Chapitre XXVII

Write by Tiya_Mfoukama

Chapitre XXVII


“ Toc, toc, toc”

Argh ! Il est chiant, il pourrait utiliser ses clés. Moi je bouge pas.


“Toc, toc, toc, toc, toc”
J’avais oublié qu’il était du genre emmerdeur qui va toquer jusqu’à ce que ça fasse chier. Il a bien de la chance que j’aie besoin de calme actuellement parce que j aurais pu le laisser galérer sous le soleil jusqu’à ce qu’il s’épuise.

-T’as de la chance. Lancé-je en ouvrant la porte.
-....
-C’est quoi ça ? Le questionné-je en pointant du doigt le carton qu’il tient entre les mains.
-Ça, c’est le cadeau d’anniversaire de ma filleule. Je le lui avais promis mais j’ai un peu tardé à l'acquérir

“hiou, hiou, snif”
Je crois entendre des glapissements et des couinements qui rappellent fortement ceux d’un animal.

-Et c’est quoi exactement?

Tout sourire, il relève la serviette visiblement humidifiée qu’il avait posée sur le carton, ramollissant au passage les bords du-dit carton, et dévoile un petit chiot chétif, replié sur lui-même.

-Tu te fous de moi ? C’est un chiot ?
-Tu as dix aux deux yeux ! Félicitation !
-....
-Je l’aurais bien donné à Mayéla mais la connaissant, elle allait catégoriquement refuser.
-Tu as donc préféré le ramener chez moi ? Complété-je ses propos. Et tu crois que moi je vais dire oui ?
-Oui. Il sera un très bon gardien plus tard. Dit-il en me fourrant la boite entre les mains 

Je reste coi, cherchant mes mots pour qu’il remballe ses affaires en prenant son chiot, mais le temps de ma recherche, il pénètre dans la maison sans que je ne l’y invite. 
Il a vraiment de la chance que je sois totalement éreinté sinon…

Avec tout ce qu’il s’est passé les six derniers moi, je parle notamment de mon divorce avec Peny, du scandale que ça a crée dans sa famille côté maternelle, des répercutions que cela a eu sur ma famille, et les relations que nous entretenions, je me suis réfugié dans le travail pour évacuer toute la colère, la frustration, les soucis auxquels je faisais face. Travailler comme un acharné me permettait de ne pas penser à tous les soucis qui m’attendaient bien sagement sur le pas des portes battantes de l’entreprise, à la fin de chaque journée de travail.

Ça a été fortement utile et m’a permis de mieux gérer la situation, mais ce qui devait arriver, arriva; Je me suis trop donné au point de faire un burn out. Mon corps ne suivait tous simplement plus le rythme que je lui imposais. Je m’alimentais peu et mal, je dormais peu également, j’enchaînais sans me soucier des conséquences. 
Ça ne m’a pas loupé, c’est le moins que l’on puisse dire. 
Depuis trois semaines, je suis au repos et suis scrupuleusement les ordres du médecin qui consiste à dormir, manger, et se reposer. Et pour une fois, je fais ce qu’on me demande, c’est à dire que je me traîne comme une feignasse dans ma maison. 

-Elle est sympa ta nouvelle baraque. Balance-t-il en allant s’asseoir sur le canapé, inspectant la pièce où il se trouve du regard. Le quartier aussi n’est pas mal. 
-Ouais…

Je lève les yeux vers lui un court instant et suis du regard les endroits de la pièce qu’il contemple. 

-Vous avez souvent des coupures de courant ? Demande-t-il quand ses yeux se posent sur la télévision en marche mais sur muet.

-Non, c’est assez rare. Soufflé-je en déposant le carton à mes pieds.

De haut, ce chiot parait encore plus petit qu’il ne l’est. 
Il a pas l’air top son chien, ce doit sûrement être le dernier de la portée. Y’a pas d’autre explication.

-C’est quoi comme race ?
-Un labrador.

Donc ça veut dire qu’il va grandir, courir partout, pisser partout, me bouffer mes chaussures, aboyer à tout va, en bref être une vraie plaie pour moi. 
Je relève la tête vers Gui-Gui.

-Il est hors de question que je le garde. Dis-je en le fixant.

Il s’empare d’un cousin qu’il examine sous toutes les coutures, va savoir pourquoi, puis le repose à sa place et me demande sur un ton calme. 

-Humm.. T’as fait appel à un décorateur ?
-Si on veut.

