Chapitre XV
Write by Tiya_Mfoukama
Chapitre XV
“Toc, toc, toc”
Sans même que je ne donne d’autorisation, la porte de mon bureau s’ouvre à moitié et je vois apparaître la tête de Fred dans l'entrebâillement de la porte. Je reporte mon attention sur le dossier que je suis en train de taper. J’ai bêtement pensé que la stagiaire que j’avais mis dessus allait me le rédiger convenablement, d’autant plus que ce n’est pas difficile de taper un putain de dossier quand on t’a mâché quasiment tout le boulot, mais non, mademoiselle arrive à me pondre des âneries, tout droit sorties de son cerveau de moineau.
-Tu penses que je peux te parler ou… ?
-Fred, j’ai pas le temps là. Soupiré-je. J’ai du boulot. On se voit plus tard
-Justement, je voulais te parler de ton boulot. Il n’y a rien à dire sur ce que tu fais, par contre la manière est plus discutable.
-C’est à dire ? Demandé-je en m’arrêtant de rédiger mon rapport
Il entre complètement dans mon bureau, referme la porte derrière lui et vient prendre place sur un des sièges faisant face à mon bureau. Je m’accoude au bras de mon fauteuil puis m’adosse pour mieux l’écouter. Je me demande bien quelle connerie il va me sortir.
-T’avais vraiment besoin de crier sur Sabine comme tu l’as fait et devant tout le monde ? D’accord, elle n’a pas fait ce que tu lui as demandé mais quand même, t’y es allé fort pour la reprendre
-Tu as jeté un coup d’oeil au dossier ?
-Vaguement mais ….
-Tu as regardé la partie concernant la stratégie digitale ? Le coupé-je
-Non mais…
-Tiens. Fais-je en attrapant l’exemplaire resté sur mon bureau. Lis-le et on en reparle.
-J’ai pas besoin de lire ça. C’est pas de son travail, ni du tien que je veux parler, c’est de ton attitude. Elle s’est effondrée en larmes sous tes mots
-Et alors? Tu voulais que je l’applaudisse pour son travail ? Que je la brosse dans le sens du poil ? Ça fait plus de six mois qu’elle est là et elle n’est même pas fichue de me pondre un travail correcte ! J’ai bossé avec elle sur ce dossier, elle n’avait qu’à réécrire bêtement tout ce qu’on avait vu ensemble! Quand elle me remet un dossier aussi merdique alors que je l’ai aidée et que la veille elle me pond une débilité grosse comme ça tête qui est sensé être une approche factuelle du dossier “Brest”, je ne la félicite pas. Désolé, je suis là pour travailler par pour gérer les états d’âme des stagiaires, si elle n’est pas prête à supporter la pression et quelques petites remontrances, elle peut toujours partir.
-Arrête Ari, c’était pas de simple remontrance, on sait tous les deux que tu l’as lavée comme du poisson pourri et ce, devant tout le monde. Tu voulais la ridiculiser comme tu l’as fait avec tous les stagiaires qui ont foulé le pas de ta porte ces trois dernières semaines. Tu veux être strict avec eux, les pousser à donner le meilleur ? Okay, mais avec la méthode que tu emploies, je te dis clairement, tu iras nulle part. Même moi je ne fais pas ça pourtant, je suis connu pour être le pire des tyrans. … Je te sens à cran depuis un moment, je pense que tu devrais songer à prendre quelques jours pour redescendre un peu avant que cela en pâtisse sur ton travail.
Il est gentil Fred, mais qu’est-ce qu’il peut être saoulant, et ça depuis qu’on est gamins. Toujours à tout mélanger. J’en ai marre qu’on me sorte que je suis à cran dès que je ne vais pas dans le sens des autres. Pourquoi les gens ont tant de mal à entendre la vérité ? Elle est conne, elle est conne, et si personne ne veut le lui dire, moi je me fais un plaisir de le faire.
-Ok, merci pour tes conseils j’y repenserai quand j’aurai le temps. Autre chose ?
-T’es sûr que ça va ?
-Non, ça ne va pas. Je dois rattraper le dossier “Brest” sauf que là, je peux pas me concentrer!
