Grace

Write by Iriselom

********* Magnim*********

Je suis encore toute secouée de cet après-midi. Je suis allongée sur mon lit avec mon bébé dans les bras et Selom qui est en train de me soûler avec les détails de sa super fête et du super oncle de sa copine Nini qui est son homonyme.

Je reçois un message

23:30 Lui: Si tu me demandes de rester demain, c'est toi qui inviteras et moi je proposerai l'endroit.

Je ne sais pas quoi faire, je suis effrayée. Il me fait éprouver des sensations dont je n'imaginais même pas l'existence. Chaque fois, j'ai l'impression d'être une pécheresse après son passage.

J'écris à Rhoda.

Moi: Coucou Rho!

Elle: Cc

Moi: J'ai besoin de toi, mon amour

Rhoda: Tchipp!! C'est maintenant que tu es sortie de ton état comateux? Comment s'est passé l'après-midi chaud?

Moi: Chaud? Non! Bouillant, incandescent!

Comme je suis à l'aise pour parler de ces trucs avec ma copine et avec lui rien du tout.

Rhoda: Oh yessss!!

Moi: Il y a une chose, c'est lui qui a payé la suite et il veut qu'on se voit demain pour que je puisse offrir à mon tour.

Rhoda: Suite!? Aucun souci, ramène moi ma fille et mon mari?

Moi: Il va chez ses fameuses "copines".

Rhoda: Donc ce sera en journée.

Moi: Oui oui. Je ne sais même pas s'il peut rester plus.

Rhoda: Tu sais que je suis la première à t'encourager mais tu es consciente que tu ne dois pas tomber amoureuse de lui, pas vrai?

Moi: Bien sûr!

Rhoda: Je ne sais pas, il y a des trucs qui ne se commandent pas donc fais attention. Quelqu'un qui travaille dans les champs et peut se permettre une suite au Radisson, hmmm! Il ne te dit pas toute la vérité mais profite du moment et protège toi. On ne sait jamais.

Moi: J'ai pensé de  me faire prescrire une pilule.

Rhoda: Tu n'as quand même pas l'intention de le faire sans protection.

Moi: Non du tout. Juste pour réduire les risques.

Rhoda: ok amène moi ma fille quand tu veux. Bisous.

Je lui réponds.

[00:30 Moi: Reste

Lui: Le mot magique?

Moi: Reste Stp

Lui: Je compte les minutes.]

 Je suis sensée répondre quoi à ça?

Selom: Maman tu m'écoutes au moins?

Moi : Non je suis fatiguée, je vais dormir.

Selom: Mais j'ai presque fini, l'oncle de Nini est un génie des chiffres. Il est même sorti sur Jeune Afrique, elle dit qu'il est immensément riche et possède presque tout un village où il a une espèce de ferme.

Moi: C'est pour ça qu'il t'intéresse?

Selom: Mais non!! Il s'appelle comme moi et est trop swagggggg. J'aimerais être comme lui quand je serai grand. J'espère que je le verrai demain.

Moi: J'ai eu peur. Bon sors, je dois me déshabiller.

Selom: Tu te caches depuis quand?

Moi: À demain Selom!

Je le fais sortir et mets ma nuisette.

Kossi n'a pas été très tendre aujourd'hui, il m'a laissé plein de suçons et de traces sur le corps. Je ne veux pas effrayer mon fils.

************Mattia***************

Je suis allé boire de l'eau à la cuisine et ai croisé maman assise en train d'égrener son chapelet dans le noir.

Moi: Maman tu fais quoi dans l'obscurité?

Elle: Tu as peur? À ton âge?

Moi: Vonvonato yé nonagbe (en ewe, "le peureux vit longtemps")

Elle: Krkrkr. Tu n'as pas faim? Tu n'as même pas mangé ce soir.

J'ai même oublié, il faut que je lui suggère de sevrer sa fille, je suis rassasié de lait tellement j'en ai ingurgité dans le feu de l'action.

Moi: Je n'ai pas faim, merci.

Maman: Viens t'asseoir à côté de moi.

Je m'exécute.

Nous sommes tous les deux assis dans le noir.

Maman: Tu m'as promis de penser à ce que je t'ai dit à propos de ton père.

Moi: Tu penses encore à cet homme? C'est à cause de lui que tu es tristement assise ici?

Maman: Non, je pensais à toi Mattia. Je ne veux pas que tu aies des regrets après. Va parler avec lui.

Moi: Maman, je risque de lui faire plus de mal que de bien.

Maman: Impossible, il croule déjà sous le poids des regrets. Il ne peut pas avoir plus mal. C'est ce que je veux t'épargner, Mattia.

Moi: Cela excuse donc son geste?

Maman: Non mais vas le voir. Penses y!

Moi: D'accord petite maman. Viens, on va se coucher.

Maman: Tu vas dormir avec qui?

Moi: C'est pas toi ma première femme?

Maman se levant : Il y a donc une deuxième? Moi je ne dors pas avec le parfum d'une autre femme. Tu as laissé tomber ton rêve de villageoise?

Moi: Comment ça?

