Découverte
Write by EdnaYamba
« Chaque
personne a une histoire
Ne
juge pas les gens
Avant
de les connaitre vraiment
La
vérité pourrait te surprendre. »
Marina
Moussavou
Ma mère était enceinte ?
Personne ne le m’a jamais dit. Ils n’ont pas jugé utile que
je le sache.
Ma peine est encore plus grande. Cette horrible personne
qui a arraché à sa mère la vie, a aussi empêché à mon frère ou ma sœur la chance
de vivre. Mes yeux brillent de larmes, mais je ne souhaite pas que le bel
inspecteur me voie pleure. Je les réprime.
C’était déjà assez douloureux de savoir que sa mère a été
assassinée, mais maintenant savoir que j’aurai pu avoir un petit frère à aimer,
est encore plus difficile.
-
Excuse-moi, dis- je à l’inspecteur Lance alors que mes larmes réussissent à s’échapper
de mes yeux.
-
Je te comprends tout à fait ;
crois-moi ! pleurer ça fait du bien ! me dit-il compatissant.
Je doute qu’il sache la profondeur de ma peine mais la
voix grave de l’inspecteur Lance trahit
un grésillement. Il semble ému.
Lance Durand
Je lui tends un mouchoir pour qu’elle essuie ses larmes.
Elle n’arrive pas à se souvenir de l’homme qui venait voir
sa mère tous les soirs. Cette dernière l’envoyait très souvent au lit assez tôt
quand elle savait qu’il viendrait. Elle avait écouté sa voix un jour alors
qu’elle s’était cachée dans le couloir, poussée par la curiosité mais elle
n’avait cependant pas réussi à voir son visage.
Était-ce lui le père de l’enfant ? Ce monsieur semble
être la clé de ce puzzle.
-
Il nous faut plus d’infos, lui expliqué-je, il
n’y a vraiment rien dont tu te souviennes ? il n’y a pas d’affaires que ta
mère aurait laissé qui pourrait nous aider ?
-
Je ne sais pas, oncle pierre a stocké quelques
affaires de maman à la maison. Je vais y jeter un coup d’œil.
-
Ce serait formidable, si tu arrives à trouver
quelque chose. Une lettre, un code, tout ce qui pourrait te paraitre suspect, apporte-le-moi !
Moi, je vais essayer de regarder du côté de Dimitri NGOYE si je peux avoir une
quelconque info !
-
D’accord.
Au moment de se quitter, dans un geste qui se veut réconfortant,
je lui frotte la joue en lui disant :
-
Perdre un être cher, c’est difficile, je sais.
Mais parfois, il faut s’ouvrir et pleurer quand c’est nécessaire. Si tu veux en
parler, je suis là. Tu as mon numéro !
Marina Moussavou
Et il s’en alla me laissant désorientée, troublée !
Quand je rentre à la maison, c’est vers le garage où sont
stockées les affaires de sa mère que je me dirige directement. Je n’ai jamais eu
le courage de fouiller à l’intérieur auparavant.
Les affaires entassées en cartons, sont disposés les uns
sur les autres.
Le challenge est de savoir par où commencer encore moins
quoi chercher qui pourrait nous aider dans cette affaire.
-
Seigneur guide-moi, prié-je au fond de mon
cœur !
****
Lance Durand
Enquêter à Libreville ressemble plutôt à mission
impossible, pensé-je.
Les enquêtes passées, je me suis trouvé un jeune garçon de
la rue comme indic Gabino, comme il se fait appeler.
Il connait tous les coins et recoins de la capitale gabonaise.
Le
grand je maitrise tous les pivots D ’LBV, dit-il toujours.
Je lui fais confiance. C’est un petit qui a eu des parents
démissionnaires et dont la rue s’est chargée de l’éducation, un peu comme la
majorité des enfants de la rue. Les histoires diffèrent d’un gamin à l’autre
mais l’issue est très souvent désastreuse.
C’était un chargeur des bus, que j’ai arrêté après ses
tentatives infructueuses de PICKPOCKET pour me soutirer mon téléphone.
Au départ, j’ai voulu le punir en l’envoyant croupir dans
une cellule. Mais quand je l’ai entendu, j’ai été épris de compassion. Ce gamin
n’avait juste pas eu de chance et faisait ce qu’il pouvait pour réussir.
La vie n’offre pas les mêmes privilèges à tout le monde, il
y en a qui pourtant méritent juste une petite chance, une petite opportunité
pour réussir et d’autres qui ont tout mais ne savent pas apprécier ce qu’ils ont !
Et cette dernière catégorie m’horripile.
Je lui ai donc proposé à cet instant d’aider la police en
échange de sa liberté. J’ai noté dans le dossier que Dimitri NGOYE résidait au
PK9. C’est un vaste quartier, je dois donc l’envoyer en éclaireur, vérifier si
cette famille y réside encore. Il maitrise Libreville. Ce ne sera donc pour lui
qu’une partie de jeu.
La sonnerie de son téléphone m’interpelle et quand je décroche,
c’est la douce voix de Greta ma sœur qui se fait entendre.
