Convivialité

Write by Saria


***Le soir même***

***Chez les Sidibé***

***Yacine***

J’ai accroché tout de suite pour Tata Selma. Elle est vraiment comme ma grande-sœur me l’a décrite : belle, douce et un peu timide. Je n’en reviens pas qu’elle écoute les sons que j'ai entendus là sur son téléphone !

Nous avons passé l’après-midi à rigoler comme si nous nous connaissions depuis toujours. Après, j’ai dû aller vers mes cahiers et elle se retrouve à la cuisine avec tata Loubna.

Je suis à fond dans un exercice de mathématiques quand Chérifa entre ou plutôt  déboule dans ma chambre. Elle me serre fort dans ses bras, avant que je n’aie le temps de comprendre ce qui m’arrive.

Moi (protestant) : Woh !!! Qu’est-ce qui t’arrive ?

Chéri : Bah, tu n’as qu’à ne pas aller en vadrouille ! Bon laisse ça… Ton père a failli me manger cru hier !

Moi : Krkrkr ! Ah ouais je te croyais téméraire !

Chéri : Ah ça petit… On va dire suicidaire !

Moi (pouffant) : Un jour Chéri, il te tordra le cou !

Chéri : Pff !

Elle entreprend de me raconter tout ce que j’ai raté avec de grands gestes et des mimiques. Je rigole tellement… Cette fille va finir par rendre fou notre père ! Nous nous interrompons lorsque quelqu’un frappe à la porte. C’est Tata Loubna.

TL : Yass, ton papa te demande.

 

***Kader***

Si je suis rentré plus tôt que d’habitude, ce n’est pas pour voir Selma. J’ai juste fini un peu plus tôt. Néanmoins, je la guette quand je rentre… pas de traces d’elle. Je me change rapidement et toque à sa porte.

« Entrez »

Prudent, je reste quand-même sur le pas de la porte et continue de frapper avec insistance. Elle vient ouvrir et mon cerveau bugge : apparemment, elle se changeait. Un bout de pagne noué sur la poitrine.

Selma : J’ai dit… Oh c’est toi ! Je… Je suis en train de m'habiller …Tu veux quelque chose ?

Moi : Hum… Euh, tu veux bien descendre quand tu finis ? …Je… Je serai à mon bureau.

Selma : Ok.

Elle me rejoint quelques instants plus tard vêtue d’une petite robe en tissu batik bleu nuit qui s’arrête à mi-cuisses. Je déglutis, j’espère survivre à tout ça. Je fais demander Yacine par Loubna… en précisant bien que je l’attends au bureau.

Quelques minutes plus tard, avant qu'un long silence ne s’installe entre Selma et moi, Yacine passe sa tête par la porte.

Yacine : Bonjour Pa !

Moi : Bonjour fils… Viens que je te présente quelqu’un…

Yacine (refermant la porte) : Tata Selma ?

Moi : Vous vous connaissez déjà ?

Yacine : Nous avons passé l’après-midi ensemble.

 

***Selma***

Kader (se tournant vers son fils) : Tu es au courant de cette histoire ?

Yacine : Non… Chérifa m'en a dit juste assez pour qu'elle soit je cite « la seule à subir tes foudres ».

Kader (fataliste) : OK… de toute évidence, je ne contrôle rien dans cette maison !

Moi je ne sais plus où me mettre… Kader ne veut pas de moi chez lui et il ne s'en cache pas. Audrey ou Chérifa est bien naïve de penser un instant qu'il peut encore y avoir quelque chose entre son père et moi. Je crois que je vais tranquillement me chercher un hôtel, malgré ce que Lulu m’a conseillé, et déménager sans vague ni tapage.

Loubna vient interrompre mes pensées.

« Tonton le dîner est servi ! »

Kader : Merci Loubna

Il se lève et comme je semble hésitante, Yacine fait un geste de la main :

Yacine : Après toi tata !

Je souris, il est plus grand que moi d’une tête ; j’ai vraiment du mal à lui donner son âge, c’est-à-dire 12 ans. Seul son visage montre que ce n’est qu’un gamin.

Ce soir, le repas est plus gai : Yacine ignorant toute gêne échange avec tout le monde. Du coup après un flottement de quelques minutes nous commençons à converser joyeusement. A la fin du repas, l'atmosphère est détendue ; nous rions.

