Fâcheuse découverte

Write by Farida IB


**** Pendant ce temps ****



Armel….


Je sors de l’immeuble de Cassidy et rejoins Eddie dans ma voiture. 


Eddie : c’est rapide dis-donc.


Moi montant : je t’ai dit que c’était vite fait.


Il me regarde avec un sourire en coin.


Eddie : qu’est-ce qu’il y a ? Elle n’a pas voulu te céder le way ?


Moi : lol je ne suis pas venue pour ça. Enfin, c’est maman qui l’invite à la réception.


Eddie ton surpris : maman invite tes copines à sa fête ?


Moi : ce n’est pas ma copine déjà !


Eddie : si tu le dis ! Sinon dis-moi, elles sont combien en tout là maintenant ?


Moi affabulant : bon si je compte Anna, Lucie, Kpatagnon, Josie, Sénamé, Abidé, Tchabrigname, mana-Doutie….


Eddie : c’est bon! c’est bon! temps mort. Je pense que nous en avons pour toute une journée.


Moi riant : tu penses bien, je te file une si ça te dit.


Eddie tirant la tronche : non merci.


Moi : c’est dommage.


Eddie : lol et maintenant on va où ?


Moi : je t’emmène découvrir à Lomé, la nouvelle Lomé.


Je mets le moteur en marche une fois nos ceintures de sécurité en place et enclenche une petite marche arrière vu qu’un mongolien s’est stationné entre temps devant moi. Donc je m’étais complètement retourné en m’assurant de reculer suffisamment afin de pouvoir dévier vers la gauche. 


Eddie : attention !


Je freine brusquement par réflexe avant d’apercevoir une 4×4 qu’on vient de garer juste devant moi, à quelques millimètres près.


Moi gueulant : putain, mais c’est pas possibleee !!


Le type a failli nous rentrer dedans, mais ce n’était apparemment pas son souci parce qu’il est descendu du véhicule en mode furie et s’est dirigé vers l’immeuble sans avoir pris le soin de verrouiller les portes encore moins daigner nous calculer. 


Eddie (le regardant partir la main sur le cœur) : c’était quoi ça ? Il n’a même pas pris la peine de s’excuser !


Moi posant un pied-à-terre : les conneries de Lomé, je viens. 


Je scrute le pare-chocs avant d’un œil pointilleux. Par chance, sa chance, il ne m’a rien cassé. Je visais déjà la grosse contravention qu’il allait me payer. Je reprends la manœuvre pour être aussitôt ralenti par la sonnerie de mon téléphone. J’active le kit oreillette le temps de me positionner sur le départ.


Moi jetant un coup d’œil à Eddie : décroche s’il te plaît.


Ce qu’il fait.


Papa la voix tendue : tu es où ?


Moi : en ville, je suis sorti avec Eddie.


Papa : je veux te voir à la maison, tout de suite.


Moi plissant le front : euh, il y a un souci ?


Papa : je t’attends.


Clic


Moi regardant Eddie : changement de programme, Papa me cherche à la maison.


Eddie : tu as fait quelque chose ?


Moi : pas à ce que je sache, mais je vais de sitôt le savoir.


Je gare devant la concession en un temps record et me tourne vers Eddie.


Moi : je vais le voir rapidement, ça ne sera pas long.


Eddie (descendant en même temps que moi) : je préfère t’attendre à l’intérieur. Avec ton père, on ne sait jamais. 


Moi amusé : c’est vrai aussi.


J’ai quand même laissé la voiture dehors. Les éclats de rire de maman nous ont accueillis dès qu’on a passé la porte d’entrée. On s’est lancé un regard intrigué puis à mesure qu’on avance dans le hall, on se rend compte que c’est papa qui fait le pitre. On s’échange un autre regard devant le séjour lorsqu’on les entrevoit assis l’un en face de l’autre, un genou replié sur le canapé avec maman qui regarde papa amoureusement et papa qui a une main posée sur sa cuisse. Je me racle la gorge pour m’annoncer.


Moi : toc toc.


