La sortie

Write by Farida IB


Nahia…


Je les regarde juste les yeux grands ouverts ensuite et passe de la surprise à l’inquiétude. Il le ramène aujourd’hui en effet, mais chez Amou parce qu'il y a un pool party  prévu pour les enfants là-bas cet après-midi. 


Nabil (me sortant de ma torpeur) : bonsoir maman.


Moi : bonsoir mon chéri (à son père)  bonsoir, tout va bien ?


Bilal : bonsoir, oui tout va bien. 


Je pousse intérieurement un ouf de soulagement.


Moi (m’écartant) : ah ok j'ai eu peur. Venez, entrez.


Ce qu’ils font. 


Nabil va déposer ses affaires et ressort en vitesse, je pense qu’il va chez Khalil. J’installe son père au salon et lui apporte le jus de fruit pour lequel il a opté. C’est après les salutations d’usage qu’il prend la parole.


Bilal : excuse-moi de débarquer chez toi à l'improviste comme ça, Bibil il a insisté pour que je le ramène ici plutôt que chez ta sœur.


Moi sceptique : je vois.


Bilal : j’espère que ça ne te dérange pas.


Moi remuant la tête : du tout.


Bilal : sinon toi ça va ?


Moi : ça va oui.


Bilal : ça se sent, tu as l’air en pleine forme.


Moi : merci


Bilal : je t’en prie (au tac) chouette ton appart, j’aime bien la déco.


Moi : euh merci.


Bilal : bon, je vais pas rester plus longtemps. Merci pour le jus. 


Moi : il n'y a pas de quoi.


Bilal : Nabil est où ? Je veux le voir avant de partir.


Moi : sûrement, à côté. Je vais le chercher.


Bilal : ok j'attends.


Je vais juste dans ma chambre pour l’appeler, il débarque en quelques secondes tout excité.


Nabil : maman, c’est vrai que vous sortez tonton Lil et toi ?


Moi : oui oui, on s’apprêtait à sortir.


Bilal : ah, j’ignorais que tu avais quelque chose de prévu. Il vaut  mieux que je l’amène chez ta sœur.


Moi : ça ne pose aucun problème, il viendra avec nous.


Nabil content : yessss !!


Bilal : non vraiment, j’insiste. Tu connais ton fils, il risque de perturber votre sortie. J’imagine que c’est une sortie en tête-à-tête ??


Non mais de quoi je me mêle ?


Moi (répondant quand-même) : oui, mais ça ira.


Bilal : ok (se tournant vers Nabil) champion tu promets rester sage.


Nabil : comme toujours papa.


Moi : lol.


Je les laisse à la porte sans plus ni moins et cours me préparer. Après le passage à la salle de bain, je mets  une robe chemise blanche rayée bleu sur un pantalon skinny blanc avec des Reebok blanches (la white attitude lol). Pour la coiffe, je noue  simplement un tissus en soi rose en mode turban. C'est mon nouveau look et je dois dire que ça me va à ravir. Sans vouloir paraître narcissique (rire).


 C’est pendant que je travaille mes paupières devant le miroir de la salle de bain que Nabil débarque. 


Moi (le fixant à travers le miroir) : tu attends quoi pour te préparer ?


Nabil : les vêtements que j’ai ici ne sont pas swagg.


 Je lui jette un coup d’œil amusé.


Moi : il y a de nouveaux vêtements pour toi dans mon dressing.


Nabil grandissant les yeux : c’est vrai ? 


Moi : puisque je te le dis.


Il veut partir, mais je l’arrête.


Moi : je pensais que tu étais impatient de faire les activités que nous avons organisées pour tes cousins et toi aujourd’hui ?


Nabil : bah j’ai dit ça à papa, il a insisté pour m’envoyer ici.


Je plisse le front et le laisse partir sans émettre un commentaire. L’un des deux me ment et ce n’est sûrement pas le fils. Va savoir pourquoi !!!


Je sors de la chambre enfin après les nombreux avertissements de la part de Khalil. Quand j’arrive au salon, ils sont tous les deux en admiration.


Moi sourire suffisant : ça en valait  la peine d’attendre ou pas ?


Nabil (qui vient m’enlacer) : waoohh tu es toute belle maman.


Moi lui souriant : merci mon loulou (lorgnant Khalil) vous êtes tout beau aussi.


Nabil : merci merci (riant en regardant vers Khalil) tonton Lil a perdu sa voix krkrkrkr…


Le gars a les yeux et la bouche ouverte en me détaillant des pieds à la tête. 


Khalil (s’éclaircissant la voix) : et si on restait à la maison ?


Moi le fixant furieuse : j'espère que tu blagues.


