Entre larmes et décisions

Write by Nobody

Ce soir-là, quand elle rentra chez eux, c'est complètement fatiguée qu'elle tomba dans les bras de son fiancé. Là, elle ne put empêcher ses larmes de couler. Son corps, encore marqué par une journée de travail épuisante, se laissait aller dans les bras d'Amid comme une mer qui se brise contre les rochers après une tempête. Les sanglots, trop longtemps retenus, s'échappaient enfin, lourds de frustration et de déception.

Son fiancé, déconcerté et inquiet, ne comprenait pas ce qui avait pu la mettre dans un tel état. Il l'enlaça tendrement, cherchant à la rassurer. Il caressa doucement ses cheveux, murmurant des mots apaisants, mais sa douceur semblait dérisoire face à la profondeur de la peine qu'il ressentait chez elle. Il sentait bien que ce n'était pas un simple stress de travail. Dalila s'efforça de reprendre son souffle, puis, lentement, elle essuya son visage mouillé. Ses traits étaient marqués par la tristesse, mais elle s'excusa malgré elle, comme pour effacer l'intensité de son émotion.

– « Qu'est-ce que tu as, Dalila ? Je t'ai jamais vue dans cet état en sortant du bureau ? Qu'est-ce qui s'est passé là-bas ? Quelqu'un t'a pris la tête ? » demanda-t-il, son inquiétude montant d'un cran à chaque seconde.

À chaque question, elle se contentait de répondre par la négation, comme si ses mots avaient du mal à franchir le seuil de ses lèvres. La confusion s'empara d'Amid. Qu'est-ce qui pouvait bien la perturber ainsi ? Pourtant, il sentait qu'il y avait une raison. Une raison qu'elle allait peut-être partager. Et comme si elle avait lu dans ses pensées, Dalila prit la parole, sa voix brisée mais déterminée, prête à se livrer, malgré la difficulté de l'exercice.

– « Tu te rappelles du contrat sur lequel je travaillais jour et nuit depuis une semaine ? » demanda-t-elle, son regard fuyant, comme si cette simple question pouvait lui ouvrir une brèche dans l'âme.

– « Comment oublier ? Ce contrat pour lequel tu m'as complètement délaissé ! » répondit Amid avec une pointe de reproche, même s'il comprenait au fond. La tension se faisait palpable, comme une corde tendue prête à céder sous la moindre pression.

– « Ne dis pas ça Amid, s'il te plaît, on en a déjà parlé. Eh bien sache que je ne te délaisserai plus comme tu le dis, » rétorqua-t-elle, sa voix adoucie par la sincérité.

– Mais Amid fronça les sourcils, une lueur d’incompréhension dans les yeux, essayant de saisir où Dalila voulait en venir.

– « Et pourquoi ça ? » demanda-t-il, son ton moins assuré cette fois.

– « Parce que le contrat m'a été retiré, voilà, » dit-elle d'une voix presque joyeuse, mais ses yeux trahissaient la douleur. Son sourire était figé, un masque qu'elle portait pour masquer l'ampleur de sa déception.

– Les mots d'Amid restèrent suspendus dans l'air. Il n'arrivait pas à saisir la réalité de ce qu'elle venait de lui annoncer. Une blague ? Non, il connaissait trop bien Dalila pour savoir que ce n'était pas le cas. Mais comment était-ce possible ? Comment pouvait-on retirer un contrat après tout ce travail acharné ?

– « Mais pourquoi il a fait ça ? » murmura-t-il, son esprit tournant en spirale.

– « Pour qui il a fait ça, tu veux plutôt dire ? » répondit Dalila, la colère à peine contenue dans sa voix. Le vent de la frustration soufflait dans ses mots, et Amid sentit la tempête arriver.

La vérité s’imposa alors dans l’esprit d’Amid. Ses soupçons se confirmèrent. Il ne voulait pas y croire, mais la lumière s’alluma dans son esprit.

– « Ne me dis pas que c'est encore cette fille qui a repris le contrat ? » demanda-t-il, une crispation dans sa gorge.

– « C'est encore elle, Amid, encore et toujours elle. Je commence à en avoir marre d'elle. Ça fait cinq ans que je suis dans cette entreprise, cinq ans que je me bats pour leurs intérêts et les miens aussi en passant. Elle a débarqué il n'y a même pas une année et demie et voilà que je ne suis plus rien aux yeux de mon patron. Je ne sers plus à rien. Il me confie des contrats qui ne demandent qu'un stagiaire. Et quand, par miracle, monsieur décide enfin de me donner THE contrat, il se rétracte quelques jours après et le donne à Mademoiselle Lisa. J'en ai marre, Amid. Tu sais bien que je déteste la concurrence, mais là, c'est carrément de l'humiliation. Je vais poser ma démission. Je ne peux plus continuer comme ça, » déballa-t-elle, le poison de sa colère se déversant dans chaque mot.

Amid resta un instant sans voix, cherchant à comprendre les implications de ce qu'elle venait de dire. C'était trop brutal. Trop injuste. Mais avant qu'il ne puisse répondre, Dalila poursuivit, sa voix plus calme, mais lourde de désespoir.

– « Tu sais que de base je n'aime pas la concurrence mais là c'est carrément de l'humiliation. Je vais poser ma démission. Je ne peux plus continuer ainsi. »

– « Écoute, mon amour, c'est vrai, je ne peux pas affirmer que je te comprends à 100%, vu que je ne suis pas à ta place, mais j'essaie quand même de le faire. Penses-tu vraiment que démissionner soit la bonne solution ? » lui demanda-t-il, ses mots enveloppés d'une réelle inquiétude.