En réalité, cet agencement, c’est Mayéla qui l’a pensé lorsqu’on était encore ensemble. Elle me parlait de sa passion pour la cuisine mais aussi pour la décoration. Des fois pour m’endormir lorsque je ne trouvais pas le sommeil, je l’écoutais me parler de ses idées décorations. Je tenais pas bien longtemps avec ses histoires de camaïeu, de rose corail, de bleue turquoise et consorts. Mais quelques brides me sont restés et partant de ça, la décoratrice à pu me rendre un résultat sympa. 
C’est masculin, sans pour autant ressembler à une garçonnière, les espaces sont optimisés pour une meilleure qualité de rangement, et…. C’est quoi le dernier truc qu’elle disait encore ? 
…..
Bref, c’était une autre formulation pompeuse pour me vendre son travail. Je l’avais déjà payé, elle aurait pu s’arrêter dans son speech. Faut croire que je lui avais pas donné assez pour qu’elle puise se taire. 

-J’aime bien. Le petit côté familial tout en étant intimiste.

Intimiste !
OUI ! elle a aussi évoqué le fait que ce soit intimiste.

-Sinon.. ça va mieux ? Tu te sens comment ? 
-Je vais bien.
-Sûr ?
-Sûr.

Il ne me croit pas, je le vois à sa façon de se comporter. Chacun de mes mouvements, passent par son scanner visuel, même les bruits que j’émets sont interprétés par ses oreilles, à la recherche du moindre indice qui pourrait le mettre sur la piste d’un souci. Il est inquiet. Et sentant son inquiétude, je me mets à le charrier un peu.

-Faut pas avoir peur pour moi princesse. 

Le regard de travers qu’il me lance est pile poil ce dont on avait besoin pour détendre l’atmosphère.
Ce qui est bien avec Gui-Gui, c’est qu’on peut être fâché pendant des mois, comme ça a été le cas, mais le jour où nous avons un déclic ou un souci nous nous réunissons puis cherchons une solution et, tout redevient normal, on reprend là où nous nous étions laissé.
Ce n’est pas notre première rencontre depuis le match de basket avec Matt et Fred, mais les rencontres précédentes étaient un peu plus glacial.
Ensuite, il y a eu mon burn out, où il s’est montré présent mais très apeuré suite à mon état de santé.
Aujourd’hui, on va dire que c’est le jour où on peut enfin se lâcher complètement.

En plein match de basket, alors que mon équipe est en train de mener tandis que celle de Gui-Gui peine grandement à rivaliser contre la mienne, je reçois un appel de l’école de Salomé. Il semblerait que la garderie ait oublié d’informer Mayéla qu’elle fermerait plus tôt aujourd’hui, et cette dernière est injoignable. Je conviens avec mon interlocuteur de l’heure approximative de mon arrivée et file changer de vêtements avant d’aller récupérer Salomé. 

-Tu veux m’accompagner pour récupérer Salomé ? Demandé-je à Gui-Gui en laçant mes chaussures.
-Non, je suis passé te remettre le cadeau de Wani et prendre de tes nouvelles mais je me suis déjà trop éternisé. 
-Okay, je vois.

J’attrape mes clés sur la commode où je les pose désormais mais me retourne pour lui poser une question qui me trotte dans la tête.

-Ton labrador là, il s’appelle comment ? 
-Je lui ai pas donné de prénom, mais j’ai entendu Wani dire qu’elle appellerait son animal Poppy, Tipy ou un truc dans le genre, je sais plus.

Oh ! Mais oui, je comprends mieux les “Titi de Wani” qu’elle me sert en pagaille, depuis un bon moment. Elle a une vie avec un chien imaginaire, tantôt elle se promène avec lui, tantôt elle joue au frisbee, tantôt ils partent au parc ensemble etc… . Ma fille a une imagination bien fertile. 

-Tu comptes partir sans t’occuper du chien ?
-Me saoule pas, c’est toi qui l’a ramené alors gère-le avant de partir. 

Je monte en voiture en inscrivant dans un coin de ma tête qu’il faut que j’aille quand même faire un tour à Park and Shop pour prendre des trucs indispensables à sa bête.

Une demi-heure plus tard, je suis avec Salomé dans le SAS où sont rangés les casiers contenant les affaires des enfants inscrits.
On essaie de se dépatouiller pour retrouver sa deuxième chaussette qu’elle a je ne sais comment réussie à égarer, alors même qu’elle porte l'autre au pied. 

