Episode 36
Write by Annabelle Sara
Je ne sais pas comment ils ont fait mais Jules et Samuel le père de Fabrice était les premiers sur les lieux. J’étais à genou devant le corps sans vie de Fabrice, sa mère s’époumonait à mess cotés si le gardien ne la retenait pas elle se serait arrachée de sa chaise pour secouer son fils.
Mon jeans et mes mains étaient tachés de sang, j’ai baissé les yeux dessus une minute, je n’en revenais pas Fabrice était mort devant moi, comme ça !
Jules : Kiki… Kiki…
J’entendais quelqu’un crier mon nom mais ça me paraissait tellement lointain, jusqu’à ce que deux bras me soulèvent du sol et me secouent violemment.
Jules : Kiki…
Moi : Il est mort !
Jules : Tu as du sang partout sur toi…
Samuel : Qu’est-ce ce qui s’est passé ici ?
Il hurlait, je ne le connais pas bien mais je doute que ce ne soit pas dans son habitude.
Mme Etoa : Sorcier ! J’espère que tu es fière de toi ! Tu as réussi finalement noo ?
Elle se mit à l’insulter en Ewondo je ne comprends pas la langue mais entre les Elan, Ivou, Mebi et autres je savais qu’elle l’insultait.
Monique : Samuel, bienvenue à la fête ! Ce que tu as sous les yeux c’est mon œuvre…
Il l’a regardais comme s’il ne l’avait jamais vu de sa vie.
Samuel : Tu es folle ? Pourquoi ?
Monique : Oui je suis folle ! Comment ne pas devenir folle quand tu vis avec le suppo du Diable ?
Mme Etoa : Tu n’avais pas besoin de faire ça…
Monique : Vous-même si on vous montrait le poison que votre mari met tous les matins dans votre café vous refuseriez de voir ! Moi j’ai eu ma dose !
Samuel : De quoi tu parles ? De quel…
Monique éclata de rire, elle n’allait vraiment pas bien. Elle avait perdue patience. Jules me regarda dans les yeux. Pendant que le policier qui était arrivé avec eux inspectait le corps de Fabrice.
Le policier : Qui a tirez ?
Monique se leva de sa chaise en levant la main, un sourire aux lèvres.
Monique : Moi Monsieur… Présente !
Le policier : Où est l’arme ?
Le gardien tendit le doigt vers le siège ou se trouvait toujours le fusil de chasse que Monique avait utilisé pour tirer sur Fabrice.
Samuel : Mr l’agent elle est complètement folle, il faut l’arrêter et surtout lui donner le traitement qu’elle mérite… elle a tué mon fils !
Moi : Elle a surement perdue la raison un moment mais elle n’est pas folle !
Samuel : Je parie que c’est de ta faute sale…
Jules : Je te conseille de te taire !
Samuel : Vous allez me payer ce que vous m’avez fait tous les deux !
Monique : Et toi tu paies ce que tu m’as fait quand ? Lui j’ai déjà réglé son compte… Mais toi ! Comment je règle le tiens ?
Samuel : fermes ta bouche !
Mme Etoa : ça suffit ! Samuel assez !
Elle se nettoya le visage et se tourna vers moi. Elle semblait perdue ! Mais elle me sourit et se retourna vers son mari.
Mme Etoa : C’était la goutte d’eau qui fait déborder le vase… Monique a peut-être tiré sur Fabrice mais c’est toi qui as tué mon fils Samuel ! Toi et personne d’autre ! J’ai élevé un garçon respectueux, bosseur, attentionné, qui avait de la joie de vivre de la compassion, un homme bien… Mais toi tu as réussi par je ne sais quelle alchimie, à rendre mon fils ce qui a été la plus grosse déception d’une mère. Avide de pouvoir et d’argent, malhonnête, manipulateur et le pire de tout tu as entrainé mon fils dans une secte…
Il voulu parler mais elle leva la main le stoppant net.
Mme Etoa : Tu as entrainé mon fils dans une secte ! Tu l’as initié et il est devenu ce qu’il est là par terre ! Une âme sombre qui va bruler l’éternité en enfer…Voilà ce que tuas fais de mon fils ! Un homme capable de tuer son propre enfant pour le succès, rendre le seul qu’il lui restait mongole, juste pour l’argent ! Tu t’imagines que je ne sais pas ce que vous aviez planifié tous les deux pour moi ? Je n’ai rien dit parce que je ne voulais pas envoyer mon propre fils en prison… Mais je l’ai vu cette nuit là lorsqu’il m’a poussée dans les escaliers…
Les larmes se mirent à ruisseler sur son visage pendant qu’elle gardait les yeux bien fixes sur lui.
