Jour 15: En route vers la liberté?

Write by Owali

*** Charles N’guessan***


(JOUR 14)


J’ai l’impression d’être victime d’une hallucination. 

Il y a un bateau devant nous. Il est attaché au ponton. 


Mon cœur commence à chavirer car je me dis qu’on va enfin pouvoir rentrer chez nous en sécurité. 


Soudainement, j’ai un flash de tout ce qu’on a eu à traverser ces derniers jours et je commence à me méfier sérieusement. Je pense plus précisément à l’explosion du bateau de Nathalie qui a eu lieu sous nos yeux il y a à peine quelques jours .


Dans un autre monde, j’aurai dit que ce bateau est une bénédiction mais tous les derniers événements me poussent à être très vigilent. 


Je longe le ponton avec Noémie. Arrivé devant le bateau, je m’arrête et commence à réfléchir.


-On va enfin pouvoir sortir d’ici, saute de joie Noémie


-Je ne veux pas casser ta joie mais je n’y crois pas un seul instant, repondè-je d'un air qui se veut grave


-A quoi ne crois-tu pas ?


-Noémie tu me dis si je me trompe, mais à chaque fois qu’on pense être proche du bout du tunnel, il se passe quelque chose d’étrange et d’inattendu.


-C’est vrai tout de même, reconnait-elle


-Ce bateau devrait être une aubaine pour nous mais quelque chose me dérange. Ca me semble faux ou plus tôt, trop facile...


-Que préconises-tu donc ?


-Je ne sais pas encore mais on doit resté alerte aux moindres indices.


-Et si tu étais juste parano ?


-Je ne le suis pas. Si tu crois que je subis encore les hallucinations qui t’ont permises de m’assommer la dernière fois, j’ai bel et bien dépassé ce stade


-Je suis désolée Charles


-Là n’est pas la question


-…..


-On va faire un test. Mon père m’emmenait souvent avec lui lorsqu’il allait pêcher le week-end. Je connais quelques règles de base qu’on va appliquer. Pour commencer, éloigne-toi un peu du bord s’il te plaît


-Pfffff


-Je ne veux pas discuter Noémie. Fais ce que je te demande


Elle me fixe un moment avant de reculer de cinq grands pas. Je fais une prière dans mon cœur en espérant que je ne me retrouverai pas piégé sur ce bateau. 


Je monte à bord et à première vue, il n’y a rien à signaler. Je trouve une radio mobile. Je me précipite là-dessus et tente de voir si elle fonctionne mais je ne reçois aucun signal. 


Malgré tout, je garde cette radio car on peut réussir à avoir un signal plus tard. Je continue mon inspection en espérant obtenir de meilleurs résultats. 


Le bateau semble plutôt en bon état mais quelque chose m’intrigue lorsque je pose mes yeux sur le tableau de bord : il y a des clés sur le contact. 


C’est quoi cette mauvaise blague ?


-A quoi tu penses Charles ? 


-Il y a des clés sur le contact.


-Et ?


-J’ai l’impression que le propriétaire de ce bateau veut se faire réellement voler


-Et si c’était juste un oubli de sa part ? Arrête de te méfier de tout aussi Charles


-MMMMhhhhhhh


Je continue à inspecter le bateau au moindre millimètre et je constate que Noémie est revenue sur le bateau.


-Tu es vraiment têtue


-Je sais


-Pfff ! Ne touche à rien s’il te plaît


Trop tard car j’entends le vrombissement du moteur et je vois des vagues se former à l’arrière du bateau.


-Noémie!


-Je sais ce que tu vas dire mais imagine que ça soit notre seule chance de nous en sortir...


-Je ne dis pas non mais je me méfie de tout ce que je vois c’est tout. Tu est tellement pressée de t’en aller que tu oublies qu’on peut faire face à un autre piège


-Par la grâce de Dieu il ne nous est rien arrivé


-Là tu marques un point mais tout de même!


-Arrête d’être méfiant. Tout va bien


-… Ok


- Je te laisse les commandes


- Ca marche mais ne touche plus à rien s’il te plaît


- Bien mon capitaine


- Tu es nulle Noémie


- Je t ‘embête


Noémie s’installe près de moi mais je ne suis toujours pas tranquille. Peut-être qu’elle a raison et que je me méfie trop pour rien. 


