Episode 2

Write by Mona Lys

2

 

 

***MURIMA

 

‒ Bonne journée mon amour.

‒ Bonne journée à toi aussi mon cœur.

 

Nous montons respectivement dans nos voitures et prenons le chemin de nos entreprises respectives. J’ai une journée chargée aujourd’hui, entre les réunions avec les employés et les rendez-vous d’affaires. Dans la voiture, je prends déjà connaissance des différents dossiers à étudier pour ce jour. Une fois à destination, je me rends automatiquement dans la plus grande salle de réunion où tout le monde est déjà réuni. Travon préside déjà. Mon assistante dispose mes effets à ma place et tout le monde se lève à mon entrée mais je leur fais signe de se rasseoir et de continuer. Travon me fait un récapitulatif de ce qui a déjà été dit en mon absence. Lui et sa sœur sont assis de part et d’autre de moi. Will n’est pas encore arrivé. A contrario de Travon qui est le Directeur Général Adjoint, ses frères eux sont uniquement Directeurs de différents départements. J’écoute le dernier intervenant avant de prendre la parole.

 

‒ Donc en résumé, votre département connait un ralentissement ? Demandé-je à l’employé.

‒ Oui Madame.

‒ Ok. Travon chéri, à quelle solution penses-tu ?

‒ Bah, je me suis dit que nous pourrions puiser un peu dans le compte pour financer des pubs et campagnes qui nous attireraient des vues et on pourrait faire une sorte de promotion sur nos produits.

‒ On fait donc ça. Je te charge de tout suivre de près.

‒ C’est compris maman.

 

Je me tourne maintenant vers Xandra qui est concentrée sur sa tablette.

 

‒ Toi de ton côté ça va Alexandra ?

‒ Oui maman. J’attends que tu me confirmes qui ira en Suisse pour la rencontre des chefs d’entreprises dont nous avons reçu l’invitation.

‒ Moi j’ai déjà un voyage de prévu, intervient rapidement Travon.

‒ Tu iras donc représenter la boite parce que moi je n’ai pas la tête à voyager en ce moment, dis-je à Xandra. C’est pour quand déjà ?

‒ Dans deux jours, répond-t-elle.

‒ J’espère que ça ne te dérange pas ?

‒ Non maman.

‒ C’est donc ok de ce côté. Mais pourquoi Will n’est toujours pas là ?

‒ Il avait une rencontre ce matin, me répond Travon.

‒ Ah oui j’avais oublié. Bon s’il n’y a plus rien à ajouter, vous pouvez retourner à vos postes.

 

Ils s’exécutent tous. Je chemine avec Travon jusqu’à mon bureau. Il m’explique certains soucis qu’il rencontre et ensemble nous trouvons des solutions. J’adore travailler avec mes enfants. Nous nous comprenons même sans nous parler. Au début c’était un peu difficile parce que je les traitais comme des bébés. Je les empêchais d’aller sur le terrain de peur qu’il leur arrive quelque chose de mal. Surtout ma petite Alexandra. Ses frères ont dû me convaincre de la laisser prendre l’avion toute seule pour se rendre à un rendez-vous d’affaire dans un autre pays. Mais ils m’ont prouvé qu’ils étaient assez grands et matures pour gérer la boite avec ou sans moi. Je peux normalement prendra ma retraite et les laisser tout gérer mais la boite n’est pas encore à son beau fixe. Certes, elle s’est relevée de sa faillite et marche de bonnes roulettes mais j’en veux plus. J’ai une vision que je veux atteindre avant de me retirer. Cette entreprise, c’est aussi une partie de moi et surtout l’héritage de mes enfants et petits-enfants. Je ne peux donc pas laisser un travail inachevé et aller vivre la belle vie.

 

‒ Tu as eu des nouvelles de papa cette semaine ? Me questionne mon fils.

‒ Depuis notre retour de Côte d’Ivoire, non. C’est silence radio. J’espère seulement l’avoir convaincu de revenir lors de notre dernier échange.

‒ Pourquoi veux-tu qu’il rentre ?

‒ Comment ça pourquoi ? Il doit rentrer parce que toute sa famille est ici.

‒ Rien que pour ça ? Me sourit-il

 

Je sais où il veut en venir. Je lève les yeux au ciel.

