La journée des embrouilles

Write by Farida IB


Armel.....


Moi : mercredi.


SMS : alors mercredi entre midi et deux.  


Moi : ok ça marche.


SMS : ok !


Je jette mon téléphone quelque part dans mon lit après avoir lu le dernier message. Je me redresse avec l'intention de me lever pour me rendre à la salle de bain quand mon ventre me rappelle à l'ordre. Je me recouche doucement. Ça fait un moment depuis l'échange avec Debbie que j'endure une faim de loup et la même durée que j'attends que ma mère libère la cuisine pour m'y rendre. Je n'ai pas envie d'entendre son bruit ce matin. C'est pourquoi je suis rentré en mode sourdine pour me terrer directement dans ma chambre. Hier, elle m'a saoulé à me fustiger parce que je lui ai dit que j'ai passé la nuit à Cassablanca. Dans sa logique Cassablanca = maison close de son mari où je fais ma puterie également donc j'ai reçu les blâmes pour deux. De toute façon même quand je vis tranquillement ma vie sans embêter, elle trouve toujours le moyen de me mélanger aux histoires de son mari.


J'ai l'impression qu'elle le voit à travers moi du coup, elle me fait payer ses torts. Elle passe quasiment son temps à chercher la petite bête, à s'acharner sur moi pour un oui ou non. Et le reste du temps j'ai droit à l'indifférence totale. Elle veut me pousser à bout peut-être pour que je passe à l'aveu que son mari a voulu violer une femme que j'ai déjà couché, mais une chose dont je suis certain, c'est que je ne dirai absolument rien. Je ne veux pas semer la zizanie dans ma famille. Si jamais ça doit péter entre eux ça ne viendra pas de moi, qu'ils gèrent leurs histoires entre eux. Par contre j'essaye de comprendre sa démarche, je ne fais que ça lorsque je me retrouve dans l'atmosphère tendue de cette maison. Je me demande pourquoi elle me prend pour cible alors que le vrai coupable est dans la nature, multipliant ses carnages au vu et au su de tout le monde sans gêne, aucune. Inutile de vous dire qu'il a perdu le peu d'estime que j'avais de nouveau pour lui. J'en suis venu à un point où je ne veux plus rien savoir de lui. Je ne vais pas perdre mon énergie, ma vitalité à le haïr. Pour moi, il n'existe simplement plus. Une fois de plus, il a voulu me glisser un pot-de-vin pour taire cette histoire. C'était la déception de trop parce que jusqu'à ce que je rentre de Dakar, j'avais l'espoir qu'il ait agi sous l'effet de l'alcool, qu'il ait pris tout au moins conscience de la gravité de la chose ou que cela change quelque chose en lui (soupir) Je ne me fais plus d'illusion.


En ce moment, je suis tiraillé entre partir m'installer ailleurs ou rester pour ma mère. Je sais que derrière sa colère, ses invectives se cache du désarroi et une bonne dose de désespoir. Peut-être que ça l'apaise de se défouler sur moi qui sait ? Je suis habitué à être le bouc émissaire de cette famille, même si ça devient pesant. La seule chose qui me fait tenir encore, une personne je dirai, c'est mi amor. Sans elle, j'aurai déjà sombré dans du n'importe quoi et pour supporter, elle supporte. C'est pour cela que je ne rechigne pas à lui faire plaisir quand je peux. J'aime d'autant plus qu'on se serre les coudes parce qu'elle n'est pas non plus sortie de l'auberge. J'étais sur le point de me lever quand la sonnerie que je lui ai attribuée a retenti dans la chambre. Quand je vous dis qu'elle prend l'avion les nuits, vous ne me croyez pas non ? En voilà une preuve.


Moi décrochant : je te manque ?


Debbie : même pas ! Tu es où ?


Moi fronçant les sourcils : qu'est-ce qu'il y a ?


Debbie : Mel, tu es où ?


Moi : à la maison, dans ma chambre.


Debbie : raccroche, je t'appelle sur Facetime.


Sitôt dis qu'elle raccroche et rappelle.


Moi : qu'est-ce qui se passe ?


Debbie (faisant un coucou de la main en souriant) : s'lut !


Moi largué : tu m'expliques ce qui se passe ?


Debbie : rhoo, c'est bon. Je voulais vérifier si tu n'es pas parti au secours d'Angèle. Il paraît qu'elle est venue crier sur dada là-bas.


Moi : ah bon ? Je n'ai rien entendu.


Debbie : tu es dans ton isoloir, c'est normal.


Moi : lol tu m'as appelé juste à cause de ta cousine ?


Debbie hochant la tête en riant : on ne sait jamais avec toi.


Moi bousculant la tête amusée : je ne ferai rien sans ton accord.


Debbie sourire béat : merci pour la considération. Tu as dormi ? Tu as mangé ?


Moi : ni l'un ni l'autre. Je venais de m'assoupir quand Paterson m'a appelé  et depuis lors, j'attends que Madame Elli bouge de la cuisine.


Debbie pinçant sa lèvre : cette histoire que tu as peur de ta mère devient louche (se lâchant) krkrkrkr.


Je fronce les sourcils faussement vexé.


Debbie : je te fais livrer un truc vite fait fiston.


Moi la petite voix en souriant : merci maman, je veux du chocapic.


Debbie : il n'y a pas du chocapic mon bébé. Papa a oublié de faire les courses hier. Par contre, il y a du Nesquik.


Moi faisant mine de réfléchir : alors je veux des bonbons.


Debbie : les bonbons, c'est pour le goûter.


Moi : s'il te plaît maman.


Debbie : il n'y a pas de s'il te plaît, qui tienne Armelito, tu prends du Nesquik et qu'on en parle plus !


Moi reprenant ma voix : mdr là, c'est abusé. Armelito carrément.


On éclate de rire ensemble et c'est sur ce ton qu'on se raccroche. Je traîne des pieds pour aller me brosser les dents, me débarbouiller avant de me remettre à rire des histoires de Romeo et Magnime. J'attends depuis hier que les deux me disent ce qu'il retourne de cette histoire, mais je crois que je vais attendre longtemps. Ils ne répondent que vaguement aux messages. Jusque là je ne sais par quel enchantement le vieux Amah laisse sa fille dormir chez un homme. C'est l'histoire insolite de la semaine (rire). Ah non, le mystère dort chez Alex qui donne à peine de ses nouvelles. J'ai reçu un "Bonjour, je vais bien. Nickel " dans la journée d'hier et depuis plus rien.

