Entre nausées et...procédure de divorce.
Write by Saria
***Abomey-Calavi***
***Tribunal de 1ère instance***
***Salle d’audience-huis clos***
***Kafui***
J’écoute Guy et j’ai des vertiges ! Le juge nous a convoqués pour nous écouter seuls cette fois-ci. Il y a trois semaines c’était en présence de nos avocats. Là le mec fait un vibrant hymne à l’amour, il ne manque qu’il mette la larme à l’œil du juge.
Guy : Votre honneur j’aime ma femme ! Je reconnais que j’ai fait pas mal de conneries, que j’ai pensé qu’elle était acquise mais je voudrais une seconde chance !!! Pour nous et nos filles. Je ne veux pas divorcer ! Je suis prêt à faire tous les efforts qu’il faut !
Mme le Juge : Hmm…Je vois !
Guy : Je suis conscient du mal…Mais le divorce pour moi n’est pas une option !
Mme le Juge : Madame TONI ?
Moi : Oui votre Honneur ?
Mme le Juge : Il ne veut pas divorcer ! Je crois que vous devriez essayer d’arranger les choses. S’il fait amende honorable…Vous devriez essayer, ne jetez pas aux orties toutes ces années de vie de couple…Regardez comment cette histoire vous mine !
Hum…Oui…Je suis consciente de tout ça…Si seulement elle savait ?!
Moi :…Il a fait un enfant à une autre…le garçon que sa mère me réclame à coups d’injures et d’humiliations sous le regard indifférent de mon époux ! Votre Honneur, les choses sont claires à mon niveau et elles ne risquent pas de changer ! Je veux divorcer !
Mme le Juge : Je comprends votre amertume…Mais vous devriez essayer de dépasser tout ça !
Moi : …
Mme le Juge : Au regard de tout ce qui s’est dit jusque –là…Je crois que vous devriez aller à la conciliation. Je propose donc une période de six mois. C’est le maximum, donc monsieur TONI je vous souhaite de réaliser le miracle ! La séance est levée !
Je sors de là furieuse ! Il a eu ce qu’il voulait ! Déjà je n’aurais jamais dû accepter de reporter la discussion avec les filles comme il me l’a demandé. Je me suis dit que c’était une concession qui n’allait rien me coûter. Il dormait sur le canapé-lit de son bureau en bas, et utilisait la salle de bains qui jouxtait la pièce. Ses vêtements sont restés dans le dressing en haut dans notre chambre. Du coup, les enfants n’ont pas réalisés qu’il y avait un souci.
***Plus tard dans la journée***
***Cotonou***
***Clinique Patte d’Oie***
***Cabinet du Gynécologue***
J’étais tranquillement allongée, loin de la contrariété de ce matin même si ce n’est pas la grande forme.
Docteur Fawaz : Le fœtus se porte bien…Mais vous avez encore maigri…
Moi (épuisée) : Je suis épuisée ! Ce sont les vomissements qui n’arrêtent pas !
Jean-Yves : Il n’y a rien qui puisse calmer ça ?! Rien de ce qu’elle avale ne reste !
Docteur Fawaz : Hum…en fait…les bilans poussés que nous avons faits ne donne pas une explication physiopathologique, et comme Kafui a déjà porté deux grossesses sans jamais en avoir souffert, je penche de plus en plus pour des causes psychologiques…Un cas de grossesse non désirée…Je vais mettre un antiémétique …Faudra boire des boissons sucrées ça devrait vous rechargez... et vous mettre au repos.
Moi : Encore !!! Docteur depuis un mois je ne travaille plus vraiment ! C’est pénible pour moi !
Docteur Fawaz : On n’a pas le choix.
Je ferme les yeux dépitée ! Je n’en peux plus ! Entre Guy et ses histoires de « je ne veux pas divorcer » et ce bébé inattendu…Je n’en peux plus ! Je sens Jean-Yves me serrer la main comme pour me transmettre de l’énergie.
Il y a un mois j’ai réalisé mon état. J’ai paniqué et s’il n’avait pas été là j’aurais avorté ! Je m’en serais voulu, je n’ai pas été éduqué comme ça. Il est là et me porte mais il repart pour un mois…J’évite d’y penser même si c’est imminent…. Après demain…
***Quelques jours plus tard***
J’étais couchée sur les carreaux froids devant ma salle de bain. En fait je n’en pouvais plus des navettes entre mon lit et les toilettes. Je suis à bout ! Ou bien j’ai une autre maladie et le médecin pense que je suis enceinte ! Mes deux grossesses précédentes n’ont jamais été un handicap ! J’ai toujours été active jusqu’au dernier moment !
Des larmes amères coulent sur mon visage, Eh maman ! Qui m’a envoyé !? Je vais mourir ici personne ne saura.
***Guy***
Je n’avais pas du tout vu Kafui ce matin…En fait l’autre jour quand on est rentré du tribunal, elle était tellement fâchée qu’elle m’évite je crois. Trisha m’a dit que maman est malade mais je me suis dit que c’est l’excuse qu’elle leur a servi pour expliquer pourquoi elle est restée cloîtrée dans la chambre.
Le pressentiment que j’ai ne me lâche pas. M’apprêtant à
aller travailler, je descends de voiture et retourne dans la maison. Je monte
les marches qui mènent à notre ancienne chambre. Je frappe…pas de réponses…J’entends
des sortes de plaintes…Tant pis ! J’ouvre et je la vois allongée parterre
sur le sol. Mon cœur manque un battement. Non ! Elle n’a pas pu se
suicider ! Je prends son bras qui retombe mollement.
Moi (paniqué) : Kafu ! Kafu ! Bébé s’il te plaît ne me fais pas ça !
Kafui : Hmm
Moi : Accroche-toi s’il te plaît ! Ne me laisse pas !
Kafui :…
Je la soulève et cours du mieux que je peux vers la voiture. Le centre de santé le plus près de nous c’est l’hôpital de Zone de Calavi ! En moins de 5 mn on est arrivé. Je devais faire peine à voir, car les gens se sont précipité vers moi pour m’aider.
On la conduit aux urgences. Je suis obligé d’attendre, je
trouve que c’est vraiment long. Mon Dieu et si j’étais parti sans être allé la
voir ?! Elle serait morte ! Qu’est-ce j’allais dire aux filles ?
Sans oublier les parents de Kafui ! Je passe une main tremblante sur mon
visage. Mais que s’est-il passé ?!
Ces derniers temps, elle était tendue et épuisée. J’ai mis ça sur le compte du boulot et de la crise que nous traversons. On ne se voyait pas beaucoup. Elle s’arrangeait pour m’éviter dans la maison. J’étais là depuis un moment, je crois quand un médecin, je crois vient demander l’accompagnateur de madame Toni. Je me précipite :
Médecin : On va transférer votre parente au service de gynécologie-obstétrique…
Moi : Euh…Je ne comprends pas…Elle n’a pas pris des médicaments pour…
Médecin (bref) : Non c’est un début de grossesse difficile.
Il me plante là et s’en va ! Mon cerveau a retenu deux mots : DEBUT et GROSSESSE. Je cherche un banc où m’assoir.
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