Maman ton agacée : oui ?


Moi (passant ma tête par la porte) : c’est nous, on peut venir partager votre joie ?


Eddie me donne un coup de coude dans les côtes.


Moi : aïe !


Maman : tchhrrr vous n’étiez pas sortis vous deux ?


Moi : si, mais papa voulait me voir (à lui) je suis là.


Papa sec : va m’attendre dans mon bureau, j’arrive.


Moi levant le sourcil : euh ok.


Maman me lance un regard inquisiteur et je hausse les épaules en guise de réponse en  faisant demi-tour vers le bureau  Eddie me suivant au pas.


Eddie : je suis dans ma chambre, de ne surtout pas m’appeler s’il y a baston.


Moi : rire*, mais quel peureux !


Eddie : instinct de survie petit frère.


On se sépare devant la porte du bureau. J’y entre et me plante au beau milieu et me mets à réfléchir sur ce que je suis supposé avoir fait. Je sais d’ores et déjà que ça va barder pour moi. L’expression dans le regard que papa a posé sur moi toute à l’heure ne me dis rien de bon. Il arrive tout juste après et se dirige droit derrière la table avant de prendre une grosse enveloppe et d’éparpiller le contenu sur la table. 


Papa : jette un coup d’œil par ici.


Je garde les sourcils levés en m’approchant de la table. C'est des photos, des clichés de Cassidy et moi. Je fronce les sourcils.


Moi le regardant : ça sort d’où ça ?


Papa : d’abord, ici, c’est moi qui pose les questions !


Moi d’un ton calme : je t’écoute.


Papa : tu peux m’expliquer ce que c’est que ça ?


Moi posément : ce sont des clichés de, euh Cassidy et moi.


Papa : depuis quand vous êtes ensemble ?


Moi toujours posé : on n’est pas ensemble.


Papa : ne joue pas avec moi Armel, n'essaye même pas de te foutre de moi. Je vais prendre la peine de me répéter, tu sors avec elle oui ou non ? 


Moi remuant la tête : non


Papa : alors explique-moi ce que vous faites ensemble.


Moi : …


Papa (regard menaçant en contournant le bureau) : je te pose la question une dernière fois et la bonne cette fois. Armel, est-ce que tu as couché avec mademoiselle Attila oui ou non ?


Moi : euh


Papa (la mâchoire serrée) : réponds à ma question


Moi : oui


Papa : OUI ?


Moi perdant mon sang-froid : mais qu’est-ce que ça peut te faire si j’ai couché avec elle ou pas ?


Il m’a rejoint d’un pas décisif, les yeux piqué au vif. Ensuite je n’ai rien compris, j’ai seulement vu qu’il m’a attrapé le col et me sert le cou.


Papa : tu as osé, tu as osé marcher sur mes plates-bandes. Qu’est-ce que je t’ai dit à propos de cette fille ? Qu’est-ce que je t’ai dit à propos d’elle ?


Moi voix étouffée : papa, maman est juste à côté.


Papa hurlant : je m’en fiche, merde alors !!


Entre temps, il m’a relâché.


Moi : papa ? 


Il s’est mis à tourner en rond et j’ai profité de ce moment d’accalmie pour placer quelques mots voir si ça calme un peu le jeu.


Moi : je ne suis pas sorti avec elle, c’était une simple histoire de coucherie occasionnée par elle-même. C’est elle qui a fait en sorte que ça arrive la première fois et tout est partie dans tous les sens jusqu’à ce que je décide récemment d’y mettre un terme. Mais il y a une chose que je ne comprends pas, que font ces photos font là ? Tu as fait faire des enquêtes sur moi ?


Papa : c’est moi qui pose les questions ici, je t’ai dit ! Qu’est-ce que tu faisais avec elle alors que je t’ai interdit de t’aventurer sur ce terrain ? 


Moi : je viens de t’expliquer ce qu’il s’est passé entre nous.