 

‒ Tu n’avais pas du boulot à terminer ? Lui lancé-je pour couper court à la discussion.

 

Il continue de sourire comme un débile et sort de mon bureau.

 

***ALEXANDRA

 

Après une dure journée de travail je suis toujours heureuse de rentrer chez moi, surtout pour retrouver mon petit bébé d’amour Filou. Un caniche que j’ai retrouvé devant chez moi un soir en rentrant du boulot. Je l’ai adopté et depuis il est devenu mon bébé à défaut d’en avoir un de vrai. Je me suis acheté un nouvel appartement pour reprendre ma vie en main. J’ai tout repris à zéro avec de nouvelles résolutions. Je ne me voyais donc pas rester vivre dans notre grande maison qui renferme tellement de souvenirs. Des bons comme des douloureux. J’ai voulu prouver à tous que je n’étais plus la même jeune fille tête en l’air. Le peu de temps passé en prison m’a remis les neurones en place. Je suis plus posée et mature. Je peux dire que tout va bien dans ma vie. Enfin, presque.

 

Je retrouve devant ma porte Spencer qui visiblement m’attendait depuis un bon moment.

 

‒ Hey, salut toi ! Le salué-je, surprise de le voir.

‒ Salut mon amour.

 

Il essaie de m’embrasser mais je lui tends la joue.

 

‒ Tu ne m’avais pas dit que tu venais ce soir, lui dis-je en ouvrant la porte.

‒ Vu que toutes les fois que je te préviens tu trouves toujours des excuses pour annuler, alors cette fois je suis venu à l’improviste.

 

C’est vrai, il a raison. Faut dire que des fois je ne comprends pas mes réactions vis-à-vis de lui qui est pourtant un mec super génial. J’ignore sa remarque et prends dans mes bras Filou qui est toute heureuse de me revoir.

 

‒ Je nous ai apporté le diner, m’informe Spencer qui referme derrière nous.

‒ Merci. Je vais prendre une douche rapide et je reviens.

‒ Tu veux que je vienne te tenir compagnie, me susurre-t-il en m’enlaçant.

‒ Euh, non pas la peine. Je vais faire vite.

 

Je me dégage de son emprise mais avant que je n’aille plus loin, il me ramène contre lui et m’embrasse. Je me laisse faire un moment puis je le repousse doucement.

 

‒ Le diner va refroidir, dis-je pour qu’il se décide à me lâcher.

‒ Chérie ça fait plusieurs jours que nous ne nous sommes pas vus, alors je mérite un baiser en bonne et due forme, tu ne crois pas ?

 

Il ne me laisse pas la possibilité de répondre qu’il reprend son baiser où je l’avais arrêté. Je veux y mettre fin mais je me laisse faire. Je me répète mentalement que je dois me laisser aller, qu’il est mon petit-ami, qu’il est un type bien et que je l’aime. Ça me détend petit à petit. Seulement lorsqu’il m’empoigne les fesses, je me crispe. Il ne s’en rend pas compte car il continue avec plus de pression.

 

‒ J’ai tellement envie de toi ma puce.

‒ Spencer arrête ! Non !

‒ Alleeezz, ça fait si longtemps, me supplie-t-il en continuant à m’embrasser.

‒ Je sais mais…

 

Il approfondit le baiser. Je laisse donc tomber. Il a raison. Si mes souvenirs sont bons ça fait deux mois que nous n’avons rien fait, ou plutôt que je refuse qu’on fasse quelque chose. Depuis trois ans, je n’ai plus aucun désir sexuel. J’ai passé les deux années qui ont suivi les tragédies par lesquelles ma famille est passée, seule. J’ai fait un break pour me retrouver avec moi-même et tout reprendre à zéro. Ce n’est que cette année que j’ai décidé de me relancer dans une relation parce que je veux fonder une famille. Voir mes frères heureux avec leurs femmes m’a donné envie. Spencer et moi sommes ensemble depuis six mois maintenant. Il m’a fallu me mettre en couple pour me rendre compte que j’avais perdu ma libido. Au début je croyais que c’était parce que j’étais restée seule pendant une longue période mais il se fait que je n’ai plus aucun désir. Mon corps ne réagit à aucune caresse de Spencer. Je suis des fois obligée de simuler pour ne pas qu’il remarque mon indifférence et qu’il en soit offensé.

