CHAPITRE XXI
Write by Bicht
Je m’observais dans le miroir, en caressant mon ventre, rêveuse, et je serai restée ainsi toute la journée si MJ n’avait pas fait irruption dans la chambre, me demandant de me dépêcher.
J’avais rendez-vous avec lui, pour qu’on règle notre divorce à l’amiable. J’ai hâte de me sortir cette épine du pied, avant d’essayer de m’en ravir d’une autre, les autres membres de ma famille que je ne côtoie pas. Mon désir le plus cher, c’est de faire naître mon bébé dans un environnement plein d’amour ; je voudrais qu’il ne soit entouré que de ça, d’amour. Il n’aura que nous, alors il faut qu’il se sente aimé comme jamais. Je ne veux en aucun qu’Ahmed et sa famille se rende compte de quelque chose. Mon enfant n’évoluera pas dans un cadre aussi malsain. Si une fuite venait à se faire, je lui parlerai en toute franchise de ma tromperie. Même si les dates ne concordent pas. Le docteur m’a dit que selon l’état d’évolution du fœtus, j’étais enceinte de 1 mois. Je ferai concorder les dates moi-même.
J’ai eu honte de mon comportement, quand j’ai appris que j’étais enceinte. J’ai eu peur de lui avoir fait mal, je pensais que c’était pour ça qu’il avait mis autant de temps avant de se manifester. Mais je fus rassurée par le médecin. Rien il était en bonne santé, c’est juste qu’il était discret. Il me demanda néanmoins d’y aller doucement avec les sucreries, mais que de ne pas hésiter de me gaver de fruit et de légumes.
Je suis heureuse, ma mère aussi. MJ et Calixte ont essayé de me faire la tête, soit disant je les tenais loin de ma vie ; ils avaient en partie raison, mais je me voyais mal raconter mes déboires au jour le jour à mes frères, je suis pour tenir un jardin secret en toute relation. Bref, ils n’ont pas tenu longtemps, ils m’aiment trop et l’idée de devenir Tonton, encore une fois les rend moins durs envers moi. Ce bout de chou n’est pas encore là, mais il est déjà mon havre de paix à moi.
On y arriva à l’heure ; la partie adverse était là lorsqu’on y entre, l’avocat de MJ et moi. Il me considéra un instant, je suppose à cause de mon accoutrement. C’est vrai que mon ventre ne se voit pas, mais j’ai décidé de changer de garde-robe ; désormais, ça sera collant et longue tunique.
- Messieurs, madame, nous sommes réunis ici afin de trouver un accord entre Mr et Mde Traore qui ont entamer une procédure de divorce ; cette rencontre a pour but de nous éviter de nous retrouver devant le tribunal. Est-ce clair pour les deux parties ici présentes ??
J’acquiesçai de la tête quand lui répondit un oui sourd et grognon. Je pris le temps de le détailler à cet instant. Il était propre sur lui, mais les poches qu’il avait sous les yeux et le regard vide qu’il abordait trahissait son manque de sommeil évident. Il avait tout ce qu’il avait toujours voulu : une femme qui s’entend bien avec sa mère et un enfant, un travail qui le passionnait, assez d’argent pour mettre sa famille au grand complet à l’abris du besoin. N’est-ce pas suffisant pour être heureux ?? Il devait sûrement avoir des problèmes au travail.
Je continuai de le détailler lorsqu’il demanda à avoir une entrevue avec moi, seuls. Maître Lokoua s’apprêta à refuser, lorsqu’il me supplia du regard.
On se retrouva donc seul ; et deux minutes passèrent sans qu’il ne dise quoique ce soit et continuais de me fixer avec cette intensité soudaine dans le regard.
- Ahmed si tu n’….
- Tu es belle.
- …….
- Je ne veux pas divorcer Lia. Me dit-il une larme à l’œil qu’il s’empressa de faire disparaître
- …..
- Je…. Je suis désolé pour tout.
- Pour quoi au juste ??
- ….
- Dis-moi ce que je dois te pardonner ??
- Mon infi enfin mes infidélités. Je….
Je ne le laissai même terminer que je me mis à rire. La nervosité je pense, parce que cette situation était tout sauf drôle.
- Tu crois vraiment que je décide de m’en aller pour des infidélités ?? il s’agit d’une des raisons parmi tant d’autre. Je ne veux plus jamais avoir affaire à toi parce que …. Tu es tellement égoïste que tu ne t’es même pas rendu compte que ton inaction vis-à-vis des insultes et méchancetés de ta mère ou non de ta famille toute entière pouvaient m’affecter. J’aurai pu continuer à les ignorer et faire comme si elles n’existaient pas, si j’avais eu quelqu’un avec qui les ignoré.
- Je …….
- Non laisse-moi finir. Tu es pire que tous les autres membres de ta famille (il me regarda étonné) tu sais pourquoi ?? Parce que tu es celui-là même qui leur donnait tout ce pouvoir et cette possibilité de m’humilier jour après jour. Quand toi qui est censé me protéger, et m’aimer car désormais ne faisant plus qu’un, est toi-même qui m’expose à toutes sortes de maux dans mon foyer, que suis-je censée comprendre ?? Tout le stress auquel j’étais confronté pratiquement tous les jours, tu aurais pu y mettre fin. Mais non, tu as préféré jouer le sourd, le muet et l’aveugle, me mettant systématiquement à chaque instant dans la posture de celle qui doit s’excuser. C’est ta famille. Je le comprends. Ils ont été là avant moi, et la preuve, ils seront toujours là après. Mais tu aurais au moins pu leur demandé de me laisser tranquille. Même sur un ton doucereux mais ferme, il t’aurait écouté, ils auraient compris.
- Je suis désolé.
- Moi aussi.
- ………….
- ………….
- Ok.
Il alla faire appel aux avocats. Ils revinrent, et nous parlâmes des bien que nous avions en commun. Je voulais juste récupérer les parts que j’avais dans son entreprise. Il me proposa de les acheter, je ne me fis pas prier. Apparemment, la maison était à mon nom. Je la lui ai vendue également.
On a signé notre accord de vente, et je signai avec rapidité les papiers disant officiellement que nous sommes divorcés. Et chacun s’en alla de son côté. Lui la tête baissée, la posture avachie. Et moi, faisant semblant de ne point être affectée, la tête haute. MJ me conduit dans un restaurant, où il fit la conversation tout seul, moi étant enfermé dans mes pensées, à réfléchir à ce mariage raté. On ne m’y prendra pas une seconde fois, ça c’est clair.
Comme je l’avais dit à MJ, les jours qui s’annoncent semblent teints de la couleur grise, mais j’ai confiance en l’avenir ; mon havre de paix sera là, et rien qu’à y penser, la quiétude qui m’habite est sans nom.