La proposition
Write by leilaji
Chapitre 19
Leila
Je me suis dépêchée d’aller me cacher dans la chambre, le cœur battant à tout rompre. Voilà où ma colère m’a menée ! Nue. Complètement nue ! Cet homme m’a vu nue. Mais qui est-il ? Comment peut-il débarquer comme ça sans prévenir. Est-ce qu’il a sonné au moins ? Pas le moins du monde sinon on l’aurait entendu quand même !
Alexander est entré dans la chambre et m’a trouvée assise sur le lit, enveloppée dans une serviette neuve que j’avais sorti du placard.
— Je suis vraiment désolé Lei, je ne suis pas dans mon assiette en ce moment…
— Ca va, c’est rien, j’arrive à répliquer d’une voix absente.
Il se rapproche de moi l’air inquiet.
— Ne fais pas attention à ce que je te dis en ce moment. Tu sais que je n’aime pas te faire de la peine. C’est juste que les miens me manquent et ça m’agace un peu que tu ne le comprennes pas.
— Ce n’est pas grave.
— T’es sure que ça va ? demande-t-il en remarquant mon malaise.
— Je crois que … quelqu’un frappe à la porte.
Il me laisse là après m’avoir embrassée et va voir de qui il s’agit. Je ne sais pas pourquoi, j’ai eu honte de lui dire qu’un homme venait de me voir toute nue. Pour Alexander, mon corps est sacré, il dit que c’est son temple. Je ne sais pas quelle sera sa réaction si je le lui dis. Donc je préfère me taire. A bien y réfléchir, ce ne devait pas être n’importe qui, puisqu’il avait les clefs et qu’il a eu la décence de sortir de l’appartement. La décence ? Après s’être rincé l’œil oui ! Quel vicieux !
J’entends des voix au salon. On dirait d’heureuses retrouvailles. Je m’habille rapidement et essaie de faire sécher mes cheveux aussi vite que je le peux avec le sèche-cheveux. Vu leur longueur, ce n’est pas une mince affaire surtout que je n’ai pas eu le temps d’y mettre du démêlant. Il y a maintenant une voix de femme qui se mêle à la conversation. La voix me semble familière mais je suis tellement troublée que je n’arrive pas à la reconnaitre. Il n’était pas seul quand il est entré? Je m’active. Une fois prête, je m’engage dans le couloir menant au salon. Un pas puis deux, et je me fige. Cet homme qui semble être une bonne connaissance d’Alexander m’a vu nue. Parce qu’il n’est pas dans les habitudes de mon homme de recevoir aussi longuement au salon. Il n’y a qu’à moi que ce genre de tuile arrive. J’inspire profondément pour dissiper la gêne qui me paralyse jusqu’à ce qu’Alexander m’appelle. Il faut que j’y aille.
— Lei, viens. Elle est là.
Bébé, si tu savais ! J’y vais, un sourire factice aux lèvres. Ils sont tous assis au salon et à ma vue Alexander se lève, et l’inconnu fait de même. Elle me fait un clin d’œil entendu. Qu’ai-je raté ?
— Lei, je te présente Denis. Denis voici Lei. (Il me prend tendrement dans ses bras) je voulais tellement te la présenter mais comme tu fais toujours mille choses en même temps j’attendais que tu prennes le temps de venir pour que tu puisses la connaitre.
Ce salop me regarde une lueur amusée dans les prunelles.
— Lei ? C’est chinois ?
Non mais est-ce que je ressemble à une chinoise ?
— Leila Larba, je réponds un peu sèchement vu que la situation semble l’amuser.
Puis je fais signe à Elle pour la lui présenter mais il me coupe la parole.
— On s’est rencontré devant la porte de l’appartement et les présentations sont faites. N’est-ce pas très cher Elle ?
— Je lui ai dit que j’étais la meilleure amie de la copine du propriétaire des lieux et que je m’appelais Elle. Et devine quoi ? Il m’a dit qu’il était le meilleur ami du propriétaire des lieux et qu’il s’appelait Louis. C’est drôle hein ?
— Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle ?
— Bah je m’appelle Elle et il s’appelle Louis. Ca fait Elle et Louis. Elle et lui… (continue-t-elle en insistant)
Mais qu’est-ce qu’il y a de drôle dans Elle et Louis.
— Louis c’est mon second prénom.
— C’est vrai ça en plus, intervient Xander amusé. Je l’avais complètement oublié. Elle et Louis. C’est marrant comme association.
Quoi il n’y a que moi qui ne trouve rien de drôle là dedans ?
— On dirait que ta blague ne tombe pas A POIL très chère Elle, lui fait remarquer Denis.