Je me mets aux commandes et on quitte ce lieu sinistre.


-Tu sais où on va ?


-Aucune idée ma chère


-J’avais imprimé une carte sur google avant de venir et je l’ai toujours. Ça peut nous aider.


-Bien. Tu peux la montrer s ‘il te plaît


-Une seconde


Elle prend son sac à dos et ouvre une petite poche extérieure d’où elle fait sortir un papier plié en quatre.


-Tiens


-Merci


J’analyse la carte avant de regarder droit devant nous.


-Alors ?


-Nous devons rejoindre la zone de Fumba Beach Lodge coûte que coûte


-Tu sais comment faire ?


-On va juste droit devant nous et normalement on doit tomber dessus. 


-Ok. Et Nathalie ?


-On avertira les forces de police une fois sur place pour qu’ils viennent la chercher


-…Ok


On navigue encore sept ou huit minutes quand je trouve quelque chose de bizarre : le système de freinage ne répond plus. Il fonctionnait encore il y a un instant. Je ne comprends pas ce qui se passe.


-Il y a un problème ? me demande Noémie me voyant insisté sur le levier de frein.


-Je n’arrive pas à freiner!


-Quoi ?!? S'ecrit-elle en se levant


-Je ne comprends pas.


-On se dirige vers des roches, m'indique t-elle en pointant du doigt la direction vers laquelle le bateau fonce.


Noémie est paniquée tout comme moi.


-Prend tes affaires Noémie


-Quoi ? Que fait-on ?


-On saute du bateau!


-Mais…


-Fais ce que je te dis


Je prends rapidement mon sac à dos tout comme elle et j'attrape sa main avant de nous jeter à l’eau. 


Heureusement que nos n’étions pas trop loin du rivage. Nous avons nagé un quart d’heure avant d’arriver sur le bord de la plage, complètement essoufflés. 


En me retournant pour voir le bateau, je peux voir que la coque avant s'est fracassée contre les immenses roches et que l'eau commence à y pénétrer. Ce bateau va couler.


-Ca va ?


-…. Non Charles. Il s’est passé quoi là ?


-Je ne comprends pas non plus


Noémie est en état de choc et a du mal à avancer. 


Je la prends dans mes bras pour la calmer avant qu’on ne reprenne notre marche. Notre dernier espoir est réduit à néant. J’ai la rage au point de donner des grands coups de poings dans le sable. 


C’est quoi cette poisse qui nous poursuit depuis que nous sommes arrivés ici. On a l’impression d’être maudits.


On finit par avancer mais je dois avouer que je suis complètement perdu par tout ça : ce voyage, l’abandon ici, tous ces pièges que nous sommes arrivés à déjouer jusque là. Il faut que je réfléchisse vraiment. Noémie est vraiment atteinte psychologiquement et physiquement donc je vais essayer de ne pas trop lui en demander. 


Nous sommes obligés de retourner à la grotte. Je suis moi-même chamboulé mais j’essaye de prendre sur moi. Quand je pense que j’avais encore un petit espoir tout à l’heure pour rentrer à la maison à la vue de ce bateau. A chaque fois qu’on pense se rapprocher du bout du tunnel, une tare surgit et nous ramène encore plus loin de notre case de départ. Je suis vraiment tourmenté et je pense qu’il est mieux de retourner à la grotte. On a besoin de se calmer et de se reposer. 


Je commence à être impatient et dépassé par les évènements. Je ne contrôle plus rien là il faut le reconnaître. Arrivé à notre « domicile », je vais immédiatement m’allonger. 


J’ai besoin de réfléchir. Je pense à mes enfants, ma famille. Je dois retourner vivant chez moi.


Après que Noémie se soit occupée du dîner, j’ai nettoyé tous nos ustensiles avant de me retirer et de me mettre en prière. 


En ouvrant les yeux, j’ai vu Noémie qui me regarde étrangement.


-Quoi ?


-Non rien du tout. Je me demande juste à quel moment tu t’es ainsi donné au Seigneur.


-….