-Tu l’as mise où Salomé ?
-Je sais plus. Murmure-t-elle en baissant la tête
-Tu ne sais plus où tu l’as mise ? Tu marches avec une seule chaussette et ça ne te dérange pas ?
-Bah, non. J’avais chaud au pied.

Et elle me dit ça, sur un ton tellement naturel que je dois prendre sur moi pour ne pas rigoler.
A coup sûr, Mayéla va m’appeler pour encore me parler de ses vêtements qui disparaissent. 
Non, je n’ai pas envie de l’entendre sur ce sujet, il faut mieux retrouver cette foutue chaussette.

-Où est-ce que tu l’as enlevé ?

La voilà qui se met à se gratter sa touffe de cheveux, puis son cou, avant de fouiller la pièce du regard. J’en déduis qu’elle n’a aucune idée de l’endroit où elle a pu la mettre. Je vais appeler sa référente, pour taper une petite gueulante mais surtout pour qu’elle m’aide à retrouver cette chaussette.
Elle s’active à chercher dans la salle de jeu, tandis que moi je cherche dans le couloir menant au SAS.

“oui bébé, je viens d’arriver. D’après ce que j’ai vu, elle n’est pas la dernière…. oui… Oui je suis passé à la Croissanterie lui prendre un pain au chocolat et un chausson aux pommes…. Quoi la salade de fruits ?.... Rohh, c’est pas deux petites viennoiseries qui vont la rendre obèse chérie, et tu sais comment elle se dépense….. Okay au temps pour moi, on repassera par Loutassi pour lui prendre une salade de fruit, ça te va ?.... Okay, je t’aime aussi. Bye.”

-Les femmes. Lance l’individu, un sourire en coin. J’ai oublié de prendre une salade de fruits.

Je souris en haussant les épaules, prêt à éclater de rire.

-Et le pire c’est qu’elle ne va pas la manger, elle n’aime pas ça. Ajoute-il
-Ma fille aussi. Je dois ajouter une grosse dose de chocolat par dessus pour espérer lui faire manger une salade de fruits.
-Ah, merci pour le tuyau, je devrais tester ça sur ma princesse.

On finit par éclater de rire, puis on se dirige ensemble vers le SAS. 
Je guette quand même les alentours, toujours à la recherche de la chaussette. En vain.

-Et coucou ma princesse ! Qu’est-ce que tu fais dans le SAS ? Lance l’inconnu en prenant Salomé dans ses bras.
-TITI DE WANI ! Crie-t-elle en l’enlaçant 

Il se passe quoi exactement. Depuis quand ma fille saute dans les bras d’inconnus ? Et il n’y a personne qui intervient ? Il peut la kindnapper sans que personne ne s’en aperçoive ?

-Excusez-moi mais … Vous faites quoi là?

Wani d’une main, Il se tourne lentement vers moi après lui avoir donner le sachet de la Croissanterie contenant les viennoiseries. 

-Je viens récupérer ma fille.
-Vraiment ? J’aurais juré que c’était la mienne. Salomé ?
-Oui papa ?
-Descends.
-Oh…. Vous… Vous êtes Shomari ? Dit-il plus comme une affirmation qu’une question.
-Et vous vous êtes ?
-Thierry, le compagnon de Mayéla.

Quoi ça ? 
Depuis quand Mayéla à quelqu'un dans sa vie ? C'est des conneries, sinon elle me l'aurait dit, ce qui n'est pas le cas. 

-Elle n'a jamais fait mention d'une quelconque relation et encore moins de vous dans nos conversations. Qu'est-ce qui me prouve que ce que vous me dites est vrai ? 
-Je n'ai pas d'intérêt à vous mentir, et vous avez pu constater la réaction de Wani quand elle m'a vu. Je suis venu la récupérer parce que Mayéla ne pouvait pas, elle avait beaucoup de boulot.

-Elle avait beaucoup de boulot. Répété-je en tirant Salomé vers moi.

Si tant est que son histoire soit vraie, elle envoie son mec récupérer ma gosse parce qu'elle a trop de travail. Elle ne pouvait pas m'appeler ? Elle se fout de moi !
Je préfère pas m'énerver, ça ne servirait à rien, je vais attendre d'être face à elle et écouter ses explications parce qu'il y a foutage de gueule et foutage de gueule !
Je laisse tomber la chaussette, c'est pas comme s'il y avait une pénurie dans ses placards, puis je vais voir si elle osera m'appeler pour crier sur une petite chaussette disparue après ce qu'il vient de se passer.
Je prends le sac à dos de Salomé dans son casier, puis le lui mets avant de la prendre par la main et me diriger avec elle vers la sortie du SAS.