Je saisis immédiatement l’allusion et le fusille du regard. Il me cherche ou quoi ?
— Denis tu veux boire quelque chose, demande-t-elle en se dirigeant vers le mini bar? Il semblerait que Leila oublie son devoir d’hôtesse.
La soirée continue sur la même lancée avec des blagues vaseuses d’Elle et de Denis qui semblent s’entendre comme de vieux potes alors qu’ils viennent à peine de se rencontrer. Tout ça amuse Alexander. Son visage s’est éclairé depuis que son ami est là. Il semble vraiment heureux de voir ce Denis. C’est bien la meilleure ça. Le meilleur ami de mon mec m’est complètement antipathique et ma meilleure amie (mariée) semble en pincer pour lui. Mais bon, je dois m’estimer heureuse qu’il n’ait pas par inadvertance divulgué notre petit secret.
Lorsque les verres sont vides et que le récipient à glace est rempli de glaçons fondues, je me lève pour remplacer le tout.
— Elle, tu viens m’aider s’il te plait.
— Ouais c’est ça. Allez parler de nous dans la cuisine !
Elle éclate de rire et moi j’affiche mon mépris. Il n’a aucune manière ce mec.
Une fois dans la cuisine, je dépose le tout sur la paillasse et sors un nouveau bac à glaçons pour le vider totalement dans le récipient prévu à cet effet.
— Qu’est-ce que tu me fais là ?
— Quoi ? Ce mec à un charme fou. J’aime bien son franc-parler.
— Son franc-parler ou son impolitesse ?
— Arrête on est entre adulte là. On peut bien parler entre nous sans faire de manières.
— Comment va Didier ? je lui demande un peu brusquement histoire de la faire redescendre sur terre.
— Il va bien, répond-elle immédiatement sans se décontenancer le moins du monde, sa femme lui a réclamé une soirée alors… Je m’amuse de mon côté.
Elle prend le récipient à glace et retourne au salon.
Un peu plus tard dans la soirée une fois nos deux invités surprise partis, Alexander et moi défaisons le lit pour nous coucher.
****Alexander****
— Tu ne l’aimes pas hein ?
— Qui ça ?
— Tu sais très bien de qui je parle. Denis.
— Il manque de savoir-vivre, d’éducation de base, de politesse et j’en passe…
C’est du Leila tout craché ça. Etre aussi carré et avoir une vision du monde bicolore, soit c’est noir, soit c’est blanc. Je sais que je suis comme ça aussi. Mais pas avec Denis.
— Tu sais quand on s’est rencontré en Angleterre. Je pensais exactement la même chose de lui. Je me disais « non mais quel fils à papa ce mec ». Puis j’ai eu mon altercation qui m’a envoyé à l’hôpital. Ca s’est déroulé exactement au moment où ma mère m’a coupé les vivres à cause de mon père. Personne n’est intervenu pour moi, même pas notre ambassade, sauf lui qui ne me connaissait même pas.
Je m’installe dans le lit pendant que Leila se brosse les cheveux dans la salle de bain. C’est son petit rituel du soir pour empêcher ses longs cheveux d’être tout emmêlé au réveil. Et je continue de raconter notre histoire.
— Je ne sais pas qui l’a informé. Il s’est présenté à l’hôpital. M’a demandé ce qui s’est passé et moi je voulais rien lui dire. Il a insisté et j’ai déballé toute l’histoire et plus je me confiais sur ce que j’avais dû endurer pendant des heures, des coups de pieds, de poings et des coups de cravache et moins j’arrivais à retenir mes larmes. Je me suis effondré complètement. Il ne m’a pas consolé ou dit les phrases toutes faites habituelles, il a juste dit qu’il prenait les choses en main. Il a tout payé Leila. Tout : l’hôpital, mon studio, les cours pour toute l’année, une infirmière à domicile pendant ma semaine de convalescence, tout. Tu en connais toi beaucoup de personnes qui feraient la même chose pour un quasi inconnu ? Quand je suis sorti et que j’ai voulu le remercier, il m’a répondu qu’il ne voulait pas de ma gratitude. Puis il a disparu des cours pendant deux ou trois semaines. Quand il est réapparu, j’avais fait ce que j’avais pu pour rembourser ma dette. J’ai rendu tous ses devoirs à sa place pendant son absence. Et on a commencé à se fréquenter un peu. Moi le solitaire, j’ai dû me coltiner toute sa cours. Il était toujours suivi par cinq à six personnes qu’il entretenait complètement. Des personnes assez mal intentionnées qui profitaient de lui et de ses largesses. Et quand je le lui ai fait remarquer, il m’a dit qu’il le savait parfaitement mais qu’il préférait être entouré de personnes mal intentionnées plutôt que d’être seul comme moi. Je lui ai dit que je n’étais plus seul puisqu’il était là et ça l’a fait marrer. Le lendemain, il a viré tout le monde autour de lui et a commencé à me présenter comme son frère. C’était très étrange comme situation mais petit à petit notre amitié est devenue plus forte que les liens du sang. Je sais que les gens sont choqués par sa manière d’être et de parler surtout quand il m’appelle ma machine à fric, mais il a fait pour moi ce que personne n’a jamais fait, alors je peux bien lui passer son mauvais caractère. Il gagne à être connu sincèrement.
