.
Ce n’est pas un strike, mais il a quand même réussi à éloigner la plus coriace.
« —J’annonce déjà, je vais dormir dans la chambre du fond ! prévient Drew. »
La chambre du fond, celle que j’occupe et qui contient toutes mes affaires ? Hors de question.
C’est signer la fin de ce mariage avant l’heure.
Drew à la fâcheuse tendance de parler. Trop parler. Sur tout. Absolument tout. Il ne peut rien entendre sans le garder pour lui. Comme si ça le dérangeait de garder tous les secrets qu’il entendait où qu’on lui confiait, par inadvertance la plus part du temps. Un vrai perroquet avec option téléphone arabe par moment.
« —Tu peux pas. je balance tout de go.
—Pourquoi ?
—Euhh….euhh
—Je l’utilise. Intervient Emeraude.
—Et tu ne peux pas dormir avec Rosy ? lui demande Lisa pas encore partie.
—C’est que…je dors tellement mal.
—Mais bien sûr. elle souffle en levant les yeux au ciel. Dis-moi avec qui tu traines, je te dirai qui tu es… Bon Kyle, on y va. Rosy, Drew, on se voit demain à la maison, ya D à plus. »
On sait tous ce qu’elle a voulu dire par là, mais personne n’a relevé son pique. Moi le premier, trop occupé à cherche une parade pour Drew.
*
* *
« —Roh ! Tu prends toute la place ! Pousse-toi ! elle grince en faisant claquer sa langue.
—… »
Fatigué d’essayer de discuter avec elle, je m’assieds sur les bords du lit, récupère mon téléphone et sors de la pièce, sans plus me soucier d’elle.
Sur la pointe des pieds, je rejoins mon bureau et m’installe derrière mon siège sans allumer les lumières. Drew qui dort finalement sur l’un des canapés pourrait se réveiller et venir me poser des questions.
Le temps d’une dizaine de seconde, je me demande si je dois m’allonger ou allumer mon pc portable pour bosser. Bien que mon corps me crie de tout lâcher.
Résigné à le faire mentir, alors qu’il y a encore deux heures, je n’aspirais qu’à dormir, j’ouvre mon pc et commence la lecture d’un rapport…
« —Non mais ya D t’es pas sérieux. chuchote Rosy avec force. Je vais prévenir Tiya et elle va pas être contente.
—Non. je l’arrête en haussant le ton. Je veux dire… Laisse tomber… Je..je voulais relire quelques notes m’assurer que tout était en ordre.
—Mais tu peux le faire à tes heures de travail, la nuit c’est fait pour dormir !
—Je sais, je sais. je dis en levant les mains en l’air. Mais toi, t’es débout pourquoi ?
—Envie d’aller aux toilettes.
—Ah okay, bah je te laisse retourner dans ta chambre, je remonte dans quelques minutes.
—Je t’attends ! elle m’annonce fermement. »
Je souris. Sous la lumière de la lune, elle parait plus âgée, plus mûre, plus femme.. Ou c’est peut-être moi qui voit enfin que ma petite sœur n’est plus aussi petite que je l’imagine encore, qu’une belle jeune femme à pris la place de la petite chipie qui me suivait partout en criant mon nom.
« —Dans ce cas. »
Je referme mon pc, et remonte avec elle.
Après l’avoir saluée, je fais une prière intérieure pour que Tiya soit déjà endormie, puis ouvre la porte de sa chambre. La encore le clair de lune éclaire la pièce. Il dessine les courbes de sont corps replié en position fœtale sous les draps. Elle donne dos à la porte d’entrée mais le soulèvement de son corps régulier me laisse croire qu’elle est endormie.
Doucement, je me glisse sous les draps, et laisse lentement ma tête reposée sur l’oreiller emplit de son parfum.
Elle se met à gigoter puis se retourne et me fait face.
Je contemple les traits de son visage parfaitement visible, et les redessine du regard. Il est toujours aussi juvénile et a un air doux qui s’accentuent à chaque fois qu’elle retrousse son nez ou fronce des sourcils.
« —Arrête de me regarder comme ça. elle murmure avant d’ouvrir ses yeux.