Khalil : c’est que euh… Enfin. On va où déjà ? Il y a aura du monde à cet endroit ?


Je le regarde interloquée.


Nabil ton inquiet : on ne sort plus ? 


Moi : et comment qu’on va sortir.


Il soupire. Non mais il a quel problème tout à coup ?


Moi (prenant la main de Nabil) : on y va loulou, que ceux qui veulent rester reste. Nous, on va O'Loge. 


Je tends ma sacoche à Nabil et prend le petit sac de voyage dans lequel se trouve nos vêtements de rechange puis nous sortons de l’appartement ensuite du hall d’entrée. C’est lorsqu’on arrive au parking que je remarque sa présence derrière nous. 


Moi (me retournant en ricanant) : je pensais que tu ne venais plus.


Il me regarde simplement et arrache  presque les clés des mains.


Khalil (pendant qu'on s'installe) : tu ne parles à personne là-bas.


Moi avec un rire de gorge : ça ne risque surtout pas d’arriver.


On roule plus tard en silence, monsieur tire la tronche. Je ne sais même pas, c’est quoi son problème. Il pensait vraiment que j’allais prendre deux heures et demie pour me préparer pour ensuite rester à la maison ? Non mais allô quoi !! Je mets la musique pour faire baisser la tension dans l’habitacle. On tombe sur "Cosmo" de Soprano et  Nabil et moi nous déchaînons dessus. Il se laisse entraîner par le flot et c'est parti en cacahuète tout le trajet durant. On arrive au centre avec la même humeur. On prend un bungalow où on se change tour à tour avant de nous lancer dans les activités. On se laisse d’abord tenter par le toboggan, c’est Nabil et Khalil qui monte moi, je me contente de faire de la brasse dans la piscine. Au bout d’un moment, Khalil vient m’entraîner de force dans leur délire que j’ai fini par aimer  . J’essaie même le plongeoir avec style (rire). On se défie à la nage à contre-courant assis sur une bouée, c’est Nabil qui l’emporte. Laissez, il suit les traces de son père ! Nous abandonnons le centre pour faire le plein d’adrénaline en un tour en Jet-ski ensuite nous nous relaxons à bord d’un catamaran qui nous promène sur la rive du lac Togo en dégustant des langoustes du vivier et en sirotant un cocktail de fruit. 



Khalil…


Après l’excursion, on prend juste le temps de nous débarrasser de nos gilets de sauvetage et d’enfiler nos vêtements initiaux pour nous poser dans un restaurant en plein air. Ça été une soirée riche en couleur, je me suis délecté de chaque moment qu’on a passé ensemble. Pourquoi je n’avais plus voulu faire cette sortie ? Eh beh, vous auriez dû la voir lorsqu’elle était sortie du couloir et la regarder de surcroît avec mes yeux. Sinon qu'en dehors quelques regards indiscrets à notre endroit, je n'ai pas eu à m'inquiéter. Le coin est hyper discret, d'autant plus que tout le monde nous assimile à un couple qui vient prendre du bon temps avec leur fils. J’ai d'ailleurs reçu beaucoup de compliments sur ma femme et mon fils (rire).


Quand le serveur arrive, c’est Nabil qui commande des grillades qu’il finit avant de prendre un dessert. Nahia et moi, nous contentons d’une bouteille d’eau minérale gazeuse pour évacuer tout ce que nous avons ingurgité sur le navire. On discute de tout et de rien alors que Nabil est captivé par sa glace et un jeu sur ma tablette. Je lui raconte mes déboires d'Abu-Dhabi, ma vie de patachon lol. Elle m’écoute patiemment, commente et rit de temps à autre. Ça, elle sait le faire avec brio, j’ai remarqué qu’elle n’a jamais rien à raconter. Enfin des choses sur son passé. Je décide d’ouvrir le débat, encore que je trouve son présent un peu ennuyeux. 


Moi : bon assez parler de moi, parle-moi un peu de toi. 


Nahia : de quoi précisément ? 


Moi : de ton ancienne vie avant ta vie en autarcie, tu ne dis jamais rien te concernant. 


Nahia haussant l’épaule : parce que je n'ai pas grande chose à dire sur moi. Il est vrai que j’ai fait la folle à une  époque de ma vie, mais je n'ai pas mis long à me ressaisir.


Moi stupéfait : donc tu n’as jamais vraiment groové ?


Nahia : bof je peux compter le nombre de fois. En fait, j’ai toujours été casanière. Fin, je n’ai pas eu le temps de faire ma jeunesse. J’ai commencé à peine que Nabil s’est imposée à moi et puisque mes parents ne m'ont vraiment pas fait cadeau, j’ai dû très tôt faire face à des responsabilités qui ne m’ont pas permis de jouir pleinement de la vie comme les autres filles de mon âge.


