La séparation

Write by Farida IB


Mars


Nahia….


Dring-Dring.


Il y a un téléphone qui sonne juste au-dessus de ma tête. J’ouvre un œil pour apercevoir Khalil penché sur moi. 


Khalil : on se réveille la marmotte.


Le téléphone sonne toujours. 


Je soupire de frustration et me saisis de la couverture pour couvrir ma tête lorsqu’il me stoppe. 


Khalil : c’est ton père.


Je me redresse brusquement.


Moi (me frottant les yeux) : pourquoi il appelle matin bonheur ?


Khalil (faisant un mouvement de tête vers la montre) : il est 8 h.


J’écarquille les yeux et lui prend le téléphone de la main. Je me redresse et m’adosse au montant du lit pendant qu'il s’assoit à côté. Je réajuste la couverture au niveau de la poitrine pendant qu’il s’adosse à son tour avant de poser son coude sur ma cuisse.


Moi décrochant : salam papa de mon poumon.


Pa’a amusé : w/salam ma chérie comment tu vas ? Ne me dis pas que tu dors encore à cette heure, tu ne vas pas au boulot ?


Moi : je vais bien, j’ai fait la grâce matinée après la prière.


Khalil me lance un regard en biais en secouant la tête.


Pa’a : ok, c’est pour prendre de tes nouvelles et savoir comment ça va.


Moi : bien alhamdulilah et toi ?


Pa’a : tant qu’il y a la santé considérons que ça va (enchaînant) Khalil vient de me prévenir pour son voyage. (je regarde ce dernier du coin de l’œil) En espérant que vous connaîtrez une issue favorable cette fois, autrement, on s’en tient à ma décision. 


Moi : nous n’aurons pas besoin d’en arriver là.


Pa’a : inch’Allah, c’est tout ce que je te souhaite. Marwan est déjà parti à l’école ?


Moi (posant la tête sur l’épaule de Khalil) : oui oui. 


Pa’a : bien, alors on se dit à samedi. Vous venez bien ce week-end, n’est-ce pas ?


Moi : sans faute.


Pa’a : ok, passe une bonne journée.


Moi : passe une bonne journée également papou.


Pa’a riant : merci ma chérie (bruit bizarre) Nahia ta sœur veut te parler.


Il me la passe.


Moi d’entrée : tu fous quoi dans les pantalons de ton père ce beau matin ?


Amou : je suis venu voir mon patron pas mon père.


Moi : ewiloo, bonjour.


Amou : bonjour miss Adja. Tu viens toujours à la maison ce soir ?


Moi : yup !


Amou : ok, n’oublie pas de prendre ma commande de pastèque et concombre au carrefour des fruits.


Moi riant : et comment ? Il y a match ce soir.


Amou : bou ! Bon petite, je dois foncer au bureau.


Moi : moi aussi, il faut que je bouge.


Amou : souhaite bon voyage à Khalil de ma part. Qu’il n’oublie surtout pas mes épices.


Moi : d’accord madame commande, j’ai déjà passé le mot à sa belle-sœur. Tu l’auras tes épices.


Amou : fine ! À toute, bisou.


Moi : bisou bye !


On se raccroche et je me tourne vers Khalil pour recevoir aussitôt un baiser mouillé sur les lèvres.


Moi : lol tu m’attendais ?


Khalil : c’est ce que tu vois là.


Moi me redressant : donc comme ça tu as appelé mon père ?


Khalil : oui, j’avais certaines choses à mettre au point avec lui.


Moi curieuse : comme quoi ?


Khalil me butinant le cou : des choses.


Il prend le téléphone qu’il pose sur le chevet puis me bascule sur le lit d’un geste brusque, je pousse un petit cri de surprise. Il se penche à nouveau vers moi et pose un regard brûlant sur les pointes de mes tétons. Il tend ensuite son bras vers ceux-ci, je le bloque en lui serrant la main.


Moi : n’y penses même pas !


Il égrène un petit sourire.