-Excusez-moi, mais je ne peux pas vous laisser partir avec elle. Me stoppe le Thierry.

Je me retourne au 3/4 pour être certain qu'il est bien en train de m'adresser la parole et qu'il vient vraiment de m'interdire de partir avec ma fille.

-Vous ne pouvais pas quoi ?
-C'est le week-end de Mayéla, et il était convenu qu'elle la récupère à la sortie de la garderie.
-Sauf qu'elle s'est retrouvée avec "Beaucoup de boulot" comme vous dites, et n'est pas venue chercher notre fille.
-Et en tant que compagnon, j'ai accepté de le faire à sa place. Lance-t-il les muscles bandés.

Ce mec se prend pas pour de la merde. 
J'ai dit que je n'allais pas m'énerver alors je vais rester calme, et gérer de façon diplomatique.

-Moi je ne vous ai pas donné la permission de venir récupérer ma fille.
-Mayéla, si et la sienne de permission, suffit amplement.

C'est plus fort que moi, je serre ma mâchoire et détends mes mains pour ne pas être tenté de l'insulter ou de lever mon poing vers lui. L'air suffisant et condescendant qu'il prend pour me parler me donner envie de lui péter la mâchoire, pour lui faire enlever ses airs.

-Bien, Dans ce cas, je veux voir comment VOUS individu sorti de nulle part, allez faire pour M'interdire de rentrer avec ma fille.
-Shomari ne faites pas l'enfant, soyez au dessus de ça. Vous faites peur à Wani
-C'est ma fille, c'est certainement pas moi qui vais lui faire peur ! Lancé-je sur un ton un peu trop sec et fort.

Je sens la main de Salomé se desserrer de la mienne, et lorsque je me tourner vers elle, je surprends de la peur dans ses yeux. Putain, ma fille à peur de moi !
Je relâche sa main, puis me pince l'arrête du nez en fermant les yeux avant de compter mentalement jusqu'à 10. 
Je me demande si Mayla à conscience de ce qu'elle est en train de faire. Si j'aurais envoyé une femme, avec qui je couche, récupérer Salomé, ose même pas imaginer comment ele aurait accueilli la nouvelle.
En ouvrant les yeux de nouveau, je vois le Thierry au téléphone, visiblement en train de parler avec Mayéla. Je pense qu'elle doit se rendre compte de la situation puisqu'il finit par faire un pas sur la gauche, en signe de capitualtion.

-Okay, vous pouvez y aller, mais si j'avais un conseil à vous donner.
-Je vais pas écouter les conseils d'un pseudo homme qui n'a pas assez de couilles pour se faire connaitre de tous.

Pauvre connard.
Le visage serré, la main de ma fille dans une main, je quitte la garderie énervé, prêt à m'expliquer avec Mayéla.

*****
C'est pas vrai, manquait plus que ça. Et là aussi je vais devoir gérer...

-Ma vie est compliquée. Marmonné-je. En croisant mes bras sur mon bureau avant d'enfouir ma tête dedans.
-Elle n'est pas compliquée. Rétorque Elodie, c'est toi qui la complique.
-Hummmm
-Ce qu'il vient de se passer était tout à fait prévisible, d'ailleurs je te l'avais dit, mais tu n'as pas voulu m'écouter.Donc pardon ne te plains pas de ce qu'il se passe actuellement. 
-Et je t'ai expliqué pourquoi je n'ai rien fait ! J'avais de bonnes raisons.
-Ca dépend d'où on se place. 

Elle n'est absolument pas aidante...
Cette histoire a pris des proportions qu'elle n'aurait pas du prendre et bien qu'Elodie estime que je doive des excuses à Shomari, moi je pense ne pas lui en devoir. J'ai fait les choses comme bon me semblait et dans les règles, ça personne ne peut me le reprocher, cependant, les aléas de la vie, ont fait que nous nous sommes retrouvés dans une situation un peu complexe, que je vais tenter d'amorcer au mieux. Thierry m'a dit que Shomari semblait très contrarié et c'est ce qui me fait autant cogiter sur la meilleure façon de m'expliquer avec lui. Je sais que quand il est contrarié il peut se montrer imbuvable.