Papa : et tu penses que je vais boire cette connerie à la tasse ? Que cette jeune femme qui est de dix ans ton ainée vienne chercher quoi avec toi si tu n’es pas parti comme d’habitude jouer aux Casanova avec elle ? Pendant qu’on y est, tu vas me dire aussi qu’elle a abusé de toi, n’est-ce pas ? 


Moi : c’était un peu ça.


Papa tapant sa main dans le mur : Armel ne me prend pas pour un con !!!


Moi : mais papa quel intérêt ai-je à te mentir ? Je t’ai expliqué les choses telles qu’elles se sont passées ! Pourquoi d’ailleurs ça t’intéresse autant cette histoire ? Pourquoi tu me fais suivre de près ? Cette fille ne veut même rien avoir affaire avec toi et si ça peut te réjouir, je ne veux pas d’elle non plus. Il n’y a plus rien entre elle et moi !


Papa (rire désabusé) : c’est une raison pour laquelle je dois me réjouir ? De savoir que tu as quand même couché avec elle malgré mes avertissements ? Armel, je t’ai dit chasse gardée ! Je t’ai dit pas touche car j’avais un arrangement avec son grand-oncle. Elle veut de moi ou pas, j’avais trouvé un moyen de la faire plier. Cette fille, j’ai misé gros pour l’avoir !


Moi titubant : pardon ? Tu… Tu as fait quoi ? Papa, tu es sérieux là ? Tu as donné de l’argent à Cassidy pour pouvoir coucher avec elle ?


Papa : oui, je l’ai fait et puis quoi ? Ça fait des mois que j’investis sur elle, j’ai fait pieds et mains pour débarrasser son mari du plancher. Je me suis investi tant physiquement que financièrement pour achever son divorce sans compter le million que je lui ai donné ! J’étais à deux doigts de me la faire (criant son indignation) et c’est pour apprendre que mon impertinent de fils m’a rasé. 


Je me tourne vers lui choqué, abasourdi, comme une douche froide tout ça à la fois.


Moi : divorce ? Elle était mariée ?


Papa : c’est toujours les mêmes conneries avec toi, les mêmes conneries ! Tu couches avec une fille que tu n’as même pas pris le temps de mieux connaître ! (il souffle) Tu t’éloignes d’elle, tu as compris ? Reste à des kilomètres ! 


Moi me répétant : elle était mariée ?


Papa : tu t’éloignes d’elle point final ! 


Il est sorti en claquant la porte derrière lui. Je me suis affaissé sur une chaise en prenant ma tête entre les mains. Eddie a débarqué à quelques secondes près.


Eddie : Armel qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que tu as encore fait ? On l’a entendu crier dans toute la maison.


Moi (pensant tout haut) : donc tout ce temps, j’ai couché avec la femme de quelqu’un ?


Eddie abasourdi : oh, c’est quoi cette histoire ?


Je me lève d’un bond et sort à mon tour pour tomber sur maman devant la porte. Tout ce qu’elle dit derrière moi, je n’entends pas. C’est dans tous mes états que je vais chercher mon téléphone dans la voiture pour trouver plusieurs appels en absence de l'autruche. Je la rappelle sans réfléchir. Elle décroche avant même que ça sonne.


Moi direct : tu n’es vraiment qu’une sale pute ! Tu comptais me le dire que t’étais mariée ? Tu l’avais lui alors pourquoi ? Pourquoi t’es-tu immiscée dans ma vie ? (hurlant) Pourquoi putain !


Cassidy : Armel je…


Moi criant : Armel quoi ? Tu as délibérément décidé de foutre mon couple en l’air alors que tu avais quelqu’un dans ta vie ? Qu’est-ce que tu disais ? Qu’est-ce que tu disais encore à l’hôpital la dernière fois ? « Le mariage ce n’est pas mon rêve, j’aime trop ma liberté ». Des conneries ! Je ne touche, mais au grand jamais  à la femme d’autrui !


Cassidy : écoute…


Moi : c’est toi qui vas m’écouter ! (jurant entre mes dents) Ne t’approche plus de moi et tu restes loin de ma famille. Sale pute !!! 


Clic.