Je vais à la recherche d'informations sur les préparatifs des festivités de Djifa. Elle me dresse le programme et m'assure que tout est fin prêt en dehors de quelques petits détails. C'est prévu qu'on se voit ce soir pour une sorte de répétition. Je lui confirme notre présence avant de passer à un autre sujet. Je me lève et me dirige vers la porte lorsque j'entends quelqu'un toquer. Je regarde d'abord par le judas. C'est Marianne. Je dois vous dire qu'entre temps, j'ai effectué des travaux d'insonorisation ici et j'ai changé ma porte. 


Marianne dans ses états : mais ouvre. Armel, je sais que tu es là.


Moi ouvrant : grand frère Armel (fronçant les sourcils) pigé ?


Marianne poussant la porte : laisse ça d'abord, depuis que je t'appelle.


Moi : à moins que tu sois près de la porte, je n'entends rien quand je suis ici.


Elle lève un sourcil, mais reprend rapidement son air affolé.


Marianne : j'ai vu ton amie toute à l'heure à la télé. 


Moi me recouchant : quel ami ?


Marianne : elle était au baptême de Syntiche, elle a dit qu'elle s'appelait encore comment déjà ? (les sourcils haussés) Si... A... Bon, je sais qu'il y a Delali dans ses prénoms.


Moi arquant le sourcil : parce que c'est une fille ? 


Elle hoche la tête pendant que je cherche dans ma tête de qui il peut s'agir. Pendant ce temps, elle s'assit sur le fauteuil en rotin à côté.


Moi : bof je ne connais pas de Delali, mais qu'est-ce qu'elle fait à la télé pour que tu sois dans tes états ?


Marianne : bah, elle passe au journal depuis hier avec certaines compatriotes et d'autres filles venant des quatre coins du continent. Il parait qu'elles sont réduites en esclave au Koweït. C'est ton amie qui parle pendant les interviews. Elle appelle l'aide des autorités togolaises.


Moi : je n'ai aucune idée de qui tu me parles.


Marianne insistant : mais elle a dit qu'elle est ton amie, je t'ai vu lui parler pendant la réception.


Moi : Anna, c'était une fête. Tout le monde se parle pendant les fêtes. Mais bon, même si je connaissais cette fille en quoi puis-je l'aider ? Elle est au Koweït, tu as dit !


Marianne : bah, tu peux peut-être lui envoyer de l'argent pour qu'elle rentre.


Moi pouffant de rire : non mais tu me prends pour Dangoté ou son fils peut-être ?


Marianne : tu peux demander de l'aide à papa, comme c'est ton amie.


Moi soupirant : Marianne, c'est bon quoi, arrête. Je ne connais pas de Delali.


Marianne : comment tu peux être sûr que tu ne l'as ne connais pas si tu ne l'as pas vu ?


Moi : ok, tu as dit qu'elle passe sur quelle chaîne déjà ?



Marianne : n'importe quelle chaîne d'information (grimaçant) bon pas la TVT.


Moi : pourquoi tu fais cette tête ?


Marianne : en tout cas ! Je voulais aussi te dire qu'on a pris nos résultats ce matin (avec enthousiasme) les cours de vacances sont terminés.


Moi amusé : je vois ça, ça donne quoi ?


Marianne : j'ai tout déchiré en physique.


Moi : tu commences comme ça parce qu'il y a des lacunes quelque part.


Marianne sourire contrit : j'ai eu 7 en philosophie.


Moi faisant la moue : de toute façon, on n'a pas besoin de ça.


Marianne riant : je m'attendais trop à cette réponse de ta part, mais papa va me faire un caca nerveux. (pause en prenant un air triste) Euh, tu as de ses nouvelles ? Je lui ai envoyé le relevé, il m'a laissé en vu.


Moi : il est sûrement occupé.


Marianne les yeux remplis de larmes : depuis hier ? Et les autres messages que j'envoie depuis le début du mois ? 


Moi la ramenant contre moi : hey ne pleure pas.


Trop tard.


Marianne : tu crois que papa et maman, ils nous aiment plus ? Tu crois qu'ils vont divorcer ?


Moi : mais non qu'est-ce que tu racontes ? Papa et maman traversent seulement une crise, tout va s'arranger.


Marianne : je veux que maman arrête de te hurler dessus tout le temps.


Moi bisou sur la tête : ça va lui passer (l'incitant à me regarder) tu sais qu'ils t'aiment plus que tout, que papa t'aime encore plus fort et que moi, je t'aime de tout mon poumon  non? 


Marianne la petite voix : je sais, mais c'est Mila la princesse de papa désormais. Il ne s'intéresse plus à moi. Quand il daigne répondre à mes messages, c'est d'après elle qu'il demande.


Moi arquant les sourcils : tu es jalouse de ta sœur ?


Marianne tirant la tronche : il y en a plus que pour elle.


Moi éclatant de rire : tu n'es pas sérieuse.


J'essaie de lui remonter le moral comme je peux jusqu'à ce qu'elle me laisse en émoi. Un instant plus tard, je reçois l'appel d'un livreur et sors récupérer la commande sans plus me préoccuper de ma mère. J'ai trop faim et je ne vais pas la fuir indéfiniment. Du moment qu'elle ne mord pas. 


Maman : je dis hein, Armel tu sors d'où ? (répondant elle même) Pourquoi je me fatigue même à demander, de votre maison de plaisance n'est-ce pas ? C'est laquelle cette fois ? Josie ? Marlène ? Aïcha ? C'est laquelle ?


Je retire ce que j'ai dit. 


Moi la dépassant : bonjour maman.


Maman : reviens ici, je te parle !


