La Vie Unique d'Amiga - Acte 3
Write by nourridine
Que vais-je dire de ma vie? Que vais-je léguer aux générations à venir?
Que retiendront-ils de moi? Qu’auront-ils comme souvenir d’Amiga?
Amiga! Amiga! Amiga! Quand feras-tu confiance à la petite voix qui te parle?
Que ton NON soit NON ma chérie, et que ton OUI soit OUI, Amiga.
Le passé me rattrape, le future m’appelle. Que faire?
Nous avions passé des mois sans qu’il y’ait eu le moindre rapport sexuel entre Armand et moi; je pense que ma présence et mon style le dégoutaient, alors que de mon côté je ne reconnaissais plus en lui l’homme que j’avais connu auparavant. On s’ennuyait l'un de l'autre, lui de moi et plus moi de lui, on se parlait peu; il sortait tous les jours et retournait à la maison très tard le soir, pour les premières semaines. Par la suite il passait des jours ailleurs et ne retournait à la maison que pour s’allonger nonchalamment dans le sofa, tenant ses manettes de jeu vidéo quand je suis présente à la maison, ou alors s’occupant à se masturber face aux images et vidéos de scènes chaudes qu’il affectionnait tant. Je m’étais dite que tant que je ne verrais rien de ses activités érotiques, alors je feindrais de ne rien savoir, pour mon propre bien. Armand quant à lui n’avait de cesse de pousser le bouchon et d’éveiller en moi le côté méfiant qu’il ne m’est pas bon d’avoir. Il avait commencé par inviter son ancienne petite amie avec qui il s’était fiancé avant moi à un restaurant tout proche de mon lieu de service. En fait, sachant que ce restaurant était celui où mes collègues et moi avions l’habitude de nous rafraichir aux heures de pause, ils s’étaient arrangés pour prendre les sièges les plus proches de notre table habituelle. Armand était naturellement connu de mes collègues; il se donnait à cœur joie pour m’humilier avec cette fille que je connaissais trop bien. Ma collègue Anikya, celle qui est et fait plus femme que toutes les femmes du monde réunies, avait remarqué mon malaise et avait discrètement invité les autres à sortir de ce restaurant là pour un autre. Cet affront d’Armand était pour moi la goutte d’eau qui aurait dû faire déborder le vase… Mais non, j’avais réussi à agrandir le vase de ma patience par son volume.
Je passais des jours et des heures à penser et à songer, me demandant ce que deviendrait ma vie dans ces conditions avec mon l’homme que j’appelais mon mari, et qui était pourtant à des centaines de milliers de kilomètres d’une compatibilité d’avec ma personne; pire de tout, c’est moi qui payais toute seule les factures tant de la maison que pour monsieur, en plus qu’il fallait prendre soin de Marie restée au pays, et qui grandissait et devenait encore plus belle que sa maman.
Toute confuse que j’étais en ces temps difficiles de torture émotionnelle, je conduisais ma voiture vers la maison après une longue et stressante journée de travail lorsque mon téléphone se mit à sonner. Dès le premier son issu du téléphone, sans même avoir vu à travers l’écran de qui il s’agissait, j’avais ressenti un frisson qui m’avait traversé tout le corps du pied à la tête pour venir s’arrêter dans mon cœur. Quelque chose me faisait penser qu’une mauvaise nouvelle m’attendait à l’autre bout du fil, et je n’avais pas tort. «Allo ma mère hooo, je vais commencer par où pour te dire hooo, ma’a hooo; je vais dire que quoi? (maman qui pleurait). – Qu’y a-t-il maman? Dis-moi d'un coup s’il te plait. - Je ne sais pas ma mère, je vais dire quoi? – Tu m’inquiètes grandement et ceci n’arrange rien, maman. Il vaut mieux que tu m’en parles sur le champ s'il-te-plait. Vas-y et craches le morceau. Que se passe-t-il? (J’avais eu le réflexe de me garer sur le bord de la route pour continuer la discussion avec maman). – Marie est introuvable. Aie mon cœur hooo l’enfant d’autrui hooo. Je vais faire comment hooo? Marie est perdue. Elle n’est pas rentrée à la maison après l’école comme elle l’a toujours fait, et jusqu’ici nous n’avons aucun moyen de savoir où elle se trouve.