Khalil (m’embrassant un sein) : on devrait peut-être (bisou sur le second) faire notre enfant maintenant.


Moi sur un ton de reproche : Khalil ne commence pas.


Khalil insistant : avant que je ne parte.


Il bascule de mes seins à ma bouche tout en me caressant la main, je me laisse faire en enroulant mes bras autour de sa nuque et mes jambes autour de sa taille. C’est lui qui met fin au baiser en glissant dans mon cou, je grimace.


Moi : tu devrais sincèrement envisager de te raser.


Khalil l’air de rien : un fils, une fille, jumeau, triplés, quadruplés, peu importe. 


Moi amusée : tu m'épouses et je te fais tous les enfants que tu veux.


Khalil : si ça ne tenait qu’à moi…


Moi le coupant : alors on va attendre !


Khalil se redressant : hmmm !


Il me saisit pour me ramener vers lui et me fait asseoir sur ses cuisses.


 Khalil : tu sais bien que nous n’avons plus rien à perdre.


Moi (l’entourant l’épaule) : nous ne perdons rien non plus à réessayer une énième fois, ça sera peut-être la bonne.


Khalil : en tout cas ! (changeant de sujet) C’est quoi le programme ?


Moi : d’abord, tu vas te raser (il grimace) bébé tu dois te faire beau pour ton voyage.


Khalil soupirant : ok ok.


Moi : j’ai ton billet et ta valise est prête, je t’amène à l’aéroport après le petit déjeuné et je file à l'agence.


Khalil : merci mon cœur, mais j’ai quand même envie qu’on fasse cet enfant de suite.


Moi me levant prestement : tchuiipp !!


Il éclate de rire pendant que je prends une camisole et un pagne dans l’armoire pour m’enfermer dans la salle de bain par la suite. Faire un enfant, c’est son nouveau délire depuis un certain temps même si je pense que c’est un prétexte qu’il cherche pour qu’on passe à l’acte. Parce qu’il faut le dire, nous passons une période sous tension. La tentation est brûlante, d'autant plus que son sex-appeal monte en flèche parce que monsieur passe ses temps libres en salle de sport pour évacuer la frustration (ce sont ses mots à lui). La chance même qu’on se voit à peine dernièrement. Depuis notre retour d’Abu-Dhabi, nous n’avons pas de répit. Nous quittons un pays pour un autre par alternance. Enfin, nous nous arrangeons au maximum pour ne pas nous retrouver au même endroit trop longtemps. Ça part toujours en vrille. Je viens juste de rentrer du Maroc pour qu’il puisse se rendre au Moyen-Orient pour sa tournée. 


Par rapport à son père, il est toujours sûr de ne plus rien tenter, il n’aborde même plus le sujet. Moi, je relativise toujours. C’est mon père qui propose de le rencontrer en tant qu’Imam pour essayer d’arranger les choses, proposition que j’ai réfuté. Par contre, je ne sais pas ce qu’il a dit à ma mère pour la calmer, elle boude toujours un peu la situation, mais plus comme avant.


Je ressors de la salle de bain pour nous faire une omelette baveuse avec du café et des pains viennois. Il arrive et m’enlace par derrière, je l’empoigne par le cou pour ramener sa joue contre la mienne.


Moi me frottant à sa joue : bien lisse j’adore.


Khalil : ne t’y habitue pas trop, c’est pour quelques semaines seulement.


Moi bisou sur la joue : on verra bien.


Il ramène mes cheveux d’un côté et m’embrasse l’épaule avant de foncer sa tête dans mon cou. Pendant qu’il me mordille, le cou, tout mon corps se contracte. Il passe un doigt sur l’arrondi de mes seins qu’il caresse doucement puis referme son pouce et son index sur les pointes de mes tétons et les pincent légèrement. Je renverse la tête derrière en soupirant.


Moi : Khalil ta convocation est à 10 h.


Khalil (glissant sa main le long de mon dos) : ça nous laisse encore assez de temps.


