La descente...

Write by imalado

  • S’il vous plait, je n’en peux plus, aidez-moi…

Elle avait ouvert les yeux sur une ombre qui se tenait devant la porte. Après tout ce temps sans boire ni manger, elle vit une bouteille d’eau à côté et une assiette de fruits… Elle tenta de les récupérer mais ils étaient placés un peu loin de là où elle se trouvait. L’ombre restait là à la fixer se débattre sans rien faire, silencieux…

  • Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? Si c’est de l’argent je peux vous en donner… Laissez-moi partir  ou tuez-moi si vous voulez mais ne torturez pas ainsi…

  • Tu ne vas pas mourir Elisabeth. Je crois que ma vie en dépend tout aussi. Bien que tu ne sois qu’une sale petite emmerdeuse ! Aujourd’hui tu as des comptes à me rendre tu ne crois pas ?

Cette voix sonna en elle comme une cloche d’église. Elle reconnut la personne.

  • J’ai toujours dit que tu étais fou, je ne pensais pas que tu l’étais à ce point

Pris de colère il jeta l’assiette de fruits au mur, faisant sursauter Elisabeth.

  • Je ne suis pas fou ! Tu ferais mieux de te taire, si je le suis, je pourrais faire n’importe quoi.

  • Tue-moi ! Tue-moi Christopher qu’on en finisse !

  • Non, je ne vais pas te tuer. Pas maintenant. J’ai tout fait pour vaincre cette colère en moi. Cette colère que mon frère a pris un malin plaisir à me donner… Et puis c’est moi qu’on traite de monstre.

  • Brian est tout ce que tu n’es pas et tout ce que tu ne pourras jamais devenir !

D’un geste fou, il s’approcha d’elle et la gifla si fort qu’elle ne put facilement relever la tête.

  • Tais-toi je te l’ai dit !

  • Si tu veux me tuer, fais-toi plaisir, parce que si tu me rates, il le fera de ses propres mains Christopher Harlem Crawford, pour tout ce que tu m’as fait vivre.

  • Tu crois ? (en riant) C’est toi la folle maintenant. (En tirant une chaise vers lui, il se plaça en face d’elle) Je veux que tu me racontes toute la vérité, je veux que tu me dises que ce que Brian a dit est faux…

Elle se mit à rire, rire si fort que Christopher se trouva perplexe.

  • Comme ça tu veux la vérité Christopher? (en riant)

  • Arrête ça tout de suite !

  • Je vais te dire la vérité, j’espère que tu es bien assis, tu vas adorer !

Entre-temps Marie accompagna l’inspecteur Morgan chez Brian, ils avaient à parler. Marie avait omis de lui raconter l’histoire de Christopher.

  • Dr. Allen, Mme Lewis vient de m’apprendre que votre frère, Christopher Crawford avait quelques soucis avec son amie.

  • Marie…

  • Je suis désolée Brian, mais je crois qu’il est peut-être derrière tout ça. Tu le connais mieux que personne.

  • Mon frère peut être violent, il est malade, mais il n’irait pas jusqu’à ça.

  • Où est-il maintenant ?

  • Je ne sais pas, je l’ai vu hier, il n’était pas au courant de la disparition de Lise.

  • Quelle histoire se cache derrière Christopher et Melle Lans ?

Brian garda le silence, Marie se lança.

  • Ils sont sortis ensemble. C’était-il y’a longtemps. Elisabeth ignorait qu’ils étaient frères, Brian, comme vous pouvez le voir utilise le nom de sa mère.

  • Elle a quitté mon frère et est partie à Paris, à cette époque elle était enceinte et elle a avorté de son enfant…

  • Vous ne m’aviez pas mis au courant de tout ceci ?

  • Je ne pensais pas que c’était utile, seulement j’ai voulu m’assurer. Il y’a quelques temps, il l’avait agressé chez elle. Je m’en suis rappelée.

  • Agressée, vous dites ?

  • Oui, et elle est passée à l’hôpital aussi.

  • Où peut-on trouver votre frère, Dr. Allen ? Parce qu’à ce niveau, c’est notre seule piste et notre suspect principal.

  • Je ne sais pas, chez lui ou à son bureau ? Je vais me renseigner.

Brian appela le concierge de l’immeuble de son frère, qui ne pas l’avoir depuis le départ de Brian. Il appela aussi le bureau, sa secrétaire dit qu’il a pris quelques jours, et toujours à partir du jour où il a été chez lui. Brian resta confus. Il lui avait juré n’avoir rien avoir avec ça.

  • Inspecteur Morgan, je ne sais pas où se trouve Chris. Il n’est pas chez lui, ni à son bureau, ils disent qu’il a pris un congé.