-
Bonjour Lance.
-
Bonjour Greta, comment vas-tu ?
-
Ça va bien, c’est plutôt à toi que je dois demander ça,
-
Je vais bien, ne t’inquiète pas ! lui dis-je
pour la rassurer.
-
Tu comptes revenir ou pas ? Depuis que tu
es là-bas, tu ne nous dis rien !
Mes sœurs ne connaissent rien du Gabon, nous l’avons tous quitté
enfants et les souvenirs qu’elles en ont, sont plutôt douloureux. Elles espèrent
que je rentre assez vite de cette mission. Elles ne comprennent d’ailleurs pas
pourquoi je l’ai acceptée.
-
Je n’ai pas fini ce pourquoi je suis ici Greta.
Dès que je finis, je rentre !
-
Tu te souviens au moins que tu as laissé une
fiancée ici ?
-
Greta, nous sommes en pause ! Soupiré-je.
-
Y aurait-il une raison pour que cette pause ne s’achève
pas ? me demande ma sœur suspicieuse.
-
Pas du tout !
-
Melissa est une fille bien Lance, tu devrais
lui pardonner ! plaide-t-elle
-
Greta, soupiré-je à nouveau, je suis encore
capable de savoir ce qui est bien pour moi !
Elle marque une pause avant de rajouter.
-
Pense à appeler papa et Andréa, ils se font du souci !
et Melissa aussi. Bisous p’tit frère !
-
Bisous Greta
Ma sœur est une personne agréable mais parfois un peu trop « je me mêle de tout », une fouineuse.
Melissa, mon ex fiancée, est une jeune métisse franco-congolaise que j’ai rencontrée
deux ans auparavant. Physiquement, elle m’a tout de suite plu, c’est une grande
beauté, élancée avec de jolis traits fins. Elle fait l’unanimité chaque fois
qu’elle est dans une pièce. Tout le monde l’admire et se tourne à son passage.
Et c’est peut-être ça le problème. Elle se sait trop belle et désirable.
Elle a le monde à ses pieds !
Quand nous nous sommes engagés ensemble, nous nous sommes
mis d’accord pour une relation sérieuse. Apparemment, cela ne lui a pas suffi. Elle s’est
mise à me tendre des pièges, créant des ruptures pour vérifier que je tiens
vraiment à elle, me rabattant les oreilles à chaque fois en me rappelant
qu’elle pourrait avoir qui elle veut.
Si au début, j’ai tout fait pour que leur relation perdure,
son comportement m’a eu à l’usure. Je ne suis pas le genre d’homme qu’on
manipule et qu’une femme peut tenir en laisse et m’obliger à faire ce qu’elle veut
!
La dernière crise en date, elle est allée avec un autre
homme à une soirée où nous avions été invités tous les deux sous prétexte que
je la néglige et qu’elle a besoin d’attention ! Je l’ai laissée avec ses
réflexions en lui suggérant une pause le temps pour nous de voir clair dans nos
sentiments
Et plus le temps passe, je me rends compte que ce n’est pas
une femme qui me corresponde. J’aime les femmes simples, les femmes qui gardent
la tête sur les épaules, qui savent ce qu’est la vie, les femmes comme...
Le visage de Marina MOUSSAVOU m’apparait aussitôt. C’est
une jolie jeune fille. Aujourd’hui, j’ai découvert son côté sensible, fragile.
Elle inspire vraiment à ce qu’on la protège un peu comme Greta. Ce matin, la
voir pleurer m’a touché, elle a besoin d’aide, d’extérioriser tout ce qu’elle
garde en elle, sinon elle ne réussira jamais à faire son deuil.
****
Gabino
De l’autre côté de la vielle, je descends du taxi qui a roulé
près d’une heure à cause des nombreux embouteillages sur la route des PK. Tout
le monde espère que les travaux pour la nouvelle route 2*2voies finissent, pour
pouvoir enfin voir la circulation fluide sur cette route.
J’arrive dans les Pk 9 où je connais quelques personnes
pour prendre les informations. À chaque mètre, il y a un bar rempli de monde.
S’asseoir dans les bars, boire le vin et draguer les femmes
sont devenues les activités favorites des gabonais avec l’accroissement du taux
de chômage et la situation politico-économique délétère du pays.
J’aperçois dans un bar quelques vieux amis à lui savourant
leurs bières.
Pour soutirer des infos à ces derniers, il faut leur payer
à boire, et certainement glisser quelques billets.
C’est la loi du Mapane ‘’sans le do ya rien’’.
Une vaine que l’inspecteur m’a donné quelques billets.
-
J’espère seulement que son biz là, c’est pas un
way bizarre, je ne veux pas prendre la bastille cadeau hein. Même si c’est un
bon grand, je tiens encore à ma life, ici au PK9 y a de mauvais BANGADO vrai
vrai., pensé-je alors que j’avance dans le quartier.
Un vieil ami m’interpelle.
-
Eh le GABINHO, m’appelle Fafio mon
ami, tu viens faire quoi dans notre pivot ?
-
Bouge, tu surveilles mes déplacements ?
occupe-toi de tes 3 mounas hein, laisse-moi !
