Cheikh de mon cœur
Write by Farida IB
ₒₒ Dans la tête de Nahia ◦◦
Voix étouffée d’une journaliste (télévision séjour) : la population Abu-Dhabienne attend avec impatience, pour ce qui sera sans aucun doute la plus longue journée de l’année, le 10e anniversaire de mariage de sa majesté le Cheikh Khalil et de la Cheikha Nahia. Cette année, comme les années précédentes, le couple royal a choisi la discrétion pour cette célébration de leur amour puisque le programme de la journée et de la soirée du jeudi 6 juin reste flou. Notre correspondant du Zabeel palace (le palais du souverain) nous reviendra plus tard pour plus de détails sur l’événement à ne pas rater cette année. (…)
Je suis debout devant la porte grande ouverte de ma penderie hésitante à choisir The Tenue en prélude à ladite journée lorsque Khalil entre dans le dressing et s’avance vers moi. Il enlève son keffieh qu’il pose sur un porte manteau et viens me faire un bisou dans les cheveux.
Khalil (pointant une robe de bal en wax) : j’aime bien celle là.
Moi (me tournant à demi pour le regarder) : tu es sûr ?
Khalil : oui Cheikha (ton enjoué) jour j-3 !
Moi amusée : j’aime ton enthousiasme âl cheikh galbi.
Khalil éclatant de rire : Aynia dix ans à Abu-Dhabi, mais l’accent togolais ne te quitte pas ?
Moi haussant les épaules : il faut être digne de ses origines !
Khalil : quand même ! Si tu pouvais éviter de contaminer mes enfants. Noora et Khaisa parlent l’anii mieux que Nabil qui se mélange encore en arabe d’ailleurs. (ce qui est vrai)
Moi : il le faut bien, déjà qu’elles ont vos bouilles (vérité vraie) Nabil, c’est un cas clinique atypique, toutes les langues le refusent.
Khalil (me lançant un regard goguenard) : on se demande bien de qui il tient.
Moi : oui c’est ça fais bien ton malin Ben zayid.
Khalil se marrant : mais est-ce que c’est faux krkrkr.
Je croise ma main sous ma poitrine la moue boudeuse.
Khalil (prenant mon visage entre ses mains) : rhhoo mais tu parles très bien l’arabe (ajoutant) pendant l’amour.
Moi : go casse houbi !
Khalil : un jour Adja, un jour, je trouverai le moyen de rabattre votre clapet.
Moi : j’attends ce moment depuis des années M. tête en l’air.
Il étouffe un éclat de rire et bouge mes lunettes de repos avant de s’abaisser pour capturer mes lèvres. C’est la toux discrète de Zeina qui nous interrompt.
Zeina : désolée, je venais voir si cheikha Nahia est réveillée.
Moi : yup elle l’est.
Khalil quittant devant moi : je suis dans la salle de méditation.
Moi : d’accord houbi.
Il m’envoie un bisou volant avant de s’en aller, je suis sa progression jusqu’à ce qu’il disparaît de mon champ de vision. Je me tourne vers Zeina qui a un sourire moqueur scotché sur les lèvres.
Moi (la fixant le sourcil arqué) : quoi ?
Zeina : nous t’avions dit que vous finiriez ensemble ! Ton malin à deux sous s’est dissipé dans la mer.
Moi : Adja bou ! (dégage)
Elle rit pendant qu’elle me suit en direction de la cuisine centrale. Dans la chambre, nous tombons sur Khaisa et Inaya (l’aînée de Yumna, 5 ans) qui dorment chacune la tête reposant sur un épaule de Samir. Ils se sont incrustés dans notre lit cette nuit. Je leur fais des bisous avant de continuer.
Moi (une fois hors de la chambre) : vous n’allez plus planter l’arbre de l’union ?
Zeina amusée : dès leur réveil.
Moi : ok, papou et mimma font leur marche matinale ? (Lol, c’est comme ça que nos enfants appellent leur grands parents).
Zeina : affirmatif, bon parlons de ce qui m’amène.
Elle enchaîne de me décrire par le menu détail l’évolution de l’organisation de la fête de notre anniversaire. C’est elle qui s’en charge, en fait elle est devenue très récemment la nouvelle big boss de Famous Corporate à Lomé et c’est son premier contrat à l’étranger. Vous l’aurez bien compris, dans quelques jours nous passons le cap de la décennie et il y a un grand engouement autour de l’événement.