-Ne le prends pas mal mais tu n’as jamais été religion


-Je ne m’en offusques pas détrompe-toi


-Ca me fait juste étrange de te voir ainsi


-Tu devrais t’y habituer


-….Je sais. Charles ? Tu as une idée de ce qui se passe ici ?


-Je suis aussi perdu que toi Noémie mais je trouve juste étrange et flippant qu’à chaque fois qu’on fait un pas en avant, on en fait le double en arrière.


-Je flippe encore plus depuis la disparition de Nathalie. Je n’arrête pas de m’en vouloir


-On se calme. Je suis sûre qu’elle va bien. Il faut positiver


On finit notre discussion assez tard et on finit par s’endormir avec inquiétude, angoisse et frustration. Sortirons-nous d’ici vivants ?


(JOUR 15)


Après s’être nourris de chair de noix de coco, Noémie et moi décidons d’aller explorer toute l’île. 


Je suis sûr qu’on découvrira des choses. On se met en route et nous marchons énormément. 


Tandis qu’on fait une pause pour se désaltérer, je regarde les aiguilles de ma montre défiler. 


Pfff. Il faut que je tienne le coup.


On avance dans notre épopée. Noémie trouve des tarots qu'elle veut prendre. Je la laisse s'en charger mais elle les met dans mon sac. Après avoir fini notre besogne, on s'aventure encore plus loin dans la forêt avant d'entendre un bruit comme un sifflement. 


Je fais signe à Noémie de s'arrêter et de ne surtout pas bouger.


J'entends des feuilles qui se froissent et soudainement à nos pieds, apparaît notre pire cauchemar: un serpent. 


Noémie me regarde et est à deux doigts de pleurer tandis que l'animal fait un cercle autour de nous.Je vois clairement ses yeux jaunes et sa peau pleines d’écailles de couleurs effrayantes. 


Heureusement que j'ai mon couteau à la main. Dès qu'il attaque, je le tue.


Je ne bouge pas et attends le moment fatidique pour nous délivrer. 


Je le vois relever la tête et prêt à foncer sur Noémie lorsque je lui tranche d'un coup sec la tête qui tombe d'un côté. 


Noémie émet un cri de soulagement mais son visage est baigné de larmes.


-Ca va?


-Non. Du tout


-On s'en va


-Merci Charles. merci beaucoup. Tu viens de me sauver la vie. Je te dois une fière chandelle


-Ce n'est rien. Viens on y va


Noémie est inconsolable et on retourne à notre abri. Je crois que je prendrai les choses en mains aujourd'hui car elle n'est pas du tout remise de ses émotions. 


On l'a échappé belle. 


On a failli se faire tuer tous les deux. 


Merci Seigneur de nous avoir épargné.


Quelques heures plus tard, remis de nos émotions, armé de mon couteau et de ma canne à pêche, je suis retourné à la plage pour pêcher du poisson.


Je m’apprête à sortir de l’eau lorsque je vois quelque chose à environ 300 mètres de moi qui flotte à la surface. 


Il me semble bien que c’est un sac. 


Et s’il y avait des choses à l’intérieur qui pourraient nous être utiles. Je plonge dans l’eau et nage jusqu’au sac avant de revenir sur la terre ferme. 


Je l’ouvre pour en voir le contenu. Il y a un gros sachet bleu à l’intérieur. Je le fais sortir du sac et l’ouvre. 


Le sachet est solidement fermé et j’en renverse le contenu dur le sable : des passeports. Qu’est-ce que ça veut dire ?


Le premier passeport sur lequel je tombe est celui de Nathalie. Que fait donc son passeport ici ? 


Je vérifie les identités de tous les autres : Larissa, Delomè, Courtney….. avant de tomber sur celui de Noémie et le mien naturellement. 


Il y a treize passeports au total et des bijoux. Je m’allonge sur le sable pour réfléchir. Tous mes sens en alerte. 


Il se passe quoi ici ? Pourquoi sommes-nous ici ? Qui a récupéré nos passeports pour les rassembler et ainsi tenter de s’en débarrasser ?


Je récupère ma canne, ma prise et le sac trouvé et me remets en chemin. Il se passe des choses étranges et je parie que nous sommes plusieurs à avoir été abandonnés ici et à s'être faits avoir lâchement. 


Si j'ai raison, il faut trouver les autres et au plus vite!

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