Épisode 1
Write by Mona Lys
Episode 1
KAYLA GHANDOUR
Driiiiiiinnng
J'ouvre un œil pour identifier la provenance du bruit. C’est ma veilleuse.
Driiiiiiinnng
Je balance ma veilleuse contre le mur. Elle ne coûte pas chère, j’en rachèterai une autre. Je sors de mon lit direction la salle de bain. Encore une épuisante journée de travail. Ma douche terminée, je vais récupérer dans mon armoire ma tenue du jour. Une robe rouge avec par-dessus son manteau, mes talons aux pieds. Rouge à lèvres rouge après les différentes couches de fond de teint, de contouring, eyeliner, mascara, faux cils, fard à paupières et c’est bon. Je peigne une dernière fois ma longue perruque sur ma tête et je crois que je suis au top. Avec mon teint métissé, provenant de mon père Libanais et de ma mère Ivoirienne, je fais briller tout ce que je porte. Avec l'agence que je gère je ne peux me permettre de me rendre n’importe comment sur mon lieu de service. J'ai toujours aimé les choses d'une certaine classe. Une femme, ça ne doit pas se vêtir n’importe comment.
Merde j'ai oublié ma tablette.
Je remonte en me déhanchant sensuellement. Oui, une femme classe doit savoir marcher. Savoir placer un pied après l’autre tel un félin de sorte à tourner tous les regards vers toi. Toute femme doit pouvoir faire tourner des têtes sur son passage et pour cela il faut avoir de la classe. Je suis super exigeante comme femme. Je veux de la classe tout autour de moi. Déjà la déco de mon chez moi annonce les couleurs de ma personnalité. Tout a été choisi avec élégance et précision. La peinture, les papiers peints, les meubles, les fleurs, les tableaux et même les ustensiles de cuisine. Rien n'a été choisi au hasard. J'adore le luxe et je ne vais pas le cacher. Je fais partir de celles-là qui sont prêtes à dépenser des millions dans des accessoires. Chacune de mes chaussures coûtent des centaines de mille sans oublier les vêtements, les sacs à mains mais surtout les bijoux. Je me donne de la valeur pour attirer dans ma vie les hommes qui pourront ajouter un plus à cette valeur.
Je gare ma caisse, précisément une Range Rover Velar, devant ma boutique “Coquette & Sensuelle by K.G’’. Je fais dans la lingerie. Je suis modéliste mais dans tout ce qui est lingerie et nuisette. J'aime être coquette alors j'ai voulu rendre toutes les femmes coquettes pour leurs hommes. Ça fait aussi partie de la classe. Contrairement aux lingeries importées de l'occident, moi j'en fais un peu à l’Africaine. J'y ajoute à chaque fois une petite touche Africaine, soit du pagne, soit des perles. Pareil pour les maillots de bain. J'ajoute une touche particulière pour me distinguer sans oublier mes initiales K.G pour Kayla GHANDOUR.
J'ai alors associé le mannequinat à ma boutique parce que j'en ai besoin à chaque fois pour montrer mes modèles au public. C'est mieux vu quand c'est porté par des mannequins humains que par des silicones. J'ai donc fait installer près de mon bureau, une salle pour les shooting photos avec mes mannequins à moi. Je gère moi-même la page Facebook. Je présente les modèles et les vends dans des directs. Il m’arrive de faire aussi des ventes aux enchères en direct.
Le vigile de la boutique vient m’ouvrir la portière. Une jambe après l’autre je descends et en faisant résonner mes talons aiguilles, je pénètre le bâtiment. La boutique regorge déjà de monde. Je salue les filles qui gèrent la boutique et continue jusqu’à mon bureau à l’étage.
