Épisode 5
Write by Mona Lys
5
AALIYAH
Couchée dans le divan dans le salon, je rigole en écoutant des blagues hypers drôles. En dehors d’écouter des histoires, j’écoute beaucoup les choses comiques. Rire est ce qui me permet de me sentir bien et de refouler le chagrin à chaque fois. Ça me permet aussi de ne pas m’ennuyer. En dehors de ça et de mes discussions avec tante Mimi je ne fais pas grande chose. Je fais des fois l’effort d’écouter la télé mais le fait de ne rien voir me fout les boules alors j’allume juste pour mettre un peu de bruit dans la maison et je me concentre sur mes audios. Il y a quand même certaines émissions à la télé qui ne nécessitent pas vraiment de voir les images pour comprendre.
Mon portable me signale un appel sur WhatsApp. C’est Mira. Il n’y a qu’elle qui m’appelle. C’est avec joie que je décroche son appel.
– Allô !
– « Coucou mamie. Ça pète la forme ? » Me demande une Mira toute joyeuse comme toujours.
– Oui et de ton côté ?
– « Les Arabes là nous fatiguent mais ça va. Comment ça se passe là-bas ? »
– Bah ça va. J’attends que tante Mimi finisse de prendre sa douche pour que nous sortions faire les courses.
‒ « Et ton bienfaiteur ? »
Je pousse un soupir.
‒ Je ne sais toujours pas qui s’est. Je ne lui ai jamais parlé. Il prend de mes nouvelles par sa tante quand il ne passe pas dans la soirée quand je suis déjà au lit.
– « Il t’évite ou quoi ? »
‒ C’est bien l’impression que j’aie. Pourtant je veux le connaitre, connaitre ses intentions. Pourquoi est-ce qu’il veut m’aider.
‒ « C’est peut-être une connaissance à ton père. »
‒ Si c’est le cas je ne vois pas de raison de se cacher de moi.
‒ « Il a peut-être ses raisons. »
– Peut-être. Bref, parle-moi de ton quotidien là-bas.
Nous passons près d’une trentaine de minutes à parler jusqu’à ce que tante Mimi apparaisse. Nous embarquons dans la nouvelle voiture achetée par mon fantôme de bienfaiteur pour faciliter nos déplacements. Dans le supermarché, tante Mimi pose ma main sur la charrette et elle pose sa main par-dessus pour me guider. Même si je ne vois rien, j’aime sortir changer d’air. L’air frais me fait du bien.
‒ Tante Mimi !
‒ Hum ?
‒ Tu peux me parler de ton filleul ? J’aimerais en savoir davantage sur lui.
‒ Que veux-tu savoir ?
‒ Tout. Mais surtout pourquoi il fait tout ça pour moi.
‒ Je ne pourrai pas tout te dire parce qu’il est le mieux habilité à le faire.
‒ Dis-moi donc quel âge il a.
‒ 30 ans.
Je fais un calcul mental rapide. Il y a 7 ans entre nous.
‒ Est-il marié ? Des enfants ?
‒ Marié oui, des enfants non. Quoi d’autres ?
Elle me fait signe de m’arrêter.
‒ Il est comment physiquement ?
‒ Si tu veux savoir s’il est beau, oui. Il l’est. Mais il n’a jamais été pour autant un homme à femme bien que la cible de plusieurs. Il a toujours été très sage et sérieux. Teint caramel, 1,77m, sportif. De quoi faire fondre toutes les filles.
‒ C’est quoi son nom ? Tu ne l’as jamais prononcé devant moi. Tu parles toujours de lui à la troisième personne du singulier.
Elle me guide pour tourner au prochain rayon.
‒ Tu le lui demanderas toi-même.
‒ Comment le pourrais-je s’il ne se montre jamais ? Il m’évite.
‒ Non il est juste trop occupé. Il finira bien par trouver un jour pour te rencontrer.
Je réfléchis à une autre question lorsque j’entends mon nom. Je tourne ma tête dans la direction de la voix. Des voix je dois dire.
‒ Oh Aaliyah c’est toi ! Enfin nous te voyons, depuis trois ans que nous n’avons plus de nouvelle de toi.
Cette voix m’est familière. Je fouille dans mon esprit jusqu’à trouver.
‒ Nadia c’est toi ?
