Episode 23

Write by D'avila

23.

** Serge

 

-serveur! L'addition svp! 

 

Il est l'heure pour moi d'aller à mon rendez-vous. J'ai repris mon boulot de psychologue dans le cabinet d'un ami. J'étais fatiguée de passer mes journées à ne rien faire. Traiter les personnes dans le besoin me fait énormément de bien. Je le fais gratuitement. Comme je l'avais dit je ne fais pas la psychologie pour de l'argent. J'aime être une oreille attentive. Le serveur arrive avec la note. Je sors un billet de 20 euros que je glisse sous la note. Je relève la tête et mon regard s'accroche au sien.

 Erica me sourit, chose que je ne lui rends pas. Elle vient s'asseoir à ma table.

 

-bonjour Serge ! Je peux me joindre à toi.

 

-Euh non! J'ai un rendez-vous professionnel. 

 

 Je reçois immédiatement un coup de fil de mon rendez-vous qui vient d'être annulé. Je me lève quand même de la table.

 

- Serge je voudrais m'excuser pour tout ce qui s'est passé dans ton appartement. Je suis vraiment désolée. Je ne sais pas ce qui m'a prise de me ridiculiser de la sorte. Je sais que les choses sont tendues entre nous. Mais je veux que nous fassions profil bas. 

 

- Ok. Dis-je

 

- bien. Comment se porte ton épouse ? J'ai appris que tu devais de marié il y a plusieurs mois de cela. 

 

- Elle se porte bien. 

 

- Dieu merci! Félicitations ! Vous êtes à Paris pour les vacances comme moi?

 

- suis-je obligé de répondre à toutes tes questions ? Tu me soule maintenant. Je ne veux plus te croiser sur mon chemin. 

 

Je me lève et tourne les talons sous son regard choqué. Je rentre directement à mon appartement et commence à travailler pour évacuer l'ennuie. 

 

Lorsque je jette un coup d'œil à l'horloge de mon salon. Il est 23 heures. Je sens mon ventre qui réclame la nourriture. Je vais à la cuisine et constate que le réfrigérateur est vide. Je prends mon téléphone pour commander une pizza. La gérante me fait savoir que le livreur est absent. Je passe quand même ma commande et signifie que je viens la récupérer. La pizzeria est à 50 mètre de mon appartement. De plus la gérante est ma voisine du haut. 

 

Je rentre dans ma chambre mettre un tee-shirt puis sort. Je suis au troisième étage. Je prends l'ascenseur qui me laisse au parking de l'immeuble. Je marche vers la sortie quand j'entends des voix.

 

"A l'aide, venez m'aider"

 

" Tu vas la fermer. Déshabille-toi immédiatement"

 

Je tique puis prend la direction des escaliers. C'est de la que viennent le bruit. Je trouve une personne coincé vers le mur et l'autre essayant de la brutaliser. 

 

" Arrête ne me fait pas sa"

 

-lâchez là ! Ordonné-je 

 

- ce ne sont pas vos oignons! C'est ma copine et je fais ce que je veux d'elle. Dit l'homme

 

- je ne suis pas ta copine. Tu n'es qu'un profiteur. Un salaud! Réplique cette voix féminine

 

- Elle ne veut pas alors lâchez là !

 

- qui es-tu pour me dire ce que je dois faire. Espèce d'enfoiré. 

 

Il m'envoie son poing dans le visage. Il fait un peu sombre et je n'arrive pas à distinguer les visages de ces deux personnes. L'homme s'avance vers moi. Il sort quelque chose de sa poche et marche à reculons.

 

- allez-vous en mademoiselle ! 

 

Elle coure vers les escaliers. L'homme s'avance de nouveau vers moi. Il fonce sur moi et nous commençons à lutter. Je sens mon bras être tracé. Il tient un couteau en main. Une lumière provenant d'un portable capte notre attention. 

 

- voleur! Cris cette personne avec la torche en main

 

L'homme en face de moi prend la fuite puis l'homme actionne l'interrupteur. Je reconnais le vigile qui lui aussi en fait de même et vient vers moi.