Zeina (poursuivant) : pour rappel, ton interview exclusive avec la rédactrice en chef de Vogue Arabia c'est à 11 h. Tina livre les tenues des enfants ce soir (me tendant un document) et voici la liste finale des invités.
C’est une liste qui concerne tout ce que les Émirats Arabes Unis comptent personnalités ainsi que nos proches. Normalement, d’ici deux jours tout le monde devrait être arrivé. Yumna et Elias étaient de passage hier pour laisser la petite fille à son grand-père, j’ai nommé Inaya Martins avant de continuer sur Lomé avec Amine (6 mois) d’où ils reviendront avec ma famille et mes éternels potes. C’est le baptême d’Allegra, le premier enfant d’Eddie et Adrianna, et Yumna et Elias sont respectivement marraine et parrain. Eddie et sa femme travaillent entre le Chu Sylvanuis Olympio et leurs cliniques un peu partout en Afrique. Un peu comme Yumna qui est à mis temps entre sa clinique à Cleveland et les hôpitaux humanitaires d’ici. Je pense que c’est sa manière de garder un œil sur ses parents qui vont bien soit dit en passant. Tout comme les miens, ils sont en plein dans la sénilité. Enfin oumi n’a rien perdu de sa superbe, mais elle m’a tacitement relégué son rôle de maîtresse de maison. Le Cheikh senior est devenu moins grincheux avec le temps même s’il râle toujours à propos d’Elias. Avant, il boudait ses origines maintenant, c’est son métier (rires). Au fait Elias est coach self défense à domicile et son physique légendaire attire la gente féminine comme un nectar du coup il est tout le temps entouré de femmes et c’est le beau-père que ça dérange kkrkkrkr.
Par rapport à la fête, nous avons prévu un dîner officiel puis une seconde lune de miel cette fois ci avec les enfants, va s’échelonner sur deux mois et débouchera sur l’anniversaire de nos jumeaux. L’eau a coulé sous les ponts depuis le jour fatidique de leur naissance et la vie a repris son cours au-delà même de la normalité, je dois dire. Cependant ça reste une journée doublement marquante pour nous. Plus tard après mon réveil, Khalil m’a confié qu’il n’a jamais eu aussi peur de toute sa vie. Donc depuis lors, on vit chaque jour comme si c'était le dernier. Nous deux ça va tout le temps de mieux en mieux. Khalil est plus qu’engagé dans sa gouvernance. À deux nous accomplissons une œuvre sociale immense dans l’ombre. En ce qui me concerne, je suis à une étape de ma vie où j’estime que ma carrière est faite donc je le soutiens juste dans la sienne.
Zeina retourne à ses tâches et je descends dans la cuisine donner des directives pour la préparation du petit-déjeuner. Pendant que je mets la main à la pâte, la voix de mon assistante personnelle virtuelle résonne dans l’interphone.
Léna : appel entrant de Khadija bint Ben Zayid.
Moi : je le prends ici Léna.
Léna : à vous madame.
Moi : merci Léna (décrochant) salam ! Que me valent l’honneur et le plaisir de recevoir un appel si matinal de la grande Sultane d’Oman ?
Khadija (rires dans la voix) : arrêtez de m’appeler ainsi chère !! Je suis Khadija votre belle fille.
Moi : si vous insistez chère !
On éclate de rire ensemble.
Moi : parlons-nous par vidéo dans cinq secondes.
Khadija : bien à vous,
Moi : lol.
J’active la vidéo aussitôt, elle apparaît dans leur lit à Oman.
Khadija (avisant l’arsenal autour de nous) : Cheikha Nahia en action
Moi : c’est ce que tu vois là.
Ussama entre dans la chambre à ce moment là et marche vers une commode en boutonnant les poignets de sa chemise.
Moi au tac : wow the Revenant.
Ussama riant : ma seule et unique.
Khadija braque la caméra sur lui.
Moi : laa on ne me le fait pas à moi, tu m’as zappé !!
Ussama : je l’avoue, mais tu sais très bien que ta place dans mon cœur est immuable.
Moi : hmm sûr ?
Des voix d’hommes l’interrompent dans son élan de réponse, ils lui parlent d’audiences et de conférences.
Ussama (lorsqu’ils s’en vont) : toutes mes excuses Nahia…
Moi anticipant : le Sultan a du travail ?
Ussama confirmant : le Sultan a du travail, you know how it’s.
Moi : surely, on se voit dans deux jours.
Ussama : sans faute, j’ai déjà acheté la bague pour renouveler nos vœux de mariage.