‒ Oui ! Oh que je suis bête. Je suis avec Josée et Fatou.
Les concernées nous saluent à leur tour.
‒ Nous avions appris pour l’accident et depuis plus de nouvelles de toi. Nous sommes désolées pour tes yeux.
‒ C’est gentil.
‒ Alors tu nous donne ton numéro pour qu’on reste en contact ? Tu nous as manqué.
C’est avec grande joie que je leur communique mon numéro. Elles me promettent de m’appeler et venir me voir un de ces jours avant de prendre congé. Je souris, heureuse de retrouver enfin mes anciennes amies de l’Université. Nadia, Josée et Fatou étaient mes voisines et copines de tous les jours. Même si je ne partageais pas leur mode de vie, j’aimais bien leur compagnie. Toutes des filles à papa comme je l’étais, elles ne pensaient qu’à faire du shopping, sortir en boite, frimer avec les mecs, en gros faire la belle vie. Outre ça, elles étaient très amusantes donc impossibles de s’ennuyer en leur compagnie.
‒ Tu pourrais les inviter à la maison de temps en temps.
‒ Il ne dira rien ?
‒ Non ! Il veut au contraire que tu t’amuses le temps que tout soit prêt pour ton voyage.
‒ Ok.
Alors que je déguste mon déjeuner, j’entends le portable de tante Mimi sonner. Par sa manière de répondre en s’éloignant, je déduis que c’est lui. Je tends l’oreille sans rien comprendre. Elle s’est rendue à la cuisine. Sur la pointe des pieds, je m’avance doucement. La table à manger n’est pas si éloignée de la cuisine. Disons de juste cinq pas. Je veux savoir s’il viendra aujourd’hui et à quelle heure. J’en ai marre de ne pas le connaitre alors que c’est lui qui m’a conduite ici.
‒ As-tu trouvé une fille ou tu préfères que j’envoie ma nièce ? Demande-t-elle à la personne au bout du fil… Je luis ai déjà dit tout ce qu’elle doit savoir… Ok tu seras donc là ce soir ?... Elle se met toujours au lit à la même heure. 20h… Je t’attendrai donc pour m’en aller… A ce soir.
Je retourne à la table sans manquer de me cogner le pied contre une chaine. Je ravale le cri de douleur. Je l’entends se rasseoir près de moi.
‒ Bon comme je te l’avais dit il y a deux jours, la grossesse de ma première fille se complique, je dois donc me rendre à son chevet au Sénégal. Je ne sais pas combien de temps je mettrai mais je ferais tout pour être là avant ton voyage.
‒ Mais qui prendra soin de moi ?
‒ Ma nièce viendra s’occuper de toi. Ne t’inquiète pas, elle est gentille. Vous vous entendrez, surtout qu’elle a 25 ans.
‒ D’accord. Tu vas me manquer.
‒ Je t’appellerais tous les jours.
La nuit tombée, je me mets au lit après le diner. Mais je fais mine de dormir. Ce soir il faut que je rencontre cet homme. Je veux connaitre ses raisons. J’attends pendant un long moment avant de sortir de mon lit. J’ouvre lentement la porte. Tout m’a l’air silencieux. Je marche lentement en faisant attention à ne pas faire de bruit. Quand j’arrive du côté du salon où se trouve la télé, j’entends une voix depuis la terrasse. Une voix d’homme. Ce doit être lui. Je suis heureuse qu’il soit là. Mais le hic c’est que je ne maitrise pas très bien la trajectoire qui mène à la terrasse. Le salon étant grand j’ai encore du mal à trouver mes repères. Je maitrise le trajet de ma chambre à la partie du salon où se trouve les fauteuils et la télé puis le petit trajet vers la cuisine et la table à manger. Mais de l’autre côté qui mène vers le balcon qui est doté d’une grande terrasse, je me perds. Il y a des endroits où je n’ai jamais mis les pieds. Parait qu’il y a un aquarium dans le salon. Je me demande il fait combien de mètre ce salon.