Dalila le fixa, décidée, sa posture marquée par l'épuisement. 

- « Si tu savais ce que j'ai ressenti… Je n'ai pas le choix, Amid. Il n'y a plus de place pour nous deux. C’est elle ou moi, et je ne resterai pas dans cette entreprise où je suis invisibilisée. »

– « Eh bien laisse-moi me charger de ça alors. Je vais trouver une solution. Tu verras, » répondit-il, plus sûr de lui que jamais, déterminé à réparer ce qui semblait brisé.

Dalila fronça les sourcils, intriguée mais aussi sceptique. 

-- « Que vas-tu faire ? » demanda-t-elle, ne parvenant pas à comprendre où il voulait en venir.

– « Tu me fais confiance ou pas, chérie ? Laisse-moi m'en charger, s'il te plaît. Mais en attendant, fais ce pourquoi tu es payée, ne te prends pas la tête avec personne et tu verras les résultats, » lui dit-il, insistant sur la nécessité de se détendre.

Dalila, trop épuisée pour chercher à creuser davantage, haussait les épaules. Sa décision était déjà prise. Peu importe ce qu'Amid ferait, elle finirait par démissionner. Il était devenu clair qu'elle ne pouvait plus supporter ce manque de respect envers son travail, envers son parcours.

– « Va prendre ta douche, chérie. Aujourd'hui, c'est moi qui fais à manger, » annonça Amid, avec une tendresse sincère.

– « Tu es sûre ? Je peux nous faire un truc rapide à manger, tu sais ? » répondit-elle, voulant lui rendre la pareille.

– « Non, vas-y. Tu sais que ça ne me dérange jamais de cuisiner pour la future mère de mes enfants. »

Un sourire se dessina sur les lèvres de Dalila, un peu malgré elle. Elle se sentit touchée par cette déclaration, même si son esprit était encore en proie à la tempête.

– « Merci, mon amour. Je vais prendre ma douche, je ne serai pas longue, histoire de venir t'aider. »

– « Prends ton temps, ma belle. Je vais gérer la situation.

- D'accord mon amour. A tout de suite. 


Et Dalila gravit gaiement les escaliers la menant a l'étage.


Elle se déshabilla en s'interdisant de penser a ce qui s'était passé au bureau. De toutes les façons,elle devait en avoir l'habitude. Ceci n'était ni la première fois ni la deuxième qu'il lui faisait ça. 


Elle rentra dans la salle de douche puis prit sa douche. Elle qui disait qu'elle allait faire vite pour aider son fiancé a faire a manger avait finalement pris plus de temps que prévu. La sensation de l'eau fraîche sur son corps lui avait apporté un bien fou et avait également servi a dénoué tous les endroits de son corps qui étaient trop tendus. 


Ce fut bien pimpante, rechargée a bloc qu'elle sortit de la douche. Elle enfila la première chose qui lui passa par la main puis descendit rejoindre son amoureux. 


Elle le découvrit attablé,un journal en main. 


- Oh tu m'as attendu. 


- Tu ne pensais quand même pas que j'allais mangé sans toi. Assieds toi,j'ai déjà servi


- Humm que ça sent bon. C'est moi qui ai pris du temps ou c'est toi qui a été super rapide ? 


- C'est toi qui a pris du temps mon amour. Je viens a peine de finir de nous servir. Mange avant que ça ne se refroidisse. 


Elle avala une bouchée puis finit de l'avaler avant de prendre la parole.


- Et toi ? Tu manges pas ? Demanda-t-elle en reprenant une deuxième bouchée


- Je vais le faire,juste avant il faut que je finisse cette grille de mots croisés, auquel cas je ne pourrai pas manger tu me connais. 


Dalila leva les yeux au ciel. Lui et ses interminables mots croisés. 


Elle posa sa fourchette, ramena sa chaise vers la sienne et se posa a côté de lui. Amid baissa légèrement ses lunettes et la regarda d'un air interrogateur.


- Bah quoi ? A deux on ira plus vite tu sais. Et je parie que je vais trouver plus de mots que toi


Amid rit en secouant la tête puis déposa le journal entre eux. Il passa la main autour de son cou et ensemble se plongèrent dans la résolution de cette grille. 


Retour au présent


Soraya finit de prendre des notes avant de prendre la parole. 


- Excuse moi de te le demander comme ça Dalila mais quand Amid disait qu'il allait s'en charger, parlait-il de.. l'éliminer ? 


- Nonn ! Bien sûr que non !


- Comment peux-tu en être sûr ? Dalila tu ne dois pas me mentir tu sais bien que je suis là pour t'aider. Et par ailleurs tu sais que je dois rendre compte a la police dès qu'on finira notre entrevue,si je leur dis que j'ai senti que tu me cachais des choses, leurs soupçons se confirmeront encore plus. Alors dis moi tout. 


- Je sais tout ça Soraya. Et je te dis que Amid ne prévoyait pas l'éliminer 


- Et comment peux-tu en être si sûre ? demanda-t-elle encore une fois


- Parce que j'ai finalement su ce qu'il voulait faire répondit Dalila en haussant les épaules


- Et c'était quoi ? demanda Soraya curieuse


- C'est simple. Me trouver un autre travail.


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