Moi : ce serait déjà louable que tu ne me plantes pas devant l’autel.
Il rit, j’attends qu’il sorte pour m’adresser à Khadija.
Moi (sans transition) : alors la doc !?
Khadija riant : comment tu sais qu’il y a une doc ?
Moi : tu m’appelles matin bonheur !
Khadija (du tic au tac) : je suis tombée enceinte.
Je reste interdite quelques secondes. Le truc, c’est que depuis leur mariage un mois après mon accouchement, il peine à concevoir. Le Cheikh senior est déjà parti dans des à priori par rapport à son histoire avec Khalil. Autant lui que la population omanaise les acculaient tellement qu’ils ont fini par adopter une petite Arabe Deena (6 ans) il y a deux ans.
Moi : comment ça se fait ?
Khadija : je n’en ai aucune idée (avec de l’émotion dans la voix) ça fait longtemps que j’ai arrêté d’essayer et ça m’arrive à moi. Je suis tombée enceinte Nahia, je vais avoir un bébé.
Moi émue : Allaaahhh que c’est fantastique ! Félicitation ma belle, Ussama le sait ?
Khadija : non, je lui réserve la surprise pour votre fête.
Moi : génial ! J’adhère j’adopte je valide et j’ai hâte d’être à cette fête.
Khadija tout sourire : moi aussi.
Elle me donne les détails croustillants pendant tout le temps que je remonte m’occuper des enfants. Je me fais harponner par Khalil dès que j’ouvre la porte de notre appartement. Sans que je m’y attende, il me soulève et nous guide vers le dressing. Nous avons à peine passé la porte qu’il me saisit par la taille et me plaque contre un meuble. Pendant qu’on se regarde dans les yeux, sa main fourrage dans mes cheveux tandis que la mienne lisse sa barbichette avec laquelle il se met à me faire des chatouillis dans le cou. Je laisse échapper des éclats de rires qu’il étouffe d’un baiser. Maintenant que nous y sommes, je me rappelle que nous n’avons pas eu un petit moment à nous ce matin. Le plus souvent possible, idéalement, lorsqu’on a les pieds sur terre et que les enfants veulent bien nous laisser notre intimité, nous avons ce genre de moments spécial à nous. On se détache lorsqu’on entend la voix de Noora dans le salon. Apparemment, elle est au téléphone et avec Nabil sûrement.
Moi (pendant qu'il a son front collé au mien) : c’était bien ça comme rendez-vous express.
Il rigole doucement.
Voix de Noora dans la chambre : j’y suis déjà… Mais puisque je te le dis !! (nous hélant) Oumi ? Âbi ?
Il smacke mes lèvres inactives avant d’ouvrir la porte et de nous retrouver nez-à-nez avec Noora.
Noora (au téléphone) : je les ai retrouvé (…) une minute s’il te plaît.
Elle décolle le téléphone de l’oreille, arque un sourcil et nous observe suspicieuse en avançant d’un pas. Je jette un coup d’œil vers ses frères toujours endormis pour détourner son attention mais c’est peine perdue.
Noora (d’emblée) : je veux des câlins moi aussi.
Je souris et regarde Khalil qui s’arrête de marcher et lui sourit la tête penchée sa tête sur le côté. Du haut de ses 10 ans, votre fille plus espiègle, tu meurs !
Khalil : à condition que tu dises le mot magique.
Je vois par le regard penaud qu’elle lui lance qu’elle a compris la réprimande légèrement voilée.
Noora : je suis désolée, bien le bonjour mes amours de parents.
Elle s’approche de Khalil et l’enlace. Il s’abaisse et lui fait un bisou dans les cheveux. Moi, je reçois un gros bisou très sonore. Alors qu’on marche vers le salon, on entend la grosse voix de Nabil retentir dans le téléphone.
Voix agacée de Nabil : nunuche quand tu auras fini tes plans câlins passe moi mes parents.
Noora : roohh Nabil (s’interrompant) pardon tonton Nabil.
Nabil : c’est quand tu veux chouquette, maintenant passe moi les darons (se corrigeant) les parents.
Je lève les yeux au ciel, un rictus se dessine sur les lèvres de Khalil qui secoue la tête. C’est Khalil qui est le plus proche de Noora qui prend l’appel. Bon Nabil, c’est le grand frère protecteur vraiment très gentil, mais il sait aussi se faire respecter des deux côtés. Par contre nous sommes encore loin du compte du grand frère modèle même s’il est devenu un tantinet responsable.