Je me stoppe et me tourne vers elle. Le bébé qu'elle porte dans son dos tend ses bras dans ma direction. Elle réajuste le pagne autour de sa poitrine lorsque ses yeux tombent sur le sac du  


Maman plissant les yeux : c'est quoi que je vois là ? De la nourriture ? Et celle que je suis en train de préparer qui le mange ? Depuis six heures que je suis devant les fourneaux pour faire le petit-déjeuner, tu crois que c'est destiné aux moutons du quartier ? Je me tue tous les jours ici à préparer inutilement. (hum) À chaque fois, je suis amenée à jeter la nourriture parce que personne ne mange. Est-ce de votre faute ? Est-ce que vous m'avez demandé quoi que ce soit ? (avec véhémence) Non ! Ce n'est pas non plus de votre faute si votre père m'a déposé ici telle une ménagère pour courir toutes les putes du monde ! Mais c'est aujourd'hui que ça se termine Armel. Tu ne touches plus ma nourriture. (avec de grands gestes de la main) N'est-ce pas que tu te suffis, tu fais ce que tu veux dans cette maison qui est devenu ta basse cours. (secouant le bébé dans son dos, la main soutenant ses fesses) Tu vas, tu viens, quand tu veux comme tu veux. Voilà qu'on ne sait même pas si tu as validé ton année, tu es incapable de te chercher un stage ou mieux, un job de vacances comme le fait le commun des étudiants. Tu passes tes journées glander à longueur de journée à courir après les femmes. Comme tu as décidé de perpétuer sur  le même chemin que ton père, de ne rien foutre de ta vie à part vagabonder et sauter de fille en fille. Infidèle de père en fils.


Moi soupire agacé : on y est.


Maman : on y est, on y est de quoi ? J'invente des histoires peut-être ! Dis-moi, tu as dormi où ces deux derniers jours ? Et avec qui si ce n'est tes putes !? Tu t'es entêté à y aller malgré mes avertissements d'hier. Qu'est-ce que ça pouvait même te faire si la vie de patachon est bien calée dans ton sang ? Si tu es né séducteur forcené. Si comme ton père, tu es un éternel insatisfait, que tu l'encourages d'ailleurs dans ses bêtises. Tu vas jusqu'à te ranger de son côté, tu le couvres même !


Moi tiquant : alors c'est ça le problème ? Tu me méprises tout ce temps parce que tu penses que je suis de son côté ? 


Maman : je ne pense pas, j'affirme. Tu es au courant de quelque chose que tu ne veux pas me dire, tu...


Moi m'insurgeant : qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Hein maman ? Même si j'étais au courant de quelque chose, suis-je censé t'en parler ? Est-ce à moi de le faire ? Pourquoi, pourquoi tiens-tu tant à vouloir m'ingérer dans vos problèmes ? Qu'est-ce que j'ai à avoir là-dedans ? Je ne t'ai rien fait maman ! Tout ce que je fais, c'est de me mêler de mes affaires, vivre ma vie, construire mon avenir. Alors je te demanderai s'il te plaît d'aller confronter papa et me laisser tranquille parce que si ça continue, je me verrai dans l'obligation de m'en aller de cette maison. (haussant le ton) Parce que franchement maman j'en ai marre, marre de ton irritabilité. Ras le bol de ton intransigeance, de tes frustrations, tes brimades et rejets ! J'en ai franchement ma claque que tu me prennes pour ton défouloir, ton souffre-douleur.


Maman en colère : tu hausses le ton avec qui ? Tu parles comme ça à qui ? Ce n'est pas à toi de me dire ce que je dois faire, je...


Moi hors de moi : tu penses peut-être que c'est la meilleure démarche-là ? Tu passes ton temps à rejeter la faute sur moi parce que tu refuses de voir la vérité en face. Tu préfères me prendre pour le coupable alternatif pour ne pas avoir à confronter la réalité. Tu me tiens responsable des problèmes et des dysfonctionnements de ton couple. Jusqu'à quand ? Tu vas faire ça jusqu'à quand ? Et qu'est-ce que ça change ? Il est où ton mari ? Dis-moi que depuis que tu m'insultes, que tu me traites comme de la merde, il est à tes côtés et que vous filez une parfaite vie de couple ! Dis moi que tu te réveilles heureuse comme tout, que tu es en paix avec toi-même. Maman, je répète je ne t'ai rien fait. Je n'ai rien à voir avec vos histoires alors s'il faut sanctionner quelqu'un ce n'est pas moi. Maintenant si tu permets, je vais manger, merci !


Je n'attends pas sa réponse, je me défile devant elle et vais m'enfermer dans ma chambre. Elle m'a suivi jusqu'au seuil où elle est restée crier.


Maman : tu ne t'en tireras pas comme ça, si tu penses pouvoir me distraire avec ton jeu de mots jeune homme, tu te fourres le doigt dans l'œil. Tu penses connaître la vie que moi, tu penses avoir la science infuse sur les relations de couple pour me dire ce que je dois faire ou pas, qui je dois blâmer ou non ? Tu veux que j'aille confronter ton père à quel sujet ? Que je sais quoi ? C'est toi qui sais qu'il a fait quelque chose qui mérite une sanction, c'est toi qui sais que je dois ouvrir les yeux sur une quelconque vérité et c'est encore toi qui sait qui est coupable de quoi. Je ne sais rien Armel et tant que tu ne me dis pas ce qu'il en retourne, ne pense même pas que tu t'en iras d'ici NON ! Tu n'iras nulle part tant que je n'aurai pas tiré cette histoire au clair. Tu en as marre de mes invectives, lol comme tu dis. Tu n'as encore rien vu et tu veux partir. Partir de mes entrailles. Ton père je l'attends ici de pieds fermes, qu'il court toujours, il finira par retrouver son chemin.


J'entends tout ça d'une oreille distraite pendant que je me défoule sur mon repas. Parler autant à achever de me creuser le ventre. Elle parle un moment encore avant de partir en cédant sa place à Marianne. 


Moi : je veux être seul.


Marianne : c'est Brady qui veut te parler.


Moi : qu'il m'appelle sur mon téléphone.


Ce qu'il fait.


Bradley d'entrée : Armel, il se passe quoi encore là-bas ? C'est quoi le problème avec maman ?


Moi : tu peux lui demander parce que moi, je n'ai aucun problème avec elle.


Bradley : ça fait la troisième fois cette semaine que Marianne m'appelle en pleures que vous vous  disputez tous les deux, qu'est-ce tu as encore fait ?


Moi : il se passe exactement la même chose que tu fais présentement. Tu m'accuses directement sans connaître les dessous de l'affaire. Pour toi, s'il y a un coupable, ça ne peut qu'être moi. Est-ce que pour une fois, je peux avoir la présomption d'innocence ? Est-ce qu'il arrivera un jour où je cesserai d'être le vilain petit canard de cette famille, le fauteur de trouble ?