Je jette le téléphone sur la banquette arrière plus que vénère. Et dire que je risque de perdre Debbie pour ça !! 


Moi (valsant mes clés de voiture) : Eh merde !!



*** Le jour du baptême ***


Cassidy…..


Armel : c’est toi qui vas m’écouter ! (jurant entre ses dents) Ne t’approche plus de moi et tu restes loin de moi de ma famille. Sale pute !!! 


*


Je sors de la douche extérieure de chez mes parents en pagne et viens m’asseoir devant ma coiffeuse en plastique. J’applique ma crème de jour et une petite dose de sérum lissant puis le roll’on. Pendant que j’attends que se fixe, je sors le fond de teint, faux cils, anti cerne, mascara, palette, bref tout le toutim et commence à me maquiller. Une fois le résultat escompté, obtenu, je vais porter ma robe patineuse qui dissimule très bien mes formes. Parfait ! J’enfile mes créoles, une simple montre Apple et des sandales à talons. Ah, je ne vous l’ai pas dit, mais j’ai reviré au Nappy. Je trouve que c’est l’idéal pour mon nouveau pays d’accueil. Vous vous imaginez bien que j’ai plus que hâte d’y être. J’applique donc une brume pour leur redonner une beauté à mes cheveux et finis par opter pour une perruque.


Mais bien sûr que je vais à ce fameux souper parce que je suis incorrigible, que les menaces d’Armel, je m’en bats la minouche et que les règles du jeu, c’est moi qui les fixe. (rires) Plus sérieusement, c’est le seul moyen qu’il me reste pour voir clair dans cette histoire de divorce étant donné que c’est toujours le flou total. J’ai déduit de l’appel d’Armel qu’il n’en savait rien donc plus aucun doute que ce soit le cher Me Elli qui soit impliqué dans cette affaire. Pourquoi ? C’est ce que nous allons tous découvrir ce soir.


Hier, je me suis rendue à son cabinet et sa secrétaire particulière m’a informé qu’il était en congé du coup, je n’ai pas d’autres choix que d’honorer à cette invitation. Et si cette fête me permet de me relaxer pourquoi pas ? Le dernier coup de Georges, il faut dire, m’a sérieusement pompé le moral. D’autant plus qu’hier, je n’ai pas arrêté de courir dans tous les sens à la recherche d’un moyen pour riposter. Pour l’instant, je n’ai réussi qu’à prendre une ordonnance de protection contre les deux. Ce qui a fait en sorte que le détective "amoureux" me lâche un peu les baskets. Quant à Georges, je lui réserve une petite surprise. Bon avec un peu de recul, je trouve qu’il est le seul perdant dans cette mascarade qu’il a orchestrée lui-même dans la mesure où le détective m’a fait grimper au rideau comme il le faut pour qu’au final, j’obtienne mon divorce sans contraintes ni menaces. N’empêche qu’il doit payer pour sa méchanceté. Quoi qu’il en soit, les hommes et moi c’est définitivement le divorce même pour coucher, je n’en veux plus. Je vais m’abonner aux godemichets. 


Avant de partir, je me rends dans la chambre de mes parents pour prévenir ma mère et sitôt qu’elle pose les yeux sur moi qu’elle sort une larme. La nouvelle de mon voyage a surpris plus d’un dans ma famille. Si mon père lui s’en est remis aussitôt surtout qu’il n’a rien à sortir de sa poche, ma mère elle a du mal à se faire à l’idée de me voir partir. 


Moi : rhoo maman pas encore !  Je ne suis pas morte, je voyage juste.


Maman : c’est une partie de moi qui sera morte si tu t’en vas.


Rhoo trop mim’s ma maman à moi. Je vais la prendre dans mes bras.


Moi : maman, je te le promets. On s’appellera tous les jours. Je te laisserai mon second smartphone pour qu’on puisse faire des appels vidéos.


Maman : tu es bien ici Cassie, pourquoi vouloir t’en aller ?


Moi essuyant sa joue : je veux pouvoir t’offrir le meilleur, tu le mérites tellement.