—…
—Tout à l’heure…Tu prenais vraiment trop de place, mais je n’ai pas dit ça pour que tu….tu t’en ailles…C’était simplement parce que tu…tu prenais trop de place. elle finit, le regard fuyant. »
Elle doit être atteinte d’un dédoublement de la personnalité parce que les fluctuations de son comportement son digne d’un échange entre docteur Jekyll et Mister Hyde. Elle peut se montrer innocente, et compatissante comme maintenant, au point qu’on lui donnerait le bon Dieu sans confession, tout comme elle peut quelques heures plus tard, se comporter comme la pire des garces qui décide de donner des leçons au Diable.
« — Tu te souviens de cette fois où on s’est rencontrés ? Tu m’as dit ne pas être une sorcière, ni une sirène. Tu maintiens toujours ta version ?
—J’ai reconnu que j’étais parfois aussi méchante qu’une sorcière.
—Et t’avais oublié de dire que t’étais aussi chiante qu’une gamine de quatre ans. »
Elle arque un sourcil et j’ajoute :
« —Tes caprices journaliers sont dignes d’une gamine de quatre ans.
—Je ne veux pas rester dans ce mariage, je ne l’ai pas voulu !
—Et tu penses que moi je l’ai voulu ? Je suis aussi coincé que toi sauf que je ne te rends pas la vie difficile. Je ne fais pas des caprices pour une place assise.
—J’étais pas bien installée. Elle argumente, comme si je parlais des faits de la soirée en particulier.
—Pourtant tu ne pesais pas le poids d’une plume.
—Y’a pas si longtemps, tu n’avais aucun mal à me soulever.
—T’avais pas autant grossi. »
Elle ouvre grandement ses yeux et met une main devant sa bouche. Je souris.
Notre échange est surréaliste quand on sait que quelques heures plus tôt on se lançait des propos qui ne volaient pas haut, mais ça a toujours été comme ça. Les rares fois, où nous avons parlé. C’est peut-être arrivé deux fois, qu’on réussisse à discuter aussi calmement pendant cinq minutes, sur un sujet banal, mais jamais aussi longtemps et aussi simplement.
« —Retire ce que tu viens de dire.
—…
—…retire. elle répète en grimpant sur moi. »
Mon regard moqueur accroche le sien, sans rien dire, avant de glisser vers sa poitrine.
« —retire, ce que tu viens de dire ! elle répète de nouveau, en tendant de me frapper l’épaule. »
Je stoppe son bras, et continue d’observer les mouvements de sa poitrine. Je devine qu’elle est exempte de tout maintien. Les pointes de ses tétons sont fermement dressées.
Je lâche sa main et tire sur le col de son marcel divulguant son sein fièrement tendu. Je déglutie puis le porte à mes lèvres.
Une demi-heure plus tard, alors qu’elle est complètement haletante, le corps tremblant et tente de contenir ses cris en enfouissant sa tête dans l’oreiller, je m’agrippe fermement à ses hanches et me laisse aller.
*
* *
Pour la première fois depuis plusieurs mois, je me réveille sans migraine, sans l’impression d’être encore plus fatigué qu’à mon couche, comme si j’avais dormi d’un sommeil du juste. La vérité est que mon sommeil a été rallongé, je me suis octroyé un peu plus que mes quatre heures voire cinq heures habituelles quand je suis « gentil » avec moi-même.
Je sens un corps chaud à côté du mien, allongé sur le ventre et qui dort paisiblement…
Je sais ma verge tendue et mes pensées bien suicidaires, mais toujours est-il que je me glisse au dessus d’elle, et la pénètre lentement. Mais à la place d’une panthère rugissante, cherchant à me trucider pour l’avoir pénétré sans son consentement, je trouve un chaton qui ronronne à chacun de mes coups de reins et semble en vouloir plus.
Son sommeil n’est pas si profond que le laissait présager sa respiration, puisque les yeux clos, elle se met à gémir et se cambrer un peu plus…
Je me retire lentement sous ses grognements, parcours son échine du bout de la langue avant de glisser ma langue entre ses lèvres pour jouer avec son bouton brun puis la pénétrer de ma langue. Ça a le mérite de lui arracher des grognements plus profonds…
J’alterne entre ma langue et ma verge, jusqu’à ce qu’elle soit parcourue de soubresauts et qu’il lui faut mordre l’oreiller pour étouffer ses cris…
Je me demande s’il m’est déjà arrivé de ne pas être au bureau avant 10h. De mémoire, cela ne m’est jamais arrivé. Aujourd’hui sera une grande première, je me dis en boutonnant ma chemise que j’ai pris hier soir, ainsi que mon costume, avant d’Emeraude ne s’installe dans ma chambre. Je n’ai même pas eu le temps de me mettre à la page sur le dossier « Shine » V2.
