Gone
Write by Farida IB
Armel....
Moi : je suis là.
SMS : la dernière table à la terrasse.
Moi : ok.
SMS : veste grise.
Je tourne un regard circulaire pour le repérer et actionne de couper le moteur. Là, nous sommes au surlendemain et j'honore enfin mon rendez-vous avec le jeune entrepreneur. Vous avez pensé à autre chose, avouez ! Donc vous ne croyez toujours pas que je suis un homme né de nouveau. Tant pis ! Pour revenir à nos mots et tons, j'ai dû repousser la rencontre sur cette semaine compte tenu de l'état de santé de madame. Je descends et verrouille les portières puis avance vers la table en question. Pour la petite histoire, j'ai pris contact avec lui sur un site de jeunes entrepreneurs africains. Il est analyste financier et fondateur d'une entreprise de technologie basée sur la création d'applications logicielles. Je ne pouvais pas trouver mieux pour mes projets d'investissements, c'est pourquoi j'ai tout fait pour dégoter ce meet-up. Je me plante devant lui et retire mes lunettes.
Moi lui tendant la main : bonsoir, Daniel Gadedjisso ?
SMS la saisissant : Armel Elli ?
Je fronce légèrement les sourcils et le regarde en hochant la tête pendant qu'il me dévisage de haut en bas.
Daniel m'indiquant la chaise en face : prends place (ce que je fais) tu veux commander quelque chose ?
Moi (fixant son verre de limonade) : la même chose que toi, merci (venant à bout de mes pensées) nous ne nous sommes pas déjà vu quelque part ?
Daniel : possible, on m'invite régulièrement sur les plateaux de télévision.
Moi : je ne suis pas trop télévision, mais bon, c'est peut-être une ressemblance.
Il hoche la tête et lance ma commande qui arrive après quelques minutes.
Daniel : alors que puis-je pour toi ?
Moi : avant tout, je te remercie de m'avoir accordé cet entretien.
Daniel : le plaisir est pour moi de pouvoir rencontrer des jeunes ambitieux comme moi, d'échanger et de pouvoir partager mes expériences. À noter que je suis ouvert à tout le monde. Pas seulement ceux qui désirent entreprendre. Je suis disposé à motiver les gens quelle que soit la direction professionnelle.
Moi : bon, moi ce qui m'intéresse, c'est l'entreprenariat. Comme je te l'ai dit pendant nos échanges, j'étudie et en parallèle, je bosse au port. Je veux toutefois ouvrir mon propre business, être à mon propre compte, tu vois ?
Daniel : très bien. En effet entreprendre, c'est être acteur de sa vie, de son projet personnel. C'est toi qui décides de sa réussite et de son échec.
Moi : justement, je me demande s'il est possible de créer une entreprise étant très jeune comme moi et pouvoir la développer.
Daniel : je te dirai d'emblée que oui, c'est possible en me basant sur mes propres expériences. De fait, j'ai créé ma startup alors que j'étais âgé de 21 ans et aujourd'hui, j'en ai 27. J'ai lancé ma première application logicielle personnalisée axée sur la gestion de l'immobilier à 18 ans. Elle devrait permettre aux locataires de la classe moyenne de payer mensuellement le loyer, louer des résidences à Lomé et ensuite partout au Togo.
Moi : je suppose que tu étudiais à cette époque.
Daniel me renseignant : je venais d'avoir le baccalauréat, mais je me débrouillais déjà comme un prodige. Il faut dire que je suis un geek, l'encodage c'est ma vie. Même si après le bac j'ai opté pour une double formation pour devenir analyste financier. Je voulais moi même apprendre à optimiser mes avoirs.
Moi : un peu comme moi. Et donc tu es arrivé à concilier étude et ton entreprise.
Daniel : oui, je travaillais à la développer le soir chez moi après l'université. J'ai continué ainsi pendant mes stages académiques et professionnels par la suite. À la fin de mon année de licence, j'avais plusieurs applications au compteur. Des applications pour le système de gestion des données des écoles allant aux supermarchés et plus récemment une application pour se faire livrer à manger. J'ai donc pris le risque de constituer une Société Unipersonnelle À Responsabilité Limitée après mon année de licence qui sans me vanter défie toute concurrence en Afrique. Bientôt en occident.
Moi : je te le souhaite ! Serait-il possible de savoir comment t'est venu l'idée de créer ta première application ? Il doit bien avoir quelque chose qui t'a poussé à le faire et ensuite à te fixer sur tes objectifs. C'est mon plus grand souci actuellement, je n'arrive pas à canaliser mes idées. Il y a le trading qui me tente. En ce moment on ne parle que de ça. En dehors de ça j'ai envie d'ouvrir un centre de jeu, mieux un casino ou une agence de transferts internationaux incluant les abonnements Canal Plus. En même temps, le domaine agronomique me tente et d'un autre côté la cordonnerie.
Daniel arquant le sourcil : cordonnerie ?