Elle est revenue dans la chambre et s’est couchée en se callant confortablement sur moi.
— Je l’ai peut-être mal jugé ! dit-elle du bout des lèvres.
— Vous êtes semblables tu sais. Il a souffert de ce que les autres lui ont fait et s’est construit un personnage pour se protéger. Donne-lui une chance. C’est mon frère.
— Je vais essayer bébé. Mais je ne te promets rien. Mais dis lui de ne pas s’approcher d’Elle.
— C’est une grande fille, laisse la s’amuser un peu.
Je l’embrasse et j’étains nos veilleuses respectives. On s’endort quelques minutes après.
Le lendemain à 11heures,
Denis et moi sommes en train de parler business. On a fini de discuter du plus gros des problèmes que j’ai pu résoudre tout au long de cette année quand il me pose une question à laquelle je ne m’attends pas du tout vu qu’elle est complètement hors de propos:
— Ne me dis pas qu’avec la juriste c’est sérieux.
— Ca m’est tombé dessus sans que je ne m’y attende mon frère, je lui fais comprendre après un moment de silence et après avoir vidé mon verre d’un seul trait.
— Alexander, t’as toujours été un vrai gentil hein toi. Et nos plans, le business d’abord, les plans culs après ? Nos projets tu vas les laisser tomber pour … cette …
— Surveille tes paroles Denis, je lui dis en fronçant les sourcils de mécontentement.
Il me regarde droit dans les yeux un moment puis les détourne.
— Elle baise bien au moins ? Parce que ça ne peut être que ça. Elle n’a pas de nichons, juste un peu de fesses, et un gros cerveau. C’est le genre de femme qui pense pouvoir porter le pantalon à ta place. Fais attention… Tu …
— Je n’arrive pas à croire que tu me donnes des conseils matrimoniaux.
— Je ne veux pas que tu vives ce que j’ai vécu c’est tout.
— Elle n’est pas comme Helsa tu sais. Helsa était cupide et égoïste. Leila est ambitieuse mais fragile. Ne les compare pas.
— C’est toujours comme ça qu’elles apparaissent au début mon frère.
Je n’ai pas envie de m’étendre encore plus sur le sujet. Pas avec Denis. Avec le coup qu’Helsa lui a fait, ce n’est plus un cœur de sang et de chair qu’il a mais un vrai granit. Il est sans pitié avec les femmes. Je préfère tout de suite mettre les choses au clair.
— Ne manigance rien s’il te plait. Et surtout dis à tes gorilles de ne pas la surveiller. Je te connais comme si je t’avais fait. Je ne veux pas que tu la fasses suivre pour me prouver je ne sais quoi de louche sur son compte.
— J’avais l’intention de la faire dégager en lui proposant de l’argent. Tout le monde a un prix Alexander, même elle.
— Essaie toujours. Ca ne marchera pas avec elle.
— C’est toujours comme ça qu’elles apparaissent au début mon frère.
Puis comme à son habitude, il saute du coq à l’âne.
— On va manger au Phare du large avec Elle ?
— Denis !
— Quoi ? C’est une grande fille.
— Oui mais c’est la meilleure amie de Lei. Si tu fais tes conneries habituelles c’est sur moi que ça va retomber.
— Hé je suis ton ainé, vous ne connaissez pas le respect en Inde ? On y va.
Je prends ma veste et je le suis hors du bureau. Deux hommes pas très discrets nous emboitent le pas. Ils attendaient dans la salle d’accueil attenante à mon bureau.
— Toujours avec tes gardes du corps ?
— Fais comme s’ils n’étaient pas là.
****Un mois plus tard.****
****Leila****
Depuis que Denis est là, Alexander a repris du poil de la bête. Il ne me parle plus quasiment de sa famille et de son désir de revoir les siens. Quand à Denis, malgré tout le bien que mon chéri m’en a dit, on ne s’entend toujours pas. Je le trouve grossier, je n’arrive pas à me faire à sa manière d’être. Et puis j’ai souvent l’impression qu’il prépare un coup en douce pour éloigner Alexander de moi. Alors je surveille de très près ce qu’ils font ensemble. Ce n’est pas évident tous les jours parce que je ne veux pas avoir l’air de la harpie qui s’agrippe à son mec.