Maman reniflant : le peu que tu me donnes me suffit.


Moi : et très bientôt, je n’en aurai même plus pour t’offrir la bouillie le matin. Juste six mois maman, six mois et je te reviendrai en forme et avec beaucoup d’argent. L’argent, money, cedi, CFA.


Elle sourit à travers ses larmes. Je souris également, fière de l’avoir fait sourire.


Maman : juste six mois.


J’acquiesce de la tête.


Maman (faisant un signe de croix sur moi) : tu as toute ma bénédiction ma fille.


Moi tout sourire : merci maman chérie ! J’étais venue pour t’informer que je suis conviée à une réception, j’y vais comme ça.


Maman : et tu t’es fait toute belle, on dirait que ce n’est pas du jeu.


Moi sourire ravi : tu as vu juste.


Maman : attends, je vais porter mon pagne, on va y aller.


Moi : j’aurais bien aimé, mais c’est un truc en petit comité.


Maman : mais toi, tu es bien invitée non ?


Moi : ah maman toi aussi. On m’a déjà invité, je ne vais pas ramener un invité sans aviser en plus. On va faire ça à la place, demain je vous invite tous au restaurant.


Maman surprise : tes frères aussi ?


Moi : oui tous les septs.


Maman tapant des mains : heee, c’était pour toi la pluie de ce matin.


Moi : Rire* la pluie est venue annoncer l’harmattan, ça n’a rien à voir avec moi.


Maman : c’était pour te taquiner. (me fixant) Je suis ravie que tu veuilles nous faire sortir demain. Je vais déjà apprêter une jolie tenue et avant qu’on y aille, tu dois m’apprendre à utiliser les couverts. Il ne faut pas que j’aille mettre la honte sur toi là-bas.


Moi riant : tu pourras manger avec la main, on s’en fout des autres.


Maman : anh anh moi je ne m’en fous pas. Et puis là où tu t’en vas là n’oublie de ramener un sachet.


Je ris seulement et la laisse sur cette note. Le taxi goZem que j’ai loué m’attendait déjà à la devanture. Vous ne pensiez quand même pas que j’allais y aller en Zémidjan habillée chiquement comme je le suis. 


Une vingtaine de minutes plus tard, le taximan gare devant l’entrée par laquelle la mère d’Armel m’avait fait sortir le jour de ma visite. Je descends gracieusement et marche vers le portail sous le regard attentif d’une jeune fille en face. Oui, je sais que je donne ce soir, mais je ne suis pas une star non plus. J’appuie sur la sonnerie et attends qu’on m’ouvre le portail en la regardant à la dérobée. La copine n’a toujours pas décroché ses yeux et maintenant elles sont trois à me regarder. Seigneur, que quelqu’un ouvre ce portail. Alléluia, j’entends le bruit de la porte qui s’ouvre sur une ado très mignonne avec des airs du frère d’Armel. Elle se met dans l’entrebâillement et me dévisage. 


La petite : bonsoir, soyez la bienvenue chez nous.


Moi lui souriant : bonsoir, merci.


La petite : moi, on m’appelle Marianne Kunti Ahouefa Makafui  Elli et vous ?


Moi levant un sourcil amusée : Cassidy Delali Attila.


La petite Marianne : toutes mes excuses tata, je ne suis pas sûre de vous connaître. 


Voix d’Armel : Marianne qui est-ce ?


La petite Marianne (regardant l’intérieur) : elle dit qu’elle s’appelle Cassidy.


Le temps de dire un mot, il était déjà devant moi.


Armel : Marianne laisse, je m’en occupe.


Marianne s’en va en courant.


Moi l’air de rien : bonsoir,


Armel (voix tendue, mais posé) : Cassidy qu’est-ce que tu fais là ?


Moi brandissant ma carte d’invitation : j’ai été invité.


Armel haussant la voix : tu n’as rien à faire ici, qu’est-ce que…


Moi levant une main : je ne suis pas venue pour toi, tu n’as qu’à faire comme si je n’étais pas là.