-Ecoute, si tu as besoin de parler…
-Fred. Le coupé-je sèchement. Tu as fini ?
Il comprend qu’il est temps pour lui de sortir de mon bureau et me laisser bosser.
Je me remets à la rédaction du dossier jusqu’à ce que mes idées me semblent incohérentes, et qu’un mal de tête monstre me gagne, à force d’avoir trop forcé mes yeux à déchiffrer les nombreuses pages qui défilent sur mon ordinateur.
Je me sais dorénavant trop épuisé pour pouvoir réfléchir à quoi que ce soit. Je ferme tout ce qu’il y a a fermer, range mes affaires puis remets ma veste, retirée à mon arrivée, avant de sortir de mon bureau. Je ne croise personne dans les couloirs, ce qui n’a rien d’étonnant, à cette heure-ci, les trois-quarts des employés ont quitté la boite il y a cinq heures, soit à dix-sept heures. Pressés de rentrer comme s’ils avaient abattu un travail de titan alors qu’ils arrivent tous vers neuf heures voire dix heures, et se comportent plus comme des fonctionnaires. Et quand demain matin, je crierai parce que le boulot n’est pas fait, on me traitera de tortionnaire.
J’arrive chez moi une demi-heure plus tard, et dépasse la cuisine pour aller prendre une douche rapide. Une fois fait, je vais m’allonger dans mon lit et m’endors presque en posant ma tête sur l’oreiller.
Le lendemain,six heures trente, je suis en train de finir une tasse de café bien corsé devant une chaîne d’information quand Lyne apparaît dans l'embrasure de la porte menant au salon
-Qu’est-ce que tu fais là ?
-Bonjour ! Comment vas-tu ?Bien j’espère, moi je vais plutôt bien. J’étais simplement inquiète parce que mon grand-frère chéri n’a pas daigné répondre aux multiples appels et textos que je lui ai passés pour m’enquérir de son état, et comme j’étais sans nouvelles, j’ai décidé de venir voir comment il allait.
-Humm….Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? Lui demandé-je en finissant mon café
-Ce que tu peux faire pour moi ? Bah je viens de te le dire. Déjà je voudrais que tu répondes à mes appels et mes textos, ce ne serait pas mal. Ensuite, tu pourrais m’accorder quelques minutes de ton temps si précieux pour me dire ce qui ne va pas!
Ce matin, je me suis réveillé du mauvais pied et j’ai prévu de mettre ma mauvaise humeur sur le dos de mes stagiaires et certainement pas sur elle. Car la connaissant, elle va en déduire qu’il y a réellement un souci et qu’il faut qu’elle “m’aide”. Étant donné, que je n’ai ni souci, ni besoin d’aide, et que je ne veux surtout pas la voir s’immiscer dans ma vie, je serre ma mâchoire et lui explique que mon comportement est dû au rush.
-Je suis certaine que ce n’est pas ça. En temps normal, même en période de rush tu réponds à mes messages, même si tu ne m’appelles pas puis tu fais l’effort de venir au brunch dominical. Là rien, ça fait un mois que tu m’évites et je veux connaître les raisons qui te poussent à m’éviter
-Mais qu’est-ce que tu vas chercher encore ? C’est le travail, je te dis ! Rien d’autre, je t’assure. Je reconnais que je me suis un peu laissé déborder, au détriment de ma vie privée, mais je vais remédier à tout ça. Je t’en fais la promesse
-T’es pas en train de me sortir ton speech pour me calmer et te débarrasser de moi?
-Mais non, je n’te dis que la vérité
-Hummm. Okay, je veux bien te croire finit-elle par dire. Et si on remédier à “tout ça” comme tu dis, aujourd’hui? Au déjeuner ?
-J’ai du boulot Lyly, pas possible
-Tu as vraiment du boulot ou tu veux cacher tes problèmes sous une paperasse de boulot ?
Là, elle va se la jouer psychanalyste si je la laisse parler.
-Je devrais finalement réussir à trouver du temps pour déjeuner avec toi petite soeur. On dit 12h30 et je te laisse choisir le restaurant. Dis-je en rassemblant mes affaires.