Maman continuait de parler, mais pour moi je m’étais arrêtée à la phrase «Marie est introuvable», et dans ma tête passaient des idées les plus folles et vides de sens les unes plus que les autres. Tout me passait par la tête; J’imaginais tous les scénarios possibles, et aucun d’eux ne se passait sans ma princesse, ma Marie. Celle dont la seule pensée me redonnait joie de vivre en me faisant oublier le temps d’un clin d’œil toutes ces misères que les hommes n’avaient de cesse de me faire subir. Maman continuait de parler, de pleurer, de me confondre. Tout d’un coup j’ai repris conscience de la vie et ai lancé: «Que sait-on à cette heure-ci de la situation?» Maman qui ne cessait de pleurer s’était remise en un seul morceau et pouvait dès lors se faire comprendre plus ou moins mieux. Voici ce qu’elle avait répondu: «Sa camarade de classe avec qui elle rentre souvent nous a dit qu’un homme est passé la récupérer à la sortie de l’école et est partie avec elle en voiture. (...)» A l’écoute de ceci, j’avais souhaité pour la première fois que cet homme-là soit nul autre que Gaston, le père de Marie. Alors j’avais posé la question à maman: «As-tu essayé de contacter Gaston pour en avoir le cœur net. – Oui, bien sûr que je l’ai fait. C’est la première chose que j’ai faite d’ailleurs; mais non, son téléphone sonne dans le vide. Je lui ai laissé un nombre incalculable de messages vocaux auxquels il n’a pas fait suite jusqu’ici.» J’étais encore plus confuse et je décidai de parler avec Gaston directement, parce que je savais au fond de moi que Marie se portait bien, voire à merveille. Une seule raison pouvait justifier ce bonheur, si c’était vérifier, et cette raison ne pouvait qu’être la présence de Marie aux côtés de son père. J’avais donc gentiment pris congé de maman en la rassurant que tout allait bien; je lui avais aussi confié que Gaston et moi avions parlé auparavant du fait qu’il passerait désormais plus de temps avec Marie. J’étais tout de même loin d’imaginer qu’il le ferait de manière aussi spectaculaire. J’avais donc terminé la conversation avec maman, pas sans l’avoir rassurée et lui promettre que je la rappellerais assez tôt après que j’aurais parlé avec Gaston.
En effet, Gaston n’avait pas laissé sonner longtemps et avait passé le téléphone à Marie afin qu’elle me parle en premier. Ce que je savais déjà était donc confirmé, et comme une brise me traversant le corps, j’avais ressenti comme si Gaston me frôlait la peau de sa pomme de main dont je n’ai pas oublié la douceur jusqu’à ce jour. «Allo mama», avait dit ma princesse d’une voix fine dont elle est seule a le secret. Ecouter la voix de Marie après ma journée qui n’avait pas été facile était la meilleure chose qui m’était arrivée. J’étais aux anges. Nous avions parlé, Marie et moi, elle, me disant comment elle s’amuse bien avec son père, et moi de lui demander de rester sage et de bien travailler à l’école. J’avais ensuite parlé vaguement avec Gaston, prenant de ses nouvelles et des nouvelles de sa vie; je lui avais aussi demandé de contacter ma mère pour la rassurer. Il m’avait promis de le faire, et m’avait même confié qu’il réservait une surprise à ma mère. Je me demandais bien de quoi il s’agissait, mais m’étais gardé de demander à Gaston de me dévoiler la nature de la surprise. Nous nous étions séparés chaleureusement, chose qui n’était pas arrivée depuis bien des années. Je n’avais donc pas rappelé maman, sachant que Gaston le ferait, et avait juste repris la route.