 

Après qu’il ait fini de prendre son pied, je disparais dans ma salle de bain me doucher. Je le vois à travers la vitre jeter le préservatif usé dans les toilettes avant de me rejoindre. Il essaie de remettre ça mais je sors de la salle de bain. Je n’ai pas assez de force pour simuler encore une fois. Je veux juste dormir. Avec juste mon peignoir sur moi, je descends servir le diner qu’il a acheté après avoir donné ses croquettes à Filou. Spencer ne tarde pas à descendre et nous nous mettons à table. Durant le diner je me mets à travailler sur mon portable. J’écoute d’une oreille distraite ce que me dit mon partenaire.

 

‒ Xandra tu m’écoutes ?

‒ Oui oui, dis-je distraitement. Tu parlais de tes parents.

‒ Oui je disais que je voulais te les présenter. Ils savent qui tu es et sont prêts à faire ta connaissance.

‒ Je ne sais pas trop. Ce n’est pas un peu trop tôt ?

‒ Six mois de relation c’est assez à mon goût. Moi je sais ce que je veux et c’est toi donc je n’ai aucune raison de retarder les choses. Ce n’est pas ton cas ?

 

Je ne sais pas si je suis prête à rendre notre relation beaucoup plus sérieuse. Ma famille connait certes Spencer, et ça c’est parce que je suis surveillée H24 donc je n’ai pas vraiment eu le choix. Mais est-ce que moi je veux connaitre sa famille ? Ça voudra dire beaucoup de choses en l’occurrence que nous nous rapprochons du mariage. Des fois je ne me comprends plus moi-même. Je veux me marier et fonder une famille mais lorsque Spencer m’en parle, je suis réticente.

 

‒ J’ai pensé à ce week-end pour la rencontre, continue-t-il.

‒ Ce week-end ce ne sera pas possible. Je dois effectuer un voyage après-demain.

‒ Et quand reviens-tu ?

‒ Deux à trois jours après.

‒ Ok on verra donc à ton retour. Mais en attendant, peux-tu s’il te plaît lâcher ton portable pour que nous puissions passer ce peu de temps ensemble ?

‒ Je tombe de fatigue. Pourrais-tu débarrasser s’il te plaît avant de t’en aller ? Lui demandé-je en sortant de table.

‒ M’en aller ? Je pensais passer la nuit ici.

‒ Je n’ai pas la tête à tout ça, Spencer. Tu sais que je me repose mieux quand je suis seule. On se dit à demain.

 

Je l’embrasse et monte dans ma chambre suivie de Filou. Je me mets dans mon lit et plutôt que de dormir, je me mets à travailler. C’est la seule chose qui me permet de ne pas penser au passé ni aux personnes qui en ont fait partie.

 

***WILLIAM

 

Il est 22h et Aurelle n’est toujours pas rentrée. J’ai beau me plaindre des heures auxquelles elle rentre de son boulot mais rien ne change. Elle ne se rend pas compte des risques qu’elle prend en rentrant tardivement, surtout dans son état. Si ça continue ainsi je n’aurai pas d’autre choix que de lui demander de changer de travail ou d’arrêter tout simplement. Ça ne peut plus continuer ainsi.

 

J’ouvre les yeux lorsque la porte de la chambre s’ouvre. Elle rentre et me salue tout naturellement comme si de rien n’était.

 

‒ Aurelle, te rends-tu compte des heures auxquelles tu rentres ?

‒ Qu’il y a-t-il ?

‒ Comment ça qu’il y a-t-il ? Quel est ce boulot duquel on rentre chaque soir entre 22 et zéro heure ? Tu trouves ça normal ?

‒ Je t’avais dit que le patron me confiait beaucoup de boulot parce qu’il me faisait plus confiance qu’aux autres. Aussi, toutes mes heures supplémentaires sont rémunérées donc ce n’est pas comme s’il m’exploite.

‒ C’est donc pour cela que tu repousses toujours notre mariage parce que tu sais qu’une fois mariée, il ne pourra plus te garder au bureau jusqu’à ces heures absurdes. Quel argent va-t-il te donner que je ne peux te donner ?

