Episode 7

Write by Mona Lys

7


***INAYAH

 

Moi, partir loin ? Non mais qu’est-ce qu’il a cru ? Que j’allais sauter dans cet avion et m’en aller loin de lui ? Pas maintenant que je sens un rapprochement entre nous. J’ai trop espéré un truc entre nous pour disparaitre maintenant que les choses se dessinent. Il parle du fait que ma vie soit en danger en oubliant que cette vie je ne l’aurais plus s’il n’avait pas été là.

 

Je suis tirée de mes pensées par des coups sur ma porte.

 

— Oui ? je hurle sans aller ouvrir.

— Vous avez de la visite, Madame, m’informe Gab.

— Qui c’est ?

— Madame Shelby.

— Shelby ? dis-je doucement. Je descends, je hurle cette fois à Gab.

 

Je suis surprise de savoir Shelby chez moi. Elle n’y avait jamais mis les pieds auparavant car elle évite de croiser Chris. Je descends les pieds nus tellement curieuse de voir s’il s’agit réellement de mon amie. Elle se tient effectivement près de la porte d’entrée. Elle souffle de soulagement dès qu’elle me voit. Elle court vers moi et nous nous enlaçons.

 

— Putain, ne me fais plus une telle peur, Aya.

— Je suis désolée.

— J’ai cru mourir en voyant les infos. J’ai tout de suite pris le train pour rentrer. Comment vas-tu ? s’inquiète-t-elle en me détaillant.

— Bien. Je n’ai absolument rien, je te le promets.

 

Elle parait plus soulagée.

 

— Viens, montons dans ma chambre.

 

Je ne lui laisse pas le temps de refuser. Je la tire par la main et la conduis dans ma chambre. Je l’y installe et je redescends nous prendre des amuse-bouche. Confortablement installées dans mon lit, devant la télé, nous prenons nos chips.

 

— Cette attaque dont vous avez été la cible me donne raison quand je dis que cet homme met ta vie en danger.

— Je le sais. J’en étais consciente lorsque j’acceptais de l’épouser.

— Inayah, tu dois t’éloigner de lui et refaire ta vie.

— Mais je l’aime.

— Mais tu risques de mourir.

— On mourra tous. Je préfère mourir à ses côtés que loin.

— Inayah !

— Nous avons fait l’amour hier.

 

Elle soupire.

 

— Je sens que je suis sur la bonne voie. Il commence à m’aimer.

— Cet homme n’a jamais aimé personne. Regarde le sort de ses précédentes fiancées.

— Ce n’est pas pareil. Je sens que je peux arriver à toucher son cœur.

— Je t’aime, Inayah. Plus qu’une amie. Je ne veux pas que tu te fasses d’illusion. Tu en mourrais sinon.

— Je le sais.

 

Elle me fait un sourire attendrissant.

 

— Ah, au fait, change-t-elle subitement de ton. Je parcourais les commentaires sous notre dernière vidéo sur TikTok et j’ai vu le commentaire d’un type qui t’aurait reconnu depuis la Côte d’Ivoire.

— Ah bon ?

— Oui. Il a même laissé un long message. Dans tout le jargon ivoirien qu’il a écrit, j’ai pu comprendre que ton père serait gravement malade et qu’il serait abandonné par toute sa famille. Sa femme et ses enfants y compris.

— Ça ne me concerne plus. Je ne suis pas de leur famille, dis-je en croquant une chips.

— Tu devrais quand même jeter un coup d’œil à ce qu’il a écrit, me conseille‑t‑elle en ouvrant notre compte TikTok commun. Il a aussi parlé du fait que ton père ait découvert que ses enfants, n’étaient pas réellement ses enfants.

— Hein ? fais-je subitement intéressée par la conversation. Fais voir ça.

 

Je lui arrache son portable et me rends directement dans notre messagerie.

 

— C’est le premier message, m’informe-t-elle.

