Cœur reconstruit
Write by Aura
***************Deux ans plus tard********
- Je t’aime !
- Je t’aime aussi !
- Merci de faire de moi l’homme le plus heureux de cette terre.
- Merci de faire de moi la femme accomplie que je suis grâce à toi.
- Nous venons de loin, de très loin, mais nous nous sommes trouvés.
- Je sais. Sans toi je ne serai pas là. Sans toi j’aurai sombré. Sans toi j’aurai cessé d’exister.
- Non c’est plutôt toi qui a sauvé ma vie. Tu m’as tendu la perche et m’a sorti des eaux dans lesquelles je baignais.
- Tu as construit et bâtit ton amour dans mon cœur. Il n’est plus en chantier à présent. Merci de me supporter, moi et mes bêtises.
- Merci de me pardonner. Merci de m’accepter tel que je suis.
- Il le fallait bien. Tu as su me montrer la véritable dimension de l’amour. Mais je me pose la question.
- Laquelle ?
- Pourquoi moi et pas lui ? Pourquoi moi ?
- Pourquoi est-ce que tu en doutes ? Pourquoi ne serait-ce pas toi ?
- Je ne sais pas. Ce bébé que je porte en moi ne te convainc pas ?
- Non soyons sérieux. Pourquoi m’avoir choisi et non lui ? Il avait tout pour te plaire.
- Mais il n’est pas toi. Il n’est pas celui pour lequel j’apprécie les plaisirs de la vie. C’est dur d’expliquer pourquoi je t’aime, mais je sais que ce je ressens pour toi est véritable. Oui il avait tout, sans lui je ne serai pas allé à Durban pour sortir de ma désintoxication, sans lui je n’aurai pas réussi à bâtir ma propre entreprise, sans lui je n’aurai pas mis ce criminel derrière les barreaux, sans lui je n’aurai pas eu beaucoup de portes ouvertes c’est vrai. Mais sans toi, je sombre, sans toi ma vie n’a plus de sens, sans toi je ne sais pas apprécier les joies et les plaisirs de cette vie. Sans toi je n’existe pas tout simplement. Tu étais là pour m’accompagner dans ma thérapie. Cela faisait près de deux semaines que j’avais entamé le traitement et rien allait. Il a suffi que tu apparaisses devant moi ce jour, pour que je trouve en moi la force de me battre. Tu m’as aidé à me reconstruire, à pardonner, à retisser des liens avec ma famille, à avancer tout simplement. C’est grâce à toi que j’ai recommencé à dessiner. Tu es celui qui donne vie à mes créations, tu sais me recadrer, m’orienter, m’apaiser, m’énerver, ressortir ce qu’il y a de beau en moi. Si toutes ces raisons ne te suffisent pas pour expliquer pourquoi je t’aime, alors je ne sais quoi dire.
- Merci mon amour, merci mon cœur. Finalement c’est mon père qui avait raison. Tu es la femme de ma vie. La route était très longue, mais nous avons réusssi à y arriver tous les deux. Tu es la plus belle chose qui ne me soit jamais arrivée.
- Hum ! Mr Evina toujours en train de flatter.
- Mme Evina, si je ne te flattes pas qui vais-je donc flatter.
- Ton fils qui donne des coups.
- Pardon laisse mon fils tranquille. Quand ce petit guerrier va sortir de là, il sera le plus grand guerrier que la terre ait engendré.
- Pff. Guerrier hein. C’est pourquoi ces coups de pieds là m’assomment seulement.
- Rho arrêtes de déranger. C’est sûr que c’est toi seul qui invente ce genre de choses. Mon fils est sage comme une image.
- Quoi ? Viens que je te donne mon ventre tu sauras ce que ça fait.
- Vraiment qui m’a envoyé épousé une LIMANI ? Yeuch ! Ta bouche là va te tuer.
- C’est celle-là que tu aimes non.
- Oui quand il faut t’embrasser bien sûr. A ce moment-là tu es plus qu’adorable.
- N’importe quoi.