‒ Justement c’est ça le problème, pète-t-elle un câble. Je ne veux pas dépendre de toi. Je ne veux pas avoir à te poursuivre toutes les fois que je voudrais envoyer de l’argent à mes parents. Je veux aussi gagner assez pour pouvoir prendre convenablement soin d’eux.

‒ Et en quoi suis-je un obstacle ?

‒ Bah regarde déjà. Nous ne sommes pas encore mariés légalement que tu te plains de mon travail.

‒ Je ne me plains pas du fait que tu travailles mais plutôt de tes heures de descente. Tu es enceinte et lorsque je rentre du boulot je veux pouvoir passer du temps avec la femme que j’aime. Mais tu rentres à chaque fois que je tombe de sommeil. Soit tu changes cette mauvaise habitude soit tu changes de boulot. Il y a assez de place à MURRICK WILLAR CORPORATION.

‒ Il n’est pas question que je change de boulot tout simplement parce que tu le désires. On se mariera lorsque je m’en sentirai prête. Je veux être capable de subvenir à mes besoins, à ceux de mon enfant et de ma famille avant de me marier. Ça a toujours été ça ma vision des choses. Une femme doit être financièrement stable avant de se marier pour éviter les mauvaises surprises.

‒ Espérons que lorsque tu seras fin prête, moi j’en aurais toujours envie.

 

Je prends mes clés et sors. Je ne comprends vraiment pas c’est quoi son problème. Je croyais qu’elle et moi étions sur la même longueur d’onde mais faut croire que je me suis leurré. Depuis notre retour de Côte d’Ivoire, nous ne faisons que nous disputer pour des choses sur lesquelles nous étions pourtant d’accord avant. Nous étions pressés de nous marier, pressés de fonder une vraie famille, pressés de faire des projets ensemble qui porteront nos deux noms. Mais apparemment elle a changé ses projets. Elle veut tout faire seule. Le problème n’est pas que je sois tellement pressé de me marier, mais c’était un sujet qui était déjà clos. Nous avions calé plein de choses qu’elle a, au finish, changé tout simplement parce qu’elle veut gagner ‘‘son’’ argent. Je ne pense pas pouvoir épouser une personne avec qui je n’ai pas la même vision des choses. Un couple, c’est penser ensemble, marcher ensemble, se projeter ensemble, décider ensemble. Même si elle doit envoyer de l’argent à ses parents, c’est ensemble qu’on doit le décider. Mais elle ne voit pas les choses ainsi.

 

‒ Monsieur !

 

Je lève les yeux sur la serveuse du bar dans lequel je finis mes soirées ces jours-ci à cause des disputes. Je ne me bourre pas la gueule. Je prends juste un verre ou deux, je profite du cadre pour me changer les idées et je rentre me coucher.

 

‒ Oui ?

‒ Un verre pour vous.

‒ Je n’ai pas encore passé une autre commande.

‒ Oui. C’est de la part de la femme là-bas ?

 

Je tourne la tête vers la direction qu’elle m’indique mais je ne vois personne.

 

‒ Elle s’en va, me dit la serveuse en me pointant toujours du doigt une femme qui sort du bar.

 

Je plisse les yeux en regardant la femme en question. Je n’ai pas le temps de voir son visage qu’elle est déjà sortie. Mais sa silhouette me rappelle…

 

‒ Pétra ?

 

Je me tourne vers la serveuse.

 

‒ Vous la connaissez ? Lui demandé-je.

‒ Non. C’est la première fois qu’elle vient.

 

Je sors à la hâte m’assurer que j’ai bien vu. Je la vois s’en aller à pied. Je la suis. Mais le monde dans la rue me ralentit. Je me faufile tant bien que mal. La silhouette ressemble étrangement à celle de Pétra mais il me faut voir son visage pour en être certain. Elle traverse la voie et avant que je ne fasse de même, une voiture passe entre elle et moi. Quand la voiture disparait, je ne vois plus la femme. Mais le peu que j’ai vu m’intrigue. On aurait dit Pétra. Et si je ne la savais pas en cavale, je l’aurais affirmé sans hésitation.

 

Serait-elle revenue au pays ? Malgré le mandat d’arrêt contre elle ?  

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