Moi : oui, la réparation et la fabrication des chaussures. Concernant la fabrication, j'envisage de collecter des chaussures usagées et les utiliser pour fabriquer des paires neuves.
Daniel : j'aime bien, c'est innovateur et tu viens de répondre à ta question. L'entrepreneuriat c'est ça, trouver des solutions adaptées à un problème. Ce n'est pas avoir une idée. Une entreprise ne se crée pas sur la base d'une idée, non. Tous les grands entrepreneurs te le diront, on crée une entreprise parce qu'on a la solution à un problème ou parce qu'il y a un problème à résoudre. Je suis également parti de ce principe. De base, mes parents sont tous les deux entrepreneurs et tous dans l'immobilier.
Moi : c'est dans le sang donc !
Daniel souriant : on peut le dire ainsi (enchaînant) ils avaient l'habitude de se plaindre de devoir se déplacer, faire de grands tours et plusieurs d'ailleurs pour encaisser les loyers. Alors en voulant leur faciliter la vie, j'ai mis sur pied un logiciel de paiement en ligne qui a ensuite évolué en application qu'on peut télécharger facilement. Au fur et à mesure j'ai inclu le volet location de résidences du coup ils ne se déplaçaient plus que pour les visites. Et là encore, c'est parce qu'il faut nécessairement une présence physique.
Je souris en hochant la tête quand il ajoute.
Daniel : qu'est-ce qui m'a poussé à me fixer sur mes objectifs, je dirai simplement la passion et le goût de l'argent qu'on gagne après s'être donné à fond, passer des nuits blanches. On dit qui veut réussir, doit s'en donner les moyens. Pour en venir à ta préoccupation, sinon à tes préoccupations, fonce avec le domaine qui te tient le plus à cœur. Pourquoi ne pas toutes les exploiter ?
Moi : bon, je me dis que c'est une manière de mal faire les choses, on ne poursuit pas deux lièvres à la fois a-t-on l'habitude de dire.
Daniel : commence donc par exécuter la première et assure-toi que ça marche, les autres suivront.
Moi : je n'y avais pas pensé, merci.
Il me répond après avoir vidé son verre. Il me donne par la suite les détails et les contours du trading. Je passe un bon après-midi à faire connaissance avec lui. C'est drôle, mais à la fin, j'avais l'impression d'être rendu à un rendez-vous galant.
Debbie éclatant de rire : tu n'es même pas un peu sérieux.
Moi : bah, c'est peut-être un pédé, le type me regardait droit dans les yeux. Fin, il me dévisageait d'une façon déroutante. Bon bref, c'est demain le grand jour.
Debbie : oui trois jours de réclusion.
Moi soupire triste : on s'appelle avant ton départ.
Debbie : sans faute.
Moi : reviens-moi sauve, blindée et vite.
Debbie souriant : d'accord d'accord.
Le matin comme prévu, je l'appelle puis on s'écrit jusqu'à ce qu'elle entre dans la zone blanche. Je me suis plongé à corps perdu dans le travail. Je passe toute la journée au port. Le soir je retrouve Magnime dans un fast-food. Elle est en touche depuis le départ de Romeo qui a rallongé son séjour. Donc quand je peux, je passe du temps avec elle et Alex prend le relai par moment. Je suis occupé à répondre au message de ce dernier quand sa dernière phrase me fait lever la tête vers elle. Cette fille doit avoir un problème ma foi.
Moi : reprends s'il te plaît.
Magnime : je ne veux pas me mettre avec lui. Du moins, pas encore.
Moi : et on peut savoir pourquoi ?
Magnime : j'ai mes raisons.
Moi rangeant le téléphone : mais encore ?
Elle me regarde simplement en jouant avec son médaillon.
Moi : là ça vire au narcissisme Magnime. Tu prends simplement plaisir à le faire souffrir.
Magnime : oh de quoi tu parles ?
Moi la fixant : oui, si tu ne le sais pas, je te le dis. Comment crois-tu qu'il se sent à chaque fois que tu lui mets un râteau ? Tu crois qu'il s'en réjouit ? Sais-tu ce que ça fait d'aimer quelqu'un qui ne partage pas tes sentiments ?
Elle ne répond pas tout de suite. Elle mange sa dernière frite, bois un peu dans sa cannette de Fanta avant de lever une moue boudeuse vers moi.
Magnime : qu'est-ce qui te dit que mes sentiments ne sont pas réciproques ?
Moi plissant les yeux : alors quoi ? C'est quoi le problème ?
Magnime (soupire en passant la main dans ses cheveux) : j'ai trop fait la fille qui ne veut pas, là, je ne sais pas comment me lancer. J'ai honte et ce n'est pas tout, je....
Moi la coupant : Magnime tu aimes Romeo ?
Magnime la petite voix : je crois que oui.
Moi : tu crois ou oui ?
Magnime : oui, j'aime Romeo. Je veux être avec lui, mais j'ai des doutes sur ses intentions.
Je lève le sourcil.
Moi : intentions de quoi ?