Voix de Deborah : bé, c’est qui ?


Moi (criant pour me faire entendre) : bonsoir !


Deborah ton enchanté : ah tata Cassidy, mais Armel fais la entrer. T'attends quoi ?


Il me regarde mal et s’exécute néanmoins. J'acquiesce un sourire sarcastique lorsqu’il se met de côté pour me laisser passer. Je tombe direct sur le sourire aimable de Deborah auquel je réponds. Elle attend d’être à ma hauteur pour me faire la bise. Cette fille !


Deborah : bonsoir, soyez la bienvenue.


Moi : merci, bonsoir. Tu peux me tutoyer, tu sais ?


Deborah : sourire* d’accord ça marche.  Bé tu t’occupe d’elle s’il te plaît ? Je vais voir si tout est prêt à l’intérieur.


Armel les sourcils toujours froncés : elle n’est pas venue pour rester.


Deborah (me regardant le sourcil arqué) : mais pourquoi ?


Moi sourire jaune : je ne vais pas trop tarder, je suis simplement venue…


Je suis interrompue par un jeune homme qui hèle Armel depuis le hall d’entrée. Il me lance un de ces regards-là avant de le rejoindre. Ah, j’ai oublié de vous dire que le couple porte des tenues assorties. 


Deborah : bon vous, euh tu viens ?


Moi m’écartant : après toi !


Deborah ouvrant la marche : ta tenue te va trop bien.


Moi : merci, idem. 


Deborah : merci, c’est par ici. 


On monte un petit escalier pour accéder à une "terrasse" qui surplombe un jardin éclairé par une guirlande le long de l’allée avec des ballons et des pétales de rose, rose partout sur le gazon. Une grande table a été dressée au beau milieu pour la cérémonie. Une belle table, je dirai et deux autres de chaque côté. Une pour le traiteur et l’autre occupée par des enfants. Bon, je crois avoir déjà mentionné ici qu'ils ont une belle grosse casa. Le genre qu’on voit souvent dans les revues, encore qu’elle a reçu un coup de neuve par rapport à la dernière fois. 

Les propriétaires se sont fondus dans la masse. Il y a quand même un beau petit monde qui discute ci et là verre en main pendant que d’autres participent aux divers jeux animés par le frère, sa femme et le jeune homme de toute à l’heure. Ils sont pour la plupart en tenue locale. Ambiance… Je dirai bohème.


Deborah (avec un mouvement de tête) : je t’amène saluer la maîtresse des lieux ensuite tu pourras prendre tes aises.


Moi : bonne idée.


Cette dernière était de dos juste à quelques pas de nous.


Deborah (tapotant son épaule) : maman Eunice, je t’ai ramené une invitée.


Elle se retourne avec un sourire niché sur les lèvres qui disparaît aussitôt.


Madame Elli : ah, Cassidy je ne pensais pas te voir ici ce soir.


Moi : je m’excuse de ne pas avoir confirmer ma présence. Bonsoir,


Madame Elli : bonsoir, ce n'est pas grave. L’essentiel, c’est que tu sois là. Tu peux aller te servir un apéritif, c'est service libre. Deborah va voir ce que fait ton beau-père, on attend plus que lui.


Voix derrière : je suis là, j’avais reçu un coup de fil important. Nous pouvons commencer.


Il arrive et se place à côté de sa femme avant de m’apercevoir juste en face. La surprise qui s’est dessinée sur son visage a immédiatement été remplacée par de l’enchantement.


Madame Elli : Fulbert, je te présente Cassidy. Une amie à Armel. 


Le type prend le temps de me dévisager intensément, la gênance !


Moi : bonsoir M…


Me Elli (ton pressant) : bonsoir mademoiselle, enchanté de faire votre connaissance.


Je cligne les yeux et le regarde l’air de dire « à quoi est-ce vous jouez ? » il détourne simplement son regard vers sa femme.


Me Elli : bon, on peut commencer là ? J’ai une faim de loup.


Madame Elli : c’est toi qui viens en retard, c’est toi qui presse maintenant les gens comme une diarrhée.