Enfin dans mon sanctuaire où je me fais de l’argent. Je suis une femme ambitieuse. D’ailleurs je l'ai toujours été. Déjà à l’école, je choisissais mes amis avec précision. Je m'entourais de ceux qui pouvaient m'apporter quelque chose, plus précisément la renommée. Du collège jusqu’à l’Université je faisais partir des bandes les plus populaires. Toujours belles, classes et avec des mecs qui en jettent à nos bras. Je ne suis pas née dans le luxe mais j'y ai grandi. Je ne viens pas d’une famille riche mais avec le temps mon père a su se faire une place dans la société. Avec moi c’est le luxe ou rien.
J’aime mon travail. J'ai toujours aimé la coquetterie alors après mon BTS j'ai arrêté les cours pour commencer mon propre business. J'ai commencé par vendre la lingerie simple qu'on vend un peu partout. J'allais à Adjamé, une commune abidjanaise où se trouve le grand marché de la ville, en acheter en gros que je revendais en ligne. J'en montrais aussi à mes connaissances qui s’en approvisionnaient. Plus ça marchait plus j'en vendais des plus osé. J'utilisais aussi pour rendre dingue mes hommes et ils étaient tous à mes pieds. Oui une femme qui sait s'y prendre entre les quatre murs aura à ses pieds tous les hommes qu'elle veut et c’est ça mon arme. Plus les années passaient plus mon activité grandissait. Puis un jour en voulant raccommoder un nouveau string que j’avais coupé par accident et qui m’a coûté cher, je me suis rendue compte que je savais y faire avec mes doigts. Le raccommodage que j’avais fait était tellement parfait, plus parfait que le modèle de base, que j'ai décidé de me lancer dans la confection. Ça a marché et voilà comment aujourd’hui j'ai la boutique la plus réputée en matière de lingerie. Il y a seulement un an que j'ai ajouté les maillots de bain à ma collection.
Je vais sur la page faire une publication et répondre aux messages. Je vois qu'il y a déjà tout un tas de commande. J’appelle trois filles à qui je confie les commandes. Elles feront les emballages avant de confier les colis aux différents livreurs qui à leurs tours iront les distribuer. Je vais moi aussi faire un tour dans la boutique pour m’occuper de la clientèle. Je souris quand je vois toutes ces femmes s'extasier autour de mes articles. J'en connais la plupart pour être devenues des clientes fidèles. Je rejoins cette bande de femmes extravagantes que j'ai fini par apprécier. Je passe beaucoup de temps avec elles pendant qu'elles essaient à tour de rôle les lingeries.
Femme 1 : Ma belle, mon homme a tellement adoré le dernier lot que j'ai acheté qu’il m'a donné cent cinquante mille pour que je vienne encore en prendre.
Moi : J'en suis ravie. D'ici la fin de ce mois je ferai sortir de nouveaux modèles.
Femme 2 : Nous avons hâte. Je dois tourner les têtes de ces hommes qui pensent pouvoir prendre le dessus sur moi.
Femme 3 : En tout cas ma chérie c’est ton mari qui aura de la chance.
Femme 1 : Dis plutôt que c'est Marc-Arthur qui a de la chance.
Femme 2 : Cette chance il risque de la perdre s'il ne fait pas vite pour lui mettre la bague au doigt.
Et elles se mettent à débattre sur ma relation avec Marc-Arthur qui met vraiment du temps à me demander en mariage. Mais je ne perds pas espoir.
Femme 1 : Quand on parle du loup.
Je me tourne et le vois qui s’avance vers nous. Je commence à sourire amoureusement. Marc-Arthur c'est mon homme depuis deux ans maintenant. Il remplit tous mes critères d’homme. Il est beau, a la classe, est financièrement mieux posé que moi. Il a un QI bien chargé, est très bon au lit, mais surtout sait me couvrir de cadeau tout aussi coûteux les uns que les autres. Il vient vers moi et passe son bras autour de ma taille.
Marc-Arthur : Bonjour beauté.
Moi : Comment vas-tu?
Marc-Arthur : Bien.