Les places dans le parking semblaient rares ce soir-là, et j’avais dû faire le tour plusieurs fois pour trouver un espace où me garer. Ceci est en effet inhabituel pour notre immeuble qui est toujours si calme et sans histoire. Faisant le tour de la propriété à la recherche d’un espace pour me garer, j’avais reconnu des véhicules qui m’étaient familiers; entre autres celui d’Anikya ma collègue. Des questions avaient commencé à me traverser l’esprit, ah oui, des questions de tous genres, même les plus folles… Que dis-je, surtout les plus folles. Je me demandais bien ce que Anikya pourrait faire dans ce coin ci, elle qui est plus du genre à vivre rapide et chaud. Peut-être qu’elle s’était trouvée un dragueur dans mon immeuble? Je me posais des questions tout en m’avançant vers l’ascenseur. Au hall d’entrée de l’immeuble, juste au lieu où je me tenais pour attendre l’ascenseur qui allait me mener à mon étage, attendaient une demi-douzaine de jeunes gens, canettes de bière et accessoires pour fumer du tabac en mains. Ils étaient tous inconnus de ma modeste personne, et semblaient si sûrs d’eux par leur désinvolture. La porte de l’ascenseur s’était ouverte et nous y étions tous entrés. Première curiosité, nous nous rendions tous au même étage. Une fois sortie de l’ascenseur, j’étais fière de prendre mon côté du chemin et espérais que ces bambins un peu fous prennent le leur à l'opposé. Oh que non, nous allions tous dans la même direction, avec leur vacarme pour me rendre encore plus dingue. A un moment, pendant que nous longions le couloir, j’avais pris peur et m’étais dite qu’il valait mieux que je les laisse prendre une avance en distance sur ma personne. Ils le firent en toute inconscience de ma présence et moi je marchais derrière eux. Au fur et à mesure que nous nous approchions de mon appartement, il se dégageait un fond de musique mondaine d’un caractère qu’il serait peu de qualifier d’assourdissant. Je pouvais ressentir les murs et le sol sur lequel je marchais vibrer au rythme de la musique qui animait l’air autour de nous. Les jeunes bambins s’étaient arrêtés devant la porte de mon appartement et, pour se faire entendre par quiconque se trouvait à l’intérieur, avaient littéralement fracassé cette porte par les coups qu’ils lui avaient assenés. Je m’étais tenue en arrière regardant, ébahie et sans mot dire, ce qui se passait en direct devant moi. Les jeunes en face de moi étaient bien trop préoccupés à briser la porte de mon appartement qu’ils ne s’étaient toujours pas rendus compte de ma présence derrière eux. Ils avaient enfin trouvé la dose suffisante de force à appliquer à la porte pour que l’attention des personnes à l’intérieur soit retenue. Quand la porte fut ouverte, j’ai cru que j’allais perdre ma tête tellement le bruit qui sortait de l’appartement était fort. Anikya, vêtue d’une tenue des plus légères, avait ouvert la porte pour les personnes qui frappaient, et, quand elle s’était rendue compte que j’étais à la porte aussi, l’ambiance qui l’animait baissa de plusieurs crans. «Hum! Hum! Armand m’a dit que tu as voyagé pour le travail non?» Je ne lui avais pas répondu, étais entrée dans l’appartement et m’étais rendue directement dans ma chambre. Je ne vous dirai pas ce qu’il se passait dans mon appartement en ce moment-là. Dans mon pays d’origine, l’expression appropriée est de dire simplement: «ça me dépasse».
Tous, ou presque étaient en tenue d’Adam et Êve, faisant ce qui se fait quand deux personnes qui s’aiment et se désirent de façon charnelle se rencontrent dans un lieu fermé et illuminé à souhait. Mon appartement n’avait rien à envier à un bordel, avec des restes de préservatifs masculins lancés çà et là, des soutien-gorge et petites culottes qui cherchaient leurs propriétaires au sol ou à l’arrière de mon téléviseur, la fumée du tabac (je suppose que c'était effectivement du tabac) qui envahissait toutes les pièces de la maison. Les fêtards avaient pris le soin de désactiver tous les systèmes de détection de fumée de la maison, de peur que ceux-ci n’attirent l’attention du voisinage, et pire, de la police. Je pouvais compter en moyenne quatorze personnes, en plus des six bambins qui étaient entrés en même temps que moi, et qui tôt ou tard allaient se mettre à la même page que les autres personnes déjà présentes. Il y’avait pourtant une personne que je n’avais pas encore aperçue, oui, Armand. J’avais parcouru toutes les pièces de la maison à la recherche de cet homme pour qui j’avais désormais beaucoup de pitié. Il n’était ni dans l’une des deux chambres de la maison… Il faut dire la chambre qui n’était pas la mienne était occupée par de beaux et jeunes tourtereaux en plein ébats sexuels - ils n'étaient pas que deux, non ils étaient au nombre de cinq, parmi lesquels une seule fille (j'étais sans voix, et ceci se passait chez moi). J’avais simplement fermé la porte de la chambre derrière eux, de manière à les éduquer sur le fait que ces choses là devraient se passer en discrétion.