-Tu vas y aller ? Me demande Elodie.
-Pas maintenant, je préfère finir le dossier sur lequel je suis. Au moins ça me fera un problème en moins.
-Plus tu mets du temps et plus il risque de mal le prendre.

C'est un risque à courir mais honnêtement, je ne vais pas me presser. Je ne suis pas en tort dans cette histoire alors je ne vais pas réagir comme une coupable. 

Je me replonge donc dans mon travail jusqu'à ce qu'il soit 19h puis une fois mon travail enregistré, j'envoie un message à Shomari pour lui demander sa nouvelle adresse.

Il a déménagé il y a un mois maintenant et je n'ai jamais mis les pieds là, bas, je sais juste qu'il est vers Moukondo et c'est tout. 
Les échanges concernant Mewani se font principalement via message ou par le billet de Nathalie, et ceux depuis toujours. Il n'a pas besoin de venir chez moi, et moi non plus. 
Une dizaine de minutes plus tard, je reçois une réponse de sa part et me mets en route pour aller récupérer Wani et mettre au clair le petit souci que l'on a rencontré un peu plus tôt dans la journée.

Je rame un peu pour trouver sa maison malgré les indications assez précises qu'il m'a fournies, au grand dam du taximan, qui après m'avoir fustigé, me réclame le double de la course. 

Je préfère perdre cette bataille et gagner la suivante parce que mon adversaire plus coriace, plus buté, se fera une joie de me démolir si je ne lui tiens pas tête. 
Je sais comment fonctionne Shomari, le temps passé loin de lui m'a permis de mieux le comprendre. C'est le genre à aimer tout contrôler et à accuser le premier venu lorsque tout ne vas pas comme il le souhaite. Il attaque sans laisser le temps à la personne se trouvant en face de lui de répondre, et déstabilisée, elle ne se rend pas compte qu'elle vient de se faire grandement avoir. Il a usé de cette technique avec moi pendant un bon moment et j'étais bien trop occupée à pleurer pour m'en rendre compte. 

-On dirait qu'on est arrivés. Fais-je en reconnaissant les éléments décrits par Shomari dans son message pour reconnaître sa maison.
-Okay.

Je donne un billet de 2000 au chauffeur alors même qu'il se retourne pour, j'en suis certaine rajouter une couche et s'assurer que je lui paie la somme qu'il me demande, puis je vais toquer au portail.
J'avoue être un peu anxieuse, et appréhender la rencontre au fur et mesure que le face à face approche. Je paraît plutôt sûre de moi, mais dans le fond, ce n'est pas vraiment ça. Il a le don de me déstabiliser que ce soit avec une parole ou un regard. Il m'a fait fondre de cette façon mais il m'a aussi détruite en employant la même méthode.

Après avoir aspiré une grosse bouffée d'air frais, puis expiré le plus lentement possible, je toque au portail, et patiente jusqu'à ce qu'un gardien vienne m'ouvrir.
C'est Didier, le même gardien, celui que j'ai connu. Très discret, je l'envoyais souvent me prendre des recharges à pas d'heures, et sortais la nuit avec lui pour calmer mes fringales nocturne durant ma grossesse. 
Je le salue rapidement et prends des nouvelles de sa femme et ses enfants, dont il me parlait souvent. 
Il m'oriente ensuite vers la porte principale, où je porte deux coups puis patiente trois bonnes minute avant d'entrer.

Je m'avance lentement, essayant de suivre mon instinct pour m'orienter. Les pièces sont tout aussi grandes que celles de l'ancienne maison, puis contrairement à l'autre, elle-ci dispose d'un étage. 

Je m'avance vers une première pièce est découvre que c'est le salon. Dans des tons chaleureux, avec des couleurs vives, très accueillant des canapés couleurs crème, au tapis épais aux poils longs marron, en passant par la table de verre. C'est le genre de salon où j'aurais adoré m'installer en soirée et écouter de la bonne musique ou lire un bon livre accompagné d'une tasse de thé bien chaude.
Je sors de la pièce et m'avance vers une seconde porte, menant cette fois-ci à la cuisine. Mon Dieu, elle est tout simplement démente. Je suis guidée par la curiosité - décidément chez moi c'est un vrai défaut - et entre dans la pièce pour mieux l'inspecter. Disposée de façon fonctionnelle, elle donne envie d'enfiler un tablier et se mettre aux fourneaux pour concocter des petits plats. Totalement le style que j'aime même si les couleurs ne m'emballent pas trop. C'est le petit bémol dans cette cuisine parce que tout le reste. 
C'est étrange mais plus je m'avance dans cette maison et plus j'ai l'impression de la "connaître". Les couleurs, l'agencement, les meubles. Tout me semble si familier.
Je sais c'est totalement stupides mais, cette impression ne me quitte pas depuis mon arrivée. 