Deborah (me fixant amusée) : viens que je te montre ta place.


……


Jusqu’ici, tout va bien. Enfin pour le souper, il n’y a rien à redire. Ambiance conviviale animée relativement par Me Elli à qui j’ai découvert un côté comique ce soir. Bien que le service soit libre, sa femme veille à ce qu’on soit tous au diapason. Les hôtes ont été disposés suivant l’ordre d’appartenance à la famille. Donc il y a les uns, les autres et les tiers. Je suis comme vous vous en doutez bien parmi les tiers quelque part à me sentir de trop. C’est l’impression que tout le monde me donne, en dehors de Deborah bien sûr. Elle est posée à côté de son homme qui a toute son attention portée sur elle. C’est soit ça, soit un regard assassin à mon endroit. (rires) Contrairement à son père qui me dévore du regard dès que sa femme tourne le sien. En tout cas, ils sont mignons. Entendez par là Deborah et Armel. Je dois avouer que les voir comme ça me fait quelque chose. Je ne sais pas, comme de la culpabilité et un brin de complexité. J’ai dit un brin.


Après le souper, place au toast. Madame Elli a fait son discours de remerciement ensuite un couple sûrement le parrain et la marraine du bébé l’ont amené pour la coupure de la pièce montée suivie du dessert traditionnel de baptême que nous avons descendu avec des spiritueux le tout animé par un bal à l’ancienne et des flashs de tous les côtés. Tout ça commence à être long, aucune issue pour avoir une discussion en tête-à-tête avec le sieur Elli.


Deborah : allô la terre…


Je tourne mon regard du côté où j’ai entendu sa voix. Elle me regarde avec sourire, alala cette fille !


Deborah : ça va à l’aise ?


Moi : très à l’aise.


Deborah : ok, je suis venu vérifier. Si tu as besoin de quelque chose, n’hésite pas.


Moi : merci, euh j’ai besoin de faire pipi. 


Deborah : d’accord, allons-y. Les toilettes visiteurs sont de l'autre côté.


Je pose mon verre de Pinot Grigio sur la table et me lève sous le regard pointu de la belle-sœur d’Armel qui jusque-là ne m’a adressé aucun mot. Même mon bonsoir à caler en l’air. Il faut dire que je n’ai pas beaucoup de fan par ici (rires) à commencer par Armel.


Belle sœur Armel : Debbie, tu vas où ? 


Deborah (pointant son doigt vers moi) : besoin pressant.


La belle-sœur (me lançant un drôle de regard) : toi, tu n’as vraiment rien à faire.


Elle me toise au passage, tchai comme le disent les Ivoiriens krkrkr. Enfin bref ! Je suis là pour un objectif précis, pas pour leurs belles gueules. Donc on essaie de se frayer le passage, moi alignée derrière Deborah. À un niveau, elle s’est fait harponner par Armel. 


Armel : mi amor tu vas où ?


Deborah : j’accompagne Cassidy aux toilettes.


Il lève les yeux derrière et froisse la mine.


Armel (pointant son doigt vers la bâtisse) : deuxième couloir à gauche, deuxième porte à droite.


Deborah : mais laisse-moi l’y conduire.


Armel : elle va se débrouiller (la tirant vers lui) vient, il faut que je te dise quelque chose.


Deborah (plissant les yeux) : maintenant ? 


Il se penche à son oreille et lui murmure quelque chose, elle sourit et lui donne une tape discrète. Il capture ensuite ses lèvres.


Moi me raclant la gorge : bon, je vais y aller.


Deborah se détachant de lui : bé donne-moi deux minutes, je reviens.


Armel : hum.


Deborah (essuyant du gloss sur ses lèvres) : deux minutes pas une seconde de plus.


Elle me fait signe de la suivre et m’amène à l’endroit indiqué par Armel.


Deborah : c’est ici.


Moi : merci.


Je vais faire mes bails et profite pour me refaire une beauté. J’ai entendu la porte s’ouvrir et sans prêter attention, j’ai continué à mettre mon baume à lèvre. 