La vie n’est pas un jeu. Elle mérite d’être vécue, elle mérite qu’on en jouisse au quotidien, qu’on en tire profit qu’on s’en délecte les saveurs. La vie est une grande scène sur laquelle chacun joue un rôle particulier. Ma vie, oui la mienne, celle d’Arielle LIMANI n’a jamais à un seul instant été une rivière. Ma vie a été jonchée de pleins de périples, pleins de difficultés que je n’aurai jamais pu surmonter toute seule. Ma vie continue de m’apprendre sur moi-même et sur les autres.
Pour ce qui est des autres, les choses se terminent bien pour chacun de nous. Safiya et Vincent ont fini par se mettre ensemble. Oui, c’était étonnant pour tout le monde. Vincent s’est islamisé parce que c’était la raison indispensable pour se marier avec sa belle. Les deux filent le parfait amour entre Casa et Johannesburg. Safiya travaille aux côtés de son mari en tant que sa conseillère. Ils ont un enfant à présent : Jamila. Elle a un an et c’est la prunelle de leurs yeux. Sa mère ne la lâche pas d’une seule seconde. Après ce qu’elle a vécu avec David, elle ne veut plus perdre d’enfants. Safiya a fait le deuil de ce dernier. Elle est membre d’une association qui lutte pour le droit des enfants.
Concernant ma sœur, elle a fini par se mettre avec Lucien. Après avoir tant erré, elle s’est définitivement installée en Guinée pour être près de maman avec qui ils vivent. Lucien et elle se sont mariés. Elle a trouvé du boulot en tant qu’enseignante d’anglais dans un établissement de la place et prend ses responsabilités très au sérieux. Nos relations sont devenues plus étroites après ce qui s’est passé.
Dana, la folle comme j’aime l’appeler, est retournée au Ghana avec son fils. L’enfant dont elle attribuait la paternité à Alex, n’était autre que de ML. Et elle le savait. Elle a vendu toutes les parts de son entreprise que nous avons racheté. Aujourd’hui je suis la propriétaire de cet édifice que j’ai rebaptisé Ari’Design. Je travaille en collaboration avec Azurik pour ne pas oublier mes origines. En mémoire de Synthia, nous avons créé Lucien et moi une ligne de vêtements qui portait son nom. L’argent obtenu a été versé à une association qui lutte pour les droits des femmes et surtout à toutes celles qui ont été victimes de toutes les violences qui leur ont été faites. Nous avons érigé une stèle dans la cour de l’entreprise pour que son esprit et sa bonne humeur nous accompagnent toujours.
Chaque année je me rends sur la tombe de mes parents et à l’occasion de la mort des parents de ML, je vais lui rendre visite en prison pour lui demander pardon pour ce qu’il a vécu, mais aussi pour lui permettre de se reconstruire. Il a été condamné à la prison à vie sans possibilité de remise de peine. Alors j’y vais pour lui redonner du sourire et surtout l’espoir que tout n’est pas perdu. C’était dur au début, mais grâce à mon mari, j’ai réussi à pardonner et à tourner cette page. En prison, il dispense des cours et vient en aide à ceux qui en ont besoin. Nous lui apportons de l’aide quand il en faut parce qu’il n’a pas de famille et que s’il en est arrivé là, c’est parce que d’une certaine manière notre famille a une dette à payer à la sienne. Alors dès qu’il veut me voir, je n’hésite pas à m’y rendre. Ma mère, elle, le fait tous les trois jours. Elle l’a pris sous son aile comme son véritable fils.
J’ai fini par comprendre que pour mieux vivre le présent et préparer le futur, il faut parfois apprendre à changer de livre. Tourner la page ou changer de chapitre ne suffisent pas. Quand le passé est aussi entaché comme le mien, alors on sort les cadavres des penderies et on les enterre simplement pour nous éviter de les côtoyer. La vie est trop courte pour se faire du mal, alors mieux vaut en profiter. Ne dit-on pas que la haine allume toutes les querelles, mais que l’amour efface toutes les fautes ? Alors autant mieux aimer encore, aimer toujours pour ne pas sombrer dans le mal.
Alex m’enroule de ses grands bras, dépose un baiser sur mon front et me lance dans un souffle :
- Douce nuit à toi mon ange !
- Merci mon cœur.
Je ferme mes yeux et m’endors dans l’espoir que demain soit sain.
************Fin********