Episode 2
Write by Nifêmi
À l'instant où je vous raconte mon histoire, je revis le passé comme si rien n’avait changé. Comme si je n'avais jamais rencontré cet homme mauvais appelé Afoaka et ses trois méchantes épouses. Je sens un bonheur venir mais qui m'échappe. Ce sentiment me rappelle les événements de l'année 1981.
Nous étions à 4 mois de la fin de l'année scolaire. J'avais un BEPC à obtenir sinon mes parents allaient se fâcher. Mais comment cumuler tout ça avec la rencontre de ce jeune homme. Il hante mes nuits, mes rêves sans cesse. Je suis allée plusieurs fois à la poissonnerie, j'ai souvent fait semblant de trainer mais aucune trace de Banjoko.
Un jour, ne pouvant supporter plus longtemps cette tourmente, je n'avais plus le choix, j'ai été obligée d'aller voir le gérant de la poissonnerie, l'oncle de Banjoko. À l'époque j'étais bien futée et un peu trop intelligente pour mon âge. Je le suis toujours bien entendu. Alors arrivée à la poissonnerie, je comptais improviser devant l'oncle pour retrouver son neveu. Ce n'était pas comme maintenant où tout le monde a des portables et qu'on pouvait se retrouver sur les réseaux sociaux facilement. Ah l'époque d'avant ! Belle époque...
Ne savant pas quoi dire vraiment je l'avais salué poliment :
- bonsoir Fofo, et la journée ?
- Folakè bonsoir, la journée ça va. Et toi tu n'as pas été à l'école ? ah, Fofo aujourd'hui c'est samedi après-midi.
- je sais mais puisque tu as un examen je me suis dit que tu serais à l'école. Disait-il malicieusement.
- c'est vrai mais on a fini. Dans la vie il n'y a pas seulement l'école hein sinon on va de devenir fou.
- petite fille tu me fais rire, disait-il en riant à grand éclat. Vaudrait mieux que tu penses aux études, autrement bienvenu dans le monde des adultes avec les soucis et les charges.
- non hein Fofo, je suis encore un enfant
- alors étudie. Maintenant dis-moi combien de kilos tu veux ?
- ...
- parle petite ! Ou bien tu n'es pas venue pour les poissons ?
- à vrai dire je voulais..., hmmm, allez au port pour voir les variétés de...de…poissons...et aussi voir
- Banjoko ou bien ?
- ... Ah oui ! Pourquoi pas, il était si gentil l'autre jour. J'espère qu'il va bien ?
- hmmmmmmm ! Folake ! Je te voyais venir. Il n'y a pas seulement l'école, il y a aussi les garçons n'est-ce pas ?
Sa question me fait baisser le regard au sol. J'avais les yeux fixés sur mes orteils. J'étais très gênée. Mais il continua :
- petite, pense à l'école. Si tu as 21 ans tu peux faire ce que tu veux avec un garçon sous la surveillance de tes parents. Banjoko que tu vois là est plus vieux que tu toi il a 19 ans et il a arrêté l'école. C'est un pêcheur et je ne vois pas tes parents acceptés quelqu'un comme lui comme gendre. Je ne veux pas de complications avec tes parents, je ne souhaite pas qu'ils me rendent responsables des bêtises que tu prévois faire. Bientôt le BEPC ! Si tu n'as plus rien à dire, va étudier.
- mais Fofo, Banjoko est travailleur, poli et 19 ans ce n'est pas beaucoup...
- Odjé! L'enfant là, dans tout ce que j'ai dit ce que tu as retenu ? Mon Dieu vient en aide avec cette adolescente. Folake, comment tu sais qu'il est poli ? Ta façon de dire qu'il est gentil depuis là m'inquiète. Tu ne connais pas les hommes, tu es naïve. Mais mon neveu est quand-même bien éduqué hein ! Je le reconnais mais oublie-le. Va trouver tes cahiers.
- Fofo, toujours vous parlez de cahiers et études, Est-ce-que c'est ce que la femme épouse ?
- hein ! Donc toi tu peux parler comme ça ? Tu fais l'innocente alors que... Heeey! Tu connais ta maman non ? Pardon sors de ma boutique, si tu ne veux pas épouser tes cahiers, va aider ta mère à la cuisine avant de penser être épouse d'un pêcheur.
Je m'étais mise à rire et lui aussi me rejoint dans le fou rire. Le bruit d'une moto qui pétaradait nous obligeait à regarder dehors. C'était une livraison de poisson. Mon regard croisa le regard du conducteur, c'était Banjoko. Je détourne le regard pour regarder l'oncle timidement. Une mine triste s'affichait sur son visage, il m'a dit :
- Folakè rentre et oublie Banjoko, ce n'est pas un homme de ton rang social. Ne soit pas séduit par son physique. Allez, file.
- au revoir Fofo, disais-je avec les yeux embués de larmes.
Effectivement j'ai quitté la poissonnerie sans vraiment regarder derrière moi. Sans même répondre à la salutation de Banjoko.
Je marchais en direction de la maison tellement triste. Pour une fois que je sentais qu'un garçon me plaisait, je n'avais pas le droit de l'approcher. Si j'ai toute ma tête, normalement c'est à lui de venir me parler et non le contraire. Mais bien avant tout ça je souhaitais qu'on soit des amis simplement.
J'étais à quelques maisons de la nôtre quand j'entendais quelqu'un dire :
- la fille de dada ! La fille de dada !
Dada, c'est comme ça on appelait Man’mi. Alors je me retournai pour voir la personne. Oh ! Quelle surprise ? C'était Banjoko ? J'étais restée figée sur place. Il est descendu de sa moto et s'avançait vers moi. Je regardai derrière lui et le bout de la rue si son oncle ne venait en courant.
- tu as peur qu'on me voit te parler ? Ton copain est dans le quartier ?
- tu me prends pour qui ? Respecte-moi s'il te plaît.
- ne t'énerve pas, tu regardais partout comme si tu avais peur d'être surpris par quelqu’un.
- oui, c'est ton oncle qui m'a dit de ne pas discuter avec toi.
- ah sacré tonton ! Ne t'inquiète pas. C'est de ma faute. C'est parce que j'ai eu à poser des questions sur toi et il m'a dit de t'éviter aussi.
Mon cœur s'accélérait. Il me connaissait apparemment. Impossible ! J'ai ouvert grandement les yeux !
- ne sois pas étonnée, tu ne m'avais jamais remarqué.
- peut-être mais je t'avais l'autre fois à la poissonnerie de ton oncle.
- seulement ce jour, alors que ça fait des mois, je dirai même presque un an que je te connaissais. Je venais livrer les poissons en urgence à dada quand mon oncle était en déplacement. Et depuis que je lui ai parlé de toi... Tu connais la suite.
- parler de moi comment ? Demandai-je curieuse
- je voulais juste être ton ami car tu es intelligente et... Belle aussi.