Moi retirant sa main : je n’ai pas fini de me préparer.


Il ne relève pas et m’attrape à bras-le-corps, me soulève et me pose sur la table. Son regard a déjà viré au noir et sa respiration s’est intensifiée. Il se met entre mes jambes et m’entoure la taille pour un baiser sulfureux. Je sens son érection contre ma cuisse, j’ai une folle envie de glisser ma main dans son pantalon. Je me ressaisis néanmoins.


Moi soupirant : si on continue tu n'es plus sûr de pouvoir voyager.


Il stoppe ses gestes et pousse un grand soupir, je dépose ma tête contre son cœur qui bat à un rythme effréné.


Khalil : j’ai vraiment besoin de décompresser pour pouvoir affronter les prochains jours.


Moi : je vais te faire un café corsé et velouté.


Il roule des yeux, je soupire et descends de la table avant de dresser la table. On mange ensuite, je me prépare pendant qu’il chauffe la voiture. Je le rejoins lorsque je finis et m’installe au volant pendant que le gardien ouvre les portes du garage. J’attends qu’il monte pour démarrer. À peine sortie de la maison, je freine brusquement pour éviter de cogner quelqu’un qui s’est amené devant le véhicule.


Khalil ton sarcastique : ah ton chéri est là.


Je relève la tête pour voir qu’il s’agit de Manaar. Je soupire agacée et redémarre juste en prenant le soin de l’éviter, ce n’est pas la première fois qu’il me fait ce genre de coup. Je conduis sur une distance sous le regard insistant de Khalil.


Moi : sans commentaire, s’il te plaît.


Khalil : comment ça ? Il est peut-être temps que tu le dénonces à la police.


Moi : il finira par se fatiguer un jour.


Khalil ton moqueur : même le malheur finit par se fatiguer.


Je ne dis rien et il n’ajoute plus rien non plus. Quand je gare devant l’esplanade de l’aéroport, il se penche vers moi puis on s’embrasse pour se dire au revoir.


Khalil (lorsqu’on se sépare) : tu vas t’en sortir ?


Moi : comme toujours.


Khalil : d’accord, tu embrasseras Nabil pour moi, je vous appelle dès que j’arrive.


Je hoche lentement la tête en me mordant la lèvre. Des larmes s’échappent de mes paupières.


Khalil plissant les yeux : qu’est-ce qu’il y a ? Tu es triste de me voir partir ?


Oui de la tête.


Khalil : ça ira, je ferai de mon mieux pour durer le moins possible.


Moi : ok, tu fais un bon voyage.


Khalil : merci, vous rentrez tôt les soirs et pas de travail la nuit.


Moi : oui monsieur.


Khalil : lol.


Il descend et récupère ses bagages du coffre ensuite, il contourne pour se mettre à la vitre.


Khalil : tu vas me manquer.


Moi : toi aussi, tu vas me manquer.


Il me fait un dernier bisou avant de s’en aller, je redémarre pour le boulot et travaille au bureau toute la journée.


Le soir, je vais récupérer les enfants à l’école. Je dépose Zeina chez les parents avant de continuer chez Amou. C’est là-bas qu’on dîne, Nabil et moi. Je donne ensuite un coup de main pour le rangement pendant qu’elle s’occupe de sa décoction. Je la charrie un peu à ce sujet.


Moi : donc tu es vraiment sérieuse que tu veux "tuer" Liam ce soir.


Amou : laisse seulement ! Ça s’appelle la course aux armements, tant que tu ne blindes pas, tu resteras derrière.


Moi amusée : prudence ohh, une grossesse est si vite arrivée. Cette fois, ce serait une douzaine.


Amou riant : ça ne serait pas mal de faire un petit dernier.


J’intercepte Laïla qui entre dans la cuisine la mine sceptique.


Laïla : maman si tu enlèves ton implant, je te mettrai la pilule dans ton café en cachette et je vais vivre chez tata.


On parle toutes les deux en même temps.


Moi interloquée : ah !?