-
Mani, j’ai déjà 4 mounas , me dit-il fièrement,
la Nga danse bien l’ORIENGO man !
Je ne peux m’empêcher de traiter intérieurement mon ami de maboul,
il n’a pas d’argent mais il continue de faire les enfants comme s’il peut s’en occuper.
-
Tu n’as pas le Do mais tu pompes les enfants.
Je fia sur toi, en tout cas chacun ses blêmes.
Moi, les mounas, pardon pas maintenant, je me cherche !
-
Mani parmi eux, il y aura peut-être le futur
président de la république.
Je bouscule la tête en signe de désolation pour lui.
Comment ses enfants vont-ils pouvoir espérer bringuer la présidence s’il n’a pas
au préalable pu leur offrir une scolarité décente. Nous sommes pourtant les
parfaits exemples de l’échec parental, du milieu défavorisé. C’est pourquoi, j’ai
pensé à avoir un petit bizness qui me rapportera de l’argent. J’y songe de plus
en plus, faire des économies et faire quelque chose de rentable sur la longue
durée. J’ai exercé pendant un certain temps comme apprenti-mécanicien, un jour j’ouvrirai
mon atelier.
« On pouvait
être bête mais il ne fallait pas être bête jusqu’au bout » me répété-je
souvent
Je ne suis pas là
pour essayer de raisonner mon têtu d’ami, c’est inutile. Sa mentalité est
infestée et cela semble incurable. Je ne dois pas perdre de vue ce qui m’emmène
dans ce quartier.
J’entraine mon ami dans le bar à côté, déjà rempli de
jeunes avec des tables pleines de bouteilles de bières vides, prendre une Rebab,
histoire de pouvoir lui soutirer quelques informations. Devant le vin, les
langues se délient facilement.
-
Mani, tu know un Dimitri NGOYE dans le
pivot ?
-
Wow mani , tu traites maintenant avec les
fantômes ? crie-t-il, le gars-là a Die depuis moi j’étais encore un
mouna !
-
Vrai vrai ? talk moi vrai Fafio
-
Vrai vrai le gars a die en taule ! on l’a
kille là-bas, l’année passée son pater a die, sa mère est reparti au bled, mais elle remonte chaque mois prendre sa
retraite, elle workait comme ménagère à HOPES BUILDING !
-
Ah bon hein ? top ! elle va venir
bientôt ?
-
Chaque 5, elle est là. Elle descend chez sa sœur
maman Magalie ! c’est la tante de ma Go non !? mais tu veux Know ça
même pourquoi ?
-
La curiosité man, c’est tout ! mais dis-moi
dans ton pivot là y a pas une bonne Go pour moi ? dis-je afin de changer
de sujet et de ne pas éveiller la curiosité de mon ami
-
Mani les Go, il y a en poutoulou !
J’espère que les informations que j’ai eues, aideront l’inspecteur.
Il ne me restait plus que la localisation la maison de
maman Magalie. Et le tour est joué. J’aurais bien accompli sa mission.
Il devait bien ça à celui qu’il appelait le grand car sans lui, il serait à sans famille actuellement.
***
Marina MOUSSAVOU
Ça fait des heures que je fouille dans les cartons de sa
mère, sans rien trouver de concret.
Marianne MOUSSAVOU a laissé tellement de choses, entre les
habits et les bijoux, je désespère de trouver un élément qui nous aiderait.
Fatiguée, je me laissa glisser sur le sol quand soudain mon
regard se pose sur une petite boite
bleue.
La petite boite bleue que ma mère rangeait toujours dans le
tiroir de sa coiffeuse, je la reconnais. Je vais la prendre. Alors que je tente
de l’ouvrir, je remarque qu’il y avait un code.
Un code ? Que
cachait ma mère à l’intérieur de cette boite ?
Quand on tient une boite avec un code, c’est qu’on a des
choses à préserver hors de la vue du monde. Ma mère avait pourtant l’air d’une
femme comme toutes les autres, sans histoires, mère célibataire d’une jeune
adolescente. Elle travaillait, et voyait cet homme mystérieux. À moins que
celui-ci ne fût marié. Ça expliquerait clairement le fait qu’elle n’ait jamais
voulu le présenter. Son meurtre serait-il le fruit de la vengeance d’une femme
jalouse ? Je n’y ai jamais pensé avant. Mais maintenant que je me rends
compte que ma mère avait elle aussi des secrets, je pressens que cette histoire
est plus complexe que ce que j’ai pensé jusque-là.
J’imagine toutes les combinaisons possibles !
Rien à faire !
-
Marina, on va passer à table ! crie ma
tante !
Je prends la petite boite pour l’emporter dans la chambre,
il ne vaut mieux pas que je traine dans le garage sinon j’éveillerais les
soupçons.
Il ne faut pas qu’on me dissuade de trouver des réponses à
la mort de ma mère. C’est mon droit de faire rendre justice à ma mère afin
qu’elle repose véritablement en paix.
J’appellerai Lance plus tard, peut –être aura-t-il des
idées pour ouvrir cette boite.