La dernière réplique de Khalil à Nabil me ramène à leur conversation.
Moi (à Khalil) : pourquoi tu lui enverrais un jet ?
Nabil qui répond : je ne veux pas attendre les autres, je pense venir demain.
Je récupère le téléphone chez Khalil.
Moi : ce n’est pas ce qui était prévu, tu attends ta tante un point c’est tout. Que c’est toi qui mets le kérosène dans l’avion ?
Nabil : maman, je voyage avec Jela, je ne veux pas qu’on nous mélange.
Moi : et c’est qui Jela déjà ?
Nabil : ma nouvelle copine.
Moi : où est passée Kismat ou je ne sais quoi là ? La burkinabée.
Nabil parlant vite : trop prise de tête.
Je soupire dépassée et Khalil a sourire coin.
Moi : Nabil, je ne veux voir personne ici tant que ce n’est pas ta compagne officielle.
Nabil : rhoo maman.
Je lance un regard à Khalil.
Khalil intervenant : ce sont les règles jeune homme.
Nabil : hmmm d’accord.
On s’échange un regard amusé, c’est son calmeur (rires) enfin en dehors d’Amou. Elle c’est la femme capable, elle les mène tous d’une main dure. Ses propres enfants et même ceux qui sont à l’étranger sont au pas (rires). Elle a réussi à canaliser les jumelles, Zeina et lui durant leurs années d’études. Nabil par contre depuis qu’il s’est retrouvé à faire le tour du monde en raison du travail, c’est vraiment le carnage. Notre seule chance, c’est que c’est un as dans son domaine. Il a bouclé un cycle complet en ingénierie de la finance à l’Ensi de Lomé et à Strasbourg. Ça fait trois ans qu’il enchaîne des CDD dans des entreprises internationales en attendant de postuler pour devenir un expert international.
Amou et Liam demeurent en Belgique avec huit de leurs enfants. Naïla est en formation médicale spécialisée en pédiatrie au Canada. Laïla elle, c’est la DRH de nos entreprises. Elles posent également toutes les deux pour des magazines de mode. Il faut voir mes filles sur les couvertures ! Naïla ressemble de plus en plus à mamie avec la même personnalité. J’y pense avec nostalgie, il y a trois mois nous étions tous réunis sur sa tombe pour le treizième anniversaire de son décès. Je soupire tristement et reporte mon attention sur Inaya et les jumeaux qui viennent d’arriver.
Moi leur souriant : bonjour mes bébés.
Inaya (pendant qu’ils me font des bisous baveux) : bonjour tata.
Les jumeaux : bonjour oumi.
Noora faisant la moue : ils ne sont plus des bébés ! Eux, ils ont droit à des traitements de faveur comme dormir dans votre lit par exemple.
Moi : ce sont nos petits derniers, peu importe qu’ils deviennent géant ou vieux, ils seront toujours nos bébés.
Noora : pfff.
Khalil la regarde avec un sourire en coin.
Ben (genre Junior) : âbi nous allons planter l’arbre de l’union pour votre anniversaire de mariage aujourd’hui.
Khalil : ah bon ? Où ça ?
Khaisa : dans votre jardin privé avec mimma et papou.
Inaya : krkrkr et moi, et Houssein, et Zalia (les deux autres enfants de Cartia et Abdallah) aussi.
Khalil : c’est chouette ça, on va donc le faire ensemble.
Ben : yess trop top !
Lol lui, c’est la formation de Nabil. Mais Dieu merci, ils sont encore malléables pour le moment.
Noora : mais âbi tu as promis emmener Sana et moi à la compétition de saut à la corde.
Khalil : c’est dans l’après-midi princesse.
Noora (sourire malicieux) : tu n’as pas oublié ?
Khalil : bien sûr que non princesse.
……
Je me retrouve assise seule sur le récepteur devant le miroir de ma coiffeuse à retoucher mon maquillage soigneusement appliqué. J’ai fais la totale, eye liner mascara blush. Je relie un bijou de nez à ma boucle d’oreille, et porte un voile qui laisse entrevoir mon bijou bandeau sur la tête avant de rejoindre Khalil derrière l’estrade. Pendant que je monte dessus, il arrange ma robe et se met en aparté pour me laisser lire mes vœux.
Moi (commençant) : je me souviens de tous ces jours, ça me revient comme une fâble.