Bradley : je ne comprends absolument rien de ce que tu racontes.


Moi : je me comprends, pose ta question à maman.


Bradley : ok.


Je ne m'attarde pas longtemps sur son appel, encore moins sur le clash avec maman. Maintenant que je connais la raison qui se cache derrière ses agissements, je prendrai mes dispositions pour ne plus me laisser atteindre. Même si j'avoue que je suis choqué, ahuri, sidéré et vexé de savoir qu'en dépit de tout ce que je fais pour ma mère, tout le soutien que je lui ai apporté ces dernières années, que je continue de lui apporter, elle pense que je cautionne les frasques de son mari, que je me range de son côté. Là, c'est bon. Le message est passé. Quel que soit ce que je ferai pour cette famille, je passerai toujours pour le mouton noir. Alors mieux vaut couper les ponts.


Après mangé, je m'assoupis pour me réveiller à 13 h. Je vais prendre une douche et viens m'apprêter pour le boulot. Du moins pour un corridor vers la frontière ghanéenne avec mes chefs. Après la capitainerie, je suis au service marketing pour le trimestre. J'ai demandé à faire la rotation ainsi pour maîtriser tout le port. J'ai jeté mes ordures dans la poubelle avant de sortir mon nouveau bijou. C'est la BMW série 1, cadeau d'un homme d'affaires béninois réputé. Je l'ai aidé à sortir d'un détournement de marchandise pour ainsi dire, vu que je n'ai rien fait d'extraordinaire en dehors d'avoir découvert l'arnaque et de lui avoir suggérer de confier l'affaire au Cabinet Elli. Aux abords j'ai pensé laisser ma RR a Debbie, mais au dernier moment je suis tombé sur la Licra en plein déchargement. Je l'ai acheté sans réfléchir. Il faut dire que je tire beaucoup d'avantages de ce boulot. Outre le fait que j'acquiers des compétences, que je travaille à des heures flexibles, je trouve des affaires connexes qui me permettent de me faire des primes. Je pense par ailleurs à lancer mon business. Pour le moment, je suis à l'étape de réflexion et d'étude de marché. Tu peux avoir les bonnes idées, le capital qu'il faut, la motivation. Toutefois quand l'étude de marché est mal faite, tu peux  foncer droit dans le mur. En parlant de ça, je dois rencontrer un jeune entrepreneur sous peu pour prendre des conseils. Je laisse ma voiture sur le parking centrale du port pour rejoindre les bus. Trente minutes plus tard, nous avons pris le départ. À 17 h, nous étions de retour. J'ai glandé un peu dans la ville avant de me pointer devant le magazine Diane pour attendre Debbie. Quand elle arrive, on fonce chez Djifa où on reste une heure, avant de rentrer directement chez elle.



Debbie....


Armel (la tête penchée sur le côté) : pourquoi ?


Moi : pour le moment, non, tu ne peux pas y aller.


Je sors de la douche pour la chambre, serviette à la taille. Il me suit.


Armel : et pourquoi ?


Moi : je préfère que tu n'assistes pas à ce qu'il va se passer là-bas. (faisant défiler des cintres) C'est une cérémonie quoi et comme je sais, on sait que tu ne voudras pas me lâcher d'une semelle une fois sur place (il sourit) vaut mieux pas que tu viennes. En plus, ce sont des pratiques propres à ma famille, tu n'es pas tenu d'y assister.


J'enlève une minie robe du cintre, il suit mon geste pendant que je la pose sur le lit.


Armel : ils vont utiliser les fétiches ? (regardant la robe) Nop !


Moi levant les yeux au ciel : non mais...


Armel me coupant : si ce n'est pas des fétiches alors en quoi ça te gêne que j'assiste à la cérémonie ? Encore que c'est moi qui t'ai encouragé à y faire recours ? Qui te dit que je ne veux pas me faire immuniser moi aussi ?


Moi recommençant à fouiller : tu veux squatter ma cérémonie ? (secouant la tête) Mel on est pas des Siamois. Dirige-toi vers ta famille à toi koï.


Armel se passant la main sur le visage : ce que tu iras faire là-bas ne m'intéresse pas en tant que tel, mais pour que ça puisse se faire, il faille que tu arrives d'abord à destination saine et sauve.


Moi : et ça sera le cas s'il plaît à Dieu !


Armel : tu ne sais pas ce que tu dis, tes plans, ils le savent bien avant toi. Tu ne penses tout de même pas qu'ils vont dormir sur leurs lauriers si ?


Moi : en quoi ta présence changera leur plan. Si plan, il y en a ?


Armel : tu ne me crois pas lorsque je te dis qu'ils ont peur de moi. 


Moi : lol.


Je prends une robe en stretch que je mets à ma taille pour qu'il regarde bien la longueur. Ça dépasse légèrement les genoux.


Moi : tu n'as rien à redire sur celle-ci.


Armel caressant son menton : ça peut aller, mais...


Moi froissant le visage : il n'y a pas de mais qui tienne !


Armel riant : vas-y.


Je pose donc la robe et laisse tomber la serviette pour me frotter le corps avec un mélange d'huile de coco, d'amande douce et de beurre de karité au bain-marie fait par moi même. De la case maquillage jusqu'à ce que je finisse de me préparer, il suivait tous mes faits et gestes avec un intérêt libidinal et moi de faire comme si de rien était. C'est Noémie qui vient mettre fin à l'ambiance électrique.


Noémie : j'interromps quelque chose ?


Armel me dévisageant toujours : dis à ta sœur qu'elle est belle.


Noémie lui souriant : belle n'est pas le mot convenable.


Armel : tu as parfaitement raison, mais je suis à court d'idée mon cerveau a buggué.


Noémie s'esclaffe, je souris juste.


Moi à Noémie : tu n'es pas encore prête toi ?


Armel : elle vient avec vous ? (oui de la tête) Je pensais que c'était une soirée entre collègues ?


Moi : c'est Paterson qui l'invite.


Armel : dans ce cas, je viens avec vous (me fixant) non, ce n'est pas une demande. Oui, je vais faire chap.


Moi : je n'ai rien dit !


Noémie dès qu'il s'en va : pourquoi tu fais cette tête ?


Moi : je voulais être libre de mes mouvements ce soir, les sorties avec lui finissent toujours en spectacle. 


