Épisode 5
Write by Mona Lys
Episode 5
TERRY
Arrêté à la fenêtre de ma suite, j’attends impatiemment que ma mère arrive. Elle est la seule personne capable de m’aider en ce moment. Elle est la seule à qui je peux expliquer cette situation. Elle a pris le jet de son mari très tôt ce matin. Elle doit donc être là tout à l’heure. Je ne lui ai encore rien dit, si ce n’est que je suis dans un énorme imbroglio. Je ne sais quoi faire, ni comment m’en sortir.
Je pense à ma femme enceinte. Cette femme qui a déjà tant supporté avec moi, qui s’est tant battue pour arriver à ce stade. Comment réagira-t-elle ? Je sais déjà que ça sera un coup presqu’insupportable pour elle. Ma crainte en ce moment c’est de savoir si elle acceptera de rester à mes côtés dans cette épreuve. Acceptera-t-elle cet autre enfant de moi et de sa pire ennemie ? On ne peut faire avorter Carla, la grossesse va donc poursuivre son cours. La question reste maintenant de savoir ce que moi je fais. Je l’abandonne avec l’enfant ? Je lui fais un gros chèque pour qu’elle disparaisse et prenne soin d’elle et de l’enfant ? Où je reconnais le bébé ?
J’entends dans mon dos la porte s’ouvrir. Je me retourne. Ma mère avance vers moi suivie de Rico qui part poser sa valise dans la deuxième chambre.
– Comment tu vas chéri ? S’enquiert-elle en m’enlaçant.
– Ça pourrait aller maman.
Elle me tient par les joues.
– Tu as une mauvaise tête. Viens dire à ta maman ce qui ne va pas.
Elle me tire par la main jusque dans le salon où nous prenons place. Elle tient toujours ma main dans la sienne.
– Je t’écoute.
– Une femme est enceinte de moi.
Elle lâche la main. L’expression de son visage passe de la tendresse au choc.
– Terry ! Tu dis quoi ? Tu as osé faire ça à Trisha ? TERRY !
Elle essaie de se lever mais je la retiens.
– Maman non. Je n’ai rien fait.
– Comment ça tu n’as rien fait ? Tu me dis qu’une autre femme est enceinte de toi et tu me dis que tu n’as rien fait. Ou bien tu es devenu le Saint-Esprit et elle la vierge Marie ?
– Laisse-moi t’expliquer.
– Fhum !
Elle plaque son visage droit devant elle en tirant la bouche. Je lui explique dans un français simple pour qu’elle puisse comprendre. A la fin de mon récit elle est encore plus choquée que lorsque je lui ai dit qu’une femme était enceinte de moi.
– C’est encore quelle affaire ça ?
– Et ce n’est pas tout. Cette femme, c’est Carla, la sœur de jumelle de Perla.
– Hé ! Lâche-t-elle en plaçant ses mains sur sa tête. Trisha va te tuer. Elle va vous tuer tous les deux. Carla ?
– J’en ai été aussi choqué maman. Je ne comprends rien à tout ceci.
– Tu es sûr que ce n’est pas un piège de cette femme ?
– Je ne le crois pas. Elle ne m’a plus contacté depuis que je l’ai fait quitter le pays.
– Mais est-ce que c’est vraiment de toi ?
– Le Docteur a fait un test ADN pour en être sûr et c’est bel et bien de moi.
Elle reste silencieuse, le regard rivé dans le vide. Je me lève et retourne vers la baie vitrée.
– A quelle solution as-tu pensé ?
– Encore aucune. Présentement elle est retenue de force à l’hôpital pour éviter qu’elle refasse une bêtise. Elle a tenté de se suicider hier et ce matin à son réveille elle s’est mise à hurler comme une folle qu’elle veut mourir. Elle n’arrêtait pas de dire que cette grossesse venait de gâcher sa vie. Apparemment son mariage était prévu pour la semaine prochaine mais son fiancé a tout annulé pensant qu’elle l’avait trompé. Son entreprise à elle étant en faillite, ce serait lui qui l’a relevé et maintenant il lui a tout repris. Elle se retrouve sans sous en plus de n’avoir aucune famille. J’ai voulu qu’on la fasse avorter mais sa santé est fragile et ses organes reproducteurs aussi. Un avortement risque de la rendre stérile. Pire, la tuer.
– Ce n’est pas bon de faire avorter une femme.
– Je le sais. C’est à Trish je pensais quand je prenais cette décision. Elle ne va pas s’en remettre.
Je pousse un soupir.
– Viens t’asseoir là.