 

Je l’ouvre. Plus je lis, plus mon pouls s’accélère. En résumé, mon père aurait découvert que Rose, Elvire et Marcel ne sont pas ses enfants, il a fait une crise d’AVC, s’en est suivie une autre maladie étrange. Une grosse plaie qui lui boufferait la jambe. Ils auraient fait une vidéo SOS pour demander de l’aide sur les réseaux sociaux. Plusieurs personnes ont répondu en donnant de l’argent pour certains et finançant des soins médicaux pour d’autres. Mais plus on essayait de le soigner et plus la plaie grandissait. La médecine l’a abandonné à son sort et sa soi-disant famille a dilapidé les trois millions de dons en espèces qui ont été récoltés. Il y a un lien en fin de son message. Je clique dessus et ça me conduit sur Facebook. Il s’agit d’une vidéo. On y voit clairement Pauline et ses deux pouffiasses de filles qui pleurent près de mon père allongé dans son lit. Voir mon père tout amaigri et affaibli me chagrine malgré moi. Je voulais pourtant être insensible. Mes émotions me prennent aux tripes quand Pauline soulève le pagne qui couvre mon père et montre la plaie sur son pied.

 

— Oh mon Dieu ! s’écrit Shelby. C’est horrible.

 

Une larme m’échappe. Je pose le portable.

 

— Ça va ?

— Pourquoi ça n’irait pas ? dis-je en m’essuyant les yeux.

— Il s’agit de ton père.

— Il n’est pas mon père. Je n’ai pas de famille.

— Tu…

— Parlons d’autres choses, tu veux ?

— Comme tu veux. Mais en tant que ta meilleure amie je me permets de te supplier de voler à son secours. Tu ne dois pas garder de rancune contre qui que ce soit, pour ton propre bien. Il est obligé de vivre avec des gens qui ont causé sa perte. Je crois que la vie l’a assez puni de la sorte.

— On se fait une autre vidéo ? dis-je subitement en souriant pour passer à autre chose.

 

Shelby me regarde, dépitée. Sans attendre sa réponse, je me lève et commence à apprendre un nouveau challenge.

 

*Mona

*LYS

 

J’ai pourtant essayé, durant ces deux jours passés, d’oublier ce que j’ai vu et lu concernant mon père. Mais c’était inutile car les images de ce dernier me hantent continuellement. Malgré toute la colère que j’ai gardée contre lui ces dernières années, je me rends compte, pour mon plus grand regret, que je continue de l’aimer. Il reste mon père. Même s’il a fini par me renier, je n’oublie pas qu’à une époque de mon enfance, il a été le meilleur papa du monde. Lui et moi c’était l’amour fou. Il me comblait de cadeaux et de tout, jusqu’à ce qu’il épouse Pauline. Je n’ai pas compris comment il a pu passer du père super aimant à ce père rempli de colère envers moi. Du jour au lendemain, il m’a rejetée, m’a abandonnée entre les griffes de sa nouvelle femme qui était déjà enceinte jusqu’au cou. Il a eu de nouveaux enfants et m’a reléguée au rang de boniche dans la maison qui m’a vu naitre.

 

— Pourquoi pleures-tu, Inayah ?

— Quoi ?

 

Je relève la tête et au regard interrogateur de Chris, je sors de mes pensées et me rends compte que j’ai les joues mouillées de larmes. Je ne sais à quel moment je me suis mise à pleurer.

 

— Je… je ne pleure… enfin, si. J’ai appris via les réseaux sociaux que mon père était mourant. Et pour tout te dire, je me déteste d’être triste pour lui. Oui quoi, il m’a jeté à la figure que je n’étais rien pour lui. De tous les rejets que j’ai eu à essuyer, le sien est celui qui m’a le plus brisé le cœur. Puisqu’il a choisi sa femme plutôt que moi, bah qu’il reste avec elle et leurs “enfants’’. Il n’a que ce qu’il mérite. 