Amou ton dur : Ducard tu ne me parle pas comme ça tchhrrrr, comme si on devait te demander la permission.


La petite prend juste une grappe de bananes et ressors de la cuisine sans rétorquer.


Moi : en tout cas, elle a raison. Tu veux finir les enfants chez Dieu ou quoi ?


Elle se tourne vers moi en riant pendant qu’elle ajoute une boite de peak (lait) à son mélange.


Amou : personne ne t’empêche d’en faire.


Moi : t’inquiètes dès que le Cheikh nous libère la ligne, j’aligne trois gosses. Comme ça, ça me fera quatre avec Nabil.


Elle se tourne vers moi intriguée.


Amou : c’est qui le Cheikh ?


Moi : bah le papa de Khalil.


Amou stupéfaite : c’est un Cheikh ?


Moi : bah oui, Khalil est un prince héritier.


Amou étonnée : ah bon ?


Moi : bah, lorsqu’on était à l’hôpital avec mamie paix à son âme, je t’ai expliqué que son père voulait le marier à une fille du même rang social qu'eux.


Amou : mais tu ne m’as jamais donné ce détail (secouant la tête) toi vraiment une information aussi cruciale. (réfléchissant) Mais tout se comprend, le daron craint pour la position que tu vas occuper.


Moi : euh oui oui.


Amou : quoi qu'il en soit tu vas sauf que te caler là-bas ! (rinçant ses mains) Il faut qu’on dise ça au parent.


Moi perplexe : pour que ça change quoi ?


Amou me lançant un regard horrifié : tu plaisantes ou quoi ? (avec enthousiasme) Leur fille est convoitée par un futur Cheikh.


Moi éclatant de rire : pardon Amou laisse tomber, toi et tes choses !!


Elle prend quand même le téléphone pour le raconter à sa mère avant de ranger son désordre sur la paillasse. Nous ne tardons plus à rentrer, Nabil passe sous la douche avant moi. C’est pendant que je m’apprête à y aller que mon téléphone sonne. C’est Khalil.


Moi : atterrissage parfait.


Khalil : na’am, vous êtes déjà rentrés ?


Moi : oui.


Khalil : ok, je vous rappelle si j’arrive à l’hôtel.


Moi : sans problème.


Il raccroche et je remplace Nabil sous la douche. À ma sortie, mon téléphone sonne à nouveau. Cette fois, c’est Ben Zayid la fille, je m’installe dans mon lit et mets des écouteurs avant de décrocher.


Yumna : salam aleik.


Moi : aleik salam comment tu vas ?


Yumna : ça va alhamdulilah, Khalil est parti ?


Moi : oui.


Yumna : donc on peut discuter au calme.


Moi riant : oui.


Yumna sans transition : Elias arrive toute à l’heure.


Moi : hmmm, tu es donc décidée à mettre fin à votre histoire ?


Yumna : je trouve que c’est mieux, même si je sais que ce sera pénible pour nous deux.


Moi : tu te désistes sans avoir essayé !


Yumna soupire dépitée : j’étais certaine de le faire, mais je n’ai pas le courage d’affronter les reproches ou que mes parents ne me considèrent plus comme leur fille.


Moi : essaie au moins d’en discuter avec lui, vous trouverez peut-être une meilleure solution.


Yumna : ça ne sera pas nécessaire.


Je soupire, les Ben Zayid quand il campe sur leur position !


Moi : quoi qu’il en soit, tu auras des problèmes avec ton père lorsqu’il découvrira que tu as perdu ton innocence.


Yumna : ce sera entre mon futur époux et moi.


Moi : encore faut-il qu’il t’accepte dans ces conditions.


Yumna : sinon il y a des femmes qui naissent sans hymen inh, encore qu’il y a plusieurs facteurs qui peuvent conduire à une rupture de l’hymen autre que le sexe.


Moi : je vois que tu as tout prévu.


Yumna : il le fallait bien, je passe des nuits blanches depuis deux mois à peser le pour et le contre.