Je suis plongée dans mes dossiers quand l’assistante à l’accueil m’annonce que j’ai de la visite. Pourtant dans mon agenda je n’ai aucun rendez-vous de marqué. Je lui demande de qui il s’agit. Elle répond : Monsieur Onbinda. J’ai pas du tout envie de le voir alors je sors de mon bureau pour l’expédier vite fait depuis l’accueil.
Malheureusement à mon arrivée, il bavarde avec … la patronne qui lui fait son sourire Colgate. Merde ! J’essaie par conséquence d’être aussi avenante que je peux.
— Bonjour Monsieur Onbinda, je salue en lui tendant une main toute professionnelle.
— Mademoiselle Larba. Je disais à votre patronne combien de fois j’ai apprécié votre travail à la Holding OLAM.
— C’est la meilleure. Alors qu’est-ce qui vous amène dans notre cabinet ?
— Oh petite visite personnelle. Ne vous en faites pas, je ne lui prendrais que quelques minutes.
— Mais faites donc.
Je reprends le chemin vers mon bureau et il me suit. Je n’ai vraiment pas envie de lui parler. Je ne sais pas pourquoi j’ai la désagréable impression qu’il reluque mes fesses. On entre dans le bureau et je ferme la porte derrière lui puis prends place à ma table. Il reste debout et je ne lui propose pas de s’asseoir.
— Je sais qu’on ne s’apprécie pas du tout.
— C’est peu dire.
— Vous savez qui je suis ?
— Un fils à papa pourri gâté ?
— Le nom Onbinda vous dit-il quelque chose ?
— Il devrait ?
— Ne jouez pas à ce jeu avec moi. Je sais que vous savez qui je suis, Alexander a dû vous le dire. Pour vous protéger de mes caprices de quoi déjà ? Mes caprices de fils à papa pourri gâté.
Franchement, je ne sais pas qui c’est. Alexander ne m’a rien dit. Bon le nom Onbinda ??? Quoi ? Je le regarde me regarder. Il attend que ça fasse tilt dans ma tête. J’associe les éléments que j’ai : riche, Onbinda, étude à Londres… Ca me prend un moment mais je finis par comprendre. C’est le fils de l’autre ? C’est ça ? Son sourire victorieux et vaniteux me donne la réponse. Ok, c’est bon j’ai percuté. Je comprends enfin pourquoi il se croit tout permis.
— Alors Denis, que puis-je faire pour toi ? je lui dis avec l’air de quelqu’un qui veut vite expédier l’affaire parce qu’il a des tas d’autres dossiers plus intéressants à traiter.
****Denis****
Habituellement, quand les gens comprennent qui je suis, ils changent d’attitude. Ils se mettent automatiquement en mode « léchage de botte ». C’est pathétique mais on s’y fait. On s’y fait tellement qu’on s’y attend de la part de tout le monde. Sa patronne m’a fait son plus beau sourire parce qu’elle sait qui je suis et quel poids financier j’ai. Son sourire n’était pas aussi désagréable que ça. Leila elle, semble encore plus renfrognée qu’au départ. Intéressant ! Je sais qu’elle ne va pas me montrer éternellement ses crocs. Pour le moment, instinctivement elle sent que ma présence représente un danger pour le couple qu’elle espère former avec Alexander, alors elle se méfie de moi. Mais ce manège a assez duré. Il est temps que je mette fin à sa comédie. Des filles comme elle, il en existe six à la douzaine. Dévorée d’ambition ! Plus le caniveau dont elles sortent, est boueux et profond, plus leur envie de réussir crève le plafond. Pendant le petit mois écoulé, j’ai pris le temps de l’observer. Son boulot c’est sa vie. Pas mon frère. Peut-être que pour le moment leurs parties de jambes en l’air sont assez chaudes pour la retenir mais je sais que tôt où tard, elle se lassera et ferrera un plus gros poisson. Bien qu’elle ait déjà fait une assez bonne pêche avec Xander. En réalité elle a même fait une plus grosse pêche qu’elle ne le pense mais elle doit l’ignorer. Je suis sûr qu’elle ne sait pas qui il est vraiment, qui est ce Khan. Je ne le savais pas non plus avant qu’il ne me raconte l’histoire de sa famille.
— Quel est ton prix ?
— Le prix pour quoi ? Tu veux que j’audite encore la Holding ?
— Non. Je veux que tu quittes Xander, je lui dis avec le sourire et le plus joyeux du monde.