-Bonsoir.
-AAAH !

Je fais volte-face et me retrouve en face de Shomari. Oh seigneur, j'ai eu la peur de ma vie.
La main sur le coeur, je tente de réguler les battements de mon coeur complètement affolés. 

-Bonjour, excuse-moi. Je ne voulais pas être indiscrète, j'ai toqué à la porte, mais personne ne répondait alors je suis rentrée pour vous chercher mais je vous ai pas trouvé.
-Okay, on était dans le jardin.
-Papa, Puffy de Wani a faim. Dit Wani en entrant dans la cuisine, tenant précieusement je ne sais quoi dans ses bras... Maman !
-Hey coucou ma puce.
-Regarde, Puffy de Wani, c'est mon chien. Il est à moi
-Ton quoi ?

Je fais inconsciemment trois pas en arrière et regarde l'animal qu'elle me montre, de loin. Okay, c'est un chiot, il a pas l'air dangereux mais, j'affectionne pas trop tout ce qui marche à quatre pattes, qui rampe, qui est visqueux, qui colle, qui a une queue. En somme, je ne suis pas très amis des animaux.

-Mon chien, regarde.
-Oui, oui, je vois chérie ! Fais-je en m'éloignant.
-Non mais regarde. Dit-elle en avançant.
-Oui WANI ! Maman a vu

Je surprends un rire bref de Shomari qui se tient un peu à l'écart la main dans les poches. Il sait que je n'aime pas les animaux. C'est peut-être pour cette raison qu'il en a pris un. Pour être certain que je ne mettrais jamais les pieds ici. Le message est passé.

-Salomé, va avec Puffy dans le jardin, je vais lui ramener à manger, et discuter un peu avec maman.
-D'accord. Maman, tu fais bisou à Puffy ?
-Euhh.... Je suis malade alors on va éviter. Arrivé-je à dire en reculant une fois de plus.

Elle regarde son chien puis hausse les épaules et sort de la pièce. Je crois que le soupire que je pousse lorsqu'elle sort doit être un tantinet abusé pour qui ne connait pas ma peur des animaux.

-Tu lui as acheté un chien ? Demandé-je une fois la porte refermée.
-Non, c'est Guislain qui le lui a offert.
-Humm, okay.
-...

Un silence gênant s'installe que je brise rapidement en abordant le sujet qui fâche.

-Je... Je voulais qu'on revienne sur ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Ta rencontre avec Thierry.
-Ton compagnon. Ajoute-il en me fixant droit dans les yeux.

Je détourne le regard, il ne faut pas que je me laisse intimider par lui. 
Encore moins par la posture droite qu'il adopte.
Je sais que je n'ai pas à l'être, il n'y a aucune raison. Encore une fois, je ne m'estime absolument pas en tort.