 

-vous allez bien monsieur ?

 

- oui. Merci!

 

- il vous a pris quelques choses ?

 

- non rien. Encore merci. Mais pourquoi le parking était si sombre?

 

- il y avait une petite défaillance dans le système d'éclairage que je suis allé régler.

 

-ok. A demain alors.

 

Je monte les escaliers et entend des reniflements. Il doit s'agir de la femme qui se faisait agresser. 

 

- mademoiselle ! Dis-je 

 

Elle a la tête baissée et est assise à même le sol. 

 

- relevez-vous svp! Il s'est enfui. 

 

Elle lève la tête vers moi. Je suis en même temps choqué de la voir de nouveau.

 

- Erica! Mais qu'est-ce que tu fous là!

 

Elle se met encore à pleurer plus fort. J'essaie de la calmer puis la relève. Nous montons jusqu'au troisième étage où se trouve mon appartement. Elle se met en retrait quand j'ouvre la porte. Je l'invite à rentrer.

 

Je patiente le temps qu'elle sorte de la salle de bain. J'entends la sonnerie retentit et je vais ouvrir. 

Oups! J’avais totalement oublié ma pizza.

 

- Excusez-moi j’ai...

 

- Ne t'inquiète pas voisin, le vigile me l'a expliqué. J'espère que tu vas bien?

 

- oui merci!

 

Je récupère l'argent que je lui remets puis Je referme la porte. Erica arrive au salon vêtu d'un de mes tee-shirts. Son agresseur a déchiré le haut qu'elle portait. 

 

- merci Serge !

 

- pas de quoi. Qu'est-ce que tu faisais dans le coin? 

 

- j'habite à l'étage supérieur.

 

-Ah ok. 

 

Je déballe la pizza et la pose devant elle. Nous mangeons calmement. Après quoi je lui demande de rentrer à son appartement.

 

- stp! Serge laisse-moi dormir dans ton canapé. J'ai peur qu'il revienne.

 

- c'est ton mec. 

 

- non. Mais il me fait un harcèlement. 

 

- dénonce-le! 

 

- je ne peux pas. Il possède plusieurs informations sur moi. 

 

- un chantage! 

 

- je n'ai pas envie d'en parler Serge.

 

- ok mange et je t'accompagne à ton appartement. 

 

- ok.

  

Sous le jet d'eau, mon esprit divague vers Linka. Elle me manque tellement. J'ai tellement envie de la prendre dans mes bras. Je pense à tous nos moments ensemble. C'est vrai qu'on a traversé plusieurs obstacles mais ces petits moments d'amour de notre relation était un véritable paradis. La douceur de sa peau me manque énormément. Ses caresses et sa voix. Putain ! Six mois que j'essaie de passer à autre chose mais c'est impossible. Oui, j'ai essayé de me dire que Linka et je ne sommes pas compatible. J'ai essayé de la détesté pour me convaincre de l'oublier. Mais tout ça n’à servir à rien. Je prends toujours de ses nouvelles avec sa sœur. Elle ne m'a pas appelé une seule fois. Elle ne m'a pas écrit une seule fois. Elle vit sans moi, mais moi je n'arrive pas à faire pareille. Je me refuge dans le travail pour passer le temps. Mais ce sentiment refait toujours surface. 

 

Je sors finalement de la douche. Je prends mon téléphone et lance un appel vers Luna. Ça sonne un long moment puis plus rien. Je relance de nouveau et c'est pareil. Je décide d'abandonner. 

 

J'ouvre la porte quand je tombe sur Erica qui s'apprêtait à frapper. 

 

-salut Serge !

 

-salut Erica ! Comment tu vas ?

 

-bien. Je m'ennuie grave et je voulais passer la journée avec toi si tu n'as rien de prévu.

 

- Euh! Ok. Dis-je

 

En réalité, je sortais prendre un peu d'air. Je m'ennuie et cette solitude me fait plus penser à ma déception amoureuse. Je n’ai pas de rendez-vous aujourd'hui. Je lui cède le passage qu'elle rentre. Je sais que, je ne devrais pas faire ça mais j'ai besoin d'échanger avec quelqu'un.