  • Je vais demander à mes hommes de faire le nécessaire pour le retrouver, si vous avez d’autres informations c’est maintenant ou jamais. Et je vais vous demander de me suivre au poste, pour nous renseigner sur les habitudes de votre frère, les endroits qu’il fréquente…

  • D’accord. Marie tu devrais rentrer aux près de Mrs Edward, je vous tiendrais informer.

  • Ok, tu peux m’appeler quand tu veux.

  • Ils vont la retrouver Marie, il le faut.

  • Brian… Si jamais… Il faut juste que tu saches qu’elle t’aime malgré tout ce qui s’est passé, tu es ce qu’elle a de plus chère.

  • Je sais, et elle est tout pour moi.

  • Il faut qu’on y aille Dr. Allen.

Dans l’entrepôt pendant ce temps…

  • Tu as perdu du sang, je ne voulais pas te faire mal, tu as trébuché…

  • Oui, et bien-sûr je vais te croire. Je suis faible Chris, j’ai besoin d’aller à l’hôpital, je perds toujours du sang. Je ne vais pas tenir longtemps.

  • Assez pour me parler.

  • Ou sinon quoi ? Tu vas me laisser ici me vider de mon sang ?

  • Tu t’es fait mal toute seule je voulais juste te tenir par le bras et t’empêcher de…

  • Tu m’as poussé ! Et tu m’as attrapé par les cheveux ! Je t’ai supplié de me lâcher avant de crier et puis tu m’as étouffé !

  • Ne soit pas stupide, si je voulais te tuer je l’aurais fait. Je ne te ferais jamais du mal, même si tu ne le comprends pas, moi je t’aime toujours…

  • (En riant) Tu rigoles, pas vrai ? C’est une blague, ou tu es sérieusement atteint Christopher ?

  • Tiens (en lui tendant la bouteille d’eau), il ne faut pas que tu perdes encore connaissance sans qu’on ait parlé.

  • Que vas-tu me faire Christopher ?

  • Les flics te recherchent, d’après mon frère.

  • Il va me retrouver tu le sais ?

  • Je sais. Il me demande de t’oublier, lui il en est incapable…

Au poste de police, l’inspecteur vient d’arriver avec Brian, qu’il accompagna à son bureau le temps de parler à son équipe pour les préparations.

  • Dr. Allen. Comment votre frère prenait la situation par rapport à vos fiançailles avec Melle Lans ?

  • Mal, très mal. La vérité c’est qu’il l’aime toujours. C’est la raison pour laquelle Elisabeth et moi, avions rompu…

  • De vous à moi, le-pensez-vous capable d’un tel acte ?

  • Mon frère est malade, son état peut être considéré comme extrêmement dangereux s’il met longtemps sans prendre ses médicaments.

  • Je vois… Et la dernière fois que vous l’avez vu, il vous semblait assez normal… ?

  • Euh, je ne pense pas. Même s’il ne l’était pas j’ai sûrement dû le mettre en colère. Je suis passé chez lui, pour savoir s’il était au courant de quelque chose.

  • Vous doutiez de lui ?

  • Il l’a agressé ? Alors oui, je doute de lui.

  • Bien. Voici quelques propriétés de votre frère se trouvant à Londres, si jamais vous avez une idée de l’endroit où il pourrait l’y amener.

Il scruta les photos quelques instants, avant de poser les mains sur la photo d’un vieil entrepôt de meubles. Christopher aimait bien aller là-bas, malgré que ce fût vieux et crasseux. C’était à cet endroit qu’il avait enfoui ses souvenirs les plus précieux… Quand à une époque leur père débutait ses affaires.

  • Ici. J’aurais pu y penser plus tôt.

  • Vous êtes sûr ? ce n’est pas vraiment proche de la ville.

  • Je sais, notre père a débuté sa société ici…

  • D’accord, je vais prévenir mes hommes et on y va, vous vous restez là…

A l’entrepôt… Christopher rapporta quelques photos une orchidée blanche, la préférée d’Elisabeth. Mais Elisabeth repoussa la fleur d’un geste peiné. Il feuilleta un instant l’album. Et en tira une.

  • Tu te rappelles de celle-là ? Tu te tenais sur le pont des amoureux, tes cheveux blonds flottaient au vent, et ce parfum… Tu étais heureuse Elise, on l’était. Je sais que je n’étais pas parfait, mais tu aurais dû rester !

  • Et tu te rappelles de cette terrasse aussi ? A feuilleter ton journal, et il a fallu que tu me parles pour que je tombe folle amoureuse de toi… Je me suis laissé séduite par cet homme, si grand, si brillant, charmant… Chacun de tes mots ou même tes gestes me parlaient comme par enchantement. Je croyais… Je croyais avoir trouvé un sens à ma vie.