Moi : c’est quand même une dure décision à prendre, ton moral va en prendre un coup. Quitter quelqu’un qu’on aime, à qui on tient si fort est dévastateur. Je sais ce que c’est et je ne t’aurais jamais souhaité cela, mais bon, c’est ton choix.


Yumna : un choix que j’assume parfaitement, je n’aurais juste pas dû me laisser entraîner par le tourbillon de l’amour.


Moi riant doucement : personne n’est épargné, tu sais (sérieuse) ça va aller ?


Yumna : je tiens le coup.


Il y a un double appel de son frère qui se signale.


Moi : bon ma belle, il faut que je te laisse, tu sais que je suis tout cœur avec toi.


Yumna : merci bye.


Clic.


Je raccroche pour rappeler Khalil dont l’appel s’est coupé. On cause plus d’une heure ensuite, je lui passe Nabil et reviens camper sur ma tablette.



Elias…


Moi (pénétrant dans l’appartement de Yumna) : c’est moi !


Yumna : cuisine !


Je pose mes affaires sur le tapis au salon et y entre. Elle porte un débardeur avec un micro short, téléphone collé à l’oreille. Elle oscille entre l’anglais, l’arabe et le français. Je me sers un verre d’eau en attendant qu’elle finisse sa conversation. 


Yumna (posant le téléphone) : c’était les filles.


Moi : j’avais compris.


Je m’approche pour lui smacker les lèvres, elle ne réagit pas. Je fronce les sourcils. 


Moi : qu’est-ce qu’il y a ?


Yumna : comme quoi ?


Moi : je ne sais pas, à toi de me le dire. J’ai comme l’impression que tu me caches quelque chose ou tu n’es pas contente de me voir ?


Yumna me regardant dans les yeux : il n’y a rien.


Moi : si tu le dis.


Je rince le verre et le range avant de m’adosser à l’armoire de la cuisine pour la regarder terminer sa cuisson en silence. Je dois déjà vous dire que  c’est tendu entre nous depuis son passage à Bronx il y a deux mois. Elle est devenue distante et froide avec moi sans compter les prises de tête à non-sens. J’avais mis ça sur le compte de ses études et de la distance, je suis cependant de plus en plus persuadé qu’elle cherche un prétexte pour me quitter. Encore qu'elle m'a fait venir pour discuter  et n’a pas voulu m’en dire plus au téléphone. Ça tombe bien parce que je veux comprendre pour quelle raison, on en arrive à ce stade. Normalement, je monte à St Louis. Ma mère m’a convoqué pour je ne sais quoi, mais je sais d’ores et déjà que c’est encore une affaire qui concerne mon père. Il a recommencé à boire comme un trou et comme il ne trouve plus personne à escroquer, c’est l’argent de poche que j’envoie à mes frères qu’il rafle. Je compte lui régler son compte une bonne fois pour toute, mais j’ai préféré faire une escale ici d’abord. J’en ai marre de broyer du noir, je n’arrive pas à me faire une raison vu la façon dont se déroule la situation actuelle.


Yumna (brisant le silence) : ça été ton voyage ? 


Moi : oui, j’étais avec ton ami et sa copine.


Yumna me fixant les yeux plissés : quel ami ?


Moi : Eddie.


Yumna étonnée : sa copine ou son amie ?


Moi (prenant une pomme dans la corbeille) : pour des amis ils étaient beaucoup trop entrelacés.


Yumna : je vois. 


Moi : au fait que s’est-il passé entre vous ? Je me rappelle lorsque je t’ai connu, tu ne jurais que par lui.


Yumna : nous avons eu un petit malentendu entre temps.


Moi : mais encore ?


Yumna : rien d’important.


Moi : il était ton meilleur ami, enfin, je ne comprends pas qu'est-ce qui peut détruire une amitié si sincère et réciproque ?


Elle devient blême, je hausse les sourcils en attendant qu’elle ajoute autre chose. Elle finit par soupirer.