Ce jour à Lomé, devant mon ancien bureau. J’ai ouvert la porte et j’ai dit avec un calme olympien…
« Moi en anglais : alors ça y est ? On a retrouvé son chemin ? »
Je revois le regard admiratif que tu as levé sur moi, puis le sourire bête qui a suivi. J’avais envie que la terre s’ouvre sous mes pieds tellement j’étais en colère après toi. Longtemps, je t’ai rabroué sans savoir que tu es l'homme qui allait marquer un tournant décisif dans ma vie.
Toutes nos engueulades, toutes les interventions des enfants, de mamie et Amou défilent sous mes yeux. Ils l’avaient tous prédit qu’on finirait ensemble.
Je me revois dans tes bras puis te vois me servir une soupe de courge de spaghetti et ton regard s’assombrir pendant que tu me dis…
« Khalil : c’est ton problème si tu veux mettre fin à ta vie, juste fais le lorsque je ne serai plus dans les parages. Non mais est-ce que tu penses un peu à ton fils ? Tu sais ce que tu es pour ta famille ? Je demande, est-ce que tu as une idée d'à quel point tu comptes pour eux ? Si tu penses que ta vie est aussi vile que ça, souviens-toi qu’il y a Nabil qui voit une héroïne en toi, prend le temps d’assimiler le fait que tu es le modèle de ta petite sœur et de tes nièces. »
Ce soir, après que tu sois devenu mon meilleur allié au travail, un ami, un confident, un père pour mon fils, un abri sûr et solide sans être un amour, je t’ai confié...
« Moi : moi, je n'ai plus envie de chercher le bon mec. Flemme de recommencer ce processus pour être déçue à la fin. Peut-être que je ne suis pas faite pour être aimée donc à quoi bon ? »
Tu as pris le temps de garer le véhicule, tu m’as enjoint de te regarder puis tu m’as dit.
« Khalil : tout le monde n’est pas tes ex, tout le monde ne cherche pas à te blesser. Il y a ceux qui t’aime sincèrement, l’amour, tu en reçois tous les jours. Ta famille t’aime, moi, je t’aime et je t’apprécie bien. Ceux-là t’ont blessé parce qu’ils ignorent à quel point t’es géniale. Tu dois te mettre dans la tête que tu en vaux vraiment la peine et qu’il y a quelqu’un dans ce monde qui n’attend que ton ok pour te rendre tout l’amour que tu as pu gaspiller un jour. »
Et tu as ajouté un peu plus tard.
« Khalil : souvent, on a besoin de goûter à la médiocrité pour connaître la valeur de l’excellence. »
Moi (riant en même temps nos convives) : ahah cette phrase !!
Je me souviens surtout de cette nuit là, sur le pas de ma porte. Nous étions de retour d’une soirée haute en couleur. Le soir où on s’est embrassé pour la première fois. Le soir où tout a basculé.
On s’est rendu compte bien plus tard qu’on se complétait. Un peu comme des pièces qui étaient destinés à s’assembler. Même si ton père n’était pas du même avis.
Le Cheikh senior lève sa tête dans ma direction et me fait un sourire en coin.
Quand même nous avons tenu bon malgré tout, comme la grande sultane d’Oman et son sultan baron de mari. (Ussama et Khadija lèvent leur verre de jus vers moi) Comme El Hadj Elias Martins (il me sourit). Parce que rencontrer quelqu’un pour qui il semblerait que vous êtes faite et qui est fait pour vous. Quand ça colle, physiquement et psychiquement, c'est un lien qu’aucune difficulté ne saura briser.
Il y a dix ans jour pour jour, tu m’as réitéré ta promesse devant l’imam, mon père et le sien.
« Khalil : Aynia nous allons prendre notre temps pour nous bâtir calmement. Pour l'instant, je ne peux pas te promettre que tout ira bien entre nous. Que tout sera parfait et sans nuages. Ce dont je suis sûr, c’est que nous affronterons tout ensemble. De telle sorte que rien ni personne ne puisse nous séparer. Tu l’as dit toi-même, ce sera toi et moi à chaque instant, chaque jour, à chaque pas, pour toujours. »
Moi (les larmes dans la voix) : il est clair que tu m'en as fait voir de toutes les couleurs, mais j'ai passé de merveilleuses années avec toi !
Khalil amusé : autant pour moi ma chérie.
Tout le monde rit.