Moi : tu l’as eu à quel âge ?


Moi : 19 ans


Je la regarde estomaqué.


Moi : woww, ça n’a pas dû être facile pour toi.


Nahia (geste évasif de la main) : bah, c’est la vie ! (regardant Nabil) Et je dois dire qu’aujourd’hui, il est ma plus grande fierté.


Moi : et moi, je te dois une fière chandelle pour ton courage et ta force mentale.


Nahia me souriant : merci


Nabil intervenant : maman, je veux une autre glace.


Nahia : non ça suffit le sucre pour aujourd’hui (à moi) et toi ? Ça ne te dit pas d’avoir des enfants ?


Moi : si tôt que j’épouse la femme de ma vie, je lui fais des triplés et des jumeaux comme ta sœur.


Elle éclat de rire.


Nahia : je ne souhaiterais pas être cette femme.


Donc vous ne lui avez rien dit ? En tout cas, je ne perds pas de vue mon objectif.


Moi extrapolant : ce n’est pas comme si elle s’en occuperait toute seule, je serai très présent dans leur vie.


Nahia : je ne doute pas une seconde, tu sais t’y prendre avec les enfants. Mais la marmaille d’Amou là pardon, elle-même s’en sort à peine.


Moi : un enfant à juste besoin d’amour et d’encadrement, le reste, on gère.


Nahia : lol, c’est ce que tu penses ? (oui de la tête) On voit qu’un enfant ne t’a jamais tenu éveiller toute une nuit. 


Moi : peu importe, j’en veux toute une équipe et j'assumerai comme un coach pro. 


Nahia riant : bonne chance alors à ta femme et à toi.


Moi : lol.


Nabil : maman, je veux une glace s’il te plaît.


Nahia catégorique : Nabil, j’ai dit non.


Nabil suppliant : steuuplait, ça calme mes maux de tête.


Moi (ton ferme) : tu écoutes quand ta mère te parle.


Il dépose l'iPad sur la table en faisant grise mine. Sans plus se soucier de son état d'âme, nous quittons le centre pour la maison. Il s’en dort à peine quelques minutes de route. À la maison, je le porte après avoir fait rentrer la voiture. C’est pendant que j'ouvre sa porte qu’il se réveille.


Nabil : je veux rester avec maman ce soir.


Nahia et moi, nous lançons un regard perplexe.


Nahia (posant la main sur son front sarcastique) : tu nous fais de la fièvre ou quelque chose comme ça ?


Nabil : lol non, je veux dormir avec toi.


Nahia : à condition que tu passes d'abord sous la douche et que tu te brosses les dents.


Nabil : c'est comme si c'était fait.


Il se saisit du trousseau de clés et on le regarde partir.


Moi (dès qu’il referme la porte) : merci pour cette soirée, j'ai vraiment aimé.


Moi : même si tu as boudé avant d'y aller.


Je me gratte la tête sans commentaire.


Nahia : j'ai passé une excellente soirée aussi, mais là il faut que j'aille dormir. On se dit à demain.


Moi : à demain et merci encore.


Nahia sourire tendre : oh, je t’en prie ! 


On se sourit puis on s'enferme chacun chez lui. Je rattrape mes prières après le bain ensuite je me mets en condition pour dormir. Je tombe directement dans un profond sommeil dès que ma tête touche l’oreiller. 


....……


C'est le mugissement de Nahia qui me réveille dans la nuit profonde. Tel un automate, je sors furibond de mon appart pour le sien en prenant l'une de ses clés sur la commode. J'ouvre rapidement et fonce dans sa chambre où je la trouve tétanisée à côté du corps immobile et brûlant de Nabil. Je le porte et sors de l'appartement en courant  à grandes enjambées. J'arrive en bas en même temps que Nahia et le fait coucher sur la banquette arrière de la voiture qu'elle arrive à déverrouiller. Je m'arrête à la première clinique sur laquelle je tombe et il est vite pris en charge. On attend près d'une heure avant que le docteur ne revienne, suivie de deux infirmières. On se précipite vers eux très inquiet en avisant leur mine grave.


Docteur à moi : monsieur, votre fils souffre d'une commotion cérébrale et il a malheureusement atteint la phase aiguë du coup, nous avons dû le placer dans un coma artificiel.


Nahia éclatant en sanglots : mon Dieu pas ça, pas mon fils.


Elle s'écroule au sol en hurlant de douleur, je prend place au sol avec elle et la prends dans mes bras. 



Le tournant décisif