-Mais Shomari ….!!!
Je suis déjà dans la cour et entends sa voix au loin mais ne me retourne pas. Je l’aime beaucoup ma soeur mais quand elle s’y met, c’est dingue comme elle peut devenir chiante.
Je la retrouve à treize heures, assise à une table du mami wata, en train de déguster un poisson
-Je ne t’ai pas attendu pour commander. Dit-elle quand je prends place en face d’elle
-Tu as bien fait. Désolé pour le retard. J’ai eu une réunion qui a duré plus longtemps que prévue. Lui expliqué-je en me massant les temps.
Et qui m’a claqué comme c’est pas permis. Je me demande comment je vais faire pour tenir jusqu’à ce soir. Je me suis buté à la caféine c’est trois derniers jours et maintenant ça ne fait plus rien, c’est comme boire de l’eau. Je devrais peut-être….
“Mais est-ce que ça les vaut ?”
“bien sûr, tu penses que quoi ?”
Je reconnais, ces voix, et une en particulier. Je relève la tête pour m’assurer que je ne suis pas encore en train d’entendre sa voix partout.
Putain, j’aurais préféré que ce soit encore une hallucination. La voir en vrai, après tout ce temps, et aussi souriante m’irrite. J’ai l’impression qu’elle est en train de me narguer. Pour elle tout va bien son plan a marché, elle est enceinte et n’attend plus que je sorte mon chéquier.
Elle vient de payer l’addition et se lève de sa chaise en remettant une mèche derrière son oreille. Je remarque qu’elle est maquillée. Et elle qui me répétait souvent qu’elle n’aimait pas le maquillage, la voilà peinturluré. Je pense que c’est le personnage qu’elle incarnait qui ne devait pas aimer le maquillage, la vraie Mayéla doit sûrement apprécier.
Le rendu lui donne un air qui contraste tellement avec celui apeuré, incertaine et surtout innocente, qu’elle arborait il y a un peu plus d’un mois pour me faire croire qu’il s’agissait d’une grossesse accidentelle. On est très loin de la fille paumée qui ne sait pas quoi faire ! Je me suis vraiment fait avoir comme un bleu !
“Si je le prends en rouge, je pense que….”
Elle vient enfin de me voir.
J’imagine qu’elle va reprendre son rôle de petite apeurée intimidée qui baisse les yeux dès qu’on soutient son regard plus de deux secondes.
“...je disais qu’en rouge, il.. il serait sympa”
“Hummm”
Oh, elle ne baisse plus la tête ? Mais oui bien évidemment ! Pourquoi se tracasser à jouer un rôle quand on est pratiquement sûr d’obtenir ce que l’on veut ? La Plus de six mois à jouer un rôle ça fatigue !
Elle passe près de moi, la tête haute laissant les effluves de son parfum titiller mes narines.
“Tchiiiiiiiiip”
-Mais c’est quoi ça ? C’est à nous qu’elle a fait ça ? S’étonne Lyne en regardant Elodie.
-....
-Non mais n’importe quoi, j’espère pour elle que son tchip ne nous était pas destiné
-....
Pas à nous mais à moi en particulier.
-Ari ça va ?
-Quoi...oui. Pourquoi ?
-Tu sembles tout d’un coup crispé et ton poing est tellement serré que tes jointures sont blanches
Je porte mon regard sur mon poing droit et constate qu’il est bel et bien serré. Elle me fait sortir de mes gonds !
Il est temps de la faire descendre de son petit nuage
*****
-Elodie ? Tu comptes me bouder longtemps ?
-Mon fils a demandé la purée de mangue donc j’ai fait. Tu trouveras ça dans la cuisine
-Elo…
-Si mon fils demande autre chose tu m’appelles, si c’est toi là, ne m’appelle pas !
-Ça va durer longtemps ?
-Aussi longtemps que tu laisseras l’autre idiot s’en tirer à si bon compte. Non mais attends, il ne fait pas signe de vie pendant plus d’un mois, il ne cherche pas à savoir comment avance ta grossesse et on le retrouve tranquillement assis avec un djandjou qui mange pour 3, et toi tu ne dis rien !
-Et tu voulais que je dise quoi ?