J’en suis là dans mes pensées, quand Tiya sort de la salle de bains, en sous vêtements, et glisse sous les draps changés.
On les a changés y’a moins d'une demi-heure juste après qu’elle ait joué les amazones. On les a changés dans le silence, sans avoir besoin de discuter. Parce qu’il n’y avait, il n’y a, et il n’y aura rien à dire. C’était une trêve, un accord tacite entre elle et moi, et quand je franchirai la porte de la chambre, on aura tout oublié.
« —Je suis désolée, je voulais prendre le petit déjeuner avec vous sauf que je me suis pas réveillé. je dis en trouvant Rosy et Drew attablés
—Pas de souci ya D. me répond Rosy avec le sourire. Je note que ta femme et toi me devez un petit-déjeuner et puis c’est tout.
—Bonjour. marmonne Tiya avant de prendre place sur une chaise
—Bonjour Tiya ! J’ai un message pour toi de la part d’Emeraude. Elle avait une course urgente à faire en matinée, mais elle m’a dit qu’elle reviendrait et que tu t‘avais pas intérêt à bouger.
—Ah…Okay. elle souffle en prenant une tasse.»
Je me rappelle que depuis leur arrivée, je n’ai pas eu le temps de leur remettre à Rosy et Drew l’enveloppe que j’avais prévue pour eux. Ils ont tout les deux validée leur année, Drew obtenant son master et Rosy sa licence. Je sais que cette enveloppe ne comblera pas les moments non passés avec eux mais j’ose espérer qu’ils pourront profiter un peu.
« —Drew, suis-moi. je lui dis en allant vers bureau.
—Qu’est-ce qu’il y a ?
—J’ai pas vraiment eu le temps de te féliciter, ni de parler avec toi, mais je voulais que tu saches que je n’ai pas oublié. je dis en prenant l’enveloppe dans un tiroir. Ça ne remplacera pas les moments que l’on n’a pas passés ensemble mais, j’espère que ça te permettra d’en vivre avec des personnes importantes pour toi.
—Merci frérot.
—Il y a aussi l’enveloppe de Rosy dedans, je te laisse la lui donner.
—Top... »
Y’a quelque chose qui cloche dans son comportement. Son regard est fuyant, il parait distant et il n’a pas la réaction qu’il aurait du avoir en temps normal.
—Ça va ? je lui demande perplexe.
—Ouais. Ouais, c’est cool…C’est cool.
—J’ai pas l’impression. Y’a un souci entre nous ?
—Non, non..Enfin…. Je te demande pardon. il me balance de but en blanc.
—Okay ! Mais…. Pourquoi ? »
Il hésite à parler, se triture les mains, puis se frotte l’arrière de la tête une main dans les poches, et me répond niaisement :
« —Bah…Hier, tu pétais pas trop la forme, et je me suis dit ce matin que..que ce serait bien de faire un peu de sport ensemble. Ça….Ça pouvait que te faire du bien, alors j’avais dans l’idée de te proposer une séance de sport.
—D’accord mais ? Je ne vois pas où tu veux en venir.
—Tu te souviens de cette manie que j’avais de toujours ouvrir les portes sans toquer ?
—Ouais. je réponds le sourire aux lèvres. Maman disait qu’un jour tu tomberais sur des choses que tu ne devrais pas voir. »
Et comme si le moment datait de la veuille, je revois ma mère, se déguiser et effrayer Drew pour l’empêcher d’ouvrir les portes n’importe comment.
« —Bah ce matin, j’ai ouvert la porte et…
—Et…Ah. je fais comprenant, ce qu’il veut dire.
—Je suis désolé. Je pensais pas que… Enfin … Je reconnais avoir douté un peu de… de vous et…
—Tu rames là. je lance pour détendre la situation
—Complètement. il avoue souriant.
—Oublie ça, je peux comprendre. »
Tétais pas dans le faux, je rajoute intérieurement. Tu n'étais absolument pas dans le faux....