Il m’enlace complètement et capture mes lèvres. J'adore ses démonstrations en public. Les femmes derrière se mettent à rigoler en nous lançant des compliments
Marc-Arthur : On déjeune ensemble ?
Moi : Laisse-moi prendre mon sac à main.
Je lui pose un dernier baiser sur la bouche, m’excuse auprès des femmes avant de monter récupérer mon sac à main dans mon bureau.
Une trentaine de minutes plus tard nous faisons notre entrée dans l'un des plus somptueux restaurants du pays. Les regards se tournent vers nous et ça me procure de la satisfaction. J'ai à mon bras un homme qui dégage de la classe et c’est ce dont j'ai toujours rêvé. Tous les mecs que j'ai fréquenté jusqu’à lors ont les mêmes caractéristiques. Au fait, je me suis imposée un certain nombre de critères pour mon futur mari:
1- Il doit être beau. Pas obligatoirement le plus beau des hommes mais faudrait qu'il ne passe pas inaperçu.
2- Il doit avoir de la classe, être toujours bien mis, super chic. J'aime beaucoup les hommes qui sont tout le temps en costume. Ça donne de la valeur et fait respecter. Les hommes avec des styles de play boy et des jeans destroy ce n’est pas mon genre. Ça fait moins responsable. Un homme responsable ne s'habillerait jamais ainsi. Ça c'est pour les jeunes qui ont encore la tête dans les shows et qui trimballent entre les cuisses de toutes les filles qui rencontrent leurs chemins.
3- Il doit avoir un niveau intellectuel élevé. J'adore les hommes intelligents qui promènent derrière eux des CV impressionnants. Un homme qui a fait de longues études saura être un homme responsable dans sa vie voire un leader.
4- Il doit être à même de subvenir à mes besoins à chaque instant. Je suis certes indépendante mais je veux un homme qui saura prendre soin de moi et qui sera mieux placé que moi. Un vrai homme doit avoir les moyens de s’occuper de sa femme sinon c’est juste un garçon et un profiteur. L’amour ça s’entretient.
En gros, je veux un homme accompli. Ça donne de la valeur à la femme qu'il épouse. Je n'ai pas de temps à perdre dans des relations où chacun se cherche comme on le dit ici en Côte D’Ivoire. Je ne suis plus à ce stade. Tu n’as pas les moyens de m’offrir tout ce que je désire ? Passe ton chemin.
Moi (mangeant): Quand est-ce que tu demandes ma main à ma famille ?
Marc-Arthur : Bientôt.
Moi : Ça fait six mois que tu me dis bientôt. Je prends de l’âge et je veux me marier.
Marc-Arthur : On en a déjà parlé, Kayla. Se marier demande beaucoup de sacrifices et tu sais que présentement mon entreprise est dans une phase importante de son évolution. D’ailleurs j'ai un vol ce soir.
Moi : Notre relation compte-t-elle pour toi ?
Marc-Arthur : Arrête avec ça tu veux. Je n'ai pas refusé de t'épouser. J'ai juste demandé un peu de temps. Je veux boucler certaines choses qui vont assurer notre avenir et celui de nos enfants.
Sa dernière phrase m’arrache un sourire. Je suis heureuse qu'il pense déjà aux enfants. Je décide de ne pas l’embêter encore plus avec cette histoire de mariage. Je change de sujet. Faudrait pas que je le fasse fuir. Le reste du déjeuner se déroule à merveille. Nous montons ensuite dans l'une des chambres de l’hôtel situé en haut où nous faisons copieusement l’amour. Marche-Arthur sait me rendre dingue. Cet homme a absolument tout ce que je recherche chez un homme. Il me redépose au travail avant de s'en aller. Je monte à mon bureau où je m'enferme pour dessiner d’autres modèles de lingerie, nuisette et maillot de bain. J'en commande aussi d’autres qui sont vendus un peu partout mais qui sont de la bonne qualité. C'est la vibration de mon portable qui me freine. C’est un message WhatsApp.