Yumna : je préfère ne pas en parler.


Moi (ne voulant pas insister) : ok.


Elle n’ajoute plus rien et moi non plus jusqu’à l’heure du dîner. C’est elle qui dirige la conversation, enfin elle me raconte sa vie d’internat en l’occurrence ses révisions et sa submersion au travail. En fait, elle a obtenu des postes en maisons de retraite médicalisées donc beaucoup de gériatries. Elle me parle également de sa dernière conversation avec sa mère qui n’a pas cessé de la cuisiner depuis tout ce temps. Bref des conversations à bâtons rompus qui n’ont rien à voir avec ma préoccupation. Je décide d’ouvrir le sujet moi-même. 


Moi : je pensais qu’on devait parler.


Elle prend le temps de mâcher et d’avaler une bouchée avant de répondre.


Yumna : bien sûr que nous allons parler, mais pas maintenant. 


Moi : donc il y a vraiment un problème.


Yumna : Elias…


Moi l’interrompant : ton attitude montre clairement qu’il y a quelque chose qui ne va pas et franchement, je veux que tu éclaires ma lanterne parce que ça me brise de nous voir ainsi.


Elle se mord la lèvre inférieure en me fixant sans répondre. Je me lève de table exaspéré pour regagner la chambre. Je prends une douche froide pour décharger ma frustration et m’allonge par la suite. Elle me rejoint trois quarts d’heure plus tard après le bain. Elle s’allonge à côté de moi et se colle contre mon épaule, les mains parcourant mon torse. Ensuite, elle s’étend pour m’embrasser avec fougue. Je suis d’abord surpris par ce baiser, mais je finis par répondre. Elle se redresse toujours en m’embrassant avant de grimper sur moi à califourchon. Le baiser devient très doux, humide et profond. Un moment elle se redresse et me regarde droit dans les yeux.


Yumna : je veux te caresser.


Moi largué : ah euh d’accord.


Yumna : partout. 


Le temps d’un hochement de tête, elle retrousse peu à peu mon tee-shirt en l’accompagnant d’un coup de langue et finit par l’enlever par-dessus ma tête. Je fus pris d’un léger frisson. Elle se penche sur mes tétons qu’elle caresse avec sa langue jusqu’à ce que les pointes se durcissent et les griffe ensuite m’arrachant un grognement rauque. Je glisse ma main le long de ses jambes. Du bout des doigts, je fais le tour de ses jambes en m’attardant un peu sur la base de ses cuisses. Je parcours d’abord timidement le coton de sa culotte avant de m’infiltrer entre ses cuisses. Elle soulève légèrement ses fesses et ouvre un peu ses jambes pour m’offrir son intimité pendant qu’elle explore mes abdos avec ses mains, sa bouche et sa langue. Je dessine des cercles imaginaires autour de son sexe jusqu’à lui toucher l’intérieur de la culotte trempée à bloc. J’entreprends donc de l’ôter, elle se laisse faire et m’aide à enlever mon short par la suite libérant ainsi mon membre déjà bien dressé. Sans une once d’hésitation, elle le prend dans sa bouche et me la suce jusqu’à ce que j’éjacule dans sa bouche. Le temps de mettre une protection, elle s’empale sur moi les yeux plantés dans les miens avant de se mettre à mouver des reins avec souplesse en haletant. Son regard brille de désir, mais tout cet éclat n’arrive point à dissimuler la tristesse au fond de ses yeux. Je ne sais pas pourquoi je ressens cet instant comme un adieu. J’ai un pincement au cœur à cette pensée et je déphase. J’attends que les vagues finales de la jouissance passent pour l’inciter à descendre. Elle s’endort aussitôt comme une souche.


On passe la nuit à faire l’amour. Le lendemain matin à mon réveil, je me retrouve seul dans le lit. Je file d’abord sous la douche avant de me mettre à la chercher. Je la trouve dans le salon allongée sur le canapé devant ses bouquins. C’est son jour de repos aujourd’hui. Je me place derrière elle et lui pose un baiser sur le front, elle relève sa tête pour me fixer.