Magnime : je crains d'être un fantasme pour lui. Parce que ça fait longtemps quand même, qui tiendrait autant ? Et aussi, je me demande si j'accepte maintenant est-ce qu'il ne voudra pas prendre sa revanche sur toutes ces années. Genre me faire souffrir et tout.
Moi : c'est qu'on ne parle pas du même Romeo avec qui tu traînes depuis ton adolescence.
Magnime : on ne finit pas de connaître l'homme !
Moi vénère : honnêtement, Magnime arrête tes enfantillages, ça ne te ressemble pas du tout. D'aussi loin que je me souviens Romeo a toujours été disposé à être avec toi et ce n'est pas faute de te le faire savoir, de le démontrer. Tu penses qu'il irait se présenter devant ton père juste pour réaliser un fantasme ou je ne sais quoi là ? Ce n'est même pas comme si c'est un étranger qui survient de nulle part, on parle de ton pote. Tu as toujours été plus proche de lui que les autres. Il n'y a personne qui l'apprivoise, qui le connaisse mieux que toi. Tu veux quoi de plus pour t'assurer que c'est un mec bien ? Il doit faire quoi de plus dis moi ! Meuf arrête tes frappes, arrête de trouver des raisons pour alimenter ton orgueil. Après la fierté, tu me parles de honte. Demain, ce sera quoi ? Il faut savoir ce que tu veux à la fin !
Magnime riant : mais pourquoi tu rages là ?
Moi : tu fais chier franchement.
Magnime me fixant outrée : rhoo Armel
Moi : mais franchement ! Depuis le début, tu n'as pas arrêté de faire meuf, tu l'as plusieurs fois envoyé balader. J'en connais très peu qui te courront toujours après, moi en tête de file. Aujourd'hui, tu crains d'être la risée du monde pour avoir passé toutes ces années à faire ta métisse, je dis qu'on s'en fout ! S'il t'a fallu toutes ces années pour te rendre compte que tu veux la même chose que lui, s'il t'a fallu toutes ces années pour que ton ego démesuré s'incline devant ton cœur alors basta ! T'as la chance qu'il soit resté fidèle à ses sentiments, à toi. Malgré tes rejets, il est là, il n'attend que toi. Vas-y qu'est-ce que tu attends ? On s'en moquera deux jours puis on passera à autre chose. Par contre personne ne viendra souffrir à ta place lorsque tu le laisseras filer dans les bras d'une autre. Personne ne passera des nuits blanches à ta place lorsque tu le verras être heureux avec une autre. Qu'on se le dise, il ne t'attendra pas éternellement. La patience à ses limites. Le jour où il en aura marre, tu ne pourras plus le retenir. Tu veux être avec Romeo ? Dis-le-lui parce que c'est tout ce qu'il attend pour faire de toi sa Juliette. Dis-le-lui avant qu'il ne soit trop tard.
Je prends une profonde inspiration pour calmer mes nerfs.
Magnime : ok ok, pas besoin de s'énerver.
Moi : je le suis déjà (prenant mes affaires) et il vaut mieux pour nous deux que je m'en aille.
Magnime : ah ?
Moi : bonne soirée Magnime.
Je fais signe au serveur pour prendre l'addition.
Moi déjà debout : et ne vient pas me saouler à te plaindre qu'il te manque. Je ne suis pas responsable de tes problèmes. Je suis aussi en manque de ma femme, mais ce n'est pas pour autant que fais chier le monde.
Magnime (avec un rire de gorge) : de nous excuser, les futurs mariés.
Je la regarde simplement en sortant mon portefeuille pour payer la note.
Magnime : laisse, je vais payer.
Moi : ok merci, bonne soirée.
Magnime : tu ne vas même pas faire semblant de refuser ?
Moi : pourquoi faire semblant ? Tu es une femme émancipée. C'est 50/50 oubien ?
Magnime : lol attends moi, on y va.
Elle règle l'addition et nous sortons du fast-food ensemble. Je marche sur une petite distance pour regagner ma voiture. Pendant que je la démarre, elle passe et agite sa main en guise d'au revoir. Je hoche simplement la tête. Elle m'a saoulé sérieux. Je ne sais pas ce qu'elle veut de plus. Qu'il lui voue un culte digne de la reine de Saba ? Aka ! Bah chapeau à Romeo parce que moi à sa place, il y a longtemps que je serai passé à autre. Mais bon comme on le dit, le cœur a ses raisons.
Je rentre dans ma chambre comme un téléguidé et trace sous la douche en retirant mes vêtements. A la sortie de là, je passe voir Mila de routine et la retrouve pas loin de la chambre des darons. Elle est debout, les mains en appui contre le mur, elle semble tétanisée.
Moi : mais marche (me mettant face à elle) aller vient me voir.
Elle se tourne vers moi. Comme si elle n'attendait que ça, elle descend sur ses pattes et fait un sprint pour venir s'accrocher à mes pieds. Je la prends et la fait virevolter en l'air. La peureuse se met à chialer. Maman émerge aussitôt de la chambre.
Moi : c'est moi, bonsoir.