 

- Alors je peux cuisiner ?

 

-d'accord. Ça ne me dérange pas. Tu pourras m'apprendre une nouvelle recette. 

 

-cool alors.

 

Elle rentre dans ma cuisine et sors des ingrédients du réfrigérateur. Je la regarde faire. Sa gêne se dissipe peu à peu et elle se laisse aller. Je mets une musique pour qu'elle se sente à l'aise. Elle me demande de l'aide pour couper certains ingrédients. Nous nous y mettons pour cuisiner un plat de poulet DG. 

 

Je me laisse tomber dans le fauteuil une fois la cuisine terminé. Mademoiselle dresse délicatement la table pour le déjeuner. Après le repas, nous nous installons dans le canapé pour suivre la saison 2 de la casa Del papel. Mes paupières s'alourdissent et je sombre dans un sommeil profond. 

 

**

 

Je sens mon visage être couverts de baisers. J'ouvre lentement mes yeux et voit Linka. Elle pose délicatement ses lèvres sur les miennes puis s'ouvre un chemin dans bouche. Au contact de nos langues, je reviens subitement à la réalité. Je repousse Erica qui c’était allongé sur moi. Cette fille ne s'arrêtera jamais. C'était une grave erreur de ma part de l'avoir laissé rentrer chez moi. Je me lève, lui saisit le bras et la conduit à la porte. 

 

- Serge attend stp! Je suis désolé ! Je n'ai pas pu te résister.

 

- Je ne veux plus te revoir Erica. 

 

Je lui claque la porte au nez puis retourne me coucher. Cette fille est une malade mentale. 

 

***

 

Quelques mois plus tard

 

** Elinka

 

Elle clignote ses magnifiques yeux qui me rappellent son père. Elle n'a absolument rien pris de moi. Mais je l'aime comme ce n'est pas permis. Elle est tellement douce et belle. J'avais peur des nuits blanches mais celle-ci est un vrai petit ange. Les nuits sont tellement belles et agréables avec elle. Chaque nuit elle dort paisiblement jusqu'au petit matin. Cela fait aujourd'hui deux mois qu'elle partage ma vie. Elle naquit le 20 décembre comme son père. Cette princesse a fait ressurgir tout l'amour que j'avais enfouis dans une partie sombre de mon cœur. Je mourrais d'envie d'appeler Serge pour lui annoncer qu'il était devenu "papa". Mais j'ai trouvé cela très brusque après une longue absence de ma part. Peut-être qu'il est passé à autre chose dans sa vie. Je ne peux débarquer comme ça dans vie et m'imposer avec "notre fille". Si seulement les choses c'était passé autrement. Si seulement je n'étais pas cloué dans ce maudit fauteuil roulant, notre vie aurait été bien différente avec notre petite Selinka. Luna a trouvé ce nom bizarre dans les débuts. Mais maintenant elle le trouve très original. Selinka est le fruit de notre amour. Un amour compliqué, un amour qui a rencontré des difficultés. Cet amour réel et puissant qui nous avait unis dans le passé Serge et moi. La définition de ce sentiment est aussi complexe que notre amour. Ma princesse m'a fait réaliser qu'il faut vivre chaque instant présent comme si c'était le dernier. Si la vie nous jette des pierres, c'est à nous de les utiliser pour en faire des escaliers afin d'atteindre le sommet. Serge m'a toujours aimé mais je ne sais plus s'il m'aime toujours. Je veux repartir de zéro. Sur de nouvelles basses. Mais est-il encore possible de faire revivre un amour qui a été exilé depuis une année? Serge n'a plus pris de mes nouvelles depuis 4 mois. Dommage qu’il est trop tard pour nous. Beaucoup d’eau ont déjà coulé sous les ponts.

 

Selinka est un don précieux. Sa venue a apporté des ondes positives dans ma vie. Il y a de cela 1 mois que le médecin m'a diagnostiqué et je suis une rééducation. Je me tiens debout, même si ce n'est que pour quelques secondes.