Je décide cependant de m’y rendre en me rappelant du seul jour où tante Mimi m’a conduit sur la terrasse pour que je prenne de l’air avec elle. Après quelques pas je crois que je suis perdue. Je ne sais plus où je suis. J’entends de nouveau la voix alors je décide de la suivre. Je marche en tendant l’oreille. Je franchi un cadre. Lorsque l’air frais me frappe en plein visage je sais que je suis à la terrasse. La voix est plus audible. Je crois qu’il parle au téléphone. J’avance encore sans faire de bruit. Je sens soudainement mon prochain pas se perdre je ne sais où. Mon corps tangue dans un vide quand tout à coup je fais un plouf dans l’eau. Mon Dieu je crois que je viens de tomber dans la piscine. Je ne sais pas nager.
Je hurle à l’aide en buvant de grandes rasades d’eau. Je me débats dans l’eau en espérant que cela puisse me faire sortir. Je continue de lutter quand je me sens soudainement agrippée fermement par la taille. Dans un geste incontrôlé je donne un coup de coude au visage de la personne qui me tient. Il lâche un gros mot et je suis soulagée de constater que c’est lui.
‒ Calme-toi je te tiens.
Il me sort de l’eau, m’allonge au sol et exerce des pressions sur mon thorax. Je vomis toute l’eau que j’ai ingurgitée. Il y en dans mes oreilles et mon nez. Je tousse à m’en faire mal à la gorge.
‒ Est-ce que ça va ?
Je réponds de la tête en continuant de tousser. Il passe sa main dans mes cheveux essayant sans doute de m’apaiser. Mais ce geste si anodin fait vibrer mon corps. A la recherche d’un réconfort soudain, je me jette dans ses bras. Il se crispe sur le coup mais se relâche lentement. Il referme ses bras autour de moi. Comme à chaque fois, une sensation de sécurité s’empare de moi. Je ne veux plus quitter ses bras, je ne veux plus qu’il s’en aille, qu’il me laisse seule.
Il me relève du sol en me tenant fermement dans ses bras. Il est autant trempé que moi mais peu importe. Je me sens bien. Arrivée dans ma chambre, je suppose, il me pose au sol toute grelottante. Il s’éloigne un moment et quand il revient il me couvre d’une grande serviette qui me réchauffe. Il m’essuie les cheveux et les épaules qu’il frotte frénétiquement.
‒ J’ai posé des vêtements sur le lit. Je te laisse te changer.
‒ Vous… vous aller revenir n’est-ce pas ?
‒ Oui. Je vais faire un peu de café pour te réchauffer.
Je fais oui de la tête. Quelques instants après que je me sois changée et allongée dans mon lit, la porte de ma chambre s’ouvre. Son parfum m’annonce sa présence. Il prend ma main qu’il pose sur la tasse que je saisi. J’entends ses pas s’éloigner.
‒ Vous partez ?
Je ne l’entends plus mais je sais qu’il est toujours là.
‒ Tu dois dormir.
‒ Pas sans vous avoir parler. Qui êtes-vous et pourquoi faites-vous ce que vous faites pour moi ?
Tout est tellement silencieux que je peux entendre sa respiration saccadée.
‒ Vous étiez une connaissance à mes parents ?
‒ Non !
‒ C’est quoi votre nom ?
Il ne répond pas.
‒ Vous ne voulez pas me dire votre nom ?
‒ Ça n’a aucune importance.
‒ Dites-moi donc pourquoi vous voulez me soigner.
‒ Parce que j’en ai envie. Tu dois dormir maintenant.
Il ressort précipitamment en refermant derrière lui avant que ma prochaine question franchisse mes lèvres. Je reste là perplexe. Pourquoi me fuit-il alors que c’est lui qui m’a conduite ici ?
Toute la nuit je ne fais qu’entendre sa voix dans ma tête. Elle est roque mais en même temps avec une pincée de douceur. Tout comme au premier jour, elle m’a fait de l’effet jusque dans mes tripes. Ça fait notre troisième rencontre et je me sens encore émoustillée. Qui est cet homme ?
*Mona
*LYS
Aujourd’hui je passe un excellent après-midi avec mes anciennes voisines d’Université. Assises sur la terrasse grignotant des amuse-bouches et des boissons non alcoolisées, elles me racontent tout ce que j’ai raté après mon absence dû à l’accident. Elles racontent tout un tas de truc qui me font rire pour certains et me rendent triste pour d’autres. J’aurais aimé partager tout ça avec elles.