Maman : pourquoi pleure-t-elle ? Qu'est-ce que tu lui as fait ?
Moi : rien, on s'amusait.
Maman : c'est qu'elle amusement qui la fait pleurer ? Donne la moi ici !
Elle me l'arrache des mains. Quand je dis arracher, c'est prendre avec agressivité et le regard qui va avec avant de tourner les talons. Je reste un moment à regarder dans son sillage, longtemps après qu'elle ait claqué la porte. Je me passe la main sur la tête et retourne dans ma chambre. Sur le moment, j'ai zappé. Mais le lendemain, lorsqu'elle reprend le même scénario pendant que je donne à manger à la petite, je pète mon plomb, en gardant toutefois un ton posé.
Moi : maman qu'est-ce qu'il y a ? C'est quoi le problème avec toi depuis hier ?
Maman (avec un ton au-dessus du mien) : tu ne me parles pas comme ça dans ma maison Armel. Je ne suis pas ton amie.
Moi toujours posé : mais pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu veux mêler Syntiche à tes histoires ? Un bébé maman ! Tu veux quoi ? Tu vas aussi me priver de son affection ?
Maman haussant l'épaule : prends-le comme tu veux, je ne veux pas que tu touches à ma fille. Ne pose plus tes sales mains sur elle. Si mon message n'est pas passé l'autre fois alors je te le dis une bonne fois, tu ne touches plus à rien dans cette maison. Ma fille y compris !
Elle prend l'assiette de purée et la renverse dans l'évier malgré les pleurs de la petite. Je fronce les sourcils et la regarde dépité lorsqu'elle plonge l'assiette dans le panier à ordure.
Moi (soupirant en me levant de mon siège) : on tourne au ridicule là, c'est vraiment le pompon.
Maman levant les yeux sur moi : qu'est-ce que tu as dit ?
Moi soutenant son regard : j'ai dit que c'est vraiment ridicule ce que tu fais.
Koomm !
C'est le son du gobelet que j'ai reçu sur la tête, j'ai placé un doigt sur la bosse qui commence à se former par réflexe.
Maman hurlant : plus jamais tu as compris ? Ne t'avise plus jamais de t'adresser à moi de la sorte. Maintenant sort de ma cuisine !
Elle enchaîne de me lancer sa chaussure, puis la louche, puis tout ce qui lui tombe sous la main. J'ai l'impression que c'est mon calme et mon immobilité qui la mets plus en colère. Elle crie des insultes avec une rage inouïe. Il y a Syntiche qui a redoublé ses pleurs. Dans tout ça j'ai déphasé des secondes durant à essayer de comprendre ce qui se passe.
Maman quasi stérique : dégage devant moi je te dis, je ne veux plus te voir ici ! Sors d'ici avant que je ne te fasse du mal.
Moi sortant de ma torpeur : ok, c'est compris.
Je sors de la cuisine à reculons en gardant un regard affligé fixé sur elle. Je fonce dans ma chambre pour en ressortir une valise pleine, mon trousseau de clés et mon fourre-tout. À bord de ma voiture, je roule sans destination précise. Je voulais simplement partir loin de cette maison et oublier ce qui vient de se produire. Tout oublié si possible. Je me gare devant le terrain de golf et récupère mon téléphone en appelant Debbie avant de me rappeler qu'elle est indisponible. Je soupire en manœuvrant le siège. C'est tout allongé que je lance le numéro de Daniel pour me renseigner sur son application. Après l'avoir installé, je regarde un peu de tout en choisissant quelques appartements que j'irai visiter avec Debbie dès son retour. Il est clair que je ne peux plus rester chez mes parents, je ne peux plus subir ma mère. Je suis arrivé à ma limite. J'appelle mon chef histoire de prendre ma journée et éteins mon téléphone juste après.
Je roule jusqu'au centre-ville. Je m'arrête dans un restaurant d'igname pilée pour manger et de là, je me rends à la plage. Je traîne à Donko beach (bar) prendre un verre ensuite mettre les pieds dans l'eau. Je passe l'après-midi à errer comme un sans domicile fixe. Je prends donc la résolution de me prendre une chambre d'hôtel.
Lorsque le gérant me laisse à l'intérieur, je prends mes aises sans transition. Je me suis occupé de ma bosse sur la tête. Une fois couché, je rallume mon téléphone. J'ai une multitude message de Marianne. Bradley et Magnime ont essayé de m'appeler. J'appelle Marianne.
Marianne d'emblée : j'essaie de te joindre depuis ce matin, tu es où ?
Moi : bonsoir, je vais bien, merci et toi ?
Marianne : Armel, tu es où ? Tu es parti, n'est-ce pas ?
Moi : non
Marianne : comment ça non ? J'ai vérifié dans ta chambre, ta valise bleu a disparu et tes vêtements avec (la voix tremblante) tu es où Armel ? (pleurs) Maman t'a chassé ?
Moi : hey hey non, maman ne m'a en aucun cas chassé. Je suis parti le temps que les tensions s'apaisent.
