HISTOIRE CINQ : ATTACHE-LE!
Write by Femme, comme force
1. Tigrou
- Coca-Cola, jubilée, ciseaux ciseaux, Okapi! chantonnent
en chœur des voix cristallines sous le soleil de midi.
Le cœur lourd, je regarde, sans vraiment les voir, les bambins en uniformes
jouer dans la cour. Je leur envie leur insouciance, leurs petits cœurs qui ne
connaissent pas encore le chagrin. Je leur envie la simplicité de leurs petites
vies. C’est l’heure de la recréation et l’école primaire où je travaille comme
enseignante n’est plus que cris et rires. Les garçons comme à leur habitude se
livrent à des jeux qui requièrent trop d’énergie et de l’agressivité, tandis
que les filles sont soit assises sur la pelouse entrain de papoter, en honorant
leur goûter, soit entrain de jouer aux jeux paisibles comme le
nzango, jeu coca ou le Kebo en petits groupes. Je quitte la fenêtre d’où
j’observais la cour et vais préparer ce qui constituera la leçon suivante. On
est Mardi et la quatrième heure qui vient après la récréation, c’est espace
Science Botanique. La tête ailleurs, je dessine sur le tableau noir avec des
craies de couleur une fleur dont j’indique les parties importantes que nous
aurons à étudier. Etant une jeune femme qui adore son métier (bien que la paye
ne soit pas trop ça), aujourd’hui rien n’arrive m’égayer. Et pour cause!
La veille, j’ai découvert que l’homme dont je suis l’épouse depuis
maintenant trois ans, entretient une liaison. Non, ce ne sont pas les
spéculations d’une épouse insécure, loin de là. Je n’ai jamais été du genre à
soupçonner le mal ou à fouiner partout, cherchant le diable dans les poches de
mon époux. Mais la veille, j’ai découvert par pur hasard qu’il me trompe.
Mon Igor me trompe.
Pendant qu’il prenait son bain du soir, sa conquête lui a envoyé un message
WhatsApp. C'était un petit message coquin qui m’a assené un vilain KO debout et
a mis plein d’images dans ma tête, me tordant vicieusement les tripes. Le
message qui venait du numéro enregistré sous le nom de « Chantier Weekend»
lisait :
« Coucou Tigrou, je viens de
m’acheter un joli petit numéro en dentelle. Il est rouge et indécent comme tu
aimes. J’ai hâte d’être à samedi. »
Mon cœur a chauffé comme le chauffe-eau et mes jambes se sont presque
dérobées sous moi. Mais comme le Seigneur dans sa bonté donne à toute femme la
force de supporter les chocs, je n’ai pas fini étalée sur le sol, avec la
gueule dans le tapis. Je suis allé sur la photo de profile, pour voir à quoi
ressemblait la personne qui avait envoyé le message. Mais il n’y avait là
qu’une fleur rose et un statut qui lisait :
“Tu m'enivres. Je t’aime ❤”
En fait, depuis quelques mois (quatre pour être exacte), Igor qui bosse
comme architecte dans une boîte de la place dit devoir travailler les samedis.
Ce qui n’était pas le cas avant, vu que sa semaine de travail est anglaise. Ce
n’est qu’hier que j’ai découvert que ce sont plutôt les fesses de quelqu’un
qu’il va travailler, jusqu’à rentrer tard et bien fatigué ces fameux samedis.
Quel hypocrite !
Quel menteur !
Il a piétiné toute la confiance que j’avais en lui et ça donne envie de
griffer son visage et de lui crier plein des méchancetés. Igor et moi sommes
sortis ensemble pendant trois ans et demi, avant de nous marier. Trois ans et
demi pendant lesquelles nous avons eu une magnifique petite fille, Oria. Nous
vivions tous les deux à Matadi, avant d’aménager à Kinshasa où on lui avait
offert un meilleur emploi. Mon mari est un homme merveilleux avec, bien sûr, des
défauts comme tout être humain. Mais j’ai toujours cru que l’infidélité ne
serait jamais comptée parmi ces défauts. À mon grand désappointement, il
s’avère que si.
Lorsqu’il est sorti de la douche, je n’ai pas voulu le
confronter. La grosse déception et la colère qui dansaient une sarabande
endiablée au-dedans de moi m’ont empêchée de le regarder dans les yeux. J’ai
soigneusement évité de croiser son regard de peur de perdre mon sang froid et
de réagir d’une manière qui lui aurait permis de retourner la situation contre moi.
