CHAPITRE XII : LE LOURD SECRET
Write by Marc Aurèle
CHAPITRE XII : LE LOURD SECRET
Mon père est mort en me laissant un lourd secret. Il s’en est allé en détruisant en moi l’image du parfait père que j’avais de lui. Même si il y a près de trente ans que les évènements se sont déroulés, je crois que le mal qu’il a fait à notre famille est énorme. J’ai mal d’autant plus qu’il s’agit d’un acte posé par le plus parfait des hommes que je connaisse. Plus l’acteur est proche, plus l’acte posé fait mal dit-on. Je ressens encore la douleur qu’à connu notre mère pendant cinq ans avant de mourir. Sidoine ADJI était trop correcte, trop parfait pour avoir orchestré la disparition du fruit de ses entrailles, ne serait-ce qu’en pensée. Et même si cette enfant, n’était qu’un bébé d’un jour, les raisons de son acte ne me convainquent pas. Je me revois assis sur la chaise, à coté du lit d’hôpital. Papa avait pris ma main qu’il sera dans sa paume. Cette chaleur qu’il savait irradier, m’avait enveloppé.
- Fiston, je dois te faire une confession avant de m’en aller.
- Pardon ! papa tu dois te reposer. Calme-toi s’il te plait.
- Je dois parler, je ne peux pas m’en aller sachant que ta sœur est quelque part dans ce vaste monde et ne pas vous le dire.
- Papa ! tu parles de quoi ? Sally est au Maroc et rentre à la fin de la semaine. Je t’en prie papa, tu as besoin de te reposer et ce n’est pas le moment de vouloir encore tout contrôler.
- Je ne parle pas de Sally. Avait-il dit.
Je réalisai, qu’il ne délirait pas, car il venait de se redresser, affichant son regard des plus solennels.
- Sally est née d’un geste gémellaire, à la seule différence que j’ai décidé de n’en garder qu’une. J’étais abasourdi.
- …
- Ta mère l’avait apprise deux mois avant son accouchement. Le médecin nous avait assuré que l’un des enfants ne survivrait pas et qu’il fallait être prêt psychologiquement pour la suite. Votre mère avait déjà plus de quarante ans et ce n’était plus le bel âge pour les accouchements faciles. Une césarienne avait donc été programmée et présentée à nous comme la seule issue pour sauver une des vies.
- … je ne savais que dire à cette révélation
- Quand vint le moment où elle devait accoucher, ta mère à refuser de subir la césarienne et contre toutes attentes, était vraiment parvenue à donner vies aux deux enfants qu’elle portait en elle. Hélas, une des jumelles n’avait pas réagi près de dix minutes après la naissance et les médecins avaient conclu à sa mort.
- Alors pourquoi parles-tu d’elle comme étant encore vivante papa ? Je vais appeler le médecin, tu dois délirer.
- Non Justin ! reste là et écoute moi jusqu’au bout.
- …
- Ta mère avait accouché aux environs de trois heures du matin. Dans la foulée, c’est vers six heures du matin que je pu me rapprocher du personnel pour récupérer la dépouille de ma fille. Mais l’on me présenta deux enfants, une vivante avec une malformation trisomique et une autre fille morte née. La sage femme m’annonça que ma fille était celle qui avait la malformation et que cela est du à la réanimation. Elle avait surtout ajouté que la prise en charge de ce genre d’enfant coutait excessivement chère et qu’elle ne voyait pas mon épouse entrain de faire face à cela.
- …. Merde papa !!!! et qu’avait dit maman ?
- Je ne l’ai jamais informé de ma décision. Elle est morte avec sur le cœur cette lourde peine d’avoir tué son enfant. Votre mère s’est auto flagellée, culpabilisée et détestée pendant cinq avant de mourir. Moi j’ai expié ce péché dans le silence de mon bureau en vous offrant tout ce que je pouvais. Mais il me manquait ce quelque chose que je n’avais pas. Le pardon de votre mère et surtout le poids de ma culpabilité si lourde. J’ai laissé un manuscrit dans ma bibliothèque que je veux que Sally lise et publie en son nom. J’y ai retranscrit mes émotions, celles de votre mère et surtout celles de mes deux filles, même si je ne sais vraiment ce qui adviendra.
- …. J’avais les larmes. Une boule dans la gorge et le cœur gros, j’avais laissé tomber la main de mon père sur le lit.
Ce fut debout, dos au lit que j’écoutai le reste de l’histoire de ma sœur portée disparue, récupérée par les parents de l’autre enfant mort né, qui jusqu’à tout récemment croyait vraiment que c’était leur enfant. Il avait finalement découvert le pot aux roses lors d’un bilan familial de santé. De fil en aiguille, ils étaient parvenus à retrouver notre père, qui n’avait hélas pas eu le temps de me donner plus de précisions avant de plonger dans le coma.
Je souffre car c’est une vérité difficile à admettre,
Je souffre car j’ai l’impression que ma colère, sa mort à dû permettre
Je suis en colère car de mes émotions, je n’avais su être maitre.
A mon père j’en veux, mais n’avait-il pas fait ce qu’il peut ?
Si sa douleur la tombe l’a entrainé,
J’ai l’impression amère de l’y avoir poussé
Et si à mes frères, j’ai du mal à parler,
C’est par peur d’être rejeté.
Et réalisé que c’était ce que père avait ressenti, à présent m’a totalement attristé.