 

J’essuies mes larmes qui n’ont cessé de couler durant tout mon monologue. Je pique avec hargne dans mon steak. Je le porte à ma bouche mais je me ravise. Je n’ai finalement plus faim. Chris ne fait que me regarder sans toucher à son assiette. J’ai tellement envie qu’il me prenne dans ses bras, qu’il me dise quoi faire, qu’il me dise qu’il m’aime.

 

MERDE !!!

 

J’avais réussi à me stabiliser mentalement mais voilà que cette famille vient encore me mettre la tête à l’envers. Ces gens ont toujours été source de soucis pour moi. En voici la preuve.

 

— FAIS CHIER !!! je hurle en me levant tandis que mes larmes reprennent leur danse sur mes joues. Je suis partie loin de ces gens pour me reconstruire une nouvelle vie, mais les revoici qui viennent m’emmerder. Pourquoi diable ce mec m’a raconté tout ça ? Qu’est-ce que j’en ai à foutre que monsieur Arsène DUBOIS soit à un pied de la tombe ?

— Tu devrais te calmer.

— Ce dont j’ai besoin, c’est de me reposer. Oui ! Une bonne nuit de sommeil et je passerai à autre chose.

 

Je vide mon verre de vin et je sors de la pièce avec rage. Je ne vais pas laisser cette famille de merde troubler ma quiétude.

 

SIX HEURES PLUS TARD

 

— Chris ? je l’appelle doucement en cognant la porte de sa chambre.

 

Il doit être profondément endormi. Il est deux heures du matin.

 

— Chris ?

 

La porte s’ouvre. Il apparait en jogging, le torse nu et les cheveux en pagaille. Je souffle pour garder mes esprits clairs.

 

— Qu’y a-t-il Inayah ?

— Je veux retourner en Côte d’Ivoire.

 

Il plisse les yeux.

 

— Je sais que si je n’y vais pas et qu’il arrivait à mourir, je m’en voudrais toute ma vie de n’avoir rien fait alors que j’en avais la possibilité mais surtout les moyens.

— Ok. Retourne maintenant te reposer. Tu auras besoin de force pour affronter ton passé.

 

J’opine du chef et retourne dans ma chambre.

 

*Mona

*LYS

 

Nous arrivons sur le tarmac où m’attend le jet. Chris m’accompagne jusque devant. Il a voulu venir avec moi mais j’ai préféré y aller seule. Je veux être responsable et affronter mon passé. Je veux que tout le monde sache que je ne suis plus la même. Il a de ce fait demandé à cinq des gardes de m’accompagner afin d’assurer ma protection en cas de danger ou de souci.

 

— Tu es certaine que tu ne veux pas que je vienne ? insiste Chris.

— Ouais ! Si j’en ressens le besoin, je te ferai signe.

— Bien.

 

Je me rapproche de lui et lui prends la main.

 

— J’aimerais qu’à mon retour dans une semaine, on parle de nous deux. Ce qui s’est passé avant-hier n’était pas anodin.

 

Il se contente de me regarder en gardant le silence. Malgré mes hauts talons, je me hisse haut pour lui poser doucement un baiser sur les lèvres. J’ai comme l’impression qu’il se retient avec moi. Qu’il refuse de se lâcher, d’exprimer réellement ce qu’il ressent. Je m’y attarderai à mon retour. Une chose après l’autre.

 

CÔTE D’IVOIRE***ABIDJAN

 

Ça y est je suis de retour dans mon pays. Ce pays que j’ai fui il y a deux ans. Ce pays dans lequel je suis recherchée pour le meurtre de mon défunt mari. Ce pays qui m’a vu verser toutes les larmes de mon corps. Je suis nostalgique des bons moments de ma vie passée ici mais aussi des pires. Je regarde, à travers la vitre teintée de la voiture, la ville qui a beaucoup changé à certains endroits. J’aurais aimé revenir dans d’autres circonstances. Sincèrement, je n’ai jamais pensé revenir ici. Plus jamais. Ou peut-être pas de sitôt.