« Les filles : Rendez-vous Samedi au QG. »
Je souris et réponds un ok avant de plonger de nouveau dans ce que je faisais.
Enfin chez moi. Cette maison c'est mon petit coquon. Je peux enfin être moi. Je me dessape, enlève mes talons avant de m’installer devant ma coiffeuse. Je retire un à un mes artifices. Perruque, faux cils et maquillage. Je n'ai pas mis de lentilles aujourd’hui. Je prends une longue douche et descends me préparer un bon dîner. Cette maison est grande je le reconnais mais j'aime tellement la grandeur que je n'ai pas pu m’empêcher de la prendre. De toutes les façons ce n’est pas mon argent qui l'a acheté, néanmoins c'est moi qui ai fait toute la déco. Je dîne devant la télé. Les films romantiques, je les adore. Ça me fait un peu rêver. J'aime la romance comme toute femme normale d’ailleurs. Je tourne la tête vers mon portable qui sonne.
Moi : Allô !
« Jacques : Coucou bébé comment vas-tu ? »
Moi : Bien. Quoi de neuf ?
« Jacques : Je suis de retour au pays. On peut se voir ? Tu m'as beaucoup manqué »
Moi : Où es-tu ?
« Jacques : Près de chez toi. »
Moi : Ok viens je suis à la maison.
« Jacques : À toute. »
Quand je raccroche je cours dans ma chambre reporter ma perruque, mes faux cils et mettre une couche de maquillage. Faudrait pas qu'il me voit comme ça. Les hommes de ce genre aiment voir les femmes toujours bien mises. Après une trentaine de minute il est là. Je lui ouvre la porte, le sourire aux lèvres. Après les trois bises je l’invite à prendre place à l’intérieur. Jacques, c'est pas mon petit ami. Disons que c'est un potentiel. Nous nous fréquentons, flirtons ensemble mais sans plus. Il veut bien être avec moi mais je sors déjà avec quelqu’un. Néanmoins je le garde comme pneu secours au cas où Marc-Arthur me fait faux bond. Aussi Jacques remplit tous mes critères et j'aime bien sa compagnie donc s'il arrivait qu’il me demande en mariage bah je ne dirai pas non. Je l'ai dit je veux maintenant me caser. J'ai assez glandé comme ça.
Je récupère les sacs remplis de cadeaux que Jacques m'a achetés. J'aime trop recevoir des cadeaux.
Moi : Merci pour tout ça.
Jacques : De rien. Tu sais que je ferai n’importe quoi pour toi.
Il rapproche son visage du mien et m’embrasse. Je le laisse faire. C’est tout ce qu’il peut faire de toutes les façons. Nous passons le reste de la soirée à parler de son voyage et tout. Lui contrairement à Marc-Arthur me consacre assez de son temps. Nous parlons beaucoup. Si je n’avais pas rencontré Arthur avant lui je serais sa petite amie en ce jour.
Jacques : Je vais rentrer. Je me sens épuisé par le voyage.
Moi : D’accord.
Je l’accompagne jusqu’à sa voiture et il me colle contre lui.
Jacques : Tu sais que je t’aime ?
Moi : Oui !
Jacques : Pourquoi donc ne me laisses-tu pas t’aimer entièrement ?
Moi : Tu dois encore faire tes preuves.
Jacques : D’accord. Je vais donc te montrer que je suis celui qu'il te faut. A plus.
Moi : A plus.
Il m’embrasse langoureusement avant de s'en aller. Je regarde sa voiture sortir de ma concession et quand le gardien referme le portail, je retourne à l’intérieur. Il est l’heure pour moi de me mettre au lit. Je soupire quand j'entre dans ma chambre. J'en ai marre de dormir seule. Je veux mon homme à mes côtés. Il faut que Marc-Arthur régularise notre situation. Sinon je passe à autre chose. Je n'ai pas de temps à perdre dans les amourettes sans lendemain.