Les rayons solaires filtrent à travers les rideaux de toile de notre chambre et finissent par me caresser le visage. Sans le vouloir, j’immerge tout doucement de mon sommeil. Ça y est, je ne peux plus me rendormir. Toutes mes chances de faire la grasse matinée se sont envolées d’un seul coup. Moi qui avais prévu me reposer, je crois bien que c’est peine perdue. Je soupire et reste quand même allongé sur le lit. Je laisse divaguer mes pensées avant qu’elles ne me poussent à tourner mon regard sur la plus belle créature que le monde ait portée : ma femme. Je la regarde et mon cœur se gonfle d’amour et de fierté. Elle est magnifique. Elle est intelligente, sensuelle et pour couronner le tout c’est un cordon bleu. 12 ans que nous avons scellé notre union, douze ans déjà que je l’ai fait entrer dans ma vie et je peux avouer ne pas le regretter. Toutes ces années passées à ses côtés m’ont fortifié, m’ont transformé, m’ont comblé de bonheur. Parfois je me demande ce que j’ai fait pour mériter une épouse aussi parfaite et surtout comment elle s’est prise pour dompter le Don Juan que j’étais. Moi Isaac, qui ne pensais qu’à mettre les filles dans mon lit avant de m’en débarrasser, me voici avec une seule femme pour le restant de ma vie. Qui l’aurait imaginé ? Personne, même pas moi. Mais pourtant Nina a réussi à me faire complètement changer de mode de vie. Aujourd’hui je suis encore étonné de son exploit. Mais bon, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas. 

Je regarde Nina et je constate qu’elle dort à poing fermé comme un nouveau-né. Elle est tellement belle ma femme et c’est un plaisir de la contempler comme la beauté qu’elle est. Pas une seule fois en douze ans je ne me suis permis de la tromper. Elle ne mérite pas ça, pire ce que nous partagions est tellement sacré pour moi que je ne veux en aucun cas l’entacher. Je me rapproche d’elle et frotte mon nez contre le sien. Sa réaction ne se fait pas attendre. Elle lance :

- Jijaak ! 

C’est tellement mignon. Elle est profondément endormie, mais elle réussit quand-même à me reconnaitre. Comme c’est drôle, étrange et aussi exaltant en même temps. Je dépose cette fois-ci un baiser sur son front et la laisse dormir. La reine qu’elle est mérite bien de se reposer.  Je quitte donc le lit et me rend dans la salle de bain où je me brosse les dents et me débarbouille un peu. Je me rends dans mon dressing où je porte mon complet de sport. Nous sommes samedi et le jogging matinal de ce jour s’impose à moi. Il me faut brûler toutes les calories que j’ai emmagasiné. Je quitte notre chambre pour celles des enfants. Je constate que tout mon petit monde est encore endormi. C’est tellement incroyable de les avoir. Nina m’a donné une paire de jumeaux Mona et Mechak qui ont onze ans aujourd’hui. Ces deux-là sont ses photocopies en couleur. Ils n’ont pris aucun trait de moi. A croire que je n’ai même pas bossé. Mais heureusement notre dernier arrivé est mon mini moi. C’est mon portrait craché. Parfois j’ao l’impression de me revoir dans ses yeux. Il a cinq ans aujourd’hui mais c’est le plus grand perroquet de cette maison. Je quitte leurs chambres et là je me rends compte que je n’ai pas pris mon téléphone avec moi. Je retourne donc dans notre chambre conjugale pour le récupérer. Sur la table de chevet, je constate que celui de Nina vibre, disons qu’il affiche un appel en cours. Je le récupère et je me rends compte que le numéro entrant est enregistré sous le nom d’« inconnu ». Je décroche l’appel, mais le correspondant raccroche immédiatement. On croirait que l’écoute de ma voix l’a empêché d’aller plus loin. Je remets le téléphone à sa place et je m’en vais courir. Je ne veux pas déranger Nina dans son sommeil et puis j’ai envie de ne penser à rien pour l’instant. 

Je sors de chez moi après avoir fait le point avec tout le personnel de la maison. Tout va pour le mieux d’après ce que j’ai pu constater. Je m’échauffe, m’étire avant de commencer ma séance par une petite marche. Après quelques minutes, j’alterne entre la course, les trots et la marche. Au bout d’une heure trente, je me sens essoufflé et je sue partout. Il me faut absolument prendre un bain. Je rentre chez moi quelques instants plus tard, direction la chambre pour prendre une douche. Nina dort encore, mais son téléphone vibre encore. J’essaies de décrocher encore une fois mais la personne au bout du fil raccroche dès qu’elle entend ma voix. Qu’est-ce que cela veut dire ? Je commence à trouver cela bizarre. Pourquoi agir ainsi ? J’essaie de lancer l’appel en retour, mais le téléphone de ma femme porte un code. Mince ! Pendant que j’essaie de réfléchir sur comment je dois réagir, le même numéro envoie un message qui s’affiche en haut de l’écran avec comme mention : « Comment se porte mes enfants ? Je ne les ai pas vu depuis un moment et tu m’empêches d’entrer en contact avec eux. » Boum ! Je crois que mon cœur viens de tomber dans mon ventre.