Moi : bonjour,


Yumna : bonjour bien dormi ?


Moi : oui et toi ?


Yumna : pas mal, j’ai fait le petit déj.  Tu auras qu’à mettre l’eau à chauffer pour le café.


Moi : ok merci.


Je vais me faire un plateau avant de revenir m’installer en face d’elle pour manger.


Yumna : j’ai eu mon père au téléphone très tôt ce matin, il veut que je vienne. 


Je stoppe mes gestes et la regarde.


Moi : ça y est ? Il va te trouver un mari ?


Elle pose son livre et soupire.


Yumna : certainement ! Mais peu importe, je préfère qu’on arrête les frais maintenant.


Je la regarde pas surpris du tout, mais répond néanmoins…


Moi : c’est-à-dire ?


Yumna se redressant : je pense que ce serait mieux pour tous les deux qu’on se quitte.


Moi : ah bon ?


Elle fait oui de la tête avant de replier ses jambes sous elle.


Yumna : ça fait un moment que je cogite là-dessus et je trouve que c’est la meilleure décision à prendre.


Moi : est-ce qu’au moins mon avis compte dans ta prise de décision ? Pour rappel, tu n’es pas seule dans cette relation.


Elle soupire profondément.


Yumna : Elias de toute façon cette relation est un leurre…


Moi : pardon ?


Yumna : tu sais bien que toi et moi ça ne durera pas, je ne peux pas être avec toi parce que tu n’es pas un musulman.


Moi blessé : ai-je besoin de te rappeler que ça fait trois ans que dure ce leurre ? 


Yumna : peu importe, nous fonçons tout droit dans le mur. Mieux on arrête maintenant mieux on évite de se faire du mal plus tard. Je trouve inutile de lutter parce que de toute évidence, mon père gagnera.


Moi en colère : ça, c’est toi qui le dis.  On s’était mis ensemble dans la perspective de  nous battre pour notre amour et toi, tu choisis d’abandonner sans même songer à mes sentiments. 


Je soupire pour me calmer et reprend en prenant un ton conciliant.


Moi : Yumna moi je ne veux pas te perdre et je suis prêt à affronter ton père


Yumna la voix tremblante : et tu penses que c’est facile pour moi aussi de prendre une décision pareille ? Ça fait deux mois que j’hésite, deux mois que je suis coincée entre mes sentiments pour toi et l’impérieuse nécessité d’obéir à mes parents. Et il est clair que je choisis l’amour de mes parents plutôt que le tien. 


Elle se lève et fonce dans la chambre, je me dépêche de la suivre. Je la retrouve dans la salle de bain. Elle pleure à chaudes larmes, assise sur le rebord de la baignoire. Je m’approche et m’abaisse à son niveau, elle se jette à mon cou et pleure de plus belle. 


Moi soupire dépitée : arrête de vouloir nous faire du mal, nous n’avons pas besoin de nous séparer. Nous allons réfléchir et trouver une autre solution.


Elle secoue vigoureusement la tête.


Yumna : aucune solution n’est envisageable.


Moi : shhhhuuutt arrête de pleurer.


Elle se colle contre mon torse pleurant comme une madeleine, c’est la sonnerie de mon téléphone qui m’oblige à me détacher d’elle.


Moi : il faut que je réponde.


Elle hoche lentement la tête pendant que je sors chercher mon téléphone. Je décroche quelques secondes plus tard pour entendre la voix paniquée de ma mère.


Maman : Elias, Zion (mon cadet) ses crises…


Moi comprenant : vous êtes où ?


Maman : nous sommes dans l’ambulance pour l’hôpital méthodist St Louis Park.


Moi : ok, j’arrive.