Noémie amusée : il protège son terrain non ?


Moi faisant la moue : il y a quoi à protéger là là ? 


Noémie : est-ce qu'il t'arrive de te regarder dans la glace ? Surtout, depuis que tu as commencé à travailler dans ce magazine ?


Moi : je le fais chaque matin et je ne vois rien d'extraordinaire.


Noémie : regarde bien alors (s'affaissant sur le lit) je voulais qu'on parle.


Moi arquant le sourcil : quoi, maintenant ? Ça va attendre, Paterson ne tardera pas à arriver.


Noémie se grattant la tête : je suis prête, je me maquille juste un peu. Par contre, je n'ai rien à me mettre et les accessoires n'en parlons pas.


Moi : toi Noémie, tu n'as rien à te mettre ?


Noémie la petite voix : si tu peux me prêter ta robe aux épaules dénudées.


Moi : j'ai beaucoup de robes de ce genre.


Noémie : je parle de la petite robe noire avec une petite fente en bas.


Moi : col bateau genre ? (oui de la tête) Nop, c'est un cadeau de mon chéri.


Noémie : la combinaison alors.


Moi : tu es même sérieuse que tu viens m'emprunter des tenues alors que tu en as plus que moi ?


Noémie faisant la moue : des yougous yougous, je veux être classe. On sort quand même avec Armel et Paterson. Deux mecs hyper stylés


Moi : un point pour toi !


Noémie : euh, tu penses qu'il veut me draguer ? Je ne suis pas un peu jeune pour lui là ?


Je la regarde et éclate de rire.


Noémie l'air perdu : mais tu ris pourquoi ? Il m'invite comme ça sans arrières-pensées ?


Moi : pourquoi tu penses qu'il en aurait ?


Noémie réfléchissant : c'est un homme, un homme n'invite pas une femme sans arrières-pensées.


Moi : bah il y a ceux qui le font par gentillesse ou par simple considération. Ou lorsqu'il t'apprécie et c'est le cas de Paterson. 


Noémie : hum, mais comment tu l'as su ?


Moi plissant le front : savoir quoi ?


Noémie : pour Wan, heu Henri.


Moi : j'ai dit les discussions plus tard, prend la petite robe manche longue avec des perles et tu vas te préparer. Dépêche toi s'il te plaît.


Noémie me suppliant : on a une trentaine de minutes devant nous (se levant) le temps que je finisse de m'habiller de me maquiller, tu peux m'en dire plus sur cette affaire (allant chercher la tenue) je veux simplement savoir comment tu l'as su et si éventuellement d'autres personnes n'étaient pas aussi au courant.


Moi souffle : ok, ton téléphone. Je suis tombée sur ses messages pendant ton séjour à l'hôpital et c'est pour ça que je te l'ai retiré.


Noémie : ok Armel et tous les autres ont vu heu euh.


Moi : tu veux savoir s'ils ont vu tes jolies fesses ?


Noémie : rhooo Debbie.


Moi riant : mais elles sont jolies non krkrkr. (sérieuse) Nop, peut-être Bilal parce que c'est lui qui a effacé les donnés même si  Armel m'a assuré que non. Sinon elles ont été effacées pratiquement le lendemain de ma découverte. Bradley nous avait dit qu'on pouvait effacer les données sans autorisation préalable parce que tu as ce qu'on appelle « le droit à l'effacement ». Que ça découle du droit à l'image qui prévoit que l'image et les informations personnelle d'une personne doivent être protégées, car il s'agit du droit fondamental à la vie privée des personnes. Bon, j'ai oublié l'article. Mais dès que je l'ai su, nous sommes partis voir tonton Simon pour porter plainte. Il nous a dirigé vers le consulat guinéen. Là-bas, on nous a dit qu'on ne peut pas porter plainte tant que les images et vidéos n'ont pas été diffusé. De retour chez tonton Simon, il m'a demandé de jouer le jeu en lui envoyant les sous qu'il demande par virement histoire qu'on repère ses coordonnées pour faire une déposition sur la base des menaces. Sauf qu'il nous a donné une adresse qui n'existait pas. C'est en piratant ses comptes pour effacer les données que Bilal a trouvé une photo de lui que Paterson a balancé à son groupe Facebook. Les Guinéens du groupe se sont mobilisés pour le retrouver. Tonton Simon a fait le nécessaire pour que la plainte soit prise en compte au consulat. Bradley a confié le dossier à son ami de la fac sur place. Son sort a été scellé, après deux semaines, il a été arrêté pour cyber harcèlement. Bon ça, c'est la version courte de l'histoire. 


Noémie les larmes aux yeux : je ne te remercierai jamais assez pour ça. J'ai été stupide.


Moi : tant mieux si tu le sais.


Noémie : il m'a fait faire des choses horribles (les lèvres tremblantes) je je.. 


Moi : tu n'es pas obligée d'en parler.


Noémie éclatant en sanglots : je me suis dépucelée avec une bouteille.


Moi me couvrant la bouche : doux seigneur ! (enragée) Franchement, je te croyais plus futée, Noémie. Comment tu tombes dans ce genre de guet-apens ? Comment tu peux envoyer tes photos nues à quelqu'un que tu ne connais pas ? Même si tu le connaissais ? Et pourquoi ? Pourquoi tu t'es tu jusqu'à ce que les choses prennent cette ampleur ? 


Noémie : j'avais peur de t'en parler, j'avais honte, surtout que dès le début, je t'ai menti.


Je soupire et la prends dans mes bras.


Moi : c'est bon, arrête de ressasser tout ça. Le plus important, c'est que ce cauchemar soit bien loin derrière nous.


Noémie : je suis désolée.


Moi : tu n'as pas à l'être, tu as assez souffert comme ça (prenant son visage entre mes mains) tu vas juste me promettre de faire gaffe dorénavant et de me dire si tu as un problème. 


Noémie : promis, juré.


Moi : je veux aussi connaître tes fréquentations. Je ne m'attends pas à ce que tu me donnes des détails sur ta vie intime. Je veux juste t'aider à ne pas tomber dans la dérive. En parlant de ça qu'est-il arrivé de Thomas ?


Noémie : je l'ai largué.


Moi : tu commences fort ma petite.


Elle sourit discrètement.


Moi : tu ne vas pas rester à terre, il faut se relever.