Je rejoins ma mère dans le fauteuil. Elle me prend de nouveau la main.
– Outre le fait qu’il s’agisse de Carla, une femme que nous n’aimons tous pas, il s’agit aussi d’un bébé innocent.
– Trisha…
– Je sais que tu penses au bien-être de ta femme. Mais le bébé n’a rien demandé. Ne pense surtout pas à l’option abandonner le bébé. Tu te mettrais dans le même lot que Léontine.
– Que me proposes-tu ?
– Que tu acceptes le bébé.
Je ferme les yeux. J’aurais préféré une autre solution mais pas celle-là. Je ne veux plus rien à avoir avec Carla.
– Considère juste Carla comme la mère porteuse. Fais-lui signer un contrat si tu veux. Puisqu’elle ne veut pas de cette grossesse, tu lui proposes beaucoup d’argent. Elle porte la grossesse et après l’accouchement elle repart faire sa vie ailleurs.
– Ça veut donc dire que je dois la ramener en Côte d’Ivoire ?
– Une femme dépressive ne doit pas rester seule. Elle ne doit non plus pas rester enfermée dans un hôpital. Ça risque de la déprimer encore plus.
– Putain, murmuré-je en me frottant les yeux.
Je m’attrape la tête.
– Je ne veux pas perdre ma famille. Je ne veux pas perdre ma femme.
– Elle t’aime et elle te soutiendra. Elle te tuera d’abord mais elle te soutiendra.
Je réprime un rire amer.
– Si tu veux, rentre lui parler pendant que moi je reste ici pour veiller sur l’autre.
– Ok. Mais avant je dois parler avec Carla.
– Ok. Viens te coucher sur ta maman.
Elle m’attire à elle. Je m’allonge dans le fauteuil et pose ma tête sur ses jambes. Mes pensées convergent vers ma femme. Comment va-t-elle réagir. J’ai tellement peur qu’elle me quitte. J’aime tellement cette femme que ça devient douloureux.
Je me suis rendue ce matin avec ma mère à l’hôpital. Il nous a encore été rapporté que Carla désire coûte que coûte enlever la grossesse peu importe les risques. Elle est plus calme maintenant bien qu’elle ne cesse de pleurer. J’entre seul dans sa chambre afin d’avoir une discussion avec elle. Elle lève les yeux vers moi et les tourne ailleurs.
– Tu n’as pas à venir me menacer de quoi que ce soit encore, me devance-elle. Je ne fais que dire que je veux aussi me faire avorter.
– Je ne suis pas là pour ça. L’hypothèse d’un avortement n’est plus envisageable.
– Tu es donc là pour me proposer une somme faramineuse pour que je disparaisse de ta vie.
– J’ai pensé à cette solution. Mais je ne suis pas un homme aussi horrible que ça.
Je m’assois dans le fauteuil près de son lit.
– Aux vues des évènements, nous pouvons considérer que tu es juste une mère porteuse. Tu as été inséminée avec ma semence donc on ne peut considérer un quelconque lien et nous deux et le bébé. Il sera mon enfant, mais toi tu resteras la mère porteuse.
– Crois-moi que je ne veux non plus pas avoir de lien avec ce bébé encore moins avec la famille YOUL.
– C’est pourquoi je vais te proposer un contrat.
Elle tourne enfin les yeux sur moi.
– Je vais m’occuper de cette grossesse puisqu’il s’agit de mon sang. Tu vas donc la poursuivre et au terme tu ressortiras avec une grosse somme pour que tu puisses refaire ta vie loin de moi et ma famille. Dans ce contrat tu renonceras au bébé et sa mère sera ma femme, uniquement elle.
Elle me fixe longuement. Je fais de même. Elle finit par détourner de nouveau son regard.
– Je suis de toutes les façons obligée de garder cette grossesse qui m’a pourri la vie. J’allais me marier dans une semaine mais mon fiancé m’a largué croyant que je l’ai trompé puisque lui et moi pratiquions l’abstinence. Il est parti avec tout ce que nous avions bâti ensemble. Notre entreprise, notre maison les comptes en banques. Je me retrouve donc à la rue.
Elle se nettoie la joue qui accueillait des larmes.
– J’accepte donc ta proposition.
– Bien, conclué-je en me levant. Je contacterai mon Avocat.