Voix de Me Elli : il faut qu’on parle.


Moi sursautant : seigneur, vous m’avez fait peur !


Me Elli : je m’excuse, j’ai cherché toute la soirée à avoir une discussion avec toi. 


Moi : ça tombe bien, vous avez des choses à m’expliquer. 


Je range le baume à lèvre dans mon fourre-tout et me tourne vers lui. J’ai vu qu’il s’est rapproché de quelques arborant une expression bizarre dans le regard.


Me Elli : le divorce, n’est-ce pas ? Je l’ai fait pour toi.


Moi plissant les yeux : je ne suis pas sûre de comprendre.


Me Elli : tu voulais te débarrasser de Da-Silva. Je m’en suis occupé. 


Moi reculant d’un pas : c’est votre motivation que je ne comprends pas en fait. Pourquoi ? Je ne me souviens pas vous avoir demandé de le faire.


Me Elli un pas devant : calme-toi, ne sois pas si agressive avec moi. Je ne t’ai pas caché que tu m’intéressais Cassidy et maintenant plus que jamais tu m’intéresses surtout de te voir si bien menue et en beauté ce soir.


Moi en mode panique : reculez s’il vous plaît.


Me Elli (le regard sombre) : tu préfères mon fils, c’est ça ? Je peux te donner bien plus que ce qu’il t'offre. La preuve, j’ai ôté une épine de tes pieds sans parler du million que je t’ai offert. Il suffit de me le dire pour que je t’offre la lune.  


Moi (mettant le bras entre nous) : je ne veux rien venant de vous, je ne vous ai pas demandé quoi que soit !!


 Me Elli fonçant sur moi : tu te trompes, tu m’es redevable pour le divorce et pour l’argent que je t’ai donné.


Moi : je ne vous suis redevable pour rien du tout !


Il m’a coincé contre le mur en pesant de tout son poids sur moi. Ce n’est vraiment pas ma veine cette semaine.


Me Elli serrant la mâchoire : tu sais combien m’a coûté ton fichu divorce ? Tu sais ce que j’ai dû écumer ?


Moi le jaugeant du regard : comme si je vous avais envoyé quelque part.


Me Elli regard menaçant : je ne peux pas tolérer ça ! Tu vas me le payer que tu le veuilles ou non.


Moi essoufflée : laissez-moi partir s’il vous plaît, vous me faites mal.


Il enchaîne d’ouvrir sa braguette tout en me coinçant encore plus. Je ne sais pas comment il fait, mais je ne peux même pas bouger le pouce. Seigneur, j’ai chaud ! 


Moi la voix tremblante : s’il vous plaît, on peut trouver un arrangement.


Me Elli soulevant ma robe : l’arrangement, je l’ai déjà eu avec ton grand-oncle. J’ai son aval. La seule contrainte, c’était le divorce et là, c’est réglé.


Moi : QU….


Il met sa main sur ma bouche quand on entend quelqu’un cogner la porte. 


Deborah : tata Cassidy tu es là ?


Moi : mmh.


Deborah : tout va bien ?


Moi : mmh mhm.


Deborah : ok, je ne suis pas loin.


Sitôt qu’elle s’éloigne qu’il reprend où il en était. Mon cerveau a vrillé à force de réfléchir rapidement tout en me débattant lorsque… Mais bien sûr !


Pouff !


C’est le coup de pied que je viens mettre dans ses bijoux de famille, ses couinements ont envahi la pièce. Pendant qu’il les avait dans ses mains en s’écroulant sur le sol, une main plate en appuie contre le carreau, je me suis dépêchée d’ouvrir la porte pour tomber sur Armel et Deborah.


Armel : papa ???


Moi : euh, je vais y aller.


Deborah me regarde perplexe et Armel fonce sur son père. Le ton est vite monté entre les deux. Je trace vers la fête et de là, je me suis ruée vers la sortie les yeux brouillés de larmes. Seigneur, je nage en plein cauchemar là !!! 






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