 

Lorsque nous approchons du quartier où se trouve la maison de mon père, j’appelle ce jeune qui m’a contacté via TikTok. Je n’ai pas eu le temps de le prévenir que je revenais. Je ne sais donc pas s’il est chez lui. Il est d’abord surpris de ma présence. Il me confirme ensuite sa présence chez lui qui n’est nulle ailleurs que la maison juste à côté de celle de mon père. Il me prévient qu’il sera arrêté devant sa maison pour que je puisse facilement le repérer. Je le vois dès que Gab entre dans le quartier. Je reconnais le visage. Je le voyais constamment dans le quartier lorsque j’étais plus jeune et pas encore mariée. Il fréquentait Rose pour qui il avait une attirance sexuelle. Je me demande s’ils n’ont pas même couché ensemble. Rose a très vite commencé à écarter les cuisses. Je crois bien qu’il est âgé de moi de trois ans.

 

Je demande à Gab de garer juste devant lui. Je baisse la vitre.

 

— Monte !

 

Il me regarde un moment avant de sourire.

 

— Oh c’est toi ? Je ne t’ai pas reconnue.

 

Il monte.

 

— Ah tu es bien venue dèh. Les gos-là s’apprêtent à fraya du quartier.

— Elles quittent le quartier ? Pour aller où ?

— Je crois qu’elles ont eu une petite villa ailleurs. Elles ont vendu la maison à un type qui revient de bingue. Il doit aménager cette semaine.

— Et où est mon père ?

— Enfermé dans l’une des chambres, selon les derniers papos qui me sont parvenus de la bouche de ma mère qui est très copine à Pauline. Les frères de ton père doivent venir le chercher avant que le nouveau proprio aménage. Je crois qu’ils vont le conduire au village. Enfin, s’il ne meurt pas avant parce qu’il est vraiment mal en point.

 

Un bruit dehors attire mon attention. Les meubles sont en train d’être sortis de la maison. Je sors de mon sac à main une liasse de billets de dollar que je compte avant de les lui tendre.

 

— Merci pour tout. Prends ça. Ça doit tourner autour de cent mille. Tu pourras les convertir à la banque.

— Waouh ! Vraiment merci la vielle-mère.

 

Comme l’argent donne du pouvoir. Mon grand-frère qui m’appelle sa vieille‑mère. J’aurais tout entendu dans ce monde. Gab avance la voiture et gare derrière le camion de déménagement. Le grand portail étant grandement ouvert, j’entre sans grand problème. Mes hommes me suivent comme mon ombre.

 

— Vous, reposez ça, j’ordonne aux déménageurs que je rencontre dans la cour. Déposez tout et aller me ramener tout ce qui est dans votre camion.

— Mais on nous a dit de tout mettre dans le camion, me répond l’un d’eux.

— Et moi je vous dis de tout retourner où vous les avez pris.

— Ahii !

 

Son collègue et lui marmonnent en retournant à l’intérieur. Je peux entendre gueuler depuis l’intérieur.

 

— Mais pourquoi vous revenez avec les meubles ?

— Parce que je le leur ai ordonné.

 

Elle tourne la tête et son visage se décompose à la seconde.

 

— Non, je rêve, murmure-t-elle.

— Du tout. Je suis bel et bien devant toi.

 

Rose, Elvire et Marcel apparaissent en rigolant. Trois gosses courent entre eux.

 

— Maman on a…

 

Tous les trois se figent comme leur mère en me regardant comme un fantôme.

 

— Inayah ? s’étonne Rose.

— Nous n’avons pas le temps pour les retrouvailles. Où comptez-vous vous en aller sans papa ?

— Papa de qui ? me demande Rose avec dégout pendant que les autres demeurent choqués. Pardon, ne nous lie pas à cet homme.