Maman: Demande lui conseil, elle a apparemment bon goût enfin au moins en matière de parfum et d'homme.

Elle m'a fermé sa porte au nez.

La vieille m'a grillé, elle a toujours eu un odorat super sensible.

Demander conseil à Magnim? Faudrait d'abord qu'elle sache qui je suis.

Cet homme est l'incarnation du mal.

¥¥¥¥¥¥¥¥ 30 ans plus tôt  ¥¥¥¥¥¥¥

Je rentre de l'école et trouve maman sur la véranda en train de parler avec papa.

Je les salue poliment.

Moi: Bonjour maman, Bonjour papa.

Maman: Bonjour mon bébé, ça a été?

Moi: Je ne suis pas un bébé.

C'est de sa faute si papa dit que je suis un pleurnichard, elle m'appelle toujours bébé.

Papa: Ça va Mattia?

Moi: Oui papa, où est Léon?

Papa: À la maison.

Je vais me changer.

6 mois plus tard, papa est toujours fréquent ici et Léon aussi.

Maman me dit qu'on va retourner vivre avec eux.

Je suis tout content.

Papa a vraiment changé, nous allons tous ensemble dans une église de réveil. Il est même diacre maintenant et maman est la présidente du groupe musical dont je fais bien entendu partie.

3 ans plus tard, j'ai 13 ans. Léon est parti poursuivre ses études au Maroc.

Je rentre de l'école et vois une petite assise dans la cour.

Mon cœur bat à cent à l'heure, je viens de reconnaître Awa au centre. Nous sommes à l'école ensemble et nous l'avons fait hier. C'était notre première fois à tous les deux.

Ce jour là, maman m'a tellement frappé devant tout le monde que j'ai rasé les murs du quartier pendant 2 semaines. J'avais tellement honte.

Awa n'avait pas arrêté de perdre de sang après notre rapport et ses parents au lieu de l'amener à l'hôpital, l'ont amenée chez le fautif.

Elle s'en est sortie et a en même temps gagné un visa pour leur village.

Seulement qu'à l'église, j'ai été mis sur le banc "noir"; je ne pouvais plus faire aucune activité.

Maman était partie pour des funérailles le week-end suivant ma mise au ban*, elle est venue me trouver le dimanche soir, évanoui, attaché au manguier de notre maison.

J'avais passé deux jours attaché, sans eau et nourriture, enfin j'avais de l'eau, il avait plu toute la nuit de samedi à dimanche.

J'ai passé 3 jours à l'hôpital et les tensions entre les parents ont repris.

J'en voulais à mon père qui avait déclaré se laver les mains de la vie du vaurien que je suis.

À mes 16 ans, il y a eu la goutte d'eau de trop; des deux côtés je pense, non des trois.

Papa et moi avons tous les deux jeté l'éponge; nous ne pouvions pas coexister et maman aussi a jeté l'éponge à propos de papa.

Je suis à nouveau rentré des cours, j'étais au lycée. Il y avait un couffin avec à l'intérieur, un bébé qui braillait.

Maman est venue prendre le bébé, les larmes aux yeux, pour le bercer et m'a tendu une lettre.

Dear Mattia,

I don't know what to say apart sorry. You are still a child and I am just a selfish mad woman.

I am pregnant but I am feeling so bad that I don't think, I would survive.

It should be a boy, if he survives, please take care of him and call him Grace because he is all I've ever wanted in my life. A son, he is your son.

Hope he will survive, hope you will have this letter.

                                 Mary EMEKA

Je sus que ma vie avait pris un autre tournant.

Mary Emeka est, non était la femme de notre pasteur. Ils n'avaient pas d'enfant et le pasteur avait pour habitude de la battre. Je le sais parce qu'elle me l'a dit pendant nos ébats, deux, trois fois, je ne sais plus.

L'histoire avait été rendue publique, le pasteur a été transféré, mon père démis de ses "fonctions".

Deux semaines après, je dormais dans ma chambre quand mon père est venu s'acharner sur moi avec un gros bâton. Je le lui ai arraché avec beaucoup d'efforts. Il a commencé à jeter mes affaires dehors, il pleuvait.

{Avec le recul, je souris un peu en pensant qu'il ne choisissait que les jours de pluie.}

Je suis sorti et ma mère aussi, surement alarmée par le bruit.

Je ramassais mes affaires quand il est rentré en furie dans leur chambre et en est ressorti avec mon bébé dans les bras.

J'ai juste entendu le non de ma mère quand il l'a jeté.

N'eût été le cri de maman, je n'aurais pas sauté; n'eût été mon saut, je ne me serais pas cassé la tête et je n'aurais pas rattrapé mon fils qui serait surement mort sur le coup.

Malgré ma tête en sang, mon bébé qui braillait, la pluie torrentielle, les menaces et supplications de ma mère, ils nous a quand même mis dehors.

Ma mère est venue avec nous.

Fin Flashback

Je ferais mieux de dormir.

Ça lui a pris 16 ans pour se repentir, 16 ans pour regretter.

Il peut encore attendre.

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