Elle hoche la tête.


Moi : top, magne-toi.


Elle s'y met. Je retire mon portable de la charge pour appeler Paterson afin de voir sa position quand je tombe sur son message dans lequel il me prévient qu'il est déjà là. J'appelle quand même.


Paterson : je suis avec le choco.


Moi : donnez-nous quelques minutes.


Paterson : les femmes !


Moi : tout ça pour vous.


Il raccroche en riant, Noémie s'active comme elle peut et dame Sophie vient ajouter sa touche. J'apprends qu'elles ont fait un soin complet de corps, ses ongles dans la journée. Ces petites ne blaguent même pas un peu. Après un au revoir à tout le monde, on se retrouve devant les sieurs. La démarche de la petite krkrkr. Paterson siffle et Armel nous dévisage gaiement en caressant sa barbe.


Paterson : je sens que nous allons être les hommes les plus enviés ce soir.


Noémie baisse la tête gênée. Il s'approche, lui tire la révérence avant lui faire un baisemain.


Moi tapant sa main : elle n'a que 18 ans bats les pattes.


Armel : elle est trop mûre même.


Paterson : même quand ce n'est pas mur, on met le sel pour déguster.


Il s'entrechoquent les mains en l'air en riant et je leur lance un regard de travers. Mais en regardant Armel de plus près, je bloque et le scrute de haut en bas avec sourire.


Moi : oula tout ça pour qui ?


Il a un sourire en coin, Paterson s'éclaircit bruyamment la voix.


Moi me tournant vers lui : tu déchires tout, mais mon bé est le plus beau.


Armel : sur ce point, je m'incline.


Paterson : non, c'est moi.


Moi : bref, on va où ?


Paterson : à vous l'honneur mesdemoiselles.


Noémie : je propose que nous allons à Nononini.


Je hausse les sourcils.


Moi : c'est où comme ça ?


Noémie : bah le nouveau restaurant d'Almok.


Nous avons voté oui à l'unanime. Du coup, nous avons pris la direction d'Adewui. Noémie est montée avec Paterson. Étant donné que c'est elle qui connaît l'emplacement du restau, Armel les suit de près. Figurez-vous que je n'ai toujours pas récupéré. Après le boulot, nous avons fait un tour chez Djifa.


Armel : à quoi tu penses ?


Moi : à ma voiture.


Armel : on ira la récupérer demain après la fête.


Moi : ok.


Armel me coulant un regard : concernant le voyage.


Moi : rhoo Mel lâche l'affaire, c'est bon quoi.


Armel : écoute moi au moins, je te laisse juste là-bas et je reviens.


Moi le fixant : comment ça ?


Armel : je t'emmène et tu rentres en bus. Je me suis renseigné, on m'a dit que ça fait 12 h de route donc je peux faire un aller-retour ou revenir le lendemain. 


Moi : tu tiens vraiment à y aller apparemment.


Armel : je serai plus tranquille comme ça.


Moi : ok, on le fait comme ça. 


Je cale mon dos contre la portière et me tourne complètement pour le regarder.


Armel me jetant un coup d'œil : quoi ?


Moi : t'es beau (il sourit) mais si tu pouvais éviter de cogner sur quelqu'un ce soir ça me fera plaisir.


Armel : si le quelqu'un pouvait éviter de poser ses yeux sur toi, ça m'éviterait de le cogner, tu vois.


Moi ton réprobateur : Armel ?


Armel : d'accord d'accord, je serai sage.


Un bon moment, plus tard, Paterson se gare devant le restaurant et Armel juste derrière lui. En bon gentleman, il ouvre la portière à Noémie et en bonne lady (rire) je vais ouvrir celle d'Armel. C'est main dans la main que nous nous présentons devant le restaurant, un portier se presse d'ouvrir la porte. Nous choisissons une table au fond et prenons place. Au même moment, un serveur se présente devant nous.


Lui : bonsoir messieurs et dames.


Nous : bonsoir.


Il nous donne la carte et s'éclipse. C'est à ce moment-là que nous nous rendons compte que nous avons que le choix entre du Kôm et l'Ayimolou.


Moi riant : on voit bien que toi, tu es une débutante. Tu nous envoies quelque part où on ne peut pas bien saigner les gars. Les plats coûtent 1500 !


Paterson la fixant : c'est le genre de femmes qu'il faut mettre dans son foyer, elle fera faire des économies à son mari. 


Armel (à moi): on peut partir ailleurs si vous voulez.


Moi : ça ira pour moi, pas mal de manger des plats très appréciés par les Togolais fait par une artiste.


Il regarde les autres qui hochent la tête en guise d'approbation. Noémie et Armel sont allés sur du Kôm, Paterson sur le riz. J'ai pris les deux ! Laissez seulement, l'appétit est au rendez-vous. Côté boisson, nous avions le choix sur des cocktails et puisque c'est mon domaine, ils m'ont laissé choisir pour eux. Nous n'avons pas attendu longtemps pour les recevoir ainsi que nos plats. J'ai vidé mes plats (rire) c'était trop bon. Paterson a fini par rejoindre les autres dans leur choix. Le type qui aime les chichis, venez voir comment il s'est musclé sur les boules de kôm et tenez vous bien avec la main ! On quitte le restaurant aux environs de vingt-deux heures pour un bar. J'ai attendu qu'on arrive sur place pour poser la question qui me trottait l'esprit depuis tout ce temps.


Moi : Paterson dis-moi, au restau, tu sous-entendais qu'une femme qui a le goût du luxe ne sait pas faire des économies, c'est ça ?


Paterson : c'est exact, une femme qui aime les choses chères et luxueuses ; elle ne fréquente seulement que les endroits branchés, les restaurants de luxe et les destinations de vacances qui coûtent un bras, ne fera que te ruiner.


Moi : meuh on peut vivre une vie de luxe sans se ruiner. En plus, il y a toujours un moyen de se procurer des produits haut de gamme sans vider son compte en banque. D'ailleurs pourquoi se gêner s'il y a les moyens comme il faut ?