‒ Mais toi dis-nous Aaliyah, tu as gagné le gros lot on dirait. Cet appartement est gigantesque.
‒ Il n’est pas à moi mais à l’homme qui a décidé de me soigner.
‒ Humm tu dois lui avoir tapé dans l’œil pour qu’il te prenne sous son aile.
‒ Pas vraiment. Nous n’avons jamais fait connaissance.
‒ Pas besoin de se connaitre pour faire des choses au lit.
Elles se mettent toutes à rire.
‒ Arrêtez, vous êtes folles, dis-je en souriant.
‒ Oh mon Dieu les filles ! S’exclame subitement Fatou. Est-ce vous voyez ce que je vois ?
‒ Quoi ?
Elles demeurent toutes silencieuses un moment avant de s’exclamer comme Fatou.
‒ Mon Dieu c’est qui ce spécimen ?
‒ Que se passe-t-il ? Demandé-je sans comprendre ce qu’elles disent.
‒ Il se passe qu’il y a un très beau spécimen qui vient d’arriver et qui discute dans le salon avec la domestique.
‒ Ah, ce doit être lui, fais-je en prenant mon jus.
‒ Mon Dieu qu’il est à tomber. Je mouille carrément.
Je suis choquée et frustrée qu’elles fantasment toutes sur cet homme que je ne peux voir pour pouvoir aussi apprécier. Elles utilisent des termes sexuels en faisant allusion à lui et ça me met en rogne.
‒ Oh non il s’en va, rumine Nadia. J’ai cru qu’il viendrait nous saluer.
‒ Ce n’est pas bien grave. Nous aurons l’occasion de le revoir à notre prochaine visite.
Ouais si je vous invite encore, me dis-je intérieurement.
‒ Tu ne sais pas ce que tu rates Aaliyah ? Me nargue Josée. Tu vis avec un tel homme et tu ne peux même pas te délecter de sa beauté. Est-ce que vous avez vu ses lèvres ?
‒ Ok les filles ça suffit, dis-je en camouflant du mieux que je peux ma colère mais surtout ma jalousie. Il est marié.
‒ Et ? Je ne serais pas à mon premier homme marié moi.
‒ Nadia ! Fais-je choquée.
‒ Laisse ça ma belle et donne-moi son numéro.
‒ Je ne l’ai pas.
‒ Pas grave. Je l’aurais par moi-même qu’il pleuve ou qu’il neige.
Le reste du temps est gaspillé à parler de leurs aventures sexuelles avec des hommes mariés et/ou des sugars dady. Je les savais très agitées mais ce que j’entends me laisse sur le cul. J’en viens à penser qu’elles pourront arriver à coucher avec mon bienfaiteur. Cette idée me répugne.
J’ai reçu ce soir la visite du Docteur qui m’examine en ce moment sous la surveillance de monsieur mon bienfaiteur. Pour une fois depuis que je suis là, il est resté plusieurs minutes près de moi. Il est assis à ma droite et je peux sentir son regard sur moi, ce qui a pour don de m’intimider.
‒ Je crois que la tête ça va, informe le Docteur. Ça te fait donc un problème en moins. Tu es prête pour la grande opération et au vu de l’évolution de ton état ces dernières semaines je peux affirmer que tout se passera très bien.
Je souris de bonheur. Enfin je pourrai voir de nouveau.
‒ Bon j’y vais. Prends soin de toi petit cœur.
‒ Merci papi.
‒ Attends je te raccompagne, dit mon bienfaiteur.
‒ Non reste, je connais le chemin.
‒ Ok. Encore merci.
Nous restons silencieux jusqu’à entendre les portes de l’ascenseur se refermer.
‒ Je vais te laisser diner et je reviendrai te donner tes médicaments.
Je le sens se lever et par reflexe, je lui attrape rapidement le bras. Il se crispe sur le coup.
‒ Restez diner avec moi s’il vous plaît.
‒ J’ai…
‒ Ce sera la seule et dernière fois vu comme vous passez votre temps à m’éviter comme la peste.
‒ Je ne t’évite pas.
‒ Dans ce cas dinez avec moi et après vous pourrez rentrer chez vous.