Moi poursuivant : j'ai eu tous les voyages, les honneurs, le luxe, j’ai visité des endroits fabuleux, mais tous ces voyages ne sauront égaler celui que j’ai choisi faire avec toi. (les larmes dans la voix) Tu es survenu au moment où je n’espérais plus rien de l’amour et tu as réussi à me réconcilier avec. Notre relation tente beaucoup de gens, car elle les fait réfléchir sur leur propre mariage. Ils ont le sentiment que nous détenons la formule magique du couple, un mélange de sécurité et de nouveauté.
Voix de mes potes : ça c’est vrai !
Je leur souris.
Moi concluant : je ne trouve pas les mots pour t’exprimer mon admiration envers toi. Tu sais diriger ton pays avec une poigne de fer, mais cela ne t’empêche guère d’être un mari incroyable et un père formidable. Merci pour cette décennie d’amour.
Khalil me rejoignant : en route pour une dizaine d’autres décennies.
On se regarde dans les yeux avant qu’il ne sorte un long collier vintage avec pendentif qu’il enroule sur nos mains.
Khalil (me regardant fixement) : ce sera toi et moi à chaque instant, chaque jour, à chaque pas, pour toujours. Si tu dois mourir un jour Aynia, je mourrai aussitôt.
Moi hochant la tête débitée : je t’aime.
Il entoure mon cou et on s’embrasse un moment. Laissez, c’était plus fort que nous. C’est Salim qui nous interrompt en toussotant doucement.
Salim : mec c’est à toi.
Il hoche la tête et prend le micro qu’il lui tend. En lieu et place d’un discours, il me chante « Thinking out loud » de Ed Sheeran sur lequel nous valsons tous les deux. On assiste par la suite à une série de moments émouvants. Nabil nous arrache des larmes avec son discours. C’est qu’il est devenu un beau parleur mon fils. Ses frères ajoutent leur grain de sel avec une comédie musicale qui relate notre histoire entière et Khadija, achève d’annoncer la nouvelle de sa grossesse à Ussama qui se retrouve sur le coup en position de prosternation et fait deux rakats sur place. Ce qui nous arrache tous un fou rire et c’est dans cette même ambiance que Khalil et moi franchissons la porte vitrée de notre Bungalow plus tard. Il me soulève et pendant qu’il nous dirige vers la suite parentale, nos éclats de rire envahissent l’habitacle. Ensuite, je l’entends m’appeler d’une voix lointaine qui se fait réelle à mesure que j’émerge de mon sommeil pesant. J’ouvre les yeux pour voir son regard inquiet fixé sur le mien.
Khalil : Aynia, tu as fait un cauchemar ?
Je remue la tête encore dans les vapes.
Khalil : mais pourquoi tu pleures ?
Moi : c’était un rêve (me redressant) un rêve vraiment agréable. Nous avions passé le cap de la décennie et notre vie était parfaite.
Khalil : elle l’est, suis un peu ce spectacle !
Je suis son regard vers la bordure du lac Togo où se trouvent les enfants. Nabil porte Samir sur son cou et fait virevolter Khaisa en l’air. Ce qui leur arrache des éclats de rire à tous les deux. Noora est assise pas loin en train de construire un château de sable. C’est tellement beau à voir. Ils ont respectivement 17, 3 et 1 an et je suis la maman la plus comblée avec un mari exceptionnel à mes côtés. L’homme qui incarne le prince arabe à la perfection.
Moi me tournant vers Khalil : tu as raison.
Khalil sourit en hochant la tête. Je me débarbouille dans la salle de douche extérieure du village de vacances où nous sommes en ce moment puis, nous les rejoignons. S’en suit un long moment de fou rires avant qu’on ne mette le cap sur Lomé, la dernière destination pour nos vacances. Cette année, nous avions décidé de faire le tour du monde. Nous en avons profité pour nous arrêter dans la famille d’oumi en Jordanie, chez le couple sultan à Oman, en Belgique chez les Ducard, à Cleveland chez les nouveaux mariés, Elias et Yumna où nous avons eu droit à la visite d’Eddie et Adrianna.
Lorsqu’on arrive à Lomé, on ramène Nabil à son pèr e et c’est sa femme enceinte jusqu’aux yeux qui l’accueille. On attend qu’ils entrent dans leur nouvelle maison pour redémarrer en direction de celle de mes parents où nous laissons Noora et les jumeaux au bon soin de mes parents et Zeizei. On roule au final jusqu’à notre appartement, un endroit qui me rappellera toujours, ce qui est sans aucun doute, my perfect love story.
Oufff ! C’était toute une chronique (rires…) bye à très très bientôt !!!