Armand n’était pas à la cuisine, ni aux toilettes non plus. Je devenais inquiètes, conscient qu'il ne fallait pas compter sur les fous qui s’amusaient chez moi pour m’informer sur l’état de lieu et de santé de mon mari. Je devenais inquiète, véritablement, et me demandais bien pourquoi. Pour finir, c’est en rangeant mon manteau dans le classeur de ma chambre que je vis la silhouette toute maigrichonne d’un homme assis à même le sol, dans le classeur tout sombre, et semblant absolument perdu; c’était Armand. Tout à côté de lui se trouvaient des bouts de papier roulés et des résidus de poudre blanche - un soupir vide était ma seule réaction face à ce spectacle. J’avais compris que ces choses là, ces choses que j’entendais et ne voyais qu’à la télévision, avaient fini par me retrouver chez moi, sous mon toit, sous mon nez. "Oh mon Dieu", j'avais soupiré, que faire? Je me posais la question.
J’avais entrainé Armand dans le lit, inconscient qu'il était, et il avait tout de suite rejoint les bras de Morphée. Je m’étais couchée près de lui me laissant aller à une méditation profonde. Une voix en moi me disait: la vie est belle, Amiga, pourquoi ne rejoindrais-tu pas les autres pour qu'ensemble vous exprimiez votre liberté? J’entendais une autre voix en moi, plus petite et plus douce celle là, qui se frayait une place dans mon cœur pour me dire ceci: "non, pas toi Amiga". Mais la voix la plus audible était bien celle qui m’encourageait à rejoindre les autres pour m’amuser. Après tout, disait cette voix, c’est une seule fois qu’on vit. Je me sentais si mal, je ne voulais pas m’y jeter, je voulais renvoyer toutes ces personnes saoules et folles chez elles, mais quelque chose me retenait: je ressentais une chaleur qui montait en moi, une sensation de désir à assouvir ou mourir; je ne voulais et ne pouvais pas me joindre aux autres, et en même temps il me fallait assouvir ce désir qui ne cessait de monter, qui devenait plus fort que moi. Dans ma méditation j’avais fini par trouver le juste milieu qui consistait à laisser les fous s’amuser dans le reste de ma maison, tandis que moi je m’amuserais avec mon mari dans notre chambre, bien que ce dernier était inconscient pour le coup. J’avais donc pris sur moi l’initiative de faire tout le travail… tout ce dont j’avais besoin était de rendre prêt la mitrailleuse d’Armand; facile, vue l’état dans lequel il se trouvait. Je vous raconterai la suite plus tard... Je suppose que vous l'imaginez déjà cette suite, donc pas besoin de vous la conter, n'est-ce pas? J'avais quand même pris soin d'éteindre les lumières dans la chambre et, bien sûr, de fermer la porte.
A Suivre...
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L'Acte 4 (le dernier) est en préparation et sera servi bientôt. En préparation aussi, pour votre bonheur de lire et de d'aimer les mots, nous preparons JO MAPEL KETCHAKTET et VIENS ALINE. A bientôt pour plus de lecture. Devrais-je vous rappeler d'AIMER, de COMMENTER et de PARTAGER? Merci de le faire [^_^]
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As tu manqué les actes précédents? Pas de soucis, les voici:
Acte 1:https://www.facebook.com/LaPlumedeNourridine/photos/a.185464158706696.1073741829.185215818731530/185454415374337/?type=3
Acte 2:https://www.facebook.com/LaPlumedeNourridine/photos/a.185464158706696.1073741829.185215818731530/186863225233456/?type=3&ifg=1