Il demeure silencieux un moment avant d’accepter pour ma plus grande joie. Il me conduit par la main à la table à manger. Pauline, la nouvelle servante nous sert à manger avant de retourner à la cuisine. Ayant une seule et unique manière de disposer mes couverts, je sais exactement où se trouve mon verre de jus, mon verre d’eau, ma fourchette et ma cuillère. Mais ce soir il n’y a ni fourchette ni cuillère. Ce sont des frittes accompagnées de boulettes. J’aime les manger avec les doigts. Du bout des doigts je touche à ce qu’il y a dans mon assiette afin de trouver de quel côté se trouvent les frites, les boulettes et la patte qui accompagne. Je sens son regard sur moi durant tout mon manège. Je commence à manger sans m’y attarder. J’entends son couvert cogner dans son assiette. Mon jus de fruit se trouvant sur ma gauche, j’avance ma main pour le prendre.
‒ Attends je t’aide.
Il se précipite mais sa main se pose sur la mienne qui avait déjà saisi le verre. Ce simple contact me bouscule intérieurement. Je lève les pupilles dans sa direction. Je suis à peu près sûre d’être en train de le fixer. Sa main n’a toujours pas lâché la mienne.
‒ Je… je sais où se trouve chaque chose, réussis-je à dire malgré ma gorge nouée.
Il lâche ma main me permettant de me remettre de cette émotion qui m’a traversée de façon inattendue. Le diner se termine dans une ambiance qui m’a semblé lourde depuis ce contact de nos mains. Il me met ensuite des gouttes dans les yeux. Selon le Docteur ça aidera pour ma guérison. Il me conduit ensuite dans ma chambre.
‒ Passe une bonne nuit, me dit-il depuis la porte.
‒ Bonne nuit à vous aussi.
Plutôt que de m’endormir quand il part, j’appel Mira sur WhatsApp. Ça aussi j’ai appris à le faire. En plus elle est mon seul contact enregistré.
‒ « Toi tu ne dors pas encore ? »
‒ Je suis déjà au lit. J’ai juste envie de discuter un peu.
‒ « Alors raconte-moi ta journée avec ton bienfaiteur. »
‒ Il est toujours aussi distant malgré qu’enfin nous ayons discuté. Même ce soir au diner il n’a pas placé un mot.
‒ « Que voulais-tu qu’il te dise ? »
‒ Je ne sais pas moi. Qu’il engage une discussion pour faire plus ample connaissance.
‒ « Tu veux faire connaissance avec lui ? Pourquoi ça te tient si à cœur ? Vous ne vous connaissez pas. Il est juste là pour tes yeux donc contente-toi juste de ça. »
‒ Je sais mais… je ne peux pas m’empêcher de vouloir plus le connaitre. Aujourd’hui j’ai été gravement frustrée lorsque mes voisines de la Fac se sont extasiées à sa vue. Elles n’arrêtaient pas dire combien il était beau et tout. Ça m’a mis en rogne.
‒ « Pourquoi exactement ? »
‒ Parce qu’elles pouvaient le voir et moi non.
‒ « Tu sais que tu ne peux voir personne mais ça ne te met pas en rogne pour autant. Alors pourquoi lui précisément ? »
Je me rends compte de ce détail. Je me suis bien habituée au fait de ne plus rien voir mais je ne comprends pas pourquoi le fait de ne pas le voir lui me met dans un tel état. Je ne le connais même pas.
‒ Je ne sais pas, dis-je d’une petite voix.
‒ « Ma puce ne t’attarde pas sur ces petits détails. Il est juste un ange envoyé par Dieu pour te venir aide et il disparaitra après. Tous les anges disparaissent après leur mission. Evite donc de t’attacher à lui au risque de te faire sacrément mal au cœur. »
‒ Je sais. Je… je vais dormir maintenant, dis-je d’une remplie de déception.
‒ « Bonne nuit ma puce. Je t’aime. »
‒ Je t’aime. Bye.
Je me couche en repensant à ses paroles. Et si elle avait raison. Il est peut-être un ange qui s’est glissé dans la peau d’un homme pour me venir en aide. C’est ce qui expliquerait que je me sente si en sécurité dans ses bras, que je me sente si bien quand il est là, que je veuille rester toujours près lui, que je veuille entendre sa voix sans cesse. Que je désire tant le connaitre. Il n’y a qu’un ange qui puisse susciter tant d’émotion qu’aucun autre n’avait éveillé en moi.