Mme Etoa : Tu as envoyé un fils tuer sa mère ! Le sacrilège ultime ! Il est allongé ici c’est à cause de toi ! C’est toi qui a mis cette fille déséquilibré dans sa vie, tandis qu’il avait cette gentille et jolie fille à ses cotés… C’est toi qui as fait un enfant avec une gamine pour un rituel, raison pour laquelle Kiki est venue me parler, et ce drame s’est produit. Tout ceci c’est de ta main !
Samuel : Tu ne sais pas ce due tu dis !
Mme Etoa : Oh si je sais ce que je dis ! Je peux prouver que tu fais ce trafic…
A l’instant même tous les regards ont convergés vers la femme assise dans son fauteuil roulant !
Mme Etoa : Je peux le prouver puisque tu as la bêtise de faire enterrer ces bébés au même endroit depuis des années… Je connais ton sanctuaire Etoa, je me suis tut par faiblesse, par négligence, je croyais protéger mes enfants en supportant la vie à tes côtés… J’ai accepté la honte, le malheur que tu représente pour ma vie… J’ai endossé tous ce mauvais Karma en pensant que je pourrais sauver mes enfants, mais non ! J’avais tort et beaucoup de gens sont morts parce que j’ai gardé le silence… Mais c’est fini ! Je vais tout déballer !
Jules fut plus rapide que son mentor, qui essaya de se jeter sur sa femme pour la saisir par le cou.
Jules : N’y penses même pas !
Le policier : Mr Etoa je crois que vous feriez mieux de vous asseoir et rester tranquille… Je ne vous le dirais pas deux fois !
Se sentant piégé, il prit place sur le siège qui était devant le corps de son fils. On lisait le désespoir dans ses gestes et dans son regard. Mais ça n’avait rien à voir avec le corps sans vie de son fils ! Il était désespéré parce qu’il s’était fait prendre et sa femme avait enfin, tourné son dos contre lui.
Gérôme et toute une patrouille arriva quelques instants plus tard avec une ambulance, des pompiers, la population qui s’était formé à l’extérieur de la maison essaya de rentrer mais le portail leur fut interdit d’accès.
Le policier qui accompagnait Jules et Samuel lui expliqua la situation ainsi que les déclarations de la mère de Fabrice.
Jules : Chérie tu trembles ! Ça va ?
Je ne pouvais pas répondre, j’étais trop secouée par ce que j’avais vécu ici, ce que j’avais entendu.
Gérôme : Ok si c’est bon nous allons tous au commissariat… Kiki toi aussi !
Jules : Je peux les emmener toutes les deux ?
Il parlait de Mme Etoa et moi.
Gérôme : Oui !
Pendant que le gardien conduisait sa patronne vers le véhicule de Jules, celui-ci me tenait serré contre lui tout en me guidant à travers les gens qui s’étaient rassemblé devant la villa des Etoa.
Monique et Mr Etoa eux, furent embarqués dans un véhicule de la police nationale.
La pire journée de ma vie, cette même journée qui assurait la liberté de mon fils ne faisait que commencer. J’ai subi l’interrogatoire le plus long et le plus difficile de toute mon existence ce jour. Déjà que j’avais du mal à expliquer les choses parce que j’avais encore le bruit assourdissant des coups de feu sur Fabrice, je me suis demandé comment j’ai réussi à tenir 4 heures dans le poste de police.
Ce n’est pas Gérôme qui me posait des questions cette fois mais un de ses agents, il était certes courtois mais il voulait que je lui raconte tout puisque techniquement c’est ma présence dans cette maison qui avait entrainé ce drame. Alors j’ai raconté, expliqué tout à quatre reprise.
Quand il fut satisfait, il me donna la permission de m’en aller. Mme Etoa elle était déjà rentrée chez elle, Jules m’attendait assis dans la salle d’accueil, Nyango et Alfred était avec lui.
Nyango : Ma chérie comment tu vas ? Gérôme nous a appelés…
Je lui ai fait un petit sourire, Alfred me caressait le dos.
Moi : Je vais bien ma belle… je vais bien !
Alfred : On a appelé Pat !
Nyango : Elle va revenir avec Loïc !
Mon sourire s’est agrandi, il peut revenir, il ne craint plus rien.
Moi : Il va bien ?
Nyango : Oui il va bien… Est-ce que tu sais qu’elle n’a pas pu se séparer de lui ? Elle a accompagné ma tante jusque chez elle et elle est restée avec lui ! Ils vont rentrer dans deux jours !
Alfred : Le temps pour toi de retrouver un peu de calme… Un peu de paix !
Oui j’en avais vraiment besoin !
Jules nous observait en silence, je voyais dans son regard qu’il était inquiet par mon silence. Gérôme nous rejoint.
Gérôme : Etoa va être gardé ! J’ai fais dépêcher des agents dans le sanctuaire que sa femme nous a indiqué… Les nouvelles qui me reviennent de là ne sont pas bonnes pour lui !