Marianne : je veux que tu reviennes à la maison (snif) si tu n'es pas parti alors reviens. Maman s'est déjà calmé.
Moi soupirant : demain, arrête de pleurer. Je rentre demain.
Marianne : promis ?
Moi : croix de bois, croix de fer.
Marianne : ok, mais tu es où ? Tu as mangé ?
Moi souriant : je sais prendre soin de moi, tu sais ?
Marianne : Armel ?
Moi : oui Marianne, j'ai mangé, je me suis lavé. Là, je suis couché.
Marianne : ok demain hein ? Je t'attends.
Moi : sans faute.
Je raccroche et c'est à ce moment que je décide enfin de jeter un coup d'œil à sa vidéo que je me mets à télécharger. Je fais un tour pour écrire à Debbie, puis répondre à Magnime. J'ai jeté un coup d'œil aux statuts, juste pour faire disparaître le point qui les signale. Ça me dérange, je ne sais pas pourquoi. Quand je reviens vers la vidéo, l'image de Cassidy apparaît devant moi. Je fronce la mine qui prend ensuite différentes expressions au fur et à mesure que la vidéo avance. Elle parle des conditions inhumaines et indignes dans lesquelles elles travaillent. Enfin travaillaient, puisqu'elles ont quitté leurs lieux de travail pour se réfugier à l'ambassade du Togo au Koweït en attente de leur extradition depuis des semaines. Elle (Cassidy) est souffrante et en manque de soin, d'où le cri de détresse aux autorités.
Mais qu'est-ce qu'elle fout au juste dans ce pays ? Et depuis quand y est-elle ? C'est vrai que depuis le baptême de Kékéli, j'ai tiré un trait sur elle. Je fais de même pour la vidéo, mais c'est sans compter sur mon élan de sauveur.
Je passe une nuit très agitée, préoccupé par cette nouvelle. Au réveil je cherche le numéro de l'ambassade sur Internet. J'appelle aussitôt, ça sonne plusieurs fois sans qu'on ne décroche. Je tente deux autres numéros avant qu'une voix d'homme ne raisonne au bout du fil.
Lui : bonjour, ici l'ambassade du Togo au Koweït. Vous pouvez laisser votre message après le bip.
Bip !
Moi coupant l'appel : merde !
Je retourne sur Internet afin de prendre tous les renseignements possibles, notamment comment s'y rendre. Je m'aperçois qu'il y a la possibilité de lancer un e-visa. Ce que je fais sans attendre. Étonnement, je le reçois très rapidement par e-mail. Le billet, c'est en ligne que je l'achète également. Je passe à la banque aux heures d'ouvertures ensuite au port avec l'intention de prendre une permission de quelques jours pour motif de santé. Permission qui m'a été accordée pour une semaine étant donné le sparadrap sur ma tête. On dit merci à qui ?
Je retourne à l'hôtel pour faire ma toilette et libérer les lieux. À 17 h, je prends un vol direct sur Koweït sans oublier de laisser un message à Debbie, la vidéo en support.
Vendredi suivant 13 heures.
Eunice.....
Moi criant : Marianne si tu veux me tenter ce midi reste dans cette chambre plus d'une minute encore. Attends-moi bien là-bas.
Marianne le ton boudeur : j'arrive.
Je tchipe et reprends ma besogne qui est de dresser la table du déjeuner. Je finis de le faire et entreprend de nourrir ma louloute avant que mademoiselle Elli ne me fasse honneur de sa présence.
Moi (levant les yeux sur elle) : assois-toi, tu manges.
Marianne (les mains croisées sur sa poitrine) : je n'ai pas faim.
Moi : hier aussi, tu n'avais pas faim, tout comme ce matin. Que tu manges quoi ?
Marianne : rien, je n'ai pas faim.
Moi : approche !
Elle traîne des pieds en arrivant devant moi.
Moi ton ferme : prends siège et tu manges !
Marianne : je n'ai pas faim maman, je ne veux pas manger !
Moi sévèrement : tu me parles autrement quand tu t'adresses à moi ! Mais j'aurais tout vu avec vous dans cette maison. Tu te crois chez les blancs ici pour vouloir faire ta loi ? Tu t'assois tranquillement et tu manges Marianne, ne me pousses pas à bout !
Marianne : sinon quoi ? Tu vas me chasser aussi de la maison comme tu l'as fait avec Armel ?
Moi plissant les yeux : chasser ? J'ai chassé qui ?
Marianne la voix tremblante : tu veux dire que tu ne sais pas qu'il est parti ? (en pleurs) Il est parti avec sa valise et ne veut plus revenir ici à cause de toi ! À cause de ce que tu lui fais tous les jours, tu cries sur lui. Il devait rentrer hier (snif) il me l'a promis. (snif) Il n'est pas venu maman, il n'a pas dormi ici depuis deux jours et tu ne cherches pas à savoir où il est.
Moi la fixant perplexe : mais qu'est-ce que tu racontes au juste ?