Audrey va chercher son ordinateur qu’elle branche à l’écran de télévision, elle veut montrer à sa famille son travail à la Fondation, bref son séjour.

Les images commencent à dérouler, jusqu’à une photo où je suis à la cuisine chez moi… Cette même cuisine où nous nous sommes aimés pour la première fois, Kader et moi. Du coin de l’œil, j’observe sa réaction, il déglutit. Ah quand-même ! J’en suis arrivée à penser qu’il avait gommé tout ça de sa mémoire.

Audrey : Tatie criait ici qu’elle ne voulait aucune photo ! Hey ! Regarde Tonton Joan ! C’est le petit frère de Tatie… Hum un gros sapeur !

Moi : …

Une photo de Joan et elle passe, ils étaient bras dessus bras dessous à la plage. Je me rappelle, c’est moi qui avais pris celle-là.

Yacine : Ah ouais ! Je vois ce que tu veux dire !

Audrey : Wesh, Papi Michel et Mamie Adesua ! Mon asso ! Yass, elle fait un pepper soup d’enfer ! Papi lui est le meilleur joueur de scrabble que je connaisse.

Kader : Mieux que moi alors ?

Audrey : Euh

Yacine : Eh ben papa, quelqu’un t’a bien remplacé, on dirait ?

Audrey : Hey boucle-là !

Kader : Chérifa ?!

Audrey : Sorry dad !

Toujours aussi emballée… Elle continue à faire défiler. D’autres images passent, elle montre son superviseur, les enfants, quelques photos de la fois où Tim et moi l’avons emmenée en boîte.

Yacine (se tournant vers moi) : Je suis ok pour que tu m’apprennes à danser !

Moi (gênée) : Euh… On en reparle.

Audrey : Tatie est un as ! Elle maîtrise tout hein ; le truc, c’est qu’elle n’a pas besoin de boire avant de s’éclater !

Je sentais le regard de Kader peser sur moi, je ne sais plus où me mettre. Je gigote dans mon siège. Une quinzaine de minutes plus tard c’est fini, j’en profite pour m’éclipser. Au moment où je m’apprête à monter les escaliers, j’entends :

« Merci »

Je me retourne, Kader se tient debout derrière moi les mains dans les poches.

Kader : Merci de l’avoir accueillie chez toi… et d’en avoir pris un aussi grand soin.

Moi : Je n’avais pas vraiment le choix… Elle est facile à vivre et s’est intégrée toute seule.

Kader : Merci quand-même !

Moi : Ce fut un plaisir !

Pour la première fois depuis que je suis sous son toit, je vois un vrai sourire. Mon cœur maboul se met à faire des bonds. Je lui rends son sourire et file.

Heureuse, je prends mon téléphone et compose le numéro de maman, après trois sonneries, elle décroche.

MA : Allô sweety ?

Moi : Oui mummy. Comment vas-tu ?

MA : Je souis là mon bébé et toi ? Là-bas chez les « Gourmantché » ?

Moi : Rire maman tu exagères ! Ici, c’est comme au Bénin et au Nigéria, c’est plusieurs ethnies !

MA : Han !

Moi (hésitante) : Maman ?

MA : Hmm ?

Moi (d’un trait) : Maman, j’habite dans la maison de Kader, Audrey est sa fille.

 

Un long silence se fait au bout du fil, j’ai le temps de compter jusqu’à dix dans ma tête.

MA : Jesus Christ ! Je le savais ! Mon Dieu est juste et bon ! Mais dis-moi, il est là ? Lui-même Kader ?

Moi : Oui…

MA : Selma ?! Si c’est pour me demander, si tou peux try, bébé je ne sais pas. Mais le chemin du bonheur est compliqué… Si tou sens, vas-y ! Après, je souis là mon bébé… Toujours ! Ok ?

Moi (soufflant) : Ok… Maman ?

MA : Oui chérie…

Moi : Je vais dire à papa moi-même…

MA : Of course ! Sinon il va dire qu'on a fait la politique et pouis tou est sorti là-bas !

Rire en langage clair ma maman nigériane a voulu dire que c’est à moi d'en informer mon père sinon il pensera que c’était une conspiration de notre part.

 

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L'homme qui n'avait...