Quand des heures plus tard, nous sommes allés au lit et que comme à son
habitude, il a passé ses bras autour de moi et s’est mis à jouer paresseusement
avec mes seins pour s’endormir, j’ai eu envie de le mordre jusqu’au sang et de
lui envoyer ensuite une lâcheté en plein dans la tronche. Mais j’ai pris sur
moi. Et Pendant qu’il ronflait tranquillement avec sa grosse tête d’infidèle
posée sur ma poitrine, mille idées noires affluaient dans ma caboche. Je
pensais entre autre frotter du gratte-gratte dans ses caleçons, trouer ses
chaussettes, brûler les lacets de ces baskets préférées, jeter ses clés de
voiture dans la cuvette et tirer la chasse, lui préparer ses plats préférés et
y mettre plein de piment, afin qu’il ait un avant-goût de l’enfer, demeure de
son père le menteur satan. Des plans que je ne crois pas pouvoir mettre à
exécution, car malgré les sentiments négatifs que la découverte a fait naître,
je suis encore bien folle de ce menteur.
Bien que déçue et en colère, je l’ai quand-même laissé me
faire l’amour lorsque ses caresses m’ont réveillée ce matin autour de 5h.
Quelle faible idiote je suis ! Une vraie faible idiote! J’arrête un moment de
dessiner la fleur sur le tableau et vais récupérer mon téléphone de ma table.
Je trouve rapidement le numéro de la créature avec qui Igor me trompe (oui, je
l’ai enregistré) et le fixe pendant des longues secondes comme une maboule,
refreinant une grosse envie d’appeler la poufiasse et de lui crier de laisser
mon homme tranquille. Sans la connaitre, le seul fait de savoir qu’elle et mon
homme se voient nus me fait éprouver pour elle une haine viscérale. Je la hais
avec passion et prie qu’elle se fasse tamponner par un grand car. Et qu’après
que le grand car l’ait tamponnée, qu’un tuk-tuk surchargé lui passe dessus, afin
d’annihiler toute chance de survie. Merde! Ce que je croyais être le lot des
autres femmes, un fardeau dont j’étais épargnée, se trouve être le mien aussi.
Mon mari voit quelqu’un d’autre et n’étant pas habituée à telle situation,
j’ignore comment y remédier. Je sais qu’appeler ce numéro n’aura pour effet que
me rabaisser. Du haut de mes 26 ans, je ne sais pas comment réagir face à
l’infidélité de mon époux. Je me sens en terre inconnue, déçue et enragée.
À la fin des cours, je passe voir ma copine Loulou
(diminutif de Louisette) qui tient un salon de coiffure à Kasa-Vubu. J’en
profite pour qu’elle me fasse un brushing.
- Claire, tu dis que tu as vu le message ? s’enquiert-elle
tout en s’affairant sur ma tête
- Oui, ma copine. La pimbêche lui dit comment elle a déjà
acheté un négligé rouge et indécent comme il aime.
- Eeeh! Les filles ont le sang à l’œil ici dehors. Quelle
sans-gêne!
- Je te dis.
Loulou et moi sommes copines depuis mon arrivée à la capitale. Elle est
d’ailleurs la seule jeune femme de qui je suis vraiment proche dans cette
ville, vu que de nature je n’ai jamais été le genre à m’entourer de trop
d’amies. Elle est vite devenue proche de ma petite famille qu’elle visite
régulièrement. Igor l’appelle “la jumelle de ma Claire” et ma fille l’appelle
affectueusement “Tata Lou”. Bien que nous avons le même âge, Louisette n’est
pas encore mariée et partage un appartement avec une cousine, non loin de son
salon de coiffure. Physiquement, nous sommes le jour et la nuit. Je suis mince,
taille moyenne avec un teint claire, tandis que Louisette a un beau teint ébène
qu’elle s’abstient de détruire avec l’hydroquinone et des formes généreuses digne
de Mercy Johnson.
- Que dois-je faire, Loulou? Il ne m’a jamais trompé
avant. Même à l’époque où nous n’étions pas encore mariés, il ne m’a jamais
confronté à telle situation, continué-je
- Ma chère, il te faut te mettre dans la tête que ton
gars n’est plus le même, réplique-t-elle en descendant le casque sur ma tête
Elle vient ensuite s'asseoir près de moi, tout en s'essuyant les mains avec
une serviette. Vu qu'on est en semaine, son salon est presque vide, ce qui lui
donne largement le temps de bavarder.