-Oui... J'avais énormément de boulot au travail et la garderie venait de m'appeler, j'avais pas mille et une possibilités alors je l'ai appelé pour qu'il aille la récupérer.
-Et tu ne pouvais pas m'appeler ? Me demande-t-il sur un ton étrangement calme. Imagine ma surprise lorsque je l'ai vu se présentant comme le père de Wani et cherchant à partir avec elle. Tu trouves que c'est normal ? La moindre des choses aurait été de me parler de lui, et de me le présenter. Je me rends compte qu'en plus ça fait un petit moment qu'il fréquente ma fille. Quand elle n'articulait pas comme maintenant, elle criait à tout va "Titi à Wani" puis avec le temps, elle me racontait ses histoires avec "Titi de Wani". Ce n'est que maintenant que je fais le lien. 
-Okay...euh... En ce qui concerne ta rencontre avec Thierry, j'estime que c'était une rencontre fortuite qui aurait du se produire bien plus tard. 
-Plus tard ?
-Oui, plus tard... C'est vrai que je connais Thierry depuis un moment, mais c'était avant tout un ami, et c'est avec le temps que notre relation a évolué. En tant qu'ami, il côtoyait déjà Wani et lorsqu'on a décidé de se mettre ensemble, il s'est un peu plus rapprocher d'elle. Si je ne t'ai pas parlé de lui plus tôt, c'est parce que notre relation était encore à ses débuts, et que je voulais m'assurer qu'elle serait sérieuse, et ne s'arrêterait pas après trois voire quatre mois. 
-Tu ne me le présentes pas sous prétexte que tu n'es pas certaine de rester avec lui mais tu le laisses s'approcher de ma fille?
-C'est aussi ma fille. Balancé-je légèrement irritée. Et c'est la raison pour laquelle je la lui ai présenté. Je ne peux pas entamer une relation avec qui que ce soit sans inclure. Si dès le début ça ne passe pas entre eux, je suis informée et peux agir en conséquence derrière, mais si c'est après 8 mois de relation que je le présente à Wani et qu'elle ne l'apprécie pas, j'aurais perdu beaucoup de temps.
-Donc si je suis ta logique, tu vas lui présenter tous les hommes qui vont s'intéresser à toi ? T'imagine si j'en faisais autant ? Tu cherches à la traumatiser? 

Je n'aime pas sa façon de parler mais alors pas du tout, je n'ai jamais dit ça et le fait qu'il mentionne la réciproque m'agace fortement. S'il veut se créer un tableau de chasse, ça n'engage que lui mais moi je ne compte pas en faire autant. Le sous entendre me fait lourdement chier ! Et c'est pour cette raison que je lui réponds sèchement que:

-Contrairement à ce que tu crois, je ne collectionne pas les hommes. Je pense avoir souffert pour toute une vie en amour alors je choisis méticuleusement les personnes que je souhaite avoir dans ma vie et celle de ma fille. Je n'ai présenté que Thierry à Wani et je ne compte pas lui en présenter un autre. Mais te concernant, si tu veux empiler les numéros de conquêtes, libre à toi... Enfin bon, je voulais simplement éclairer quelques zones d'ombre.
-Tu es sérieuse ? Tu persistes à penser que c'est normal que je tombe sur lui à la garderie ?
-Tu ne seras pas tombé sur lui, si tu n'étais pas venu. Ai-je répondu du tac au tac. C'était mon jour de garde, la garderie n'avait pas à t'appeler et toi lorsqu'il l'ont fait, tu devais d'abord tenter de m'appeler avant de décider d'aller la chercher. Nous ne sommes plus ensemble, je ne peux pas compter sur toi bien que tu sois son père. On l'élève dans une même vision mais on a établi des règles de garde et j'estime qu'on doit s'y tenir.
-...

Il me fixe puis passe sa main sur son visage. Il le fait quand il est lasse, ou très en colère.
Je ne saurais dire dans quel état il est actuellement, puisqu'il adopte toujours son air neutre.

-Okay. On va faire comme tu le dis. Finit-il par dire. Mais j'ai une question, actuellement, tu estimes qu'entre toi et lui c'est sérieux ?
-....
-Je te pose cette question parce que tu dis vouloir me le présenter lorsque tu seras sûre concernant ton engagement dans cette relation, donc je te repose la question. C'est sérieux ?
-Est-ce que c'est sérieux entre Thierry et moi ? Oui, oui ça l'est. Dis-je en croisant mes bras sous ma poitrine.

Je n'étais pas certaine de vouloir entamer une relation, mais disons que le temps a fini par me faire changer d'avis. C'est un homme bon, qui partage mes valeurs et ma vision des choses. Nous avons beaucoup de points en commun, ce qui accentue l'harmonie entre nous. Il m'aime et s'entend bien avec ma fille, que demander de plus ?

-D'accord. Dans ce cas, on peut organiser un diner.
-Un...Diner...euh... Je...je pensais plus à une rencontre....euh....je.

Mes mots sont en train de tomber dans un abysse dès qu'ils veulent franchir la barrière que forment mes lèvres. J'étais loin de me douter qu'il voudrait organiser un diner. C'est une très mauvaise idée, vraiment mauvaise.


-Disons demain soir 19h, ça te convient.
-...Okay.

Merde pourquoi j'ai dit oui ? 


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J'ai pas pu poster samedi et dimanche donc je vous offre deux suites ce matin. Voyons si vous vous motivez, je peux encore envoyer quelques chap'.


Des bisous en pagaille !!

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