Je sors de la chambre le cœur battant plus la chamade parce qu’il me faut maintenant affronter le plus gros défi. Je fais un résumé de ma conversation avec Carla à ma mère et je retourne à mon hôtel. Ma mère restera ici pour veiller sur Carla. Je ne veux avoir la mort de personne sur ma conscience. De nouveau seul dans ma chambre, j’appelle enfin ma femme. Depuis le début de ce cauchemar j’ai coupé la communication avec elle. Je m’assois sur le lit en prenant une profonde inspiration avant de lancer l’appel. Je regarde le portable dans ma main jusqu’à ce qu’elle décroche.
– « Mon Dieu Terry qu’est-ce qui ne va pas ? Depuis trois jours que je n’ai pas de nouvelle de toi. Tu ne réponds à aucun de mes appels et ce matin j’apprends que maman t’a rejoint de toute urgence. Qu’est-ce qui se passe ? Tu veux me donner un infarctus ou quoi ? Ç’aurait été moi tu aurais déclenché l’apocalypse. Non mais ça ne va pas de… »
– Je t’aime trésor.
Elle ravale la suite de sa phrase.
– « Bébé ça va ? »
– N’ai-je pas le droit de dire à ma femme que je l’aime ?
– « Si mais, j’ai l’impression que quelque chose te tracasse. »
Elle me connait si bien. Je marche lentement jusqu’à la fenêtre de ma chambre, le portable toujours à l’oreille.
– J’ai envie de te serrer dans mes bras là tout de suite, lui susurré-je.
– « Qu’est-ce qui t’arrive mon amour ? Le Docteur t’a annoncé une mauvaise nouvelle ? C’est en rapport avec ta santé ? Bébé parle-moi. »
– Je serai là dans quelques heures. Je vais de ce pas prendre l’avion. A toute.
– « A toute. » Répond-t-elle sans grande conviction.
*Mona
*LYS
J’avance dans la maison sous le regard brillant de ma femme qui se tient débout au milieu du salon. Elle n’attend pas que j’arrive à elle mais vient vers moi pour m’enlacer. La sentir contre moi m’apaise. Sentir son parfum et son cœur battre contre moi sont des choses que je n’échangerais pour rien au monde. Sa présence a toujours eu pour don de me rendre plus calme et confiant. Je ramène sa tête en arrière et prends possession de ses lèvres. Je l’embrasse comme si c’était la dernière fois. Je la décolle du sol et monte avec elle en chambre. Je la pose délicatement sur le lit puis sans lui retirer ses vêtements, mais juste son dessous, je lui fais l’amour. J’avais besoin d’être en elle, de sentir ses ongles transpercer la chair de mon dos. J’avais besoin d’être dans ses bras. Je lui fais l’amour tellement tendrement que je ne tarde pas à exploser de plaisir.
– Je t’aime Trish.
– Je t’aime aussi Ty.
Elle pose un baiser sur mon épaule.
– Allons prendre une douche.
Nous prenons rapidement une douche et revenons dans la chambre. Je la fais asseoir sur le bord du lit. Je tire en face d’elle un pouffe sur lequel je m’assois. Elle me caresse tendrement la joue.
– Qu’est-ce qui ne va pas chéri ?
– Tu le sais ça que je t’aime ?
– Je n’en doute pas une seule seconde.
– Tu sais donc aussi que jamais je ne ferai quoi que ce soit qui puisse te faire souffrir, encore moins détruire notre famille ?
– Je le sais. Qu’il y-a-t-il bébé ?
Je prends ses deux mains dans les miennes.
– Il y a… Il y a une femme qui est… enceinte de moi.
Les traits de son visage se détendent et ses yeux s’agrandissent. Elle m’arrache ses mains.
– Quoi ? Terry, tu m’as trompé ?
– Non, répondé-je rapidement. Non je ne t’ai pas trompé.
– Comment ça tu ne m’as pas trompé ? Tu veux me dire que je ne sais pas comment on fait un enfant ?
– Non ce n’est pas ça. Elle a été inséminée par erreur avec ma semence.
– Quoi ?
– Une infirmière a fait une erreur de dossier et de spermatozoïde. Ecoute je n’ai pas demandé les moindres détails mais une femme a été inséminée accidentellement avec mon sperme et là elle est enceinte de deux mois.
L’expression de son visage démontre qu’elle essaie d’assimiler cette information.
– Bébé je te jure sur ma vie que c’est la vérité. Je ne t’ai pas trompé.
Elle demeure encore silencieuse. Elle ferme les yeux plusieurs secondes au bout desquelles elle pousse un soupir.
– Ok. Elle est donc une mère porteuse dans ce cas.
– Oui ma puce. Rien qu’une mère porteuse.