Alfred : Il y’a plus d’un cadavre ?
Gérôme : Des dizaines…
Le petit groupe en entier s’exclama.
Alfred : Seigneur !
Jules : Il est mieux pour lui de rester ici, dehors ses frères pourraient se débarrasser de lui !
Gérôme : c’est exact, il dit que ces ossements ne sont pas seulement ceux de ses enfants… Il va nous aider à démanteler le réseau tout entier !
Au moins une bonne chose de faite, par ce monstre.
Gérôme : Kiki ce que tu as fais aujourd’hui était d’une très grave imprudence, très grave ! Je te le dit encore… tu dois apprendre à te tenir loin des ennuis, cette folle aurait aussi pu tirer sur toi !
Jules : Ne t’inquiète pas je vais m’assurer qu’elle comprenne ! Elle a besoin de repos… Je vais la raccompagner.
Il me prit par la main et nous sommes tous sorti du commissariat. Après avoir dit au revoir à mes amis nous avons pris la route.
Le silence remplit l’habitacle de la voiture de Jules, il se contentait de conduire, pendant que moi j’avais les yeux rivés dehors. J’observais les lumières de la ville de Yaoundé défiler devant moi et disparaitre au loin pendant que la Range Rover noir fendait la circulation bizarrement fluide de cette soirée.
Ceci je l’avais déjà vécu, le jour où Magon est partie, je l’ai vécu et aujourd’hui c’était le tour de Fabrice.
Nous sommes comme ces lumières, nous nous illuminons, nous brillons et puis nous disparaissons au loin. La vie d’un être humain est tellement éphémère qu’il est difficile de dire si on en a réellement profité une fois qu’elle nous quitte. Surtout lorsqu’on choisi de la vivre d’une certaine façon pour les mauvaises raisons.
J’ai passé ma vie à résoudre les problèmes des autres, ceux de ma mère, ceux de mes amis, ceux de ma sœur et si j’étais parti aujourd’hui qu’est-ce qu’il me serait resté ?
Le mouvement brusque d’arrêt de la voiture me fit sursauter. Nous sommes arrivés, cette fois encore il m’avait ramené chez lui, cette fois encore il m’a ouvert la portière. Il m’aida à descendre sans un mot, sans un sourire.
Jules avait vu que la mort de Fabrice m’avait bouleversé.
Moi : J’ai besoin de prendre une douche…
Mes vêtements étaient encore couverts de sang, j’avais besoin de me débarrasser de tout cela.
Jules : Vas-y ! Je vais faire quelque chose à manger…
Moi : Je n’ai pas faim !
Jules : Tu dois manger, Je vais faire rapidement quelque chose.
Il ne voulait pas discuter avec moi ! Le message était simple et clair, prends une douche et viens manger.
J’étais dans la grande salle de bain de Jules, et je repensais à tout ce que j’avais vécu aujourd’hui.
Et si je n’étais pas allé aujourd’hui voir Mme Etoa, si je l’avais invité en dehors de sa maison pour lui parler ? Si j’avais fais les choses autrement ?
Est-ce ma faute si son ex-femme après ce qu’elle a vécue à ses cotés n’avait plus rien à perdre ?
J’ai ouvert la douche et l’eau s’est mise à couler. C’est à se moment que je me suis rendue compte que j’avais encore du sang sur les mains. Le sang de Fabrice sur les mains. Je n’ai pas pu me retenir le poids que je portais m’échappa !
J’ai fondu en larmes, j’avais mal. Le sang de Fabrice était sur mes mains ! Le sang du premier homme que j’ai aimé, celui que j’ai aimé durant des années, pour qui j’étais prête à tout, pour qui je m’étais rebellée contre le monde et les valeurs que j’avais apprises.
Fabrice est mort, et moi je pleurais dans la salle de bain de Jules.
Il était là !
Debout, dans mon dos, nu, il me rejoint sous la douche et m’aida à me relever pendant que je pleurais. Il ne dit rien ! Se contenta de me pousser doucement sous le jet d’eau. Il frotta mes épaules tendu par la tristesse et le désespoir.
Il attrapa un savon qu’il passa sur mon corps en entier. Il se tint devant moi et prit mes mains, il voyait le sang sur mes doigts, il me mit du savon sur les mains et frotta vigoureusement pour faire partir les taches de sang.
Avec un gant de toilette, il m’aida à me débarrasser de tout se qui sur mon corps pourrait me rappeler ce qui s’était passé aujourd’hui. Il nettoya, chaque courbe, chaque millimètre de peau…
J’avais besoin de lui ! Mais lui avait-il besoin d’un aimant à problème comme moi ? Comme s’il avait entendu mes pensées, il prit mon visage entre ses mains et me fixa dans les yeux.
