_ Pourquoi est- ce que je resterais avec lui?, se demanda- t- elle.

La jeune femme était assise au fond du restaurant, une bière en main, perdue dans ses pensées. S’interrogeant, essayant de se persuader qu’elle avait fait le bon choix.

Cela faisait un moment que Josie y pensait. Son cœur en proie au doute battait la chamade mais elle se disait décidée.

Elle ne voyait d’autre issue à cette affaire.

_ Ce qui ne marche pas? Mais rien ne marche !

Il ne m’écrit plus autant qu’avant, plus aucune attention. Li do konprann se popriyete prive l’ m’ye[1].

Anpi[2]... Gen Cedric

Elle senti une vague de chaleur monter en elle. Tout son corps se mit à frémir.

_ Hmm. Il me regarde comme s’il voulait me dévorer toute crue. Ça fait tellement de bien de se sentir désirée, voulue.

Je sais qu’il n’y a encore rien entre nous mais je serai mieux avec lui. Je le sais.

Une larme coula sur ses joues qu’elle essuya d’un geste brusque comme si elle venait de violer une convention qui l’interdisait de ressentir de la peine ou quoique ce soit d’ailleurs pour Jude.

_ Anpi, yon ti “pain au chocolat”, yon ti krèm li pa ka pote pou moun[3]? Où elle est la difficulté?

M’pa vo sa ankò[4].

Tchuipssssss..

_ M’ap fout kite sa⁵. Je n’en peux plus.

Cette fois rien à faire les larmes coulaient à flot sur son visage comme pour purifier son cœur de toute cette amertume qu’il contenait depuis si longtemps.

Au fond d’elle il y avait cette voix qu’elle entendait dans ces moments là, une voix qui lui rappelait étrangement la sienne. Elle lui susurrait des mots de réconfort.

_ Allons ! Tu sais bien qu’il t’aime. Depuis cinq ans il te le montre. Quant à ce Cédric, tu ne le connais même pas. Jude est tien. C’est ton homme. Le mal que ça lui ferait si tu le quittais. Tu ne vas pas gâcher cinq ans de relation sur un coup de tête.

Tentant de faire taire la voix de sa conscience, elle cria en elle même.

_Merde!!

Cette fois tu ne me convaincras pas. J’ai assez attendu qu’il change. C’est décidé je le quitte.

Au bout d’un instant, elle s’essuya les yeux, pris une grande respiration, cherchant désespérément le calme avant la tempête.

Elle lui avait donné rendez-vous prétextant que ça faisait longtemps qu’ils ne s’étaient pas retrouver en tête à tête. “Sa petite vengeance” qu’elle appelait ça.

_ Li konprann li fin bon[5], qu’elle se disait. M’ap ba l’ yon kou isit[6].

Son téléphone vibra. C’était un message de Jude lui disant qu’il était devant. Le temps pour elle de lever la tête qu’il était déjà à entrée.

En le voyant arriver on eu dit que tout son être s’éveillait enfin. Son cœur se mit à s’emballer.

Le voyant de là où il était il lui sourit et à mesure qu’il avançait vers elle, elle le scruta. Sa démarche, son teint et ce sourire, ce sourire qui la faisait fondre. Elle eu peine à respirer. Elle prit une gorger de bière. Les jeux étaient faits.

Le temps qu’il ouvre sa bouche pour la saluer elle était dans ses bras, ses lèvres contre les siennes.

Au bout d’une minute, une fois qu’elle eu fini d’expier ses pensées qui l’a taraudait il n’y a pas cinq minutes, elle le regarda et sourit.

­_ En quel honneur, ce baiser? Lui demanda Jude

_ Rien, lui répondit- elle. Je viens de ma rappeler pourquoi.

[1] Il me croit être sa propriété

[2] Et puis

[3] Et puis, pas même un petit pain au chocolat, une glace qu’il ne m’apporte.

[4] Je ne mérite plus ça

[5] Il se croit à l’abri

[6] Je lui porterai un de ces coups