Marianne pleurant sa haine : Armel est parti, mon frère est parti et c'est de ta faute maman. Son numéro ne passe même plus. Depuis hier, je tente de le joindre en vain. (éclatant en sanglots) C'est toi maman, c'est toi qui l'as chassé.
Je me lève de ma chaise et me rends dans la chambre de ce dernier en prenant Syntiche au passage. En ouvrant la porte de sa chambre, je vois son armoire ouvert et des vêtements éparpillés sur le sol. Je ne sais pas pourquoi, mais je commence à stresser tout d'un coup. Je fais demi tour vers le vestibule où Marianne s'est arrêté et pleure en silence.
Moi : il est sûrement à Cassablanca, va chercher mes clés et mon sac à main et rejoins-moi dans le garage.
Elle part en courant pendant que je vais dans la direction opposée. Elle arrive un point plus calme avec les clés pour me permettre de déverrouiller les portières et d'installer la pouce. Nous nous installons toutes les deux à l'avant. Je conduis très vite jusqu'à la villa que je retrouve grâce aux indications de Marianne. Il y a un lustre que j'ai mis les pieds ici. Je me suis toujours soustraite de la vie de patachon de Fulbert afin d'éviter de chopper inutilement un accident cardio-vasculaire. Nous descendons de la voiture, au même moment le gardien sort de l'intérieur.
Le gardien s'adressant à Marianne : bonjour petite madame.
Marianne : bonjour Bertrand (avec un mouvement de tête vers moi) c'est ma mère. Nous sommes à la recherche de mon frère, il n'est pas ici par hasard ?
Le gardien me faisant la courbette : bonjour grande madame, petit patron pas venu. Il venu il y a (faisant mine de réfléchir) deux somaines comme ça.
Moi (détournant mon regard vers Marianne) : il est peut-être dans la seconde villa.
Elle hoche la tête et je remercie le gardien en regagnant la voiture. Nous quittons Cassablanca pour Demakpoè tout en appelant Bradley. Marianne branche le portable au lecteur.
Moi (en attendant qu'il décroche) : Marianne, tu sais ce qu'il fait de ses journées ? Où il les passe ?
Marianne : il est peut-être au boulot.
Moi lui jetant un regard en biais : quel boulot ? Ton frère travaille ?
Marianne : bah oui, il travaille au port depuis janvier. Soit le matin soit la soirée.
Moi ébahie : ah ? Depuis jan...
Je laisse ma phrase en suspens quand la voix de Bradley résonne dans l'habitacle.
Bradley : bonjour mamou.
Marianne du tic au tac : Brad Armel est parti.
Bradley : parti ? Parti où ? C'est pour ça qu'il est injoignable ?
Moi la gorge nouée : nous n'en savons rien. Il parait qu'il travaille au port, tu peux aller vérifier s'il y est s'il te plaît ?
Bradley ton décalé : euh oh ok. Il ne vous a rien dit avant de partir ? C'est quand la dernière fois que vous l'avez vu ?
Marianne (me fixant du coin de l'œil) : avant hier, après une dispute avec maman.
Bradley : vous vous êtes encore disputé ? Et à propos de quoi cette fois pour qu'il en arrive à quitter la maison ?
Maman : on verra ça plus tard Bradley, va voir au port s'il y est ! (me tournant un regard furieux vers Marianne) Raccroche.
Elle le fait en fuyant mon regard.
Moi : toi je réglerai ton cas plus tard, appelle Deborah.
Marianne : euh, elle n'est pas joignable non plus. Sophie m'a dit qu'elles seront dans le village de leur grand-mère. Le réseau ne passe pas là-bas.
Moi arquant le sourcil : et c'était quand la dernière fois que tu lui as parlé ?
Marianne : mardi.
Je hoche lentement la tête en soupirant. L'inquiétude et le stress commencent par me gagner lorsqu'on quitte Demakpoè bredouille pour la maison.
Sonnerie de téléphone
Marianne : c'est Bradley (décrochant) tu l'as retrouvé ?
Bradley : il est en congé maladie depuis deux jours, je suis en route pour la maison. Vous êtes où ?
Moi : nous y sommes presque, tu as le contact d'un de ses amis ?
Bradley : j'appelle Magnime.
Clic.
Marianne me regardant : on appelle papa ?
Je hoche simplement la tête. Cinq minutes plus tard, je gare devant la maison. Je ne sais pas comment je suis arrivée à détacher Syntiche du siège auto, j'ai les mains qui tremblent à cause du stress. Je la cale contre ma hanche jusque dans la chambre où je me mets à tourner en rond. Ça fait un moment que Marianne essaie de joindre Fulbert à travers le monde. C'est lui qui a mille numéros. Je m'y met également en lançant son numéro de téléphone en France et tout comme celui de Genève et de New-York, c'est la voix de l'opérateur qui m'accueille. Je lance celui du Canada lorsque Marianne débarque dans la chambre et me tend son téléphone.
Marianne : c'est papa, j'ai pu le joindre sur son numéro de Cape Town.