Par l’expression de son visage je sais que cette nouvelle ne l’enchante pas mais je suis ravie qu’elle accepte. Je ne veux même plus lui révéler l’identité de la mère porteuse en question. Mais je le dois. Je ne dois rien lui cacher.
– Il y a autre chose.
– Quoi elle attend des jumeaux ?
– Non ! La femme en question c’est…
Je ferme les yeux.
– Qui s’est ?
– Carla.
– Quelle Carla ?
– La jumelle de Perla.
– QUOI ?
Elle se lève d’un bond en me repoussant.
– Carla ? Carla est enceinte de toi ?
– Oui mais…
– Carla est enceinte de toi et tu me dis que tu n’as pas couché avec elle ?
Je tends ma main vers elle.
– Trésor…
– NE T’APPROCHE PAS DE MOI. Tu m’as de nouveau trompé avec cette pétasse ?
– Bien-sûr que non ! Refoulé-je cette assertion en me levant.
– Non ? Tu veux que je te rappelle combien tu étais si faible face à elle ? Combien tu m’as fait souffrir pour ses beaux yeux ? Dois-je te rappeler que tu as couché avec elle alors que toi et moi étions ensemble ?
– Mais tout ça c’était avant. Tu sais très bien que je suis guéri des souvenirs de Perla et ce grâce à toi. Carla ne me dit absolument rien. D’ailleurs ça fait des années que je n’ai plus eues de ses nouvelles.
Elle lâche un rire dubitatif.
– Et tu crois que je vais gober ça ?
– Mais tu as pourtant cru quand je t’ai dit qu’une femme avait été inséminée par erreur.
– Oui une femme. Mais là il s’agit de Carla. Combien de fois t’ai-je vu flancher devant elle ? Combien de fois t’ai-je vu la regarder avec désir ? Mon Dieu YOUL Comment as-tu pu me faire une chose pareille ? Après tout ce que j’ai supporté pour toi. Je ne…
Un sanglot lui étrangle la gorge. Mon cœur se comprime. Je m’approche d’elle. Elle recule.
– Trish, trésor, regarde-moi.
Elle garde les yeux fermés en pleurant en silence.
– Regarde-moi Trish. S’il te plaît.
Elle me regarde difficilement.
– Sur la vie de Teyana, sur la vie de Tayron et sur la vie de tous les enfants que nous aurons dans l’avenir, je n’ai pas touché cette femme. La seule qui fait battre mon cœur, la seule que je désire à chaque seconde, la seule en qui j’ai envie de me réfugier et prendre du plaisir, c’est toi. Toi et uniquement toi. Depuis que nous sommes mariés, je n’ai plus touché aucune autre femme.
Je fais un pas vers elle.
– Tu peux appeler maman, elle te dira. Elle est restée en France au chevet de Carla qui fait une dépression. Elle a même tenté de se suicider. J’ai ordonné qu’on la fasse avorter mais la tentative de suicide a déjà trop mis sa vie en danger et si on tente quoi que ce soit elle risque de perdre ses trompes. J’ai aussi envisagé de la faire partir loin avec le bébé, je voulais les abandonner tous les deux, mais toi comme moi savons ce que ça fait d’être abandonné alors qu’on n’a pas demandé à venir au monde. Ce serait injuste pour le bébé.
Je marque une pause pour reprendre mon souffle.
– J’ai signifié à Carla que je ne désirais pas ce bébé mais par principe de moralité, surtout que je suis père, je vais accepter l’enfant mais qu’elle sera juste une mère porteuse. Je veux lui faire signer un contrat dans lequel elle renoncera à la maternité qu’elle te donnera. En échange elle aura assez d’argent pour disparaitre de nos vies. Tu seras la mère de cet enfant, de tous mes enfants. Elle a accepté. Mais je ne peux encore rien faire sans toi, sans ton accord, sans ton soutien.
Je fais encore un pas vers elle.
– Je suis prêt à faire tout ce que tu veux. S’il faut que je lui achète une petite maison dans laquelle elle sera surveillée 7j/7 jusqu’à l’accouchement on le fera. Tu es mon socle et tu le sais. Je t’aime, toi et toi seule. Je t’en prie ne m’abandonne pas.
Je me rapproche et lui touche le bras.
– Ne me touche pas Terry, hurle-t-elle en se remettant à pleurer. J’étais prête à tout supporter pour toi, mais pas ça. Tu m’en demandes trop. Je ne peux pas. Non, je ne peux pas accepter ça.