-Mais que tu le mettes face à ses responsabilités! Pour mougou il était là mais, quand c’est dedans il tombe en brousse ? Ça veut dire quoi ? Et puis tu m’énerves à rester calme comme ça. Donne-moi la permission, je vais bien discuter avec lui et il va très vite venir assumer sa part!
-....
Je soupire en m’enfonçant un peu plus dans le canapé où je suis à moitié allongée depuis que nous sommes arrivées. Je me gère entre cette position et celle allongée parce qu’elles sont moins gênantes. Je remonte la couverture sur moi, puis attrape ma tasse de thé et la sirote en regardant Elodie s’énerver contre moi, contre Shomari, contre tout ce qui a trait à cette grossesse.
Plus le temps passe, plus je me rends compte que Dieu m’a fait grâce en la mettant sur mon chemin. En elle, je peux dire aujourd’hui que j’ai une amie totalement dévouée sur qui je peux compter. C’est tellement rare d’avoir des amis comme elle de nos jours que je chérie chaque petite attention qu’elle me porte même si c'est pour me crier dessus. Je sais que c'est parce qu'elle s'inquiète et ne veut que mon bien.
-Vraiment Mayé il faut que tu réagisses ? Si c’était moi ?! Non mais il pouvait même pas… J’allais le garant bien comme il faut !
J’éclate de rire devant la tête et les mimiques qu’elle prend lorsqu’elle s’exprime.
Je comprends qu’elle soit énervée pour moi, mais, je ne suis pas d’accord avec elle, où plutôt avec la méthode qu’elle veut employer. Oui nous étions deux lorsque nous avons conçu cet enfant, mais je ne peux pas obliger Shomari à l’assumer. C’est son droit de ne pas le vouloir, comme c’aurait pu être le mien d’interrompre cette grossesse. On ne peut pas forcer une personne à agir contre sa volonté. Je respecte son choix de ne pas vouloir de cet enfant, là où je lui en veux, c’est dans les propos qu’il a tenus me concernant. Je l’ai trouvés méchants et très lâches. Il y avait d’autres façons de se dédouaner, que de me faire passer pour une femme intéressée. C'était tellement facile et blessant. Après ce qu’il s’est passé entre nous, je peux pas croire qu’il ait osé dire des choses pareilles me concernant.
-Tu rigoles, mais moi ça ne me fait pas rire !
-Et qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Que je pleure ?
-Je t’ai dit d’agir !
-Mais je ne peux pas. Et même si je pouvais, je ne le ferai pas. C’est son choix, ça le regarde. Moi j’ai fait le choix de garder cet enfant parce qu’il n’a rien demandé à personne mais si lui ne veut pas, je ne vais pas le forcer… J’ai pas envie de me prendre la tête, tu as vu ce que ça a donné il y a quelques semaines. Dis-je en passant une main protectrice sur mon ventre… Je veux me concentrer sur cet enfant, et rien d’autre. Il est ma priorité
-Hummm....Tu as raison. Reconnait-elle en venant s’asseoir près de moi.
Elle me tend ses bras et je pose ma tasse avant d’aller m’y blottir, en souriant…
Je n’étais pas aussi calme et sereine il y a quelques semaines. Je stressais énormément, à l’idée première que j’allais devenir mère, que je serai probablement amenée à l’élever seule, puis je me ressassais les propos blessants de Shomari et j’en pleurais la nuit. J’ai passé les deux semaines qui ont suivi son départ à me lamenter sur mon sort, à me sous alimenter, et pleurer les larmes de mon corps. A aucun moment je n’ai pensé à l’enfant.
Un soir en allant dormir, je me suis rendue compte que j’avais des saignements. Je suis partie à l’hôpital est j’ai été rassuré par le médecin, qui m'a expliqué que les saignements étaient fréquents en début de grossesses. Mais j’ai imaginé le pire. Malgré les explications du médecin, je m’en suis voulue de m’être autant négligée, d'avoir autant négligé ce petit être? Je me suis promis de faire plus attention et me concentrer pleinement sur lui afin qu’il naisse dans les meilleures conditions.