Jules : Ne fais plus ça… ne me fermes plus la porte ! Je suis là… j’ai besoin de savoir ce que tu ressens pour arranger les choses…
Je l’ai embrassé !
Oui il est toujours là ! Quand Magon est parti il était là, quand mon père a débarqué chez moi, il était là… Aujourd’hui encore il est là !
J’avais besoin de lui plus que personne d’autre, parce qu’il est toujours là !
Et j’avais envie de lui là plus que jamais, j’avais besoin de lui là plus que jamais, nous avons fait l’amour sous la douche. Il m’a donné la force dont j’avais besoin pour avancer.
J’avais enfin trouvé mon roc. L’homme que le ciel avait mis sur mon chemin pour me pousser à avancer. C’est lui qui me prouvait que je pouvais garder la foi qu’autant je pense aux autres, on pense à moi !
Finalement il n’a rien fait à manger, je ne l’ai pas laissé me quitter. J’avais besoin de sa présence à mes cotés. Et je n’avais pas peur de reconnaitre que Jules avait prit en peu de temps une place majeur et importante dans ma vie. Ma nuit fut paisible et mon réveil meilleure.
Jules dormait encore donc j’ai pu l’observer un moment. Il n’avait pas son air sérieux lorsqu’il dormait.
Kiki, je crois que tu es encore amoureuse ! J’ai sourit en pensant cela.
Jules : Tu comptes me regarder comme ça toute la journée ?
Il avait parlé sans ouvrir les yeux. J’en ai profité pour lui faire un bisou rapide su la bouche.
Jules : Hum… ce n’est pas suffisant !
Alor je l’ai embrassé.
Jules : C’est mieux ! Comment tu te sens ?
Moi : Je ne sais pas…
Jules : Tu as le droit de le pleurer tu sais ! Vous avez partagé quelque chose de fort quand même ! Je peux comprendre… Même si je préfèrerais que tu me fasses plus de bisou comme ça…
Moi : J’ai assez pleuré à cause de lui ! Je dois me concentrer sur autre chose maintenant.
Il me regardait sans un mot je comprenais qu’il ne veuille pas m’empêcher de pleurer la mémoire de Fabrice mais la douche d’hier nuit avait tout emporté je voulais me concentrer sur autre chose, sur quelqu’un d’autre. Lui en l’occurrence.
Moi : J’ai envie de changer maintenant j’en ai assez fait pour les autres, il faut que je pense à moi, à Loïc et… à toi !
Ill me fit un sourire en me serrant plus fort contre lui.
Jules : Et tu ferais quoi pour moi ?
Moi : D’abord le petit-déjeuner, nous n’avons rien avalé hier… et tu m’as épuisée sous la douche…
Il éclata de rire.
Jules : Je te rappelle que c’est toi qui en as redemandé !
Moi : On ne dit jamais cela de sa femme…
Jules : Ma femme ?
Ça m’avait échappé !
Moi : C’est juste une expression !
Jules : Non, ce n’est pas juste une expression, c’est ce que je veux que tu sois… quand tu seras prête !
Moi : C’est comme ça qu’on demande les femmes en mariage dans ton village ?
Je tournais ça en dérision mais j’espérais vraiment qu’il soit sérieux.
Jules : Hey si tu attends le genou à terre avec la bague tu peux continuer d’attendre… tu vas te rendre compte que j’ai déjà donné le filet de morue séchée à ta mère !
J’ai éclaté de rire ! Qui lui a dit qu’on dote chez nous avec la morue ?
Jules : Je te l’ai dit depuis le départ… où je voulais aller… Et tu ne serais pas ici si mes intentions étaient différentes. Je veux que tu sois ma femme, je veux prendre soin de toi, de Loïc… donnes moi juste l’occasion de le faire, donnes moi l’occasion de t’aimer !
Je le regardais et je voyais dans ses yeux ce que j’avais toujours chercher à lire dans les yeux d’un homme.
Jules : Je t’aime Kiki ! Je n’ai plus peur de te le dire parce que c’est ce que je ressens et tout ce que je veux c’est que tu me laisse t’aimer…
Mon cœur battait trop vite pour que je lui réponde, alors j’ai pris sa main et je l’ai posé à la base de mon cœur pour qu’il sente mon pouls s’accélérer.
Ce qu’il y avait entre nous était effrayant parce que c’était puissant mais je ne voulais pas le combattre, je n’en avais même pas l’intention.
Moi : Tu as réussi à me faire croire encore en l’amour, merci ! Je t’aime !
Nous nous sommes embrassés, scellant ces vœux que nous formions entre les lignes.
Moi : Mais là tout de suite j’ai faim… Très faim !
Nous avons tous les deux éclatés de rire.