Elle me pousse et en courant part s’enfermer dans la salle de bain. J’essaie de la rattraper mais elle me claque la porte au nez. Je pose mon front contre la porte. Quand je l’entends éclater de plus belle en sanglot, je sens mon être se déchirer. Je ne veux pas la faire souffrir. Je voulais au maximum lui éviter des émotions fortes dans son état. Je m’en veux tellement.
– Chérie, je suis vraiment désolé. J’ai besoin de toi.
– C’est trop dur. Je ne peux pas, répond-t-elle de l’autre côté.
– Ok. Je vais te laisser le temps de digérer tout ça. Mais n’oublie pas que tu es la seule femme que j’aime et que je ne t’ai pas trompé.
Je m’éloigne de la porte et sors de la chambre. Je descends au salon me remettre de toutes ces émotions. J’entends des bruits de pas dans les escaliers. Quand je relève la tête, je vois Trisha descendre avec son petit sac de voyage.
– Chérie ! Dis-je en me levant.
– Ne me retiens pas Terry. J’ai besoin d’être loin de toi pour mieux réfléchir.
Elle continue son chemin sans un regard. Je me laisse tomber dans le fauteuil en sortant mon portable de ma poche. J’appelle ma mère.
– « On dit quoi chéri ? »
– Elle est partie de la maison, mais pas avec toutes ces affaires. Elle dit qu’elle a besoin d’être loin de moi pour mieux réfléchir.
– « Donc laisse-la. Ce n’est pas facile d’apprendre ce genre de nouvelle. »
– Elle pense que j’ai couché avec Carla.
– « Ne t’inquiète pas je vais l’appeler. Restes là-bas jusqu’à ce qu’elle revienne. Tout va bien ici. »
– Ok maman…
Ça fait deux jours aujourd’hui que Trisha a quitté la maison et elle a pris avec elle Teyana. Je n’ai pas pu fermer l’œil depuis. J’ai peur qu’elle me quitte pour de bon. Ce Docteur et cette infirmière m’ont vraiment mis dans la merde. Si je perds ma femme c’est sûr qu’ils vont me sentir passer.
La porte de notre chambre s’ouvre alors que je me tiens la tête entre les mains. Je relève la tête vivement. Elle est là. Elle est revenue avec son sac. J’entends dehors la voix de Teyana.
– Trish !
– On lui fera signer le contrat.
– Ok, dis-je prestement, soulagé.
– Je veux qu’elle vienne vivre ici avec nous.
Je déglutie.
– Quoi ?
– Une mère porteuse vit sous le toit des parents de l’enfant qu’elle porte afin que ces derniers s’assurent que la grossesse se déroule bien.
– Oui mais j’avais pensé à la mettre dans un appartement avec un garde et une domestique.
– Je la veux près de moi. Je ne prendrai pas le risque de vous laisser tous les deux dans une pièce loin de moi. Fais-la donc venir. C’est ça ou rien.
Je regarde ma femme et sa détermination me fait froid dans le dos.
– Ok.
Je tente un rapprochement mais elle me dévie et entre dans la salle de bain avant de claquer la porte.
J’ai suivi l’ordre de ma femme et je suis retourné en France chercher Carla ainsi que ma mère. Je lui ai expliqué la situation et bien que n’étant pas enchantée, elle a accepté. De toutes les façons elle n’avait pas le choix. Trisha, debout au milieu du salon, nous regarde avancer vers elle avec un regard ombragé. Les employées qui ont déjà reçues des ordres, récupèrent les affaires de Carla pour les conduire à l’une des chambres du bas où elle séjournera. Je laisse Carla arrêtée en face de Trisha et je rejoins cette dernière. Je l’embrasse et me poste derrière elle.
– Bonjour Trisha, salut Carla.
Trisha jette au-devant d’elle, sans répondre à sa salutation, le document contenant le contrat.
– Signe ça.
Carla sans broncher se baisse vers la table où a atterrit le contrat et le signe. Elle le pousse vers nous. D’un seul regard nous voyons sa signature au-bas du document.
– Bien, entame Trish, tu es dans cette maison uniquement pour cette grossesse. Une fois la délivrance faite, tu retournes d’où tu viens. Je te connais, je sais déjà de quoi tu es capable. Mais retiens que je ne suis plus la même Trisha que tu as connu. Je suis la maitresse de cette maison et je te mettrai au carreau à chaque faux pas. Fais donc gaffe à ce que tu fais, termine-t-elle d’une voix claquante comme un fouet.
Elle ramasse le contrat et quitte la pièce. Carla me regarde attendant que je dise quelque chose. Je me contente juste de suivre ma femme. Trisha a déjà parlé. Que puis-je donc ajouter ?
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