 

Je lui change sa couche puis lui donne son bibi. Une forte envie d'appeler Serge me saisit. Je lance un appel vers la France mais le numéro n'est plus disponible. Je prends Selinka en photo puis l'envoie sur le numéro WhatsApp de Serge. 

 

**

 

Une fois ma rééducation terminée, je rentre avec Luna. Sur le chemin nous nous arrêtons au restaurant d'Alvine. Je déguste ma délicieuse pizza pendant qu'Alvin joue avec Lina. Ma tête est plongée dans mon assiette quand j'entends cette voie qui m'est familière. Je me retourne pour tomber nez à nez avec Aurélie. Je reste immobile un moment avant de répondre à sa salutation. Elle passe son regard d'Alvin à Selinka qui ne cesse de s'agiter dans les bars d'Alvin. 

 

-elle est magnifique cette princesse ! Dit-elle en se penchant vers Alvin pour lui toucher la joue

 

Selinka se met à lui sourire. Aurélie l'a prend des mains d’Alvin puis lui chuchote des choses à l'oreille. Selinka lui touche le nez et elle sourit. Nous nous excusons après le repas puis prenons la route pour la maison.

 

Je regarde Selinka endormie et mon cœur se gonfle d'amour pour elle. C'est fou comme on peut aimer un petit être qui nous rend spécial et change notre vie. C'est tellement merveilleux d'être mère. Entre les nuits blanches, ses pleurs, ses rires et son visage d'ange. Elle est ma belle histoire d'amour qui ne soit pas compliqué. J'aurais tant aimé qu’elle soit avec son père. Serge a toujours adoré les enfants. Je sais qu'elle a besoin de son père. Mais est-ce que je suis prête à le revoir après près d’une année. Comment vais-je réagi face à lui? Est-ce qu'il voudra toujours fonder une famille avec nous? Où m'a-t-il oublié ? 

 

Bref toutes ces questions me donnent le tournis. Je pense sincèrement à contacter Serge. Mais je le ferais après le mariage de Luna. Nous avons tellement de chose à organiser. Mes jambes s'affermissent peu à peu. La thérapie me fait un grand bien et le seigneur me donne d'y croire. 

 

***

 

Ce matin je me rends à la cuisine récupérer le biberon de Selinka quand je vois la mère de Serge et Aurélie faire leur entrée. Je savais qu'elle l'aurait deviné. Ça saute tellement aux yeux, cette ressemblance frappante entre Selinka et Serge. Je me retourne vers Selinka qui est dans couché sur son tapis d’éveil. La mère de Serge s'approche de moi et pose un baiser sur ma joue puis s'abaisse au niveau de Selinka. Elle l'a prend dans ses bras. Selinka lui sourit. Ses yeux s'illuminent de joie.

 

-pourquoi Elinka ? Pourquoi nous avoir caché l'existence du bébé ? 

 

- Maman je...

 

- Serge n'ont plus n'est informé qu'il a une progéniture ?

 

- Oui. Répondis-je en baissant la tête

Je traversais un moment sombre de ma vie et je ne voulais pas l'obliger à rester avec moi par pitié.

 

- tu as certes tes raisons mais Serge avait de droit de savoir qu’il serait papa. Tu n'avais pas le droit de me priver de la joie d'être grande mère. Tu sais que je t'ai toujours considéré comme ma fille. Ton histoire avec Serge a certes été compliquée dès le départ mais je t'ai toujours soutenu. Les histoires d'amour ne sont toujours pas à l'eau de rose mais un amour éprouvé devient plus fort que tout.  

 

- je sais maman et je compte le lui dire après le mariage de ma sœur. 

 

- Ok tant mieux. Je vais pour l'heure profiter de mon petit enfant et me rattraper.

 

Elle récupère le biberon entre les mains de sa nounou puis se met à lui donner à manger. Elle a parfaitement raison. La petite a besoin de son père. Je ne vais pas la priver de cela.

Amour compliqué