Armel : je pense que tout est dans la démesure parce que tout le monde aime le luxe. Personnellement, je ne cache pas que j'aime les hôtels de charme, les maisons décorées avec goût, les jardins luxuriants. J'ai un faible pour les belles voitures. J'aime les beaux vêtements, les belles chaussures. J'aime manger dans un bon restaurant avec de vrais nappes sur la table, voyager découvrir des lieux. Je ne crois pas que cela fait de moi quelqu'un de vénale. Non ! Je suis de très très près mes sous. De temps en temps, si j'ai les moyens de m'offrir tout ça, pourquoi pas ? Il ne faut pas être radin sur soi quand même, ou bien être fainéant et aimer le luxe. Je pense que c'est là que se situe le débat. La femme qui ne t'apporte rien dans le foyer, mais dépense ton argent dans le vide. Jamais elle t'encouragera à épargner, à investir ou à réaliser. Toute sa vie se résume aux strass et paillettes.


Moi riant doucement : pourtant, dès le bas âge, on nous formate l'esprit que c'est l'homme qui s'occupe de la femme dans le foyer. Ce n'est plus vous les chefs ? Ou être chef, c'est seulement réclamer le respect, la soumission ?


Paterson à Armel : choco je crois que c'est à toi que la question s'adresse.


Moi amusée : tu peux aussi répondre, c'est toi qui as envoyé le débat.


Il lève les mains en l'air, on éclate de rire Armel et moi sous le regard d'incompréhension de Noémie.


Armel : bon oui l'homme reste le chef de famille et sa responsabilité première est de s'assurer du bien-être de sa famille. Seulement que les choses ont changé, les mentalités ont évolué et vous êtes montées au créneau pour nous parler d'égalité. 


Moi : ça y est, ça vous pique toujours cette affaire là. Rire*.


Armel : lol même pas, nous ça nous arrange en ce sens où les responsabilités seront partagées ! 


Moi avec un rire de gorge : ah, vous l'acceptez seulement quand ça vous arrange ?


Armel rire : si tu veux oui.


Paterson : le choco a raison. Mon grand-père a l'habitude de dire qu'avant le mariage était pour toutes les femmes qui acceptaient de laisser derrière elles leurs rêves et leurs ambitions pour s'occuper de leur foyer. Est-ce que la femme émancipée peut accepter de le faire ? Je ne crois pas. Autre chose, en leur temps la vie était disons plus facile. Aujourd'hui, on ne peut plus compter sur une seule personne dont l'homme dans le couple. Encore s'il doit travailler pour deux pendant que madame dépense dans le famous, ils ne feront certainement pas d'économies. Faire des économies suppose revoir ses dépenses à la baisse, se limiter à l'utile, au nécessaire. Ce sera tout simplement impossible pour elle.


Moi : donc tu défends toujours ta position.


Paterson : wep (s'adressant à Noémie) tu n'as rien à dire ? J'ai besoin de soutien.


Noémie souriant timidement : euh oui, mais ce serait pour abonder dans le sens d'Armel.


Paterson : je suis déçu.


Nous : lol


Noémie : bon, j'irai dans les deux sens. 


Paterson la fixant en hochant la tête : je suis tout ouï.


Noémie : en fait, il faut savoir faire la différence entre une femme matérialiste et une femme qui a le goût du luxe. La première veut toujours des vêtements chics, des sacs à main de grande marques, des bijoux en quantité, smartphone dernier cri, dépenser des sommes exorbitantes pour satisfaire ses caprices les plus fous tout ceci dans la poche de l'homme uniquement et parfois au-delà de leur niveau de vie. C'est d'ailleurs sa condition pour rester avec lui. Elle se fiche pas mal de savoir comment il obtient cet argent ou comment on l'obtient tout court encore moins d'apporter une plus-value. Contrairement à elles, certaines veulent simplement profiter de la vie. Elles vivent une vie qui reflètent leurs valeurs, leurs ambitions, leurs standards. Elles peuvent acheter tout ce qui est chic, beau et cher, être à l'affût des nouveautés, ça ne les empêchera pas de réaliser, et même d'aider leurs conjoints à le faire. En outre, je suis d'accord pour dire que la femme en général aime faire dans la futilité. (regardant Paterson) Cependant et en même temps pour te répondre, aimer le luxe ne fait pas nécessairement d'une femme une mauvaise femme. Vouloir une grosse voiture et une belle maison, manger dans des restaurants de luxe, n'empêche pas de vivre simplement et d'économiser. Le problème se pose lorsqu'on ne sait pas s'imposer des limites, qu'on collectionne des futilités alors que cet argent peut servir ailleurs. Après tout dépends de comment, vous gérez vos finances dans le couple.


Paterson : et pour ce qui est de la femme qui pousse son homme à épargner ?


Noémie : j'en viens.


Moi : yass les grands esprits se sont rencontrés.


Tout le monde rigole.


Noémie reprenant : ça nous renvoie dans un autre débat sur la bonne épouse. Pas forcément celle qui est soumise, qui veille sur sa famille aux côtés de son mari, qui travaille forcément. Je parle de la femme qui pousse son homme à se surpasser, qui sait optimiser leurs ressources, en gros même si elle n'apporte rien financièrement au moins qu'elle apporte des idées.


Paterson à moi : elle n'a pas du tout 18 ans.


Moi amusée : mais si ! Elle est née trois ans après moi.


Il la regarde un moment d'un air  impressionné, mais qui a l'air d'intimider Noémie.


Paterson : bon boff, ça se sont les débats quand on est près de ses sous. Quand ça coule comme de l'eau de roche, tu bouffes sans calculer.


Noémie/Moi : vraiment !


Moi ajoutant : aussi, le débat se pose quand on est le genre à attendre que l'homme fasse tout pour soi. Comme tu lui as dit aujourd'hui les choses ont changé. Les femmes, enfin la plupart aspire à être autonome. Quand on parle de l'égalité des sexes, c'est par là qu'on devrait commencer. La réciprocité et surtout la transparence. L'homme est le capitaine oui, mais sa femme doit être avant tout sa partenaire.


Paterson : mais ce n'est pas pour autant qu'il ne faut pas faire plaisir à sa femme quand on a les moyens de sa politique.


Moi : c'est maintenant que tu parles ! Donc, en quittant ici, on peut finir dans un VIP à faire sauter les champagnes en désordre.


Armel éclatant de rire : à condition que tu finisses un verre.


Paterson : seulement un verre ?


Armel : déjà, elle n'a jamais mis les pieds dans une boite de nuit.


Paterson me faisant les gros yeux : c'est vrai ?