-Je resterais bien avec toi, mais l’autre ours là doit manger. Grogne-t-elle
-Je te comprends, va rejoindre mon beau-frère et prépare lui un truc qu’il aime
-Il va manger ce que j’aurai la force de préparer. C’est tout !
Je souris, parce qu’on sait toutes les deux qu’elle va préparer le plat que souhaite manger monsieur.
Elle me dorlote encore un peu avant de partir et j’en profite pour faire deux où trois caprices avant de m’assoupir sur le canapé. Il n’est pas fait pour dormir mais qu’est-ce qu’il est confortable !
Malgré le paisible sommeil dans lequel je suis plongée, je ressens une sensation, assimilable à celle d’une proie qui est en train de se faire observer par un chasseur.
C’est en ouvrant les yeux que je constate que Shomari est là, assis et accoudé au bras du fauteuil se trouvant près de l’extrémité du canapé où j’ai posé ma tête, dans un costume parfaitement coupé, et surtout parfaitement porté. Il n’y a rien à redire sur sa tenue, il sait ce qui lui va et ce qui ne lui va pas. Il apparaît sur de lui impassible, ce sert de ça pour faire perdre contenance à la personne se trouvant devant elle.
En l'occurrence moi
Je me relève vivement puis réajuste ma couverture de sorte qu’elle se retrouve sur mes épaules,comme pour me protéger.
-Qu’est-ce que tu fais ici ? Demandé-je avec une voix que j’espérais neutre
-.... Je viens m’assurer que tu vas faire le nécessaire. Répond-il après avoir gardé le silence pendant dix secondes.
-Faire le nécessaire ? Répété-je choquée
Et moi qui pensais qu’il allait demander à discuter et même s’excuser pour les paroles blessantes qu’il a dites et son attitude face à l’annonce de cette grossesse mais on dirait qu’encore une fois, je me suis trompée.
-Okay, je n’ai pas de temps à perdre. Soupire-t-il en sortant son chéquier de la poche intérieure de sa veste. Cinq cent mille ça devrait suffire ? Disons soixante-dix mille pour la peine, deux cent milles pour l’enlever et le reste… Tu pourras faire ce que tu veux, pourquoi pas t’acheter l’équipement pour tes pédicures, histoires de te détendre ? C’est une proposition, tu fais ce que tu veux avec cet argent pourvu que tu me retires ce que tu as.
Il fait un vague signe de la tête, indiquant mon ventre et continue de remplir son chèque.
Je le crois pas, il est en train de me payer pour… pour avorter ?
Je le pensais sous le choc mais là ça dépasse mon entendement !
-Tu es venue me proposer de l’argent ? Murmuré-je presque, estomaquée
-C’est ce que tu voulais non ?
-.....
Je ne sais pas ce qui fait le plus mal, percevoir le dédain dans ses prunelles lorsqu’il me regarde ou l’entendre, lui, qui voulait à tout prix que je prenne confiance en moi, tenir ces propos ?
-Je te laisse deux semaines pour arranger tout ça, apporte-moi la preuve que…
“Chric, Chric, Chric”
Sur une impulsion, je déchire en mille morceaux le chèque qu’il venait de finir de rédiger et me lève pour lui ouvrir la porte d’entrée
-J’ai compris que tu ne voulais pas de cet enfant. Même si tu ne le crois pas, je te répète qu’il était accidentel. J’ai fait le choix de le garder et je ne vais pas t’obliger à suivre mon choix. Je ne te demanderai rien, ni aujourd’hui ni demain, concernant cet enfant. Tu peux dormir sur ton lit plein de billets de banque tranquille. La seule chose que je veux, c’est que tu sortes d’ici
Ma voix est chevrotante, ma vision troublée par les larmes que je peine à contenir, mais je garde la tête haute en prononçant ces paroles malgré cet instant d’humiliation qu’il est en train de me faire vivre.
-Mayéla, tu ne m’as jamais vu énervé, et je te souhaite pas de me voir dans cet état.
-Je ne te demanderai rien…
-Tu as deux semaines, passé ce délai, tu feras la maligne dans la cour des grands. Dit-il avant de sortir
Je rêve où il vient de me menacer ?