- Comment ça il n'est plus le même? lui demandé-je
- Avant, il n’avait pas vraiment les sous, n’est-ce pas?
Mais maintenant qu’il a un travail super bien payé et roule dans la Jeep, il se
sent capable. Et les autres femmes commencent à l’intéresser.
Mon Dieu! Il faut avouer que ce que Loulou vient de dire sonne vrai. Depuis
notre mariage et le déplacement vers Kinshasa, Igor gagne plus de sous
qu’avant, ce qui nous a permis de nous acheter un grand terrain à la cité Maman
Mobutu et de commencer la construction d’une villa. Son nouvel essor social
a-t-il réveillé le démon de midi?
- Depuis quand me trompe-t-il? Est-ce même la première
fois ou je me fais duper depuis longtemps? fais-je, angoissée
- Ma co, tu dis qu’il a enregistré le numéro de la
fille-là sous quel nom?
- Chantier week-end.
- Cela veut dire qu’il y a aussi chantier semaine.
- Eeeh! Loulou, ne me dis pas ça, dis-je, prise des
palpitations
- L’argent rend l’homme explorateur. Ouvre les yeux!
- Que je les ouvre comment?
- Kinshasa, c’est la jungle. Il faut savoir bien garder
ton homme, sinon tu vas pleurer en six différentes langues.
- Eish!
- Les filles intéressées draguent elles-mêmes les hommes
de qui elles sentent qu’elles peuvent considérablement bénéficier. Elles
draguent les maris des gens, en désordre même.
- Des voleuses comme ça!
- J’ai ma cousine qui a perdu son foyer comme dans la
blague. Une fille a collé son mari comme la sangsue et, au lieu de se lever et
de se battre comme il fallait pour son foyer, ma cousine a choisi d’être
distraite. Au moment où je te parle, la fille sangsue l’a remplacée dans sa
maison.
Je frissonne comme une fiévreuse. Pardon, je ne veux pas perdre mon Igor.
Surtout pas. Feu sur les kinoises sorcières, feu ! Je ne compte pas perdre
mon homme au profit des pimbêches, après les hauts et les bas que nous avons eu
à traverser ensemble. Jamais!
- Ma co, conseille-moi. Que dois-je faire? Comme il va
voir cette putain tous les samedis, cela veut dire qu’il apprécie sa compagnie
et que bientôt les samedis deviendront deux ou même trois jours dans la
semaine.
- Claire, c’est comme tu dis là hein. Ça commence avec
les week-ends, après il va commencer à découcher ou même disparaître pendant
des jours.
- Pardon. Je ne veux pas de ça.
- Mama, l’argent donne les ailes aux hommes. Quand il
gagnait un peu, ton homme était tranquille. Maintenant qu’il voit claire côté
finance, il se dit qu’il peut enfin jouer au roi Salomon.
- Y a-t-il quelque chose que je dois changer, pour lui
faire oublier les pimbêches?
- Est-ce qu’au lit tu tournes bien?
- Ah Loulou, même l’hélice de l’hélicoptère me jalouse.
Je tourne jusqu’à Igor pleure et verse comme un taureau.
- Ah bon? En tout cas, les hommes sont des chiens. Avec
tout ça, il va même chercher quoi dehors?
- C’est ça qui me choque. Je suis propre et fraîche
partout. Je prends soin de moi et de ma maison que je garde toujours impeccable.
Bien que je travaille, la bonne ne cuisine jamais pour lui. Je le fais
moi-même. Au lit, je suis une vraie baise-machine et il adore. C’est quelle
position qu’il demande et puis je refuse?
- Ma co, je suis au regret de t’informer que tout ça ne
suffit pas.
- Ah bon?
- Tu as besoin d’ajouter un petit quelque chose, pour
bien ferrer ton homme.
- Et c'est quoi ce petit quelque chose?
- J’ai ma tante qui donne des bains aux femmes qui
veulent garder leurs foyers contre toutes les pétasses qui circulent et qui ont
signé qu’elles doivent voler les maris des gens.
- Ah, Loulou, tu me proposes des fétiches? m’exclamé-je,
choquée
- Ce ne sont pas les fétiches. Tu sais, ma tante a un
don. Elle n’est pas sorcière, elle est simplement bénie des ancêtres. Tout ce
qu’elle fera, c’est te donner un bain et te faire quelques purges. Je t’assure
qu’après ton passage chez ma tante, Igor n’aura d’yeux que pour toi. Il va
oublier qu’il existe d’autres femmes sur la planète. Il sera attaché jusqu’à la
mort.
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