Moi : j'ai travaillé dans une cave à vin et j'ai déjà dansé dans un bal poussière. 


Ils étaient tous morts de rire alors que je boudais. Riez bien vous aussi.


Paterson : ok, va pour le VIP (regardant Noémie) la chérie de mon cœur, j'espère que tu tiens l'alcool.


Armel pouffant : elles sont chrétiennes.


Moi levant les yeux au ciel : ha ha.


On passe sur d'autres sujets, enfin une transition pour décider du club. On s'est tous conformé au choix d'Armel, c'est son apanage. Ensuite, on se met à discuter de tout et de rien en rigolant et en buvant nos boissons (sucrés pour Noémie et moi, nous réservons nos ventre lol). J'avoue que la discussion se passe entre Noémie et Paterson, nous autres là n'avons pas fini de lover dans les yeux et de sourire à tout va. Paterson était en admiration de ma petite au fur et à mesure que la soirée suivait son cours. Peut-être que le confrère veut changer de bord. En tout cas pas avec ma sœur, je l'avertis déjà.


Nous sommes arrivés à la Jet 7 à 00 h 15. Pendant que nous attendions dans la voiture, Armel est parti nous réserver un salon VIP. On s'y installe et très rapidement notre table a été garni de champagnes, de sprites, des olives et un plat d'œufs. Il paraît que ça régularise le taux d'alcool dans le corps. Nous étions tous assis à boire et à regarder les gens danser jusqu'à ce que Paterson se penche à mon oreille.


Paterson : le concept d'une boite de nuit, c'est de danser et non rester assis à regarder les autres faire.


Moi riant : et toi donc ?


Paterson : honneur aux dames.


Moi à Noémie : tu veux danser ?


Comme si elle attendait la demande, elle me tire sur la piste. Je commence à gesticuler sous le regard amusé des gars, c'est que je suis vraiment nulle. Du moins pas le temps pour apprendre des pas de danses en vogue. La plupart des musiques que je connais ne parlent que d'amour et c'est Armel qui me les envoie. J'essaie seulement de suivre le rythme. À un moment Armel nous rejoignons, non pas pour danser, mais pour me trainer dans la voiture pour " discuter ". Lorsqu'on revient, on trouve Paterson en charmante compagnie, la gênance sur le visage du confrère (lol). Elles se sont levées lorsque j'ai pris place en posant une main sur sa cuisse. Il a levé le pouce en guise de remerciement et Armel en rit. Je reprends mon verre que je vide d'un trait avant de me servir un autre. Le goût du champagne (rire) et la cuite aussi. Je pique une olive et sitôt je le mets dans ma bouche que je le recrache dans un mouchoir.


Moi : beurk, c'est quoi ça ?


Les deux là me rient au nez tchip ! Je pars rejoindre Noémie qui a élu domicile sur la piste. Armel rapplique parce qu'un type s'est invité devant moi pour me donner le rythme. J'enchaîne deux ou trois morceaux avant d'aller me rafraîchir la gorge à nouveau. En retournant sur la piste, j'entraîne Paterson avec moi. Pendant qu'on traverse le petit monde, une fille me bouscule violemment et je me retrouve sur mes fesses par terre. Le temps de me relever la fille était en train de demander tranquillement son numéro et me regarde d'un air hautain quand je lui demande de s'excuser. J'ai failli péter un câble, j'ai failli, parce que les gars sont vite intervenus. J'ai repris ma bonne humeur jusqu'à ce que Angèle débarque avec un mec dans la boite. Elle me lance un regard mauvais, rire, en passant sa route pour aller s'asseoir à une table après notre salon. Pour bien la provoquer, je suis partie reprendre ma place mon verre à la main, un pied sur l'autre. Armel et Paterson m'ont suivi.


Moi les regardant : il y a quoi même ? On ne peut plus se reposer un peu ?


Paterson : ouais, c'est ça.


En tout cas, j'ai attendu longtemps, très longtemps même sa raclée. Tout ce qu'elle a fait de beau, c'est de lancer un battle de danse sensuelle contre nous. À ce jeu là lol, je suis la reine. Encore que le champagne m'ait monté sur la tête. Je commence à mouver mes fesses, mon corps . C'est vrai qu'elle en a plus que moi, mais elle ne peut pas rivaliser la cadence encouragée par Noémie. Même Shakira a menti. La cousine a battu en retraite en moins de deux. Après quelques minutes, elle a disparu de la boite. Son mec aussi. Je poursuis juste mon délire. Est-ce que j'ai même son temps ? Je m'amusais comme une folle quand j'ai senti quelqu'un me prendre par  la hanche par-derrière. Je me suis dite que c'est Armel et sans réfléchir, j'ai commencé à twerker sur lui jusqu'à sentir son érection me coller les fesses. C'est lorsque je me retourne pour me moquer de lui que je me rends compte qu'il s'agit d'un parfait inconnu. Au même moment je vois Armel foncer sur ce dernier et s'en est suivi le premier coup-de-poing dans la figure. Il a enchaîne deux autres avant que Paterson ne se mette entre eux. Il l'entraîne hors de la piste et Armel m'entraîne avec eux avec toute sa force. Je ne sais pas comment l'inconnu s'est pris pour se retrouver entre nous en lui administrant un coup dans le dos qui s'est fait entendre malgré le bruit de la musique. C'est tout rouge de colère qu'Armel se tourne et bondit sur lui avant de se mettre à lui ruer de coups sans ménagement. Le sang s'en est mêlé, le videur par la même occasion et nous avons été éjecté de la boite comme des microbes.




**** deux semaines plus tard ****



Eunice.....


Je tourne en rond dans ma chambre avec Kékéli calé contre ma hanche dans un état de stress. J'ai lancé un appel vers le numéro de téléphone de Fulbert en France et tout comme celui de Genève et de New-York, c'est la voix de l'opérateur qui m'accueille. Je lance celui du Canada lorsque Marianne débarque dans la chambre et me tend son téléphone à elle.


Marianne : c'est papa, j'ai pu le joindre sur son numéro de Cape-Town.


Je retiens ce qui m'est venu dans la tête, car l'heure n'est pas à la dispute.


Fulbert : Eunice, c'est quoi cette histoire que me raconte l'enfant ?


Moi la voix tremblante : c'est comme elle t'a dit. Armel est parti.












  

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