Fulbert : Eunice, c'est quoi cette histoire que me raconte l'enfant ?
Moi la voix tremblante : c'est comme elle t'a dit. Armel est parti.
Fulbert bourru : il est parti où tu l'as chassé ?
Moi : je n'ai pas chassé Armel, Fulbert (me mettant à pleurer) on s'est disputé, dispute qui s'est soldée par des cris et des coups. Étant en colère, je lui ai dit de sortir de la cuisine, pas de la maison.
Fulbert hurlant : ce n'est pas mon problème, ce n'est fichtrement pas mon problème ce que tu lui as dit, fait ou pas. Je rentre de ce pas et tu as intérêt à ce que je retrouve mon fils à la maison. Tu t'arranges comme tu peux, Eunice, je veux voir Armel à la maison ce soir.
Marianne a récupéré son téléphone avant que ça ne glisse de ma main. Je sors de la chambre affolée, déboussolée et confuse. J'ai mis Syntiche au dos et Marianne me suit au pas en disant quelque chose que je n'entends pas. Je m'arrête dans le hall lorsque je vois Bradley passer la porte.
Moi : tu as des nouvelles ? Quelqu'un sait où il se trouve ?
Bradley : non, personne.
J'éclate en sanglots en croisant les mains sur la tête.
Moi : qu'est-ce que j'ai fait Seigneur. Il est souffrant en plus, mon Dieu.
Bradley : maman calme-toi, nous allons le retrouver. Je vais faire le tour des commissariats. Tina parcourt déjà les hôpitaux.
Moi : j'irai dans les hôtels, il s'est peut-être pris une chambre.
Bradley : c'est mieux qu'on inverse.
Marianne : et moi, je fais quoi ?
Moi (détachant sa petite sœur) : prends la (ce qu'elle fait) reste ici et dis nous s'il y a du nouveau.
Nous sommes sorties de la maison presqu'aussitôt.
*** Pendant ce temps à Cinkassé ***
Debbie.....
Le bus qui nous ramène du village de ma grand-mère gare devant leur concession et nous descendons tous complètement excités et trop heureux de retrouver la civilisation. Un comité d'accueil composé de nos cousins, oncles, tantes, des enfants du voisinage nous suivent dans la vaste cour en ébullition. Tout le monde parle en même temps donc vous imaginez le brouhaha. Nos bagages ne tardent pas à nous rejoindre dans la chambre de grand-maman. Je sors mon téléphone de sa cachette et me rue dans la chambre d'un oncle pour le mettre à la charge. Je ne vous dis pas à quel point ça m'a saoulé de ne pas avoir des nouvelles de mon bé. Seulement trois jours inh, mais je peux dire que c'était chaud ! Quoique si c'était à refaire, je le referais avec empressement. C'est fascinant nos cultures, j'ai beaucoup appris, c'est sûr. Normalement, la cérémonie dure quelques heures à peine, mais il a fallu attendre que les plaies (des incisions) cicatrisent et attendre aussi les autres. Parce que oui, tous les enfants de Marc se sont fait immuniser à l'exception de Sophie qui a été initiée depuis le ventre de sa mère. C'est toute une histoire que je vous raconterai peut-être un jour.
Je n'attends pas que le téléphone passe la barre des 10 % pour appeler Mel.
Voix de l'opératrice : votre correspondant est indisponible, veuillez renouveler votre appel plus tard. Merci !
Elle me chante ça cinq fois dans mes oreilles avant que je ne me résous à réessayer plus tard. Je fonce prendre une douche. Une cousine s'occupe déjà de Junior et les filles se gèrent elles-mêmes. C'est comme ça depuis notre arrivée, c'est chacun s'assoit Dieu le pousse. (rire) Même si nous faisons pratiquement rien, il y a toujours quelqu'un pour t'assister. Ma grand-mère si elle le pouvait, allait nous nourrir au biberon lol. Cette femme est trop prête pour nous. Et son gendre alors ? Hum, je vous laisse deviner l'accueil !
Je m'éternise dans la douche, ça fait quand même trois jours que l'eau n'a pas touché mon corps. Vous imaginez l'odeur nan ? Je me dépoussière, mieux je me décrasse. Quoi qu'il en soit, j'ai pris un énorme plaisir à la prendre cette douche. Je me mets en mode villageoise (rire) pour charrier mon grand-père allonger sur sa longue chaise fétiche. J'ai aussi remis ma bague de fiançailles en place. En parlant de fiançailles, je dois pouvoir avoir la liste de dot ce soir parce qu'on rentre demain. Armel a bien insisté dessus avant de partir. Bien entendu, il a fait une heureuse, je ne vous laisse deviner qui !
Lorsqu'on parle du loup.
Grand-maman (passant la tête par la porte avec le regard qui tue) : tu n'as rien à faire toi ? Va, va chercher ton homme et laisse moi le mien.
Moi la provoquant : bâ Tala je t'ai manqué ?
Grand papa : plus que ta grand-mère.