 

Comme j’ai envie de lui donner une bonne correction. Mais je me réserve ça pour plus tard.

 

— Mais maman, pourquoi les meubles reviennent, questionne Marcel à sa mère.

— Parce que personne ne déménage, je lui réponds.

 

Pauline sort de sa torpeur.

 

— Tu sors d’on ne sait où et tu veux nous empêcher de déménager ? Tu te prends pour qui ?

— Ne me provoquez surtout pas. J’ai dit personne ne déménage. Nous resterons tous dans cette maison pour prendre soin de papa. Où est-il ?

— Dans la chambre qui se trouve dans l’arrière-cour, me répond Marcel.

— Elvire, tu m’y accompagnes.

— Mais il sent, se plaint cette dernière.

 

Je lui tourne le dos. Ce sont vraiment de gros ingrats. Rejeter de la sorte cet homme qui a sacrifié sa vie pour les mettre à l’aise. Ils iront tous pourrir en enfer. Elvire m’ouvre la porte avec la clé et c’est une odeur de moisi qui me frappe en plein nez. Je le couvre avec ma main. La pièce est sombre. Il n’y a aucune ampoule. Grâce à la lumière du jour, je vois le corps méconnaissable de mon père perdu au milieu du lit. Non, ce n’est pas cet homme qui m’a élevée. Il ne reste quasiment plus rien de lui. Le passage d’une souris me fait tourner la tête. J’en vois deux autres qui se faufilent entre la saleté. De la nourriture pourrit dans des assiettes posées au sol. De la poussière partout. Ce que je sens ressemble plus à une odeur d’urine et de chiotte.

 

— Ça fait combien de temps que vous n’avez pas pris soin de lui ?

 

Elvire n’ose me répondre. Elle baisse la tête.

 

— Inayah !

 

La voix très très faible de mon père me fait le regarder de nouveau. Il a toujours les yeux fermés.

 

— Parait que depuis hier il ne fait que dire ton nom, m’informe Elvire.

 

Il ne m’a donc pas oubliée ? L’émotion veut me déstabiliser. Je referme la porte et retourne à l’intérieur. Ils sont en train de débattre sur mon apparition.

 

— Bien, je vais départager les tâches, dis-je en m’arrêtant devant eux.

— Inayah, nous devons déménager, me dit Pauline. Nous avons déjà pris l’argent du monsieur.

— Je m’en fiche, Pauline. Tu vas, maintenant même, nettoyer ce qu’il y a dans le pantalon de ton mari. Après quoi, vous trois-là (désignant mes frères), vous irez lui faire changer de chambre pour l’installer dans l’une des chambres ici à l’intérieur. Ensuite vous ferez le nettoyage dans l’ancienne chambre, pendant ce temps, toi Pauline tu reviens lui donner une bonne douche et nettoyer sa plaie avant que le Docteur n’arrive. Pour finir, tu vas lui cuisiner son plat préféré et le nourrir.

— QUOI ??? s’écrie Pauline pendant que ses enfants se plaignent dans les bavardages. QUI N’A QU’A ALLER SE TUER POUR NETTOYER TOUT ÇA ?

 

Je tends la main à Gab qui me donne sa deuxième arme. Je la charge.

 

— Vous allez vous occuper de lui comme il se doit, sous ma surveillance et celle de mes gardes du corps. Sinon je peux vous assurer qu’à chaque désobéissance, vous vous prendrez une balle dans chaque partie du corps jusqu’à ce que mort s’en suive. Je suis très sérieuse.

— Non mais, pour qui tu te prends ? continue de gueuler Pauline. Tu nous donnes tous ces ordres pour nous occuper de ton père, et toi, tu fais quoi dans tout ça ?

 

Je passe mon regard sur chacun, leur souris et je m’assois.

 

— C’est moi qui commande dorénavant.

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