  • Je me rappelle de chaque petit détail Elise. Je me rappelle de ses cheveux blonds et bouclés, de cette manière que tu avais de fermer les yeux quand tu ris et de te toucher le bout des oreilles quand tu réfléchissais et ces petits yeux qui se baissaient dès qu’on te faisait un compliment. Mais beaucoup de choses ont changé depuis, ce n’est pas seulement l’orchidée. Je ne vois rien de ça chez toi, je n’ai trouvé aucun de ça en toi, comme s’ils n’avaient jamais existé… Je veux savoir la vérité. Pourquoi c’est si dur pour toi de me regarder dans les yeux sans que je ne voie à quel point tu me détestes ? Je veux que tout redevienne comme avant. Partons à Paris ? Il y’a le jet et…

  • Je t’ai aimé Christopher. Ça n’en doute jamais. Mais seulement tu ne l’as jamais mérité, tu m’as laissé pour une autre, malgré cette colère en toi, j’avais tout accepté !

  • Je suis désolé (en s’approchant)

  • Eloigne-toi de moi ! Ne me touche pas ! Tu es désolé ? Aussi simplement que ça ? Mais ça n’efface en rien tout ce par quoi je suis passée Christopher. Tu n’aurais jamais dû réapparaitre dans ma vie, j’avais Brian, et je l’aimais tellement… J’ai cru qu’en partant de Londres, tout serait oublié, mais on ne fuit pas son passé, il nous rattrape toujours… Tu es pour moi une cicatrice douloureuse. Et cette douleur je la ressens à chaque fois que je te vois.

Ses yeux étaient remplis de larmes, mais expressifs. Elle n’avait plus de force, mais ses yeux, eux revivaient de colère profonde… Son corps en frissonnait. Elle avait besoin de faire sortir cette colère qui trop longtemps était enfouie. Et il avait enfin l’opportunité de tout savoir. Elle lui avait ouverte la porte du passé, aussi douloureux que cela puisse-t-être.

  • Tu n’as pas le droit Elisabeth. C’est toi qui es partie !

  • Tu as gâché ma vie ! J’étais obligée de partir… (en baissant la tête)

  • Que s’est-il passé ? Tout ce que Brian m’a dit ? Après le réveillon je voulais m’excuser, mais tu étais introuvable.

  • Oui, comme tu le faisais à l’époque, excuse sur excuse.

  • J’avais droit à une dernière chance…

  • Dernière chance ? La énième chance de ta vie tu veux dire ? Un mois après tu t’es fiancé !

  • Et j’ai ensuite annulé les fiançailles ! C’était une erreur !

  • Une erreur qui a failli me coûter la vie Christopher !

Elle avait crié et sa voix tremblait. Tout ceci faisait surgir des souvenirs pénibles. Elle baissa sa tête et éclata en sanglot. Christopher n’osa pas s’approcher…

  • Une fille. Une petite fille…

Les yeux de Christopher s’écarquillèrent. Que voulait-elle dire ?

  • On est rentré de ce séjour à Paris, avant le réveillon. Tu étais redevenu « toi » sans les tromperies et tes sauts de colère, plus attentionné… On s’est aimé plus d’une nuit à Paris. Quelques jours après qu’on soit rentré à Londres, je tombais malade…

  • Elisabeth… ?

Il se leva, la tête dans les mains, allait et venait dans la pièce.

  • A l’approche du réveillon je t’ai demandé de venir le passer avec ma famille. Tu as prétexté des retrouvailles avec ton frère. Je voulais te le dire…

  • Tu étais enceinte ?

  • Que vouloir de plus ? Un enfant de l’homme qu’on aime ? Mais tu n’étais pas cet homme-là, Christopher. Tu étais un homme qui a séduit une parfaite inconnue sur la terrasse d’un restaurant à Paris, qui l’a charmé et mise enceinte, puis qui l’a abandonné comme un vulgaire chiffon, comme ces aventures d’un soir, qui l’a ensuite trompé et laissé. Je ne voulais rien de cet homme-là, incapable de se contrôler. Tu ne méritais pas d’être le père de ce bébé, tu avais abandonné depuis le début !

D’une main ferme il lança la chaise, puis se saisit d’Elisabeth par le cou, en la relevant à son  niveau. Il l’étouffait mais il s’en foutait, elle se débattait sans pouvoir se dégager de son emprise.

  • C’était mon enfant, sale petite garce ! c’était mon enfant !

  • (D’une voix fine) Lâche-moi…

Mais rien il la tenait encore, de mains fermes. Malgré qu’elle griffe de ses doigts le bras de Christopher, il ne la lâchait pas. Elle réussit à le frapper de ses pieds là où ça fait mal. Mais aussitôt qu’il la relâcha, il la gifla de plus belle, et elle tomba.

  • C’était mon enfant !

  • (En toussant) et c’est la raison pour laquelle je ne l’ai pas gardé. J’ai avorté et j’ai choisi de vivre avec ça. Je ne voulais rien de toi…

Il resta silencieux, regardant la pièce de ses yeux sombres.

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