C’est pendant que je change de vêtements que j’informe Yumna qui décide de me suivre. Par chance, on trouve un départ immédiat pour St Louis. Pendant le vol et le trajet en taxi, personne ne parle. Elle a cessé de pleurer et arbore néanmoins une mine endeuillée. On trouve ma mère dans tous ses états dans la chambre attribuée à mon frère. Il est tout pâle. On se précipite sur elle et la prend tour à tour dans nos bras. 


Moi : que s’est-il passé ? Il n’a pas pris ses médicaments ?


Maman : il n’en a plus depuis un bon moment, ton père nous a dérobé nos sous.


Moi serrant les poings : et que disent les médecins ?


Maman : il n’y a plus rien à faire, il faut forcément qu’on l’opère. Il nous faut de l’argent.


Moi plissant les yeux : comment ça ? L’assurance ne peut pas nous avancer les frais en attendant ?


Maman soupirant : je ne sais pas ce que ton père est parti bidouiller là-bas aussi, l’assurance refuse de nous indemniser. 


Moi (me passant la main sur le visage) : et vous n’avez pas pensé à m’avertir plus tôt…


Yumna : Elias ce n’est pas le moment.


Maman se tourne pour la regarder sûrement alerter par sa voix morne.


Moi : il faut payer combien ?


Elle me donne le montant, je sors mon portefeuille pour vérifier le contenu avant de me tourner vers elle.


Moi : je dois passer à la banque, je n’ai pas assez de liquidité sur moi.


Yumna : pas besoin, je vais voir si je peux te compléter quelque chose.


Moi : non, je préfère y aller.


Yumna : on perd encore du temps là.


Maman : elle a raison.


Moi la fixant : je te rembourserai.


Yumna : on verra ça plus tard, va chercher le médecin.


Je m’exécute et sors avec ma mère me suivant au pas, nous réglons rapidement les formalités et ils ne tardent plus à l’amener au bloc. Yumna attend qu’on l’envoie en salle de réanimation et que le chirurgien nous rassure du bon déroulement de l’opération pour partir en prétextant son travail. Elle discute un peu avec ma mère histoire de la réconforter et je l’accompagne chercher un taxi.  


Moi (pendant qu’on marche vers l’entrée de l’hôpital) : merci pour toute à l’heure, je te rembourserai à mon retour à Los Angeles.


Yumna : pas besoin, je vais chercher un jour dans la semaine pour te ramener tes affaires et profiter pour voir Zion.


Moi tiquant : tu es sérieuse là ?


Yumna acquiesçant : ma décision est prise.


Moi : en tout cas, cette discussion n’est pas terminée.


Je lui tiens la porte lorsqu’on arrive à l’entrée, je referme la porte derrière moi et me redresse pour voir mon père arriver en tanguant plus qu’il ne marche. Je passe mon chemin, mais il me suit quand même.


Papa : hey toi le voyou où est ton frère et ta mère ?


Moi simplement : à l’intérieur (à Yumna) tu me devances ?


Yumna : ok.


Papa la regardant partir : putain, tu fous quoi avec cette terroriste ?


Moi : papa s’il te plaît !


Papa : rien ne me plaît (criant) je t’ai interdit de revoir cette fille.


Moi le lançant un regard dédaigneux : lol tu ne m’interdis rien du tout.


Papa hurlant à tue-tête : ne me parle pas comme ça !


Je le plante là et m’avance vers Yumna qui s’est mis au bord de la route pour attendre un taxi.


Papa (vociférant derrière moi) : tu m’obéis Elias, je suis ton père et jamais tu ne sortiras avec cette fille.  Tu m’entends ? Ramène-moi qui tu veux, mais pas une Arabe sinon je te renie !


Moi me retournant pour le regarder : mouais, c’est ça !!


J’arrête un taxi dans lequel Yumna s’engouffre.


Yumna : je pense que tout est clair maintenant.


Moi : ne calcule pas les choses de mon père.


Elle me lance un regard désolé avant de détourner sa tête, le taximan redémarre aussitôt. Ils disparaissent de mon champ de vision, mais je reste là à fixer la route complètement dévasté.








Le tournant décisif