Je souris et me tourne vers elle pour lui montrer toutes mes dents.
Grand-maman : je t'ai entendu Talardidia, je t'ai bien entendu.
Grand-Papa : c'est elle qui m'a forcé, ce n'est pas ce que je voulais dire.
Grand-maman me toise en souriant genre " c'est moi la chose" . J'éclate de rire, des sacrés numéros ces deux là.
Moi : mais quel traître !
Grand papa : il ne faut pas tenter le diable ma fille.
Grand-maman : tant mieux si tu le sais. Debbie passe ici.
Je la rejoins à l'intérieur.
Grand-maman (me tendant quelque chose en chuchotant) : pour le gendre.
Je regarde la liste de dot et la regarde.
Moi : oh mais ça pouvais attendre non ?
Grand-maman : je te rappelle seulement que celui qui est assis dehors là, c'est le mien. Je l'ai détrôné chez la plus belle fille du village.
Moi pouffant de rire : tu as peur ?
On entend son juron jusqu'au sommet de l'Himalaya. Je ris.
Grand-maman : peur d'une squelette comme toi ?
Moi : meuh j'ai pris du poids dernièrement.
Elle me rit au nez et me laisse. Je me rends dans la chambre de l'oncle avec la liste pour rappeler Armel. Le statu quo. Je souffle et fais signe à Paterson qui me rappelle aussitôt. On cause une dizaine de minutes puis il raccroche avec la promesse de m'envoyer un forfait internet. Je range la liste avant de rejoindre les filles sous le hangar qui sert de cuisine. Nous restons toutes pointues autour de la grande mère à l'aider dans sa préparation. De la sauce de gombo sec avec des fretins featuring la pâte de semoule de Sorgho qu'on déguste avec notre mari. Caroline est même assise sur lui et il lui donne à manger. Le regard de la grand-mère ! Le pire, c'est qu'elle est sérieuse. Donc on mange en nous chamaillant gentiment comme d'habitude.
Noémie : grand-maman, tu risques d'attraper un torticolis.
Grand-maman : elle ne peut pas s'asseoir ? Elle va me donner des courbatures à mon chéri.
Sophie : je lui ferai un bon massage comme il aime, n'est-ce pas mon mari ?
Grand papa : tes désirs, mes désirs, ma première femme.
Ils se sourient et grand maman tchipe sous nos rires.
Caroline (relevant la tête pour le fixer) : bâ Tala ce n'est plus moi ta première femme ?
Grand-papa : elle c'est la première femme ex aequo.
Moi pouffant de rire : un vrai diplomate krkrkrkr.
Grand-maman : allez vous trouver un mari et laissez-moi le mien.
Caroline : oh même moi ?
Grand-maman : surtout toi (me fixant) celle là part bientôt Dieu merci, Noémie a déjà un soupirant. Le fils de Bona (à son mari) celui qui a fait ses études au Burkina.
Noémie les fixant ahurie : mais mais ? Quoi ???
Elle a appuyé sur le quoi comme ça. Rire*
Grand-maman : quoi quoi ? Tu es prête pour le foyer. De même que ma belle-mère (Sophie).
Sophie répond au tac pendant que Noémie la regarde avec un air méfiant
Sophie (geste évasif de sa main libre) : oh non, moi la polygamie ça ne me dérange pas. Je préfère m'entasser sur toi que d'aller sur un terrain neutre.
Grand-maman sur un ton défi : tu peux supporter la concurrence ? Tu peux lui préparer des plats comme celui-ci ? Je ne parle pas de vos salades et machins de la ville.
Sophie haussant l'épaule : mais tu seras là pourquoi ?
Elle fait mine de foncer sur Sophie qui détale en flêche. On éclate de rire ensemble. Je profite de l'ambiance hilare toute la soirée malgré que j'avais le cœur en l'air. Une heure après le repas et une fois les petits couchés, je récupère mon téléphone et rappelle Armel en retournant dans la chambre de grand-maman. Elle a rejoint celle de son mari avec Sophie. La fille prend son rôle de coépouse au sérieux, très même krkrkr.
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Mais ? Je plisse les yeux en activant la 4G. Je ne vous parle pas de la tonne de notifications, ça me bloque même le téléphone. Obligée d'éteindre et de rallumer. Je cherche directement les messages d'Armel, il m'en a laissé plusieurs même en me sachant hors de la zone de couverture réseau. Je prends tout mon temps pour les lire depuis le début le sourire jusqu'à.
Noémie : c'est quoi ce sourire ? Le beau-frère te blague encore là-bas.
Moi souriant de plus belle : mêle-toi de tes oignons.
Je continue de lire en défilant quand je tombe sur l'avant-dernier message, je me redresse.
Moi (les yeux grands ouverts) : QUOI ?
Noémie : qu'est-ce qu'il y a ?
Moi : des tracas ! (me levant affolée) Il faut que je rentre à Lomé.
Noémie : quoi ? Cette nuit.
Moi : oui Noémie, il